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• Il s’agit de la physique, enfermée, ligotée dans la ‘Théorie des Cordes’ apparue comme la “non-théorie” ou la “théorie du rien”, vaine tentative épique de trouver la “Grande Théorie Unifiée” qui achèvera enfin notre maîtrise du monde. • La réalité, bien sûr, est qu’il s’agit d’une face scientifique du mouvement général de déconstructuration réalisant l’effondrement de la civilisation. • La description qu’en fait le philosophe Alberto Giovanni Biuso nous présente une tragédie-bouffe qui est parfaitement la marque de cette Fin des Temps.
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25 décembre 2025 (18h00) – Qu’on se rassure ! Je ne prétends pas une seconde connaître quoi que ce soit, ni de la physique quantique + (le signe ‘+’ pour souligner que la chose évolue), ni de la “théorie des cordes” et des “supercordes” qui vous disent que la matière ne se définit pas dans les quatre dimensions classiques, mais dans 27 (“cordes”) ou 9 (“supercordes”) dimensions. A vous de trouver celles qui échappent à notre perception non-postmoderne, de les capturer et d’en faire une attraction pour la prochaine Exposition Universelle.
Nous nous attachons à la plume du philosophe italien Alberto Giovanni Biuso. Je ne le connaissais pas parce que j’ai une certaine inculture, sinon une inculture certaine, hors des cercles académiques et institutionnalisés ; alors, jetez un œil sur la page de ce Professeur titulaire de l’Université de Catane, sur le site ‘unico.academia.edu’... Quant à moi, je crois deviner d’intuition assez sûre s’appuyant sur certains signes (par exemple, le ‘grece’ du lien de son article) que le Professeur Biuso est un homme qui doit bénéficier d’une approche de confiance, sinon de respect.
« Je suis professeur titulaire de philosophie théorique au sein du “Département des sciences humaines” de l'Université de Catane, où j'enseigne également l'épistémologie et la philosophie des esprits artificiels. »
Dans son article ‘Physique et politique’ (original sur ‘grece-it.com’, traduction française sur ‘euro-synergie.hautetfort.com) le professeur Biuso nous décrit, entre théorie des cordes et des supercordes, jusqu’à la ‘Théorie-M’, une catastrophe de plus, à ajouter à l’empilement des catastrophes qui composent la structure de la GrandeCrise. Il est donc inutile que je m’essaie à faire en préface ce que l’auteur fait parfaitement selon la mesure qu’il a choisie. Mettons que la rapide disposition de quelques caractères cités nous donnera l’atmosphère et le rythme intellectuel de cette catastrophe, – tragédie certes, mais encore une fois et absolument tragédie-bouffe, – ces extraits en font foi...
« [la théorie des cordes] soutient que les constituants de la matière ne sont pas des particules, mais des élastiques qui vibrent non pas dans quatre dimensions (hauteur, largeur, profondeur et temps), mais dans vingt-six, puis réduits à neuf (dans la version “supercordes”) »
«Combien d’anges peuvent danser sur la tête d’une aiguille? Combien de dimensions y a-t-il dans une variété compactifiée, 30 puissances de dix fois plus petites qu’une tête d’aiguille ? » (Sheldon Glashow, prix Nobel de physique, sur la théorie des cordes.)
« L’un des plus fervents partisans de la théorie des cordes, un membre de la faculté de Harvard, écrivit dans ce blog un commentaire affirmant que ceux qui “critiquent les financements à la théorie des cordes sont des terroristes qui méritent d’être éliminés par l’armée des États-Unis.” Ce qui m’a le plus effrayé, c’est qu’il semblait parler sérieusement. » (Woit, p. 230).
« L’infalsifiabilité et l’incapacité de formuler des prédictions physiques précises privent la théorie des cordes du nécessaire rigorisme scientifique. Ce n’est même pas une théorie, en réalité, mais une “espérance irréalisée qu’une théorie puisse exister” (Woit, pp. XVI et 209). Le charme qu’elle exerce sur de nombreux physiciens ne vient pas de ce qu’on en sait, mais plutôt des espoirs personnels des physiciens qui y ont consacré toute leur vie. »
« Edward Witten est le véritable gourou de la théorie des supercordes, devenue avec lui la Théorie-M. Que signifie cette appellation? La réponse de Witten est la suivante: “M signifie magie, mystère ou membrane, selon les goûts” (Woit, p. 158). La Théorie-M n’a aucun contenu précis, elle n’existe pas, ce n’est qu’un désir de théorie. M peut donc aussi signifier le Messie attendu d’une physique réduite à une version inquiétante de l’attente de Godot. »
Bref, Biuso se charge à merveille de nous décrire la catastrophe de la science physique. Il nous la décrit en attirant notre attention sur la dimension sociale, donc politique, de cette catastrophe qui n’affecte pas seulement les sciences :
« Étant donné le poids considérable que les sciences, et en particulier la physique, ont dans la société contemporaine, il s’agit d’une tragédie qui n’est pas seulement épistémologique, mais aussi une crise sociale montrant certaines racines profondes des situations que nous avons vécues ces dernières années. L’objectif de cet article sera donc de montrer le lien entre physique et politique. »
Ainsi apparaît-il évident à notre esprit que l’on retrouve ici le même processus que dans d’autres catastrophes intellectuelles et sociales que nous avons déjà connues et qui affectent toute notre civilisation, chaque fois une pierre étant retiré de l’édifice civilisationnel, dans le but décrit, avoué et acté de la déconstructuration. Que ce soit la philosophie élargie à ses effets sociaux et sociétaux, – à partir de la ‘French Theory’ des années 1970 ; que ce soit le destin de l’art réduit à son miroir bouffon de l’Art Contemporain ; que ce soit la “révolution” Woke (wokisme/wokenisme), – toutes les routes conduisent à la GrandeCrise.
On pourrait même aligner dans le même sens, pour la même parade, la politique devenue folle de ses amours bureaucratiques et censureurs ; la guerre réduite à la communination et portée au piège du système de la communication dissimulant le piège de l’effet-Janus, alors que des dizaines et des centaines de milliers d’hommes et de femmes meurent dans les véritables affrontements ; l’anéantissement des identités et des souveraineté dans les flots de migration provoqués quasi-volontairement par des conflits portés au sommet de la stupidité des technologies très-avancées... Partout, on retrouve le mème schéma, la même marche forcée vers l’autodestruction, la même décxadence prodigieuse emportée par l'effondrement. On les retrouve même dans nos têtes et dans nos psychologies affreusement malades.
Ainsi peut-on pleurer sur toutes ces catastrophes, mais il faut également avoir l’audace catastrophique de s’en réjouir amèrement car elles précipitent encore plus rapidement la chute et la désintégration d’une époque, d’une ère portée à l’extrême de sa surpuissance pour mieux s’autodétruire au terme de notre ‘Kali Yuga’, devenue ‘Kali Yuga’ elle-même.
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Wolfgang Pauli, l’un des initiateurs de la physique quantique, donna un jour la réponse suivante à propos d’un article qui lui avait été soumis: « das ist nicht einmal falsch », « ce n’est même pas faux », car son contenu n’avait tout simplement aucun sens. En 2002, certains articles sur la gravité quantique écrits à Paris par les frères Igor et Grichka Bogdanov furent jugés, dès leur parution, comme une blague précisément parce que leur contenu était dépourvu de sens. Pourtant, ces articles avaient réussi à obtenir des avis positifs lors des procédures de ‘peer review’, c’est-à-dire l’évaluation que les revues scientifiques font des articles qui leur sont proposés. La suite de l’affaire montra qu’il ne s’agissait pas d’une farce, que les Bogdanov (photo) avaient écrit leurs textes avec de «sérieuses» intentions «scientifiques». Quoi qu’il en soit, cinq revues, dont trois très prestigieuses, avaient publié des textes remplis d’affirmations erronées ou absurdes.
Il s’agit d’un épisode très grave, qui s’explique aussi par le blocage dans lequel la physique théorique est enfermée depuis presque un demi-siècle. Après le développement des premières théories quantiques, on était arrivé dans les années soixante au soi-disant Modèle standard de ces théories. Depuis lors, aucun progrès substantiel n’a été enregistré et, au contraire, les grands objectifs de conciliation entre la théorie quantique et la relativité, ainsi que d’unification des quatre forces fondamentales de la matière en une Grande Théorie Unifiée, se sont révélés complètement infructueux.
La théorie qui semblait pouvoir atteindre cet objectif s’appelle la Théorie des cordes, devenue ensuite la Théorie des Supercordes. Cette théorie est un exemple éclatant de ce que le physicien quantique Lee Smolin n’hésite pas à qualifier de situation tragique de la physique théorique contemporaine: «Pour parler franchement, nous avons échoué: nous avons hérité d’une science, la physique, qui avait continué à progresser à une vitesse si grande qu’elle était souvent prise comme modèle pour d’autres sciences. Notre compréhension des lois de la nature a continué à croître rapidement pendant plus de deux siècles, mais aujourd’hui, malgré tous nos efforts, nous ne savons plus avec certitude plus de choses sur ces lois qu’au début des années 1970» (‘L’univers sans cordes. La fortune d’une théorie et les troubles de la science’, éd. it.: Einaudi, Turin 2007, p. X). Étant donné le poids considérable que les sciences, et en particulier la physique, ont dans la société contemporaine, il s’agit d’une tragédie qui n’est pas seulement épistémologique, mais aussi une crise sociale montrant certaines racines profondes des situations que nous avons vécues ces dernières années. L’objectif de cet article sera donc de montrer le lien entre physique et politique.
Si la théorie quantique entre en conflit total avec la perception sensible et avec l’idée que chaque humain peut se faire de la réalité, celle des cordes la dépasse largement en audace théorique et en distance abyssale de toute expérience possible. En effet, elle soutient que les constituants de la matière ne sont pas des particules, mais des élastiques qui vibrent non pas dans quatre dimensions (hauteur, largeur, profondeur et temps), mais dans vingt-six, puis réduits à neuf (dans la version « supercordes »). Des dimensions que personne n’a jamais perçues ni expérimentées. Étant donné que le monde dans lequel nous vivons ne semble pas constitué de vingt-six ou de neuf dimensions, «pourquoi la théorie n’a pas été immédiatement abandonnée est l’un des grands mystères de la science» (Smolin, p. 104).
La théorie postule également l’existence de tachyons, des particules capables de voyager à des vitesses supérieures à celle de la lumière. Mais «si cela se produit dans une théorie quantique des champs, c’est une indication très précise que cette dernière est en réalité incohérente. Un aspect problématique des tachyons est qu’ils peuvent transmettre des informations en arrière dans le temps, violant ainsi le principe de causalité» (Peter Woit, ‘Pas même faux. L’échec de la théorie des cordes et la course à l’unification des lois de la physique’, éd. it.: Codice Edizioni, Turin 2007, p. 149).
Un troisième élément fondamental de la théorie, capable de la rendre totalement invalide, est la nécessité de certains nombres/valeurs infinies, conduisant à «un nombre infini de théories» et «un nombre infini d’univers possibles» (Smolin, p. 198). Une théorie dotée de cette caractéristique ne peut être ni confirmée ni falsifiée par aucun expérience possible ou concevable, et ne peut donc faire aucune prédiction.
Un aperçu du vocabulaire de la théorie des cordes montre qu’on s’est très éloigné de toute théorie et pratique raisonnable du travail scientifique: «Il n’y a pas seulement le squark, le slepton et le fotino, mais aussi le déneutrino pour le neutrino, l’Higgsino pour le boson de Higgs et le gravitino pour le graviton. À deux, toute une arche de Noé de particules. Tôt ou tard, dans le fouillis du réseau de nouveaux noms et surnoms, on commence à se sentir un imbécile complet. Ou un imbécile parfait. Ou quelque chose du genre» (Smolin, p. 75).
Il s’agit d’une théorie qui existe et opère dans un monde qui n’a rien à voir avec la matière, mais presque uniquement avec des équations mathématiques, donc avec les aspects purement formels de la connaissance humaine. Des aspects qui, dans cette théorie, tendent à devenir le fruit de spéculations audacieuses et de fantasmes débridés. L’infalsifiabilité et l’incapacité de formuler des prédictions physiques précises privent la théorie des cordes du nécessaire rigorisme scientifique. Ce n’est même pas une théorie, en réalité, mais une «espérance irréalisée qu’une théorie puisse exister» (Woit, pp. XVI et 209). Le charme qu’elle exerce sur de nombreux physiciens ne vient pas de ce qu’on en sait, mais plutôt des espoirs personnels des physiciens qui y ont consacré toute leur vie.
Cet élément si psychologique et existentiel contribue à expliquer comment une telle non-théorie (ou «théorie du rien», comme l’a qualifiée le cosmologiste Lawrence Krauss) non seulement continue d’exister, mais concentre aussi le travail de la majorité des physiciens théoriciens et, surtout, parvient à obtenir des sommes vraiment impressionnantes de la part des organismes qui financent la recherche aux États-Unis. Les raisons sont nombreuses, même si elles se ressemblent.
La première, comme mentionné, est la difficulté compréhensible pour des chercheurs célèbres ou moins célèbres de déclarer l’échec d’une vie de recherche, en plus de la démonstration de leur insistance irrationnelle sur une théorie qui s’est révélée infondée.
La deuxième raison est la structure fidéiste qui sous-tend cette théorie, constituée par des calculs mathématiques de plus en plus longs, labyrinthiques et incompréhensibles, qui la rendent semblable aux questions proverbiales de la scolastique médiévale sur la «sexualité des anges». Sheldon Glashow, prix Nobel de physique, s’est exprimé ainsi pour souligner le danger irrationnel de la théorie des supercordes: «Combien d’anges peuvent danser sur la tête d’une aiguille? Combien de dimensions y a-t-il dans une variété compactifiée, 30 puissances de dix plus petites qu’une tête d’aiguille?» (Woit, p. 178).
Finalement, cette théorie ne possède même pas la beauté mathématique qui, à ses débuts, avait suscité tant d’enthousiasme, étant devenue une théorie dépourvue d’élégance formelle et qui, pour se sauver, recourt de plus en plus à la version contemporaine de l’asile de l’ignorance, le principe anthropique, basé sur la tautologie selon laquelle si nous existons, c’est que l’univers comporte les conditions de notre existence. Ce n’est pas un hasard si la théorie des cordes est devenue un domaine défendu et soutenu par diverses formes de contamination entre la physique et la New Age, dont l’exemple le plus célèbre est Le Tao de la physique de Fritjof Capra.
Une hypothèse présentée il y a un demi-siècle comme la «théorie définitive», capable d’unifier toute autre perspective, est en réalité devenue un obstacle au développement scientifique, un obstacle à l’élaboration, à la conception et à la démonstration de nouvelles théories et de différentes hypothèses sur le temps, l’espace, la matière et les particules. Un obstacle non seulement épistémologique ou théorique, mais aussi empirique, jusqu’à la violence.
Woit lança en 2004 un blog dédié à la théorie des cordes. L’un de ses résultats fut que «l’un des plus fervents partisans de la théorie des cordes, un membre de la faculté de Harvard», écrivit dans ce blog un commentaire affirmant que ceux qui «critiquaient les financements à la théorie des cordes étaient des terroristes qui méritaient d’être éliminés par l’armée des États-Unis. Ce qui m’a le plus effrayé, c’est qu’il semblait parler sérieusement» (Woit, p. 230).
La convergence toujours désastreuse du principe d’autorité et du conformisme diffus dans la société a trouvé son emblème dans un mathématicien exceptionnel. Edward Witten est le véritable gourou de la théorie des supercordes, devenue avec lui la Théorie-M. Que signifie cette appellation? La réponse de Witten est la suivante: «M signifie magie, mystère ou membrane, selon les goûts» (Woit, p. 158). La Théorie-M n’a aucun contenu précis, elle n’existe pas, ce n’est qu’un désir de théorie. M peut donc aussi signifier le Messie attendu d’une physique réduite à une version inquiétante de l’attente de Godot.
«Inquiétante» n’est pas un adjectif d’effet ou une formule rhétorique. Le déclin de la physique montré par le parcours qui, de la théorie quantique, a conduit à la Théorie-M, est une manifestation plutôt évidente du crépuscule de l’esprit scientifique, qui touche aussi des problèmes tels que le changement climatique de la planète Terre et les choix politiques et institutionnels durant la crise du Cov id19. L’un des éléments philosophiques et politiques communs à ces questions est en effet une autre théorie, c’est le Postmodernisme devenu un instrument de négation et d’affirmation: négation de la réalité, des données, de l’empirie, de la rationalité; affirmation à leur place d’une série de principes politiques et éthiques selon lesquels la vérité est la prérogative de celui qui sait mieux imposer sa vision du monde.
Smolin a écrit que la théorie des cordes dessine une véritable «physique postmoderne», formule non ironique, utilisée par ses propres partisans et non par ses opposants: «La sensation était qu’il ne pouvait exister qu’une seule théorie cohérente pour unifier toute la physique, et comme la théorie des cordes semblait le faire, elle devait être correcte. Il ne fallait plus dépendre des expériences pour vérifier les théories! C’était du Galileo. Désormais, seule la mathématique permettait d’explorer les lois de la nature. Nous étions entrés dans l’ère de la physique postmoderne» (Smolin, p. 117).
Woit souligne aussi « l’étonnante analogie entre la façon dont la recherche sur la théorie des cordes est menée dans les départements de physique et celle dont la théorie post-moderne est menée dans les départements des sciences humaines » (Woit, p. 206). Une affinité qui a pour objectif de conditionner et d’obéir à l’ensemble de la communauté sociale aux vérités présentées comme telles par des «experts» dont le langage semble obscur jusqu’à l’incompréhensibilité. La domination devient évidemment plus forte si les jeux linguistiques du postmodernisme sont soutenus par la force des médias et de la police.
Ceux qui suivent les programmes de recherche dominants, même s’ils sont fondés sur des désirs et des fantasmes, comme la théorie des cordes, reçoivent des chaires et des financements. Ceux qui veulent explorer des champs et des perspectives «hérétiques» n’obtiennent ni l’un ni l’autre. Au contraire, la physique contemporaine tend à se fermer et donc à mourir. Il s’agit d’un cas et d’un exemple très préoccupant: une affaire qui semble relever du domaine restreint et abstrait de la physique des particules montre ainsi son lien profond avec les formes les plus avancées et efficaces du pouvoir contemporain.