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• Parmi les innombrables écueils entre lesquels l’Europe-UE est en train de naviguer, endommageant sa coque recouverte d’arrogances et de certitudes sans fin, l’affaire de la rapine des fonds russes précipite la Belgique dans la Résistance et fait de son Premier ministre de Waver une sorte de héros. • Le même jour, l’Europe-UE tente de faire taire des opposants en quête de vérité. • Le résultat de cette frénésie paniquarde est de nous faire assister en temps réel de tempête de Force 9 à un naufrage postmoderne et globalisateur. • L’Europe-UE, notre ‘Titanic’.
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18 décembre 2025 (15H00) – « Désormais, ‘1984’ c’est vous », nous disait, il y a dix jours, Alexander Douguine. Tout est dit et résumé, avec la brutalité que le livre d’Orwell a acquis depuis sa parution (inversez le 4 et le 8, pour faire ‘1948’), par la grâce (!) de la notoriété totalitaire que donne la communication. Pendant ce temps, Alexander Mercouris faisait une démonstration éblouissante de précision de la similitude jumelle des lois (plutôt “directives” laissées aux interprétations qui vont bien) européennes de stricte limitation/interdiction de la liberté d’expression avec celle de l’Union soviétique avant 1985 (‘1984’) et l’arrivée de Gorbatchev.
Les récentes actions de l’UE nous l’assurent, naturellement plus qu’elles ne nous rassurent sur la clarté et la rectitude de l’esprit censé nous offrir un avenir brillant. Frankenstein est en pleine maturité, vers le sommet de sa surpuissance, et notre conviction de la justesse de l’équation qui guide notre propos nous indique que cette courbe engendre en même temps le processus d’autodestruction, – plus la force de la surpuissance est grande, plus est grande celle de l’autodestruction. C’est le deuxième terme qui nous importe ; ce ne sera pas facile à supporter mais nous le savions et n’en avons jamais douté. Il faudra souffrir, et nous souffrons.
Tout cela pour introduire le “moment-Belgique” dans les affaires courantes, et courant tellement vite, de l’Union Européenne (UE) transformée en folle et aveugle machine de guerre. La Belgique est aujourd’hui au centre des préoccupations de la super-purge UE en cours, un peu façon Hongrie. Motif : elle rechigne à se suicider pour venir en aide au valeureux Zelenski, à ses comptes bancaires et à ses discours, jusqu’à la victoire finale. Il s’avère finalement que nous sommes à l’heure des “gringalets” ; après tout, la Belgique ne pèse pas plus lourd que la Hongrie dans les décomptes bruxellois. Mais plus encore, le “moment-Belgique” intervient au moment où plusieurs affaires de censure personnelle, façon soviétique de l’époque brejnévienne, se déroulent dans le cadre bienveillant et surveillant de l’affaire-UE. C’est notamment à “l’affaire Jacques Baud” que nous pensons, que tout le monde connaît et qui cause aujourd’hui beaucoup d’agitations, ‘Fureur et tremblement’ comme dirait Amelie Nothomb
Toutes ces affaires se mélangent et additionnent leurs effets en suivant, par un mimétisme qui nous révèle la nature du monstre, le même processus. Ainsi en revenons-nous au “moment-Belgique”, pays que nous connaissons bien et qui recèle souvent, derrière une apparence d’impeccable médiocrité démocratique, des surprises heureuses et fort admirables ; aujourd’hui, dans tous les cas, ceux qui en sont font mieux, comme ils font, de s’abstenir de comparer la France à la Belgique, de crainte d’être chargé du poids insupportable de honte d’être né de la première.
Ici, dans le texte ci-dessous, le cas du Premier ministre belge Bart De Wever est justement mis en parallèle avec celui du colonel suisse Jacques Baud, les deux hommes étant assimilés dans une dynamique de résistance subversive à l’écrasement impitoyable de Frankenstein-en-marche, donc véritablement relaps et hérétique de notre Grande Cause de structuration d’une illusion destinée à nous étouffer. La “société du spectacle” est devenue “l’hystérie du blockbuster”, en passant par le labyrinthe du ‘Chateau’ que tente de dénouer le dénommé K. de Kafka.
« Nous arrivons ici au point de bascule prospectif de notre analyse. La question peut sembler provocatrice : l'UE oserait-elle sanctionner le chef de gouvernement [en l’espèce, Bart De Wever] d'un État membre fondateur, siège de ses propres institutions?
» La réponse, hélas, n'est plus un “non” catégorique. La mécanique mise en place avec l'affaire Jacques Baud et le règlement sur les menaces hybrides crée un précédent redoutable. »
Dans ‘Le courrier des stratèges’ du 16 décembre, Thibault de Varenne développe effectivement une description de l’affaire des fonds russes gelés dont la plus grande partie se trouve en Belgique (Euroclear). On lui emprunte la fin de cette analyse, centrée sur la situation et les risques du Premier ministre belge, du fait de la position de fermeté qu’il a adoptée.
« Dans ce paysage de somnambules, une figure se dresse pour crier au fou : Bart De Wever, le Premier ministre belge. Leader de la N-VA (nationalistes flamands), conservateur et réaliste, il incarne aujourd'hui la résistance de la raison d'État face à l'idéologie supranationale.
» Le crime de lèse-majesté
» Bart De Wever a osé prononcer les mots interdits. Dans une série d'interventions médiatiques et parlementaires début décembre, il a brisé le tabou :
» “Croire que la Russie est en train de perdre est un conte de fées, une illusion complète. La Russie ne perd pas. Et il n'est d'ailleurs même pas souhaitable qu'elle perde totalement, car l'instabilité dans une puissance nucléaire serait catastrophique.”
» Cette déclaration a provoqué une onde de choc. À Bruxelles, dire que la Russie ne perd pas est assimilé à du défaitisme, voire à de la trahison. Pourtant, De Wever ne fait qu'énoncer une évidence militaire partagée par la plupart des généraux en privé : l'Ukraine manque d'hommes, manque d'obus, et perd du terrain chaque jour. Continuer à financer cette guerre avec de l'argent volé, sans stratégie de sortie, est une folie.
» Le refus du suicide belge
» Au-delà de l'analyse géopolitique, De Wever défend les intérêts vitaux de son royaume. Il refuse que la Belgique soit le seul pays à porter le risque de la saisie des avoirs russes.
» Il a posé trois conditions sine qua non pour accepter le mécanisme européen :
» 1. Mutualisation totale des risques : si Euroclear est attaqué en justice et perd de l'argent, l'Union Européenne tout entière doit payer, pas seulement la Belgique. Il exige un mécanisme de solidarité « juridiquement contraignant, inconditionnel et irrévocable ».
» 2. Protection de la liquidité : la BCE doit garantir qu'Euroclear ne sera jamais à court de cash en cas de crise.
» 3. Partage du fardeau : les autres pays détenant des avoirs (comme la France ou l'Allemagne, même pour des montants moindres) doivent accepter les mêmes règles.
» Face à ces demandes, les partenaires européens, Berlin et Paris en tête, font la sourde oreille. Ils veulent bien utiliser l'argent russe, mais ils refusent de partager le risque de la facture. Ils demandent à la Belgique de sauter dans le vide sans parachute, au nom de la “solidarité européenne”.
» De Wever a été clair : “Je ne laisserai jamais la Belgique assumer seule les risques. Si une décision est prise que je juge manifestement illégale, je n'exclus aucune action, y compris judiciaire contre l'UE”.
» L'UE va-t-elle sanctionner De Wever?
» Nous arrivons ici au point de bascule prospectif de notre analyse. La question peut sembler provocatrice : l'UE oserait-elle sanctionner le chef de gouvernement d'un État membre fondateur, siège de ses propres institutions?
» La réponse, hélas, n'est plus un “non” catégorique. La mécanique mise en place avec l'affaire Jacques Baud et le règlement sur les menaces hybrides crée un précédent redoutable.
» Reprenons les critères utilisés pour sanctionner Jacques Baud :
» 1. “Porte-parole de la propagande russe” : en affirmant que la Russie ne perdra pas et que la saisie des avoirs est du “vol” (terme utilisé par le Kremlin), De Wever reprend objectivement, aux yeux de la Commission, les narratifs de Moscou.
» 2. “Menacer la stabilité de l'Ukraine” : en bloquant le “Prêt Réparations” vital pour le budget ukrainien de 2026, De Wever met en danger, factuellement, la capacité de résistance de Kiev.
» 3. “Activités de déstabilisation” : en menaçant l'unité européenne lors du sommet du 18 décembre, il affaiblit la position de l'UE sur la scène internationale.
» Bien sûr, Bart De Wever bénéficie d'une immunité politique et diplomatique que n'a pas un ex-colonel suisse. On ne gèle pas les avoirs d'un Premier ministre en exercice du jour au lendemain. Mais l'UE dispose d'autres armes pour briser les récalcitrants.
» Le précédent hongrois
» Regardons ce qui arrive à Viktor Orbán ou Robert Fico. Ils sont diabolisés, isolés, et privés de fonds européens. Des procédures au titre de l'Article 7 TUE (risque de violation grave des valeurs de l'UE) sont brandies comme des épées de Damoclès.
» Si la Belgique persiste dans son véto au sommet des 18-19 décembre, nous assisterons à une campagne de dénigrement orchestrée. On accusera la N-VA d'être le cheval de Troie de Poutine à l'Ouest. On utilisera la presse internationale pour peindre De Wever en extrémiste dangereux (ce que le Guardian et Politico ont déjà commencé à faire). On menacera peut-être de suspendre certains financements ou de remettre en cause le siège de certaines agences européennes en Belgique.
» L'UE est entrée dans une logique de purge intérieure. Quiconque s'oppose à la marche vers la guerre totale est désormais suspect. Bart De Wever est le dernier rempart avant l'alignement total. »
Nous allons compléter ce texte sur l’aspect “opérationnel” de la situation du Premier ministre belge par un texte d’Éric Verhaeghe, fondateur du site ‘Le courrier des stratèges’, publié lors du lancement de cette affaire à la fin novembre. (Comme d’habitude, nous retouchons un peu le titre pour le faire entrer dans nos habitudes de mise en page, mais sans en modifier le sens, certes.) Verhaeghe en décrit l’enjeu par le biais de la description de l’homme politique belge et de son comportement qu’il contemplait avec une certaine satisfaction de natif de ce pays, – ce qui se comprend et qui se pardonne aisément. Bart de Wever, dans son comportement jusqu’ici, n'est loin de s’être montré héroïque face au monstre bruxellois.
Note de PhG-Bis : « Verhaeghe de Liège et a vécu sa jeunesse dans sa ville natale avant de se lancer dans l’aventure parisienne. La fin de sa jeunesse correspondait à l’époque où PhG était devenu le spécialiste-maison des affaires politico-stratégiques des USA à l’URSS au journal liégeois ‘La Meuse’ (sur lequel il y aurait beaucoup à écrire car ce fut bien autre chose qu’un médiocre canard de province). Assez récemment, vers le mois d’avril, PhG reçut un coup de téléphone de Verhaeghe. Bien sûr, vivant depuis quinze ans en ermite de la lisière des forêts des Ardennes, il ne connaissait pas Verhaeghe, ni plus grand monde à Paris où ses générations étaient décimées par l’âge, et lui-même, de tempérament introverti, désormais fermé à tout déplacement selon sa conception érémitique de son reste de vie à éloigner le plus possible de cette épouvantable époque.
» PhG se rappelle avec émotion que Verhaeghe, après s’être assuré que PhG était bien le Grasset de ‘La Meuse’ de ces années1975-1985, lui dit, lui-même avec une certaine émotion, quelque chose comme : “Dès que je tombais sur ‘La Meuse’, j’allais lire votre article. C’est vous qui m’avez appris à aimer les questions stratégiques. Je voulais vous en remercier.” Nostalgie du temps passé et sentiment de revivre un peu dans la mémoire d’autrui... »
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C’est une ironie de l’Histoire dont l’Europe a le secret, une de ces facéties tragiques qui renverse les tables et bouscule les certitudes les mieux ancrées. Alors que le “camp du Bien”, emmené par une Commission européenne en roue libre et une administration Biden crépusculaire, exigeait la tête de la Russie sur un plateau d'argent — ou plutôt, ses avoirs —, la résistance n'est venue ni de Budapest, ni de Rome, ni même de Paris. Elle est venue de Bruxelles. Ou plus précisément, d'Anvers.
Bart de Wever, figure de proue du nationalisme flamand et nouvel homme fort du gouvernement belge, vient de poser un acte qui fera date. En refusant net l'utilisation des actifs russes gelés (majoritairement détenus par l'organisme Euroclear, sis en Belgique) pour financer la reconstruction de l'Ukraine, il ne se contente pas de jouer les trouble-fêtes. Il incarne, contre toute attente, la seule véritable position souverainiste en Europe occidentale.
Ce refus, motivé par une lecture stricte du droit de propriété et une défense pragmatique des intérêts nationaux, mérite que l’on s’y attarde. Car il révèle, en creux, l’effroyable vacuité des autres "leaders" européens et nous place, nous observateurs attachés à l'indépendance des nations, face à un cas de conscience douloureux mais nécessaire.
Pour comprendre la portée du geste de Bart de Wever, il faut d'abord saisir la mécanique du piège qui était tendu à la Belgique.
Depuis des mois, les États-Unis et la Commission européenne exercent une pression colossale pour que les quelque 200 milliards d'euros d'actifs de la Banque centrale russe, gelés chez Euroclear, soient purement et simplement saisis, ou du moins utilisés comme collatéral pour lever une dette massive au profit de Kiev. L'idée, séduisante sur le papier pour les bellicistes de salon, est un cauchemar juridique et financier.
Bart de Wever, en bon libéral conservateur, a immédiatement identifié la faille tectonique de ce projet. La propriété privée, pierre angulaire de notre civilisation juridique et du capitalisme rhénan, ne peut être bafouée au gré des humeurs géopolitiques sans conséquences dévastatrices. Saisir ces avoirs sans belligérance officielle, c’est ouvrir la boîte de Pandore : qui fera encore confiance à l'Euro ? Qui déposera encore ses réserves à Bruxelles si elles peuvent être confisquées sur une décision politique ?
Mais au-delà du principe, c'est la méthode de De Wever qui force le respect. Il n'a pas hurlé à la lune. Il a posé une condition sine qua non, d'une logique implacable : la solidarité.
Le raisonnement est le suivant : si la Belgique accède à la demande européenne et viole le droit international, elle s'expose à des représailles juridiques et financières féroces de la part de Moscou. Euroclear pourrait être visé, déstabilisant tout le système financier belge. De Wever a donc mis l'Europe au pied du mur : "Vous voulez l'argent russe ? Très bien. Mais signez d'abord un traité de garantie stipulant que l'Union européenne couvrira solidairement l'intégralité des risques et des coûts juridiques que la Belgique devra supporter."
Le silence fut assourdissant. Ni Paris, ni Berlin, ni la Commission n'ont voulu signer un tel chèque en blanc. Face à cette hypocrisie collective — celle qui consiste à vouloir la guerre avec l'argent des autres tout en refusant d'en assumer les risques —, Bart de Wever a tiré la seule conclusion souveraine possible : le refus. Pas de garantie, pas de saisie.
C’est un acte de gouvernement. C’est la primauté de l’intérêt national (la stabilité financière de la Belgique) sur le diktat moralisateur de l’ordre occidental.