La vraie guerre

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La vraie guerre

11 juillet 2002 – A nouveau des prévisions concernant la réforme du Pentagone, qui devrait effectivement revenir au centre de l'actualité de sécurité nationale à Washington avec le débat budgétaire et certaines décisions de programmation. Un article du journaliste Tom Bowman, du Baltimore Sun annonce que le Pentagone envisage des réductions de forces et d'autres mesures du même type, pour permettre d'avancer dans la voie de la réforme radicale des forces armées que veut réaliser Donald Rumsfeld. Ces réductions sont recommandées par un rapport Contrôleur Général du Pentagone, David Chu, dont les conclusions définitives seront connues en septembre. Chu réalise un audit du Pentagone, d'où il ressort que la seule voie à suivre si l'on veut une réforme qui implique le lancement de nouveaux programmes, se trouve dans des réductions des actuelles structures.

Le rapport de Chu confirme évidemment que l'énorme budget américain, avec son augmentation de $48 milliards pour la FY2003 qui a secoué tous les experts et les ministères de la défense en Europe, ne suffit pas pour cas américain:

• Il ne suffit pas à lancer les nouveaux systèmes et les nouvelles structures tout en maintenant les anciens par sécurité (après tout, les USA sont en guerre);

• Il ne suffit pas à créer les conditions favorables à la réforme jugée nécessaire.

Bowman annonce donc des mesures en préparation au DoD:

• Des réductions de forces: «The proposed reductions have been discussed with leaders of the four services, the officials said, noting that the Army and the Air Force would be hardest hit. The Army would lose one division, which could mean 20,000 to 25,000 soldiers. The Air Force could face a cut of 40,000 uniformed personnel. The Navy could lose 20,000 sailors, officials said, and the Marines might be reduced by 2,000 to 5,000.» Ce ne sont pas des réductions mineures, et l'on notera particulièrement l'énorme réduction de personnel pour l'USAF: actuellement, «[t]he Army has 481,000 personnel on active duty, followed by the Navy at 382,000, the Air Force at 360,000 and the Marines at 173,000».

• Des réductions dans les systèmes d'armes. «Besides considering cuts in personnel, Rumsfeld and his aides are looking at possible cuts in weapons programs, including the multi-service Joint Strike Fighter and the Air Force's F-22 fighter. In addition, officials said, they might eliminate the Army's proposed Comanche helicopter and the Marines' proposed V-22 Osprey». Là encore, on voit que les menaces pèsent surtout sur l'USAF (le F-22 et le JSF/version USAF), les deux autres programmes désignés étant actuellement en attente d'un possible abandon. Parmi les deux programmes menacés, le F-22 a "fait le plein" de réduction, menacé qu'il est d'être réduit à 180, et l'USAF se battra becs et ongles en tentant de le renforcer autant que faire se peut avec de nouvelles versions. Cela laisse, une fois de plus, le JSF isolé face aux menaces de réduction. Celles-ci se précisent de plus en plus dans la mesure où, Washington ayant fait le plein des engagements étrangers dans le programme, il n'est plus nécessaire de maintenir la fiction d'un programme JSF triomphant.

• Il apparaît que c'est l'USAF qui va être le service le plus concerné par la réforme. C'est elle qui subirait les plus fortes réductions en personnel (11%, contre 5% pour l'Army et 6% pour la Navy). Cela signifie des réductions sérieuses du nombre de systèmes pilotés, au profit de systèmes automatisés types UAV et UCAV, et au profit d'équipements technologiques avancés qui suppose d'être portés par des systèmes pilotés avec des grandes capacités (stratégiques) de projection. De façon encore plus nette, cette tendance défavorise encore le JSF, dont l'importance quantitative de la commande initiale permet des réductions, au profit de certaines versions nouvelles du F-22 (FB-22), en moins grand nombre mais avec des capacités stratégiques.

Paradoxale insuffisance budgétaire, doutes graves sur la possibilité d'une réforme

Cette orientation du DoD marque une évolution significative, mettant en évidence l'insuffisance budgétaire et, au-delà et vu l'énormité du budget, la situation inextricable d'inefficacité de gestion et de gaspillage où se trouve la bureaucratie de ce ministère. Le 1er octobre 2001, Rumsfeld déclarait au Congrès: « Now, in the midst of a war on terror whose final dimension is still unknown, we do not believe is the time to be cutting manpower.» La guerre est toujours là et c'est pourtant ce que se prépare à faire Rumsfeld.

Il s'agit d'une situation d'autant plus inextricable quand on considère les faits. Ce qui se passe en Afghanistan depuis le 7 octobre 2001 (attaque US), c'est une application de ce qu'on pourrait nommer, pour faire court, la “doctrine Rumsfeld”: de moins en moins d'engagements terrestres (à part trois grandes opérations terrestres au printemps, mais qui sont restées limitées en effectifs terrestres, jusqu'à un appel aux Britanniques, et qui se sont soldées par des échecs) ; de plus en plus d'importance donnée aux techniques automatiques et aux technologies. Rumsfeld n'a cessé de refuser, depuis novembre, tout envoi de forces supplémentaires. La situation en Afghanistan ne s'améliore pas pour autant, du point de vue américain.

Bowman cite encore l'analyste Loren B. Thomson, qui détaille les problèmes posés par la situation actuelle et les difficultés, voire l'impossibilité, auxquelles va être confrontée la direction du DoD.

« Loren B. Thompson, a defense analyst at the Lexington Institute, said the defense secretary and his aides "have a sense that everything they've inherited is old-fashioned." They believe it is time to invest more in the future, Thompson said, to transform the military, with its Cold War-era weapons, into a futuristic force that battles with unmanned drones and directed-energy weapons, as well as with space-based lasers and robots. "Rumsfeld's team feels if they don't free up resources for transformation now, the moment will be lost," Thompson said.

» Still, Thompson noted, it would be difficult to cut forces in the midst of the war on terrorism. Much of the military is stretched thin, and the demands on forces are causing an increasing number of people to leave the military. "I think the moment was lost on Sept. 11," Thompson said. "We're in a war now, and force structure cuts have immediate, fatal consequences." »


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