L’attente psychologique de la crise

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L’attente psychologique de la crise

e site du quotidien britannique Daily Telegraph dispose d’un poste “most viewed article” qui mesure le succès de lecture des articles mis en ligne. Les cotations de “plus lu” sont classées selon les rubriques suivantes : “aujourd’hui”, “hier”, “cette semaine”, “ce mois-ci”, “cette année”.

Nous nous appuyons, pour notre “F&Cdu jour, sur l’article de Ambrose Evans-Pritchard du 23 décembre, «Crisis may make 1929 look a ‘walk in the park’». Nous avons vérifié aujourd’hui son succès de lecture sur le site du quotidien. (Le lien que nous donnons ici est pour indication. Bien sûr, il varie jour après jour. Les indications que nous donnons ci-après concernent la situation au 27 décembre.)

Cet article présentait le 27 décembre une cotation de lecture exceptionnelle. Les résultats indiqués ici concernent la moyenne générale (lecteurs du monde entier), une caractérisation continent par continent étant également fournie. Il a été le premier article lu du Telegraph, les 23, 24, 25, 26 et le deuxième ce 27 décembre; le premier article de “cette semaine”, à la date du 27 décembre; le premier article “de ce mois” ; et le 5ème article de cette l’année. Les deux derniers résultats sont absolument exceptionnels quand on a à l’esprit la parution tardive de l'article du 23 décembre 2007; en 5 jours de lecture disponible sur les 361 que compte d’ores et déjà l’année 2007, l’article de Evans-Pritchard s’est hissé à la 5ème place.

Ce relevé rapide représente à notre sens un indice qualitatif très significatif de l’intérêt des lecteurs, à la fois pour le sujet, pour la tonalité de l’article, pour la référence de l’article. Comparer la crise de 1929 à une “promenade dans un parc” pour mesurer l’intensité possible de la crise qui nous attend est effectivement très parlant; ce constat mesure d’ailleurs combien la mémoire de la crise de 1929 est forte lorsqu’il s’agit de catastrophe financière et économique.

Ces constats divers nous conduisent à observer qu’il existe une attitude psychologique dominante de préparation à la crise, qui pourrait même être interprétée comme une “attente de la crise”. Nous sommes préparés, – certains diraient “conditionnés”, – par les événements et les commentaires des six derniers mois à une crise financière et économique majeure pour 2008. Cette ouverture macabre, sinon morbide de la psychologie, nous apparaît d’autant plus marquante qu’elle n’est nullement manipulée, dans le cas exemplaire pour notre propos de l’article d’Evans-Pritchard. Il s’agit d’un intérêt intellectuel et psychologique spontané, qui n’a aucun souci de référence ou de mesure (les lecteurs ne lisent pas l’article parce qu’ils y sont sollicités ou parce qu’ils savent que leur intérêt est mesuré). Cela traduit une attitude psychologique à la fois de lucidité inconsciente (jugement “maistrien”?) pour la possibilité de la crise et d’excitation fascinée pour la possibilité de cet événement, – comme nous en faisons également l’hypothèse dans ce même “F&Cdu jour. En d’autres mots, nous sommes psychologiquement prêts pour une crise d’importance mondiale dans les domaines financier et économique, – nous sommes, devant la possibilité devenant probabilité de la crise comme le lapin devant le serpent. Il va sans dire que ce facteur doit jouer un rôle considérable pour l’éventuel déclenchement (ou l’éventuelle accélération apocalyptique) de la crise.


Mis en ligne le 27 décembre 2007 à 18H08