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• Trois MiG-31 russes se baladaient tranquillement au large de l’Estonie. • Au secours ! crient les Estoniens, on viole notre espace aérien pour nous attaquer ! • A Washington, une indifférence qui ressemble à un bras d'honneur..
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« Il est difficile de croire...», commence Andrew Korybko. Effectivement, les trois MiG-31 évoluant en prenant des poses pour de bonnes photographies, pendant douze minutes dans l’espace aérien estonien, après les divers drones (russes évidemment) en Pologne et en Roumanie, – tout cela fait beaucoup. A quoi jouent donc les Russes ? A donner des arguments à leurs voisins hystériques pour obtenir des USA qu’ils rouvrent le flot de leurs armes si sophistiquées et menacent enfin de prendre Moscou ?
« Il est difficile de croire que la Russie ait pu provoquer aussi effrontément l'OTAN au risque de ruiner les négociations avec les États-Unis et, par conséquent, d'aggraver les tensions. Pourtant, c'est ce que certains veulent faire croire à Trump pour qu'il réponde précisément aux trois accusations de ce type formulées ce mois-ci. » (Korybko)
Tiens, cela pourrait être l’idée (“donner des arguments à leurs voisins hystériques...”). Tous les “mauvais esprits” se sont précipités dessus, – Korybko, comme l’on voit ci-dessus et ci-dessous, Mercouris hier soir, – et il n’y a aucune raison pour que nous ne les imitions pas... N’empêche, il commence à y avoir une nuance d’agacement chez ces “mauvais esprits”, plus que de panique devant la Troisième Guerre mondiale. De quelle sorte d’“alliés” s’agit-il enfin ? Et de quelle guerre exactement nous menace-t-on ?
... D’autant qu’apparaissent “les premiers signes” indiquant que les USA sont sérieux lorsqu’ils annoncent une cessation des livraisons, jusqu’à refuser une vente (de ‘Patriot’) au Danemark selon ‘The Atlantic’ :
« Le premier signe d'un changement d'approche des États-Unis concernant la vente d'équipements militaires à l'Europe est apparu lorsque le Danemark a envisagé d'acheter des milliards de dollars de systèmes de défense aérienne. Pendant plusieurs semaines, les négociateurs américains et français ont cherché avec acharnement un accord. Mais à l'approche de la date limite, le Pentagone a soudainement perdu tout intérêt pour l’affaire.
» “Nous n'arrivions pas à comprendre pourquoi”, m'a confié l'entrepreneur qui suivait les négociations. “On aurait dit que tout était déjà prêt, mais ils ont simplement laissé tomber.” Puis, selon deux responsables de l'administration bien informés, plus tôt ce mois-ci, lors d'une conversation téléphonique avec le Département d'État, le sous-secrétaire adjoint à la Défense, Elbridge Colby, a déclaré ne pas voir la nécessité de fournir des fournitures militaires étrangères à l'Europe. Il a ajouté qu'il désapprouvait la fourniture de missiles ‘Patriot’ au Danemark, capables d'abattre des missiles ennemis, car ils ne sont pas suffisants dans les forces armées américaines et devraient être conservés en cas de besoin.»
Il faut noter avec intérêt qu’un peu partout apparaissent des récits très sérieux et particulièrement hollywoodiens de mésententes entre alliés de l’OTAN, spécialement avec les États-Unis, concernant la stabilité, le dilettantisme agressif et l’équité sous la menace d’un AR-15 des USA dans les transactions avec cette superpuissance qui ne cesse de se proclamer telle de plus en plus, à mesure de son effondrement, jusqu’à faire croire à la sénilité de ‘Daddy’. D’une façon très illustrative de notre époque d’inversion, le cas est sur le point de devenir désormais, pour les alliés fidèles de l’OTAN, non pas tant d’acheter des armes aux USA et pour les USA d’en vendre, mais de convaincre les USA de leur vendre des armes.
Il y a aussi le cas très particulier, qui mérite un petit arrêt, du Canada et de sa commande de 88 F-35 pour $20,2 milliards, – une solde sur étagère, qui se démarque du nouveau schéma danois et renvoie, en plus violent, aux anciennes pratiques yankees. Les Canadiens ont ordonné en dernière minute un audit du F-35 pour vérifier, – horreur et stupéfaction ! – si les capacités et les coûts sont justifiés. Le commentaire US a été rien moins qu’une menace de rétorsion, à la limite de l’invasion, si le Canada ne signe pas le marché pour l’achat des F-35. L’atmosphère en est donc à des échanges relevant de la dialectique des gangs rivaux dans les bars de Chicago, au bord du grand lac Michigan indûment partagé avec le Canada (autre casus belli à venir, selon notre boule de cristal).
« L’armée canadienne recommande de ne pas abandonner l'acquisition du F-35. Comme l'a rapporté l'‘Ottawa Citizen’, sa position est claire : le commandement travaille en étroite collaboration avec ses homologues américains et a fait pression pour obtenir le chasseur lui-même. Cependant, la décision finale revient au premier ministre Mark Carney, et non à eux.
» Carney a ordonné un examen de l'accord potentiel après que le président américain Donald Trump a menacé la souveraineté du Canada, notamment en déclarant le pays 51e État. En réponse, Washington a déclaré que si l'accord n'était pas approuvé, l'alliance canado-américaine de défense antimissile NORAD, conçue pour assurer une défense conjointe contre les armes nucléaires, pourrait disparaître.
» “Le Canada doit simplement décider ce qu'il veut. A-t-il besoin du F-35 ? Ou d'autre chose ? C'est votre décision, mais vous ne pouvez pas vous permettre les deux. Si les Canadiens pilotent un avion et nous un autre, cela pourrait menacer le NORAD”, dit l'ambassadeur des États-Unis au Canada États-Unis, Pete Hoekstra. Pour lui, les essais d’évaluation et d’audit du F-35 sont “agaçants”.
» Comme le souligne la publication, certains chefs militaires canadiens à la retraite ont remis en question la pertinence de l'achat du F-35. Par exemple, le lieutenant-général Ivan Blondin, qui avait initialement recommandé l'achat du F-35, a déclaré que l'accord devrait être abandonné, car les États-Unis sont devenus un partenaire peu fiable. »
On parle bien d’alliés qui voisinent dans la même alliance, réputée pour être la plus puissante et la plus réussie de toute l’histoire, avec ses membres qui chérissent les mêmes valeurs, qui s’aiment d’amour tendre et d’amitié sincère. On comprend alors que les pays baltes, en compagnie de Zelenski, intriguent à la vitesse d’un MiG-31 pour obtenir un engagement américaniste. L’atmosphère de confiance et de camaraderie avec les grands alliés est on ne peut plus favorable à la chose.
Pendant ce temps et pour décrire le climat, on n’oubliera pas que la Haute Représentante de l’UE Kaja Kalas, ancienne Première ministre de l’Estonie, – tiens, comme les choses se mettent bien, – s’exclame avec stupéfaction en constatant que certains croient cette propagande qui fait croire à certains que l’URSS et la Chine ont participé à la Deuxième Guerre mondiale, du côté des vainqueurs ! En plus, ils n’avaient pas de F-35, eux, donc il y a impasse et cul-de-sac comme l’on dit dans le jeu de ‘Go’.
Ainsi se poursuit la tragédie-bouffe, au son et au rythme de la fameuse ballade : « Avec des alliés comme ça, vous n’avez pas besoin d’ennemi ! » Par conséquent, la Russie est absoute d’avance de toute intention agressive et les MiG-31 n’ont rien à craindre... Ainsi pourront-ils continuer leurs balades jusqu’à Kaliningrad, ni vus ni connus.
Ci-dessous, l’article d’Andrew Korybko.
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Les responsables occidentaux sont perturbés par les allégations estoniennes selon lesquelles des avions russes ont violé son espace aérien au-dessus du golfe de Finlande la semaine dernière pendant 12 minutes. Ils sont convaincus qu'il s'agissait d'une provocation délibérée contre l'OTAN, à laquelle il faut répondre, sous peine d'enhardir davantage la Russie. Le ministre lituanien de la Défense a même laissé entendre que les avions russes devraient être abattus la prochaine fois. La Russie a rétorqué qu'il s'agissait d'un vol de routine à destination de Kaliningrad, resté au-dessus des eaux internationales pendant toute la durée du vol.
Cette allégation fait suite à l'accusation de la Pologne selon laquelle un drone russe serait responsable des dommages subis par une habitation lors de l'incursion de ce mois-ci, vraisemblablement causée par le brouillage de l'OTAN. La porte-parole de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l'a également accusée d'avoir brouillé son avion avant cela. La Pologne a par la suite admis que cet avant-dernier incident était probablement dû à un missile polonais, tandis que des médias occidentaux comme Politico ont démenti le premier.
Ces précédents légitiment donc le scepticisme quant aux allégations de l'Estonie contre la Russie. Peu après leur publication, Reuters a publié un article affirmant que « des responsables du Pentagone ont rencontré un groupe de diplomates européens fin août et ont délivré un message ferme : les États-Unis prévoyaient de couper une partie de leur assistance sécuritaire à la Lettonie, à la Lituanie et à l'Estonie, tous membres de l'OTAN limitrophes de la Russie.» Selon eux, certains diplomates européens craignaient que cela n'enhardisse la Russie, et ils pensent désormais être le cas.
Leur rapport prend une toute autre signification s'il est considéré avec cynisme. Si l'intention était clairement de blâmer Trump pour ce qui venait de se passer, cela accrédite également les spéculations selon lesquelles l'Estonie aurait concocté un montage politiquement intéressé pour maintenir l'engagement des États-Unis envers les pays baltes. Des rumeurs ont circulé plus tôt dans l'année selon lesquelles Trump pourrait retirer toutes les troupes américaines de la région et abandonner l'article 5, ce qui, bien qu'improbable comme expliqué ici, aurait pu semer la panique en Estonie.
D'après lui, il n'est pas exclu qu'ils aient pris exemple sur la Pologne et von der Leyen pour formuler une affirmation spectaculaire concernant la Russie, qui pourrait également s'effondrer sous l'effet d'un examen minutieux, mais qui sert des objectifs politiques à court terme ralliant les Européens à des politiques plus musclées. L'Estonie ne souhaite pas seulement que l'aide américaine à la sécurité continue d'affluer dans la région et que les troupes américaines y restent, mais que ces deux éléments se développent, notamment via le déploiement éventuel de F-35A à capacité nucléaire.
La ministre estonienne de la Défense a suggéré cela juste après le dernier sommet de l'OTAN, alors que des rumeurs circulaient selon lesquelles le Royaume-Uni pourrait y envoyer des siens une fois ceux-ci reçus. Comme expliqué ici, ces engins pourraient hypothétiquement être équipés d'armes nucléaires américaines, le Royaume-Uni ne disposant plus de ses propres systèmes air-sol. Cependant, de tels projets seraient impossibles si Trump réduisait l'aide américaine à la sécurité dans la région. L'Estonie pourrait donc avoir fomenté ce faux-drapeau d’interprétation pour éviter ce scénario en maintenant l'engagement des États-Unis dans la région.
Compte tenu de ces intérêts politiques égoïstes, sur lesquels il est raisonnable de spéculer après la démenti des rumeurs concernant les incidents liés à la Russie survenus ce mois-ci, il existe un risque crédible que les allégations de l'Estonie contre la Russie soient un nouveau montage. Il est difficile de croire que la Russie ait osé provoquer l'OTAN au risque de ruiner les négociations avec les États-Unis et, par conséquent, d'aggraver les tensions, mais c'est ce que certains veulent faire croire à Trump pour qu'il réponde précisément à ces trois accusations.