La “société du spectacle de la catastrophe”

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La “société du spectacle de la catastrophe”

25 octobre 2019 – Il y a plusieurs idées dans cette analyse que nous voudrions le plus large possible de la perception que nous avons, ou plutôt qui nous est imposée, des événements en cours et qui forment sans aucun doute ce phénomène désormais classique pour nous du “tourbillon crisique”, mais bien sûr d’un tourbillon crisique de plus en, plus large, de plus en plus intégrateurs de tous ces événements, de plus en plus “global”.  C’est comme la transformation d’un immense tourbillon crisique global en un incendie à mesure, – ou bien, écrit en termes plus classiques par Pépé Escobar, « Burn, Neoliberalism, Burn ».

Ce constat n’est plus une exception, une bizarrerie ou une sophistication antisystème, mais il répond à la simple logique, y compris des dîners en ville et des tournées des hommes politiques, y compris des plus présidentiels... L’idée de la crise de la globalisation ne cesse de s’imposer à toutes les perceptions, aussi vrai qu’un immense incendie de forêt vous étouffe sous sa chaleur incandescente. Même un Macron, et dirait-on un Macron de plus en plus à contre-emploi puisqu’il devait nous apporter le simulacre de la relance d’un “monde nouveau” s’imposant sans douleur comme le lui avaient demandé les élites-zombies du type “globalisées”, même et surtout Macron ne cesse de s’affirmer dans son rôle étrange de lanceur d’alerte du catastrophisme. Rien que cette petite phrase dite à La Réunion, nous dit tout en poursuivant notamment son discours du 27 août : « Le modèle est à bout, tout le monde le ressent » ; mais ne croyait-on pas etr ne disait-on pas, sur la foi de sa campagne présidentielle de 2017, qu’il était le réparateur du “modèle”, ou l’installateur du “nouveau modèle”, donc crise globale en voie de résolution, sinon résolue après deux ans de mandat ? 

Au contraire, la chute s’accentue, accélère, “tout le monde le ressent”. Dans son T.C.-81, le dernier paragraphe de PhG nous offre une piste intéressante, en nous haussant un cran largement plus haut que la liste sans fin et les explications sempiternellement semblables, de la paupérisation aux inégalités, des effets de l’effondrement dans un incendie gigantesque de Système : « ...Et d’ailleurs, ceci, plus que tout le reste et au-dessus de tout le reste : voyez-vous, pour la première fois depuis l’Aube des Temps, nous ne sommes plus acteurs de nous-mêmes mais spectateurs de notre destin, et notre destin comme séparé de nous, impérieux, puissant, grondant, notre destin comme un torrent... Cette étrange et terrible époque est aussi une fascination qui nous emporte vers des rives inconnues. »

Cela signifie, pour utiliser une image fameuse, que la très-fameuse “société du spectacle” de Debord est en train si ce n’est déjà fait de radicalement changer de forme, sinon de structure, c’est-à-dire d’ontologie (bien au-delà de l’idéologie, on y reviendra). Ce n’est plus le fait d’“offrir un spectacle” qui importe, étant alors admis que ce “spectacle” tel qu’identifié par Debord était fait pour nous tromper à la manière de la caverne de Platon, de nous anesthésier dans les délices d’une servitude volontaire festive ; c’est le programme du “spectacle” qui a changé, nouvelle affiche, nouvelle trame, nouveau style et nouveaux ”acteurs” ( ?), – nouveau “spectacle” qui se joue à guichets fermés. La “société du spectacle” est devenue la “société du spectacle de la catastrophe”, – et l’on comprend sans peine que ce qui importe est bien entendu le mot “catastrophe”...

Ce changement de programme, quel événement ! Le concept de spectacle catastrophique (pour nous) de Debord se retourne complètement et devient un spectacle de la catastrophe qu’est devenu le Système qui prétendait nous anesthésier par le spectacle du simulacre festif, pour faire de nous l’homo festifus de Philippe Murray. Au contraire, ils ont fait de nous l’homo catastrophicus, et même les trucs festifs qui vont des pipole aux I-phone dégagent la même extraordinaire puanteur que nous humons sans discontinuer au spectacle de la catastrophe. Le point absolument fondamental qui nous concerne, nous autres sapiens-sapiens, est que l’évolution a en même temps transformé notre fonction : de participants, donc acteurs de la fête (festif), à observateurs, donc spectateurs de la catastrophe.

PhG suggérait dans son bouquin de 2003, sans l’expliciter ni bien sûr en mesurer les formidables conséquences dans la vie même des événements du monde, cette évolution vers cette fonction d’acteurs comme détaché de l’événement, c’est-à-dire sans aucune prise ni influence sur l’événement, mais d’autre part découvre-t-on désormais, sans responsabilité ni acceptation de la dimension complètement faussaire manifestée lors de sa création ; comme ici dans un des nombreux articles (le 21 juin 2014) reprenant le passage impliqué qui fait l’ouverture de l’essai Des tours de Manhattan aux jardins de l’Élysée inclus dans le livre :

« C’est une dynamique d’appréciation que nous avons de plus en plus privilégiée depuis l’attaque du 11 septembre 2001, qui marque symboliquement, à notre sens, l’installation de cette nouvelle capacité de l’observation humaine des événements. (Voir ‘Chroniques de l’ébranlement’, de Philippe Grasset, Mols 2003 : “D’abord, il y a ceci : en même temps que nous subissions cet événement d’une force et d'une ampleur extrêmes, nous observions cet événement en train de s’accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d’observer cet événement. L'histoire se fait, soudain dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire...”). »

Sans lire le texte de Pépé Escobar qui contient diverses arguments logiques, c’est-à-dire idéologiques, qui nous importent peu, simplement en nous en tenant au titre si court  dont les mots ont une puissance extraordinaire qui dit bien plus que ce qu’ils disent (« Burn, Neoliberalism, Burn », c’est-à-dire interprété comme il faut “Créve, néolibéralisme, crève”), nous retrouvons notre étendard : Delenda Est Systemum, – d’abord et avant toutes choses « détruire, dit-elle », et après on verra.

(D’ailleurs, écrivant cela, nous savons bien que nous ne faisons que commenter avec la rage de la Grande Santé un processus que les événements du Très-Haut ont d’ores et déjà décidé : le Système, le néolibéralisme, est déjà entré dans le domaine de la charogne qui pue, – et fort bien, cela, – “crève, la Bête”.)

Mais il faut, avant de poursuivre, faire un rapide retour en arrière pour fixer les enjeux et trier entre les arguments qui comptent et ceux qui ne comptent que comme poussières... « Va jouer avec cette poussière », disait Montherlant que notre système (Système) s’est empressé d’oublier une fois qu’il se fût suicidé à-la-romaine (en 1972, pour cause de cécité naissante), lui qui jouait hautement au Don Juan irrésistible dragueur alors qu’il était un gay-des-pissotières, mais avec le réflexe hautain, – distance entre l’esprit et la matière trop brute, – de le dissimuler dans ses écrits. Cette “poussière”, pour nous, c’est l’agitation effrénée des économistes plus ou moins “-Système”, qui sont obligé de constater le décès du néolibéralisme et qui tentent désespérément de le ranimer dans le genre bouche-à-bouche avec des projets de réformes, un zeste de “social” type Gilets-Jaunes, une pincée de keynésianisme ressuscité et ainsi de suite.

Il est vrai qu’ils sont de plus en plus KO, les économistes, ou considérés comme tel : c’est donc tout à fait hors de leur contrôle que nous parlerons... Le retour en arrière que nous proposons, c’est la crise de 2008. Nous en avons un excellent souvenir, non des prémisses de cette crise, mais bien de l’atmosphère qui régnait avant la crise, alors que l’effondrement américaniste en Irak ouvrait la voie à un tourbillon crisique conduisant au Trou Noir. (Voyez par exemple le F&C du 11 novembre 2007 : « Comment s’effondrer ? », avec déjà nombre de questions en vogue aujourd’hui d’ores et déjà posées.)

Nous nous trouvions psychologiquement, – dans la perception que nous en avions, – au bord de la possibilité de l’effondrement du Système ; alors, la crise de 2008 (ce que nous nommons 9/15, de la date du 15 septembre 2008), crise dans la grande tradition du capitalisme du seul système financier entraînant les restes économiques, nous est très vite apparue, et nous apparaît plus que jamais, comme une tentative de sauvegarde par le pire, par la vidange, par la purge, comme lorsqu’on opère une colonoscopie : transformer la Grande Crise de l’Effondrement du Système en une crise classique, même si énorme, du capitalisme, dont la caractéristique a toujours été qu’il s’agissait d’une purge avant une reprise triomphante du susdit capitalisme (la colonoscopie ayant permis d’examiner la chose “à nu”, débarrassée des encombrants déchets qu’on imagine, et de dire : “OK, tout va bien, on continue”).

(Mr. Mellon, une des premières fortunes capitalistes US alors, et fort logiquement secrétaire au Trésor de Hoover, ne disait-il pas en 1931 à ce même président Hoover que le chômage et la misère qui dévastaient les USA entrés dans la Grande Dépression constituaient en, vérité une excellente “purge salutaire” qui allait “nous débarrasser des mauvais éléments [les chômeurs, les pauvres] qui entravent le développement de notre système” ? Oui, il le disait, et Hoover se félicitait d’avoir choisi un gardien du Trésor si sagace et droit dans sa logique.)

Nous avons très souvent proposé et développé dans une myriade de textes cette thèse de 9/15 sauvant le Système, et poursuivant à sa manière 9/11, en pleine superpuissance, pour annoncer des “lendemains-qui-chantent” au rythme des matraques et des grenades de “dés-encerclement”, au swing des migrations forcées et de la Grande Substitution-Superstition (mieux que Grand Remplacement, finalement), par la grâce de l’action du Système purgé par lui-même par cette même superpuissance qu’on vénère tant, de ses “éléments indésirables” selon Mr. Mellon. Nous citons ici un passage assez long venu d’un texte du 16 juin 2012et repris dans un Glossaire.dde du 10 décembre 2012.

(On ne s’offusquera pas si les événements sont considérés du point de vue
1) de la psychologie qui nous est si chère parce qu’élément essentiel entre lessapiens-sapiens et les événements ordonnés par le Très-Haut, et essentiellement les psychologies [les plus faibles, finalement] des directions-Système soumises à la “terrorisation” du Système par le biais de l’idéologie exercée comme une foi religieuse ;
2). de la métaphysique ou métahistoire qui sont les domaines privilégiés de notre réflexion, qui jouent selon nous un rôle déterminant effaceur de tout le reste dans l’évolution psychologique perçue comme le véritable aliment du moteur de la crise, – dito, la surpuissance-autodestruction du Système.)

«Dans cette schématisation d’une réinterprétation radicale des évènements dans leurs cours tumultueux et fous depuis 9/11, la crise de 2008 (9/15, commençant le 15 septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers) n’est pas du tout une catastrophe. Pour ces psychologies des directions politiques et des élites spécifiques du bloc BAO sous l’empire de la terrorisation, 2008 est au contraire une confirmation de la nouvelle dimension métaphysique dont 9/11 fut le choc fondateur. 2008 comme “triomphe de cette politique” née avec 9/11…[...]
» “[…U]ne appréciation finalement logique. Ce qui parle au travers des psychologies terrorisées de cette catégorie de sapiens entièrement soumise au Système, c’est le Système lui-même ; comme le Système est passé d’une dynamique de surpuissance à une dynamique d’autodestruction, il est complètement logique que le catastrophique effondrement de 2008 soit en vérité perçu, à peine inconsciemment, comme un triomphe puisqu’il s’agirait effectivement d’un triomphe sur la voie de l’autodestruction.”
» La dynamique centrale de cette époque, dynamique de cette métaphysique-Système qui est une métaphysique faussaire parfaitement invertie, est caractérisée par la violence. Bien entendu, cette violence du Système est précisément la dynamique d’entretien et de renforcement de la terrorisation des psychologies.
» Cette violence s’est parfaitement exprimée dans les évènements 9/11 (2001) et 9/15 (2008), et l’on comprend que seul le niveau de violence de ces évènements importe, et nullement leur sens ou leur signification. Ces évènements agissent alors comme de formidables incitatifs à poursuivre pour ces psychologies terrorisées, dans un contexte où la terrorisation est alors vécue comme une bénédiction, presque au sens religieux du terme. (On est loin de réduire, comme on le fit, notre époque à un homme [Bush]et à une clique [“neocons”]. Dépassé et dérisoire, tout cela ; c’est l’ensemble qui est emporté…)
»“Dans ce cas où l’orientation des choses n’est pas en question puisque réglée par avance, les évènements n’ont qu’une piètre importance pour ce qui est de leur sens ; seule compte leur violence, qui agit directement sur la psychologie. Ainsi, la crise de 2008, qui apparaît au jugement équilibré comme une sorte de contre-9/11 mettant en question tout ce qui a été fait depuis 9/11, mettant fondamentalement en cause le Système tel que 9/11 l’a révélé, la crise de 2008 agit au contraire comme un accélérateur, comme un multiplicateur de 9/11. Si l’on veut, c’est la signification métaphysique-usurpée qui est prise en compte par la psychologie terrorisée, comme si cette psychologie demandait ainsi une sorte de supplément de la même potion, de la même “drogue métaphysique” [à laquelle elle est totalement soumise]...
»“Ainsi ces psychologies terrorisées le furent-elles plus encore par la crise de 2008 et ce qui s’ensuivit, comme par une nouvelle agression type-9/11, – mais l’on devrait dire plutôt : une nouvelle impulsion type-9/11. Ce qui importe est la violence de la chose, permettant de renouveler la terreur et sa pression sur la psychologie des dirigeants-Système…”»

... Et ainsi roule le torrent. A partir du simulacre-9/15, que le Système croyait faire prendre pour une résurrection et qui parut l’être pendant quelques mois, la deuxième phase de l’effondrement depuis 9/11, promise à être un effondrement d’encore plus haut et dans un Trou Noir encore plus profond, – appelons cela “l’effondrement final”, – se mit en branle. Nous en cueillons depuis quelques temps (depuis 2014 et l’Ukraine, depuis 2016 et l’élection de Trump) les fruits de plus en, plus amers ... On remarquera que nous nous fichons de l’économie, de ses théories et de ses chiffres, comme d’une guigne. Nous ne sommes pas dans ces sous-sols du Système. Nous visons haut, très haut, pour faire chuter bas, très bas.

La révolution ontologique

Jusqu’ici, nous n’avons examiné que les aspects négatifs qui vont dans le sens de l’effondrement du Système, et nous ne pouvons faire autrement parce qu’il s’agit là des bornes assignés à l’enquête humaine, – essentiellement de la raison, qui doit en même temps se débarrasser de la subversion qui la tient dans l’état de raison-subvertie, décisivement depuis le “déchaînement de la Matière”. Cela n’empêche que se manifestent ici ou là, chez celui-ci ou chez celui-là, dans tel ou tel signe, les éclairs de l’intuition haute dont on sait qu’elle (l’intuition haute) détient une part non négligeable des messages des dieux.

Le frein le plus évident, le plus constant, le plus dévastateur parmi les bornes qui nous contraignent dans l’évolution de notre perception de la Grande Crise et de ses effets au-delà, c’est la dernière ruse du diable qui se nomme “idéologie”. Nous avons introduit récemment un concept qui nous permet de mieux éclairer la voie par où nous distinguerions mieux l’échappée permettant de rompre ces bornes contraignantes, justement en nous attaquant plus fortement et mortellement que jamais à l’idéologie, en lui déniant son rôle central dans l’évolution de ces temps crisiques. Nous le répétons, non par paresse ou absence de réflexion, mais pour mieux presser le lecteur de penser à la richesse de ce concept, et à la façon dont il s’adapte superbement à tout le courant de pensée que suit notre site depuis presque deux décennies.

Ce concept, le “modèle dostoïevskien”, dans le texte du 11 octobre 2019 : « Le cas spécifiquement métahistorique choisi ici est inspiré par la thèse de Mircea Marghescu, dont nous avons déjà parlée, dans son livre ‘Homunculus’ sur une ‘Critique dostoïevskienne de l’anthropologie’. Accordant une importance quasiment sans égale sur la signification et l’analyse très originale et décisive de la modernité dans son affrontement avec la Tradition, dans l’œuvre de Dostoïevski, Marghescu écarte l’explication idéologique au profit de l’explication décisivement fondamentale de l’ontologie.
» “Deux hypostases de l’humain s’affrontent, ontologiquement différentes puisque chacune à son ouverture au monde spécifique… […]La transgression dont Raskolnikov se rend coupable et qui plus tard ne fera que se répéter avec le meurtre, n’est pas idéologique mais ontologique ; ‘avant’ et ‘après’, ce n’est pas d’un même homme puisque le second a une conscience nouvelle dont les compétences ont été ‘élargies’.[…]On comprend mieux ainsi la teneur du conflit dostoïevskien, – qui n’a rien de commun avec le débat idéologique…”
» Marghescu oppose ainsi, dans l’univers dostoïevskien, l’‘homme normal’, également désigné plus précisément comme ‘homme traditionnel’, et ‘l’homme nouveau”, qui est le moderne et qui pourrait être ‘l’homme moderne’, – Raskolnikov nous étant présenté comme l’archétype de l’être qui, changeant d’‘être’, passe de l’un à l’autre. On comprend ainsi que, loin d’être un progrès dans le sens de la valeur qualitative, cette évolution, qui passe sous les fourches caudines de cette inversion diabolique du progrès qu’est ‘le Progrès  selon le moderne’, représente une complète catastrophe ontologiqueprésentant aujourd’hui les comptes décisifs qu’il importe de régler, dans le cadre absolument contraignant comme un Temps de la Grande Crise de l’Effondrement du Système. »

Ce qui nous importe ici, dans l’utilisation que nous faisons de ce concept, est de bien mesurer et apprécier l’ampleur du changement qui nous attend, comme nécessité absolue de nous conformer à la Grande Crise, et d’acter l’Effondrement du Système. Il ne s’agit pas de modifier une pensée pour passer d’une opinion à une autre, d’une idéologie à une autre, certes non et pouah ! Il s’agit d’une modification complète de l’orientation et de l’usage de l’esprit, à partir d’une perception radicalement modifiée, pour déboucher sur des voies impensables et indicibles dans les circonstances actuelles.

(Et si l’on suggère qu’il s’agit évidemment de retrouver la voie et le modèle de “l’homme traditionnel”, il doit être entendu qu’il ne s’agit pas de transcrire cette proposition en “retour en arrière” dans l’histoire telle qu’elle nous est enseignée dans les universités du Système et de la pensée-PC. [Si cela n’est pas entendu même sans le dire, comme allant de soi, autant cesser d’en converser tant l’évidence est grande et tant il aura été démontré que ceux qui ne voient pas cette évidence n’ont rien à faire dans notre propos puisqu’ils ne sont capables de ne parler, eux, qu’en termes idéologiques.] Il s’agit de nous sortir de l’histoire-PC, selon la pensée-PC, dans les universités-PC, et cet acte-là, considérable et cosmique, acte effectivement du passage à “l’homme traditionnel”, non pas “retour en arrière”, – quelle sottise, Grand Dieu ! – mais “libération des chaînes des idéologies”.)

Alors seulement prendrons-nous conscience de n’être plus des acteurs de cette tragédie-bouffe, acteur comme l’on se précipite en servitude volontaire, mais spectateur d’une “société du spectacle” que nous aurions retournée, – subversion vertueuse d’un concept subversif, – en une “société du spectacle de la catastrophe”. En subvertissant le concept initial identifié et dénoncé par Debord, nous accomplissons un acte véritablement révolutionnaire qui concerne l’ontologie ; cela, en revenant, non pas historiquement et temporellement mais ontologiquement, à l’“homme de la tradition” ; et alors, il s’agit de prendre le terme de “révolutionnaire” selon ce que nous en avait rappelé Hanna Arendt, savoir qu’une “révolution” est d’abord un mouvement cosmique qui se fiche du temporel et de l’histoire-PC ; mouvement d’effectuer une ellipse dont l’accomplissement ontologique est de revenir au point de création fondamental de la figure spatiale ainsi accomplie selon la grâce du parcours cyclique qui détiendrait le secret de l’éternelle renaissance de la dynamique exposant le phénomène sacré de l’éternité. 

Au regard de cette voie, il apparaît que l’immense Grande Crise de l’Effondrement du Système, – cet énorme phénomène sans précédent, – est constituée d’une infinité de désintégrations de croyances, de préjugés, de vanités d’hybrisétiques, incroyablement petits et médiocres, encombrés de personnages bouffis jusqu’au vide complet de fortunes et de corruptions inutiles, totalement dans l’incapacité de penser autrement qu’avec les terribles “Kremlin talking points” qui menacent paraît-il notre immortelle démocratie. Le contraste entre l’énormité du Système et l’écrasante petitesse de la médiocrité de ses constituants est le signe que ces “hommes-modernes” aux regards tangentiels ont pris l’idéologie pour l’ontologie et s’essaient à faire du transgenre avec les deux. Le résultat est l’asile de fou qu’est devenu le pont du Titanic, tandis que le fameux orchestre du naufrage joue jusqu’à la dernière goutte, une cacophonie à épuiser, en quelques notes subversives plutôt que fausses, Schönberg et Boulez à la fois.

Même le Diable doit commencer à en avoir soupé, de crétins de ce calibre.