Les dessous du “oui” luxembourgeois

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La version officielle est que, grâce au “oui” luxembourgeois, le traité constitutionnel est sauvé. Il s’agit évidemment d’une simple consigne de type langue de bois européenne, qui n’a aucun fondement réel, ni grand intérêt non plus (la question du traité constitutionnel lui-même est de plus en plus dépassée par des événements déstabilisants comme l’affrontement entre soi-disant “libéraux” et soi-disant “archaïques”, ou Anglais versus Français).

En réalité, la bataille luxembourgeoise s’est faite autour d’une imprudence du Premier ministre Jean-Claude Jüncker et d’une tentative d’élimination politique de ce même Jüncker. L’imprudence initiale de Jüncker est d’avoir lié son sort au résultat du référendum (départ en cas de “non”). Cette initiative n’avait pas été appréciée par les plus hautes autorités de Grand Duché, qui la trouvaient inutilement risquée. Après les décisions de plusieurs pays d’abandonner sine die le référendum, après le sommet de Bruxelles, Jüncker avait envisagé lui-même le report de la consultation. Mais le Parlement est intervenu dans le sens du maintien de la consultation. L’idée, chez nombre de parlementaires, y compris du parti de Jüncker, était d’“avoir la peau” de cet homme politique immensément populaire et qui ne dépend plus d’aucun parti, y compris du sien.

Le résultat est donc une réelle victoire pour Jüncker. Certains estiment que sa démission mise dans la balance a apporté 5 à 6% de “oui”. Il n’empêche que le résultat, avec un fort pourcentage de “non”, est très préoccupant pour un pays comme le Luxembourg, ultra-européen, et surtout les plus de 80% de “non” chez les jeunes de 18-25 ans. Le référendum luxembourgeois a surtout été une bataille intérieure dont le résultat confirme deux choses : Jüncker est l’homme fort du pays et un dirigeant européen important, malgré la petitesse de son pays (en même temps qu’un adversaire résolu de Blair et de sa démagogie : l’Anglais aura beaucoup de mal avec lui durant sa présidence) ; le malaise européen, voire la crise européenne sont paradoxalement confirmés par ce résultat.


Mis en ligne le 14 juillet 2005 13H20