Le général Flynn devient “tendance”

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Le général Flynn devient “tendance”

On a beaucoup glosé sur les révélations du général à la retraite Michael Flynn, directeur de la DIA de 2012 à 2014, depuis son interview à Aljazeera et le silence assourdissant de la presse-Système qui a suivi. Ce qu’on relève aujourd’hui, et cela depuis l’attaque 11/13 à Paris, c’est sa présence de plus en plus affirmée dans des médias de la presse-Système de tendances différentes, voire de nationalités différentes. Pour notre part et sans préjuger d’autres interventions, nous l’avons retrouvé successivement sur Fox.News (la chaîne TV Murdoch, proche des pseudo-neocons) le 23 novembre et sur le site de l’hebdomadaire allemand Spiegel.online de centre-gauche hier. (Voir ci-dessous.)

Bien entendu, Flynn n’apporte aucune révélation significative par rapport à ce que nous en savons (il avait déjà beaucoup dit sur Aljazeera), mais ce n’est pas là l’essentiel même s’il approfondit son propos et ne cesse de le durcir. Pour nous, la signification de ces apparitions est que cet officier général, qui est une sorte de whistleblower (“lanceur d’alerte” chez nous) d’un nouveau genre avec ses affirmations qui démolissent toute la politique US et du bloc BAO depuis l’attaque en Irak, devient désormais une “voix autorisée” dans la presse-Système, au cœur du Système. Il s’agit d’un affaiblissement du Système dans la pression inconsciente qu’il fait subir aux psychologies de ceux qui le servent, par rapport aux narrative officielles et à son déterminisme-narrativiste, entrant dans le processus général de décadence et d’effondrement qu’on observe aujourd’hui.

Tout cela n’exprime ni manœuvres, ni complots, ni choix politiques, puisqu’il s’agit d’une tendance générale dont ceux qui l’expriment, sans réelle mémoire des évènements ni aucune appréciation de leur signification, n’ont guère conscience. On ne peut même pas parler de changement d’opinion, de tournant du jugement puisqu'il n'y a ni opinion ni jugement, il faut en rester à ces affrontements de pressions extérieures sur les psychologies et constater l’affaiblissement du Système qui se fait nécessairement au profit de tout ce qui joue un rôle de type-antiSystème. Si vous voulez, la Russie tient aujourd’hui la Syrie et Flynn est beaucoup sollicité : ceci équivaut à cela en termes de Système versus antiSystème.

• Fox.News a un segment d’une interview significative de plusieurs minutes, dont un texte du 23 novembre sur le site du réseau nous donne la substance : « The former head of the Defense Intelligence Agency said the White House can’t say it was not made aware of the growing threat ISIS posed in the region in an exclusive interview Monday with Fox News’ Megyn Kelly on “The Kelly File.” Lt. Gen. Michael Flynn said what President Obama has received from the national intelligence system on ISIS is “very accurate,” but may not have met a “narrative” out of the White House. “It is a cancer inside of the Islamic religion, and the White House and the President have not wanted to say that,” he said. »

Spiegel.Online a une assez longue interview sur son site, le 29 novembre, dont nous donnons un extrait, qui est la fin de l’interview totalement déconstructeur de la politique US depuis 9/11...

Spiegel.Online: « In February 2004, you already had Abu Bakr al-Baghdadi in your hands – he was imprisoned in in a military camp, but got cleared later as harmless by a US military commission. How could that fatal mistake happen? »

Flynn: « We were too dumb. We didn't understand who we had there at that moment. When 9/11 occurred, all the emotions took over, and our response was, “Where did those bastards come from? Let's go kill them. Let's go get them.” Instead of asking why they attacked us, we asked where they came from. Then we strategically marched in the wrong direction. »

Spiegel.Online: « The US invaded Iraq even though Saddam Hussein had nothing to do with 9/11. »

Flynn: « First we went to Afghanistan, where al-Qaida was based. Then we went into Iraq. Instead of asking ourselves why the phenomenon of terror occurred, we were looking for locations. This is a major lesson we must learn in order not to make the same mistakes again. »

Spiegel.Online: « The Islamic State wouldn't be where it is now without the fall of Baghdad. Do you regret ... »

Flynn: « ... yes, absolutely ... »

Spiegel.Online: « ... the Iraq war? »

Flynn: « It was huge error. As brutal as Saddam Hussein was, it was a mistake to just eliminate him. The same is true for Moammar Gadhafi and for Libya, which is now a failed state. The historic lesson is that it was a strategic failure to go into Iraq. History will not be and should not be kind with that decision. »

 

Mis en ligne le 30 novembre 2015 à 15H56