Le départ de ‘Toria’ et autres tartarinades

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Le départ de ‘Toria’ et autres tartarinades

8 mars 2024 (13H55) – Le départ de ‘Toria’ Nuland reste « un rébus enveloppé de mystère au sein d'une énigme... », comme disait fameusement Churchill. Cette fois, il ne s’agit pas de le direction russe mais bien de la situation au sein du gouvernement Biden et de l’orientation de sa stratégie, – si stratégie il y a. Le départ de ‘Toria’ est un de ses actes pour lequel on dispose de multiples hypothèses sans décider de trancher décisivement

Même le subtil Bhadrakumar donne, – avec la plus grande prudence, – une (des) explication(s) qui est (sont) marquée(s) par le développement, quasiment à la suite, de deux thèses absolument contradictoires (tout cela est envisagé sans faire intervenir les Russes par rapport à ces diverses fluctuations).

D’une part, il présente Nuland comme partisane d’une approche négociée de la crise ukrainienne par le biais d’une relance des accords de Minsk dont on connaît la vertueuse loyauté juridique, proposition faite lorsqu’elle était écartée du pouvoir durant le mandat Trump :

« Quoi qu’il en soit, à l’approche de l’élection présidentielle de novembre 2019 (remportée par Biden), Nuland a déclaré publiquement qu’il serait nécessaire de reprendre les travaux sur les accords de Minsk. “Je pense que nous devrions entamer des négociations sérieuses sur la mise en œuvre des accords de Minsk… J’espère que nous serons invités à devenir partie à ce processus si et quand les États-Unis recommenceront à considérer l’Ukraine comme un gage important pour l’avenir de la démocratie. J’espère que cela se produira après nos élections en novembre (2019)”.

» Nuland a également indiqué qu’elle ne connaissait pas d’autre moyen d’amener la Russie à se retirer de l’Ukraine que le document de Minsk, qu’après tout, le président Poutine a lui-même signé. Cependant, la politique russe de Joe Biden a pris une trajectoire totalement différente.

» La seule explication plausible serait qu’en tant que fervent partisan du transatlantisme tout au long de sa carrière, Biden a donné la priorité au renversement de la négligence bienveillante de Trump à l’égard du système d’alliance de l’OTAN (qui était également crucial pour sa stratégie d’endiguement de la Chine) et qu’il était tactiquement avantageux de donner de la Russie l’image d’un ennemi pour redonner du poids au leadership transatlantique des États-Unis, qui s’était affaibli sous Trump. »

Puis il enchaîne en donnant à Nuland, revenue au pouvoir avec Biden, le premier rôle dans l’organisation de l’engagement américaniste en Ukraine qui ne cesse de se radicaliser, et bien souvent sous sa houlette, avec comme objectif non déguisé la Russie elle-même sous l’étendard d’une russophobie sans la moindre retenue et supposant un démantèlement et une cancellation de la Russie. Elle va même jusqu’à peut-être (c’est aussi du domaine de l’hypothèse)  suggérer ce qui pourrait être un soutien tacite à l’envoi de troupes de pays européens en Ukraine.

« Il est évident que Nuland a joué un rôle important dans la vie de l’Ukraine et que nous ne pouvons qu’en deviner l’ampleur. En effet, elle a publiquement célébré le sabotage du gazoduc Nord Stream, qui a rompu le cordon ombilical liant l’Allemagne à une alliance géopolitique avec la Russie. Le mois dernier, après une visite soudaine à Kiev, Mme Nuland a promis que de mauvaises surprises attendaient le Kremlin dans la guerre en Ukraine.

» Faisait-elle référence à l’idée d’un déploiement de combat en Ukraine par les pays de l’OTAN ? Il n’y a pas de réponse facile. La Maison Blanche est intervenue à deux reprises, du moins tardivement, pour affirmer que l’envoi de troupes américaines sur le terrain en Ukraine n’était pas envisageable.

» Le fait est qu’il est tout à fait concevable que le départ de Mme Nuland soit le reflet de l’effondrement de l’ensemble de l’architecture de la stratégie américaine en Ukraine, qu’elle avait conçue. »

Voilà donc la phrase essentielle : « Il n’y a pas de réponse facile ». Étudiant le cas Nuland, Mercouris est revenu à deux reprises là-dessus, et la deuxième fois en reconnaissant qu’il s’était trompé dans sa première interprétation. Là non plus, ce n’est pas simple. On retiendra ce qu’il en dit dans sa seconde intervention, nourrie de beaucoup plus de sources dont certaines qui lui sont propres.

Coalition bureaucratique

Mercouris a un nombre prodigieux d’expériences ; outre celle d’hommes de loi et de diplomate, il a celle de bureaucrates et c’est ce qu’il retient pour le cas Nuland au premier chef (il a des explications complémentaires, certes, et non négligeables). Mercouris rappelle, pour ceux qui l’ignorent, que Nuland est une personnalités dévastatrice, insupportable, dont l’ambition se mesure aux rayures laïussées sur le parquet  par sa dentition, autoritaire, s’attribuant souvent des prérogatives qu’elle n’a pas. Avec l’Ukraine, depuis deux ans, le rythme doit être devenu effrayant, et une coalition bureaucratique dans l’appareil de sécurité nationale s’est formée qui a pesé de plus en plus sur le secrétaire d’État.

Plus encore, cette coalition bureaucratique, estime Mercouris, est de sensibilité antichinoise et estime que Nuland mobilisait beaucoup trop l’essentiel des ressources au profit de l’Ukraine. La bataille bureaucratique devient alors politique et stratégique et pèse encore plus lourd sur Blinken.

Mercouris : « Il y a de nombreux faucons antichinois au département d’État, mais aussi au Pentagone, notamment avec le président du comité des chefs d’état-major, le général Brown, qui est de l’USAF et s’intéresse au Pacifique alors que Milley, son prédécesseur, était de l’US Army et s’intéressait à l’Ukraine. Cela forme une bureaucratie antichinoise cohérente.

» Le soutien que Nuland pouvait attendre de Biden, obsédé par l’Ukraine, a commencé à diminuer nettement en importance dans la mesure où l’on entre dans la campagne électorale, que l’opposition à l’engagement en Ukraine ne fait que se développer, et que le candidat doit mettre une sourdine. »

Cela ne signifierait nullement que la stratégie change et que l’Ukraine sont abandonnées car il faut toujours pousser les catastrophes jusqu’à leur terme lorsqu’elles ont commencé à se révéler catastrophiques. Le départ de ‘Toria’ signifie purement et simplement que le symbole et le porte-drapeau de l’Ukraine à Washington est liquidée (pour aller occuper un siège grassement rémunérée dans un quelconque Institute of Study of War).

Pour le reste, la bureaucratie poursuivra son travail avec son “toujours plus de ...” dans tous les sens et dans toutes les directions, mais sans fournir un effort excessif pour l’Ukraine comme il pouvait sembler que Nuland demandait. Tout de même, il faut aussitôt noter pour rassurer nos âmes inquiètes que, dès hier, Zelenski a inauguré une “rue Victoria Nuland” à Odessa, sous les tirs de missiles russes ; on a la reconnaissance du ventre, c’est-à-dire du portefeuille..

Le maréchal McMacron prépare l’invasion

Il faut dire que le départ de ‘Toria’ n’a pas vraiment rassuré les Européens, qui veillent aux frontières et préparent la grande offensive ‘Barbarossa.Europa-Kaput’. Macron est allé voir ce qui est désormais son grand allié, le général-président Tchèque, tout frais émoulu de l’OTAN, et qui s’est promis de mobiliser la Grande Europe pour écraser les hordes.

« Parti sur cette voie, dit Mercouris, ce sera bientôt tout le gouvernement US qui deviendra antichinois, nous laissant seuls avec l’Ukraine... »

Avec l’OTAN dont tous les observateurs nous disent qu’elle est de plus en décidée à attaquer la Russie, le départ de ‘Toria’ ressemble un peu à un avant-goût de Trump qui disait, – il plaisante ! Il plaisante ! –  qu’il laisserait bien les Russes attaquer l’OTAN sans que cela ne dérange outre-mesure l’ordre de bataille de l’U.S. Army dont on sait qu’il est absolument en désordre et pas du tout pas dans l’ordre de bataille qui importe puisque n’ayant pas encore recopié le modèle russe tenu désormais pour la grande mode de toutes les armées qui se postmodernisent. Pour compenser, nous eûmes donc un vaillant président qui parla de la lâcheté des autres et s’affirma prêt à remettre de l’ordre dans les rangs. Les Murat, les Ney, les Soult, les Davout, les Augereau, pour tout dire, en restèrent et en restent coi comme deux ronds de flanc et se disant qu’il leur aurait fallu un McMacron avec MacDonald à Waterloo.

On arrête ici sur ce thème parce qu’une telle montée en puissance, si irrésistible, fait trembler les plus sceptiques qu’une force pareille, éclatant d’une vitalité si terrible, ne décide d’elle-même de déferler de Brest jusqu’à Vladivostok. Nous aurons cerné les Chinois avant même que les porte-avions hypersoniques aient quitté leur port d’attache de San Diego et de Norfolk.

Et si l’on parlait d’autre chose ?

L’on terminera sur un tout autre sujet parce que tout n’est que sans queue ni tête, qui est pourtant (cet autre sujet) du même domaine de la  GrandeCrise. Regardez-le, il implique ce phénomène extraordinaire d’un fou sénile et méchant comme une teigne à la tête de l’’une des deux grandes puissances nucléaires du monde, et qui est si attaché à cette entreprise de liberté souveraine qu’est le parti de l’Ukraine et la protection des actions de son fils Hunter (avec partage des bénéfices avec papa). Chaque jour nous apporte des nouvelles cataclysmiques faisant évoluer des personnages fantomatiques, ombres des ombres d’un zombie, doté de pouvoirs immenses.

C’était, cette nuit pour nous, le “Discours sur l’état de l’Union” du 46ème POTUS. Lisez, c’est court, une suite qui suinte de slogans d’un esprit dévorée par la sénilité, une extraordinaire démonstration du niveau d’absurdité mentale et de destruction totale de l’esprit, – sans doute la plus complète, dont on comprend qu’elle fasse l’admiration des foules des élites-zombies européennes...

ZeroHedge.com’, par exemple, au bord de la nausée, écrit ceci, en phrases hachées, ultra-rapides, comme dites par un robot devenu fou... Jamais, certainement jamais, une décadence prit autant l’allure à la fois de la décomposition, de la pourriture et de la néantisation morale :

«  Discours de Biden ce soir ...

» • Financer l'Ukraine.

» • Trump est une menace pour la démocratie et l'Amérique elle-même.

» • L'avortement est une bonne chose.

» • L'économie américaine est plus forte que jamais.

»  • L'inflation n'est pas la faute de Biden.

» • Les clandestins sont aussi des Américains.

»  • Les républicains sont responsables de la crise frontalière.

» • Trump est mauvais.

» • Biden est aux côtés des enfants transgenres.

» • Le 6 janvier [2021] a été la pire insurrection depuis la guerre civile.

» La réponse de Tucker Carlson résume parfaitement la situation :

» “C'était probablement le discours le plus sombre et le plus anti-américain prononcé par un président américain. Ce n'était pas un discours, c'était une diatribe...”

» Carlson a poursuivi : “La véritable mesure de la grandeur d'une nation réside dans sa capacité à contrôler les frontières, et pourtant Biden refuse de le faire”.

» “Dans une élection juste, Joe Biden ne peut pas gagner”.

» Et de conclure :

» “Pendant toute le discours, il n’y a pas eu un mot significatif sur les choses qui comptent réellement pour les gens qui vivent ici.”

» Victor Davis Hanson a ajouté d’excellentes saillies et ceci était probablement la meilleure phrase sur Biden :

» “Il s’en fout... il vit dans une réalité alternative”. »

Et lorsqu’on écoutait Thierry Breton , hier, faire ses petites compotes de €milliards pour Zelenski, on avait l’impression qu’ils étaient somme toute tous satisfait de tout cela, de ce monde-là, de cette façon d’être, de faire, de dire, de répéter, de barboter, de ragoter, de ravauder.... Breton avait une superbe coiffure permanenté, un beau gris profond qui doit plaire aux jeunes stagiaires de l’EU dont on s’est assuré au préalable qu’elles ont bien une assurance anti-viol (en vente dans toutes les bonnes pharmacies). Ses lunettes rondes lui donnant un faux-air de naïf aux quarante enfants complétait le tout. C’est le représentant de la Grande Nation, – la France, traduit-le-traducteur, – si honorablement à sa place au sein de l’UE, – le nommé Breton, dit Anastasie-les-ciseaux puisqu’également chargé de la censure en plus de récupérer les dettes.

Mais nous parlions de Nuland, me semble-t-il... Bah, c’est la même pointure.

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