Le JSF et Wall Street

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Le JSF et Wall Street


25 mai 2002 — La Lettre d'Information Inside the Navy du 20 mai rapporte la rencontre, datant du 15 mai, entre Vance Coffman, CEO de Lockheed-Martin (LM) et des représentants de divers gros investisseurs de Wall Street. Le but de la rencontre, organisée par Coffman, était de rassurer ces investisseurs sur le sort du programme JSF, dont on sait qu'il est menacé de réductions importantes par rapport aux commandes initiales envisagées de l'USAF et de la Navy. (Cette initiative de Coffman au bénéfice de Wall Street est une puissante confirmation de la réalité des difficultés auxquelles est confronté le programme JSF. Peut-être cela intéressera-t-il les Européens qui sont ou vont entrer dans le programme ?)

Coffman a été net : ces problèmes auxquels se heurte le JSF n'ont pas beaucoup d'importance. Certes, ces problèmes existent. Mais le marché aussi existe et il existe sur le très long terme (30-40 ans). Par conséquent, puisque le marché existe le JSF est assuré d'un avenir brillant. (Il est implicite dans cet argument que le JSF, puisqu'il existe, et puisque le marché existe, finira par emporter l'essentiel du marché. C'est une argumentation qui évolue par vérités assénées au marteau, dont l'essentielle est bien que le JSF, à cause de ce qu'il est, ne peut pas être un échec.) Coffman dit notamment :

« The size of the marketplace the Joint Strike Fighter will play into is going to be over 30 or 40 years. One administration will not determine how many Joint Strike Fighters there are, because it runs over that many years. »

Puis Coffman abandonne cette dialectique de relations publiques. Lorsqu'il est pressé de questions sur le fond du problème, il se fait encore plus net. Il parle alors le langage qui plaît aux investisseurs de Wall Street, le langage du profit à très court terme. Dans ce cas, les perspectives de commande et de production du JSF, sur les 30-40 ans, deviennent moins intéressantes, l'essentiel étant les revenus de LM et, par conséquent, les dividendes que touchent et toucheront les actionnaires. Voici ce que dit Coffman sur ce point :

« Coffman said the current DOD production projections for the JSF fleet “for the year 2020 or 2015 or 2012 is not of particular concern to me.” He is much more interested in the $19 billion system design and development contract his company won last October. “If we do that job well, I believe that the future of the airplane will be extremely bright and that whatever the numbers are, it’s going to be a huge win for Lockheed Martin,” he said. »

On a rarement été aussi clair dans l'exposé d'une philosophie industrielle qui consiste à désolidariser la société productrice du produit qu'elle fabrique, au profit de sa solidarité avec ses investisseurs :

• L'important pour LM (et Wall Street) se trouve dans les rentrées réalisées immédiatement.

• Le sort du programme « is not of particular concern to me ».

• L'essentiel reste dans les résultats financiers obtenus par LM, quelles que soient les circonstances qui affecteront le programme.

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