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1649La crise générale du système financier, avec les suites économiques qui vont avec, continue dans une indifférence qu’on peut qualifier elle aussi de générale. Dans l’International Herald Tribune du 15 février, Paul Krugman nous signale les derniers prolongements de la crise... («Indeed, this week the state of Michigan suspended a major student-loan program because of the sudden collapse of another $300 billion market you've never heard of, the market for auction-rate securities.»)
Krugman s’interroge: comment se fait-il qu’une telle contagion ait pu s’installer et qu'elle se poursuive avec tant de puissance? «Troubles that began a little over a year ago in an obscure corner of the financial system - BBB-minus subprime-mortgage-backed securities – have spread to corporate bonds, auto loans, credit cards and now, the latest casualty, student loans.» Pourquoi, enfin, cette contagion, cet embrasement de crises successives qui semblent se poursuivre comme un chateau de cartes s’effondre? «Because, ultimately, it's a crisis of faith.»
Après une explication technique, effectivement Krugman revient à son hypothèse de départ, qu’il développe dans sa conclusion.
«More important, however, is the way the ever-widening financial crisis has shaken investors' faith in the whole system. People no longer trust assurances that fancy financial instruments will function the way they're supposed to – after all, they know what happened to people who thought their subprime-backed securities were safe, AAA-rated investments. Why, then, should they believe that auction-rate securities are as good as cash?
»And loss of trust can be a self-fulfilling prophecy. Now that new investors won't buy auction-rate securities because they no longer believe that they're as good as cash, those securities become a worse investment.
»Needless to say, all of this is bad for the economy. I like to think of what's happening as a sort of minor-key reprise of the banking crisis that swept America in 1930 and 1931. Frustrated investors who can't get their money out of auction-rate securities aren't as photogenic as angry mobs milling outside closed banks, but the principle is the same. And so are the effects: would-be borrowers can't get credit, and the economy suffers.
»One simple measure of the seriousness of the credit problem is this: although the Federal Reserve has sharply cut the interest rate it controls over the past few weeks, the borrowing costs facing many companies and households have actually gone up.
»And the financial contagion is still spreading. What market is next?»
Cette appréciation de Paul Krugman met en évidence la gravité souvent cachée de la crise, qui n’apparaît au grand public que dans ses manifestations les plus spectaculaires alors qu’elle se poursuit à son propre rythme constant de dégradation. Elle renvoie effectivement au facteur psychologique bien plus qu’aux explications techniques financières. Krugman identifie ainsi parfaitement ce qui nous semble l’explication la plus satisfaisante du phénomène qui dévaste le système financier. La crise de la “foi” dans le système, qui est d’essence psychologique, rappelle en effet le déroulement de la Grande Dépression aux USA. L’indifférence et l’inaction par rapport à ce phénomène des autorités politiques, occupées à de vastes problèmes comme la “mémoire” à l’école et l’élection municipale de Neuilly sur Seine, constituent à leur tour un phénomène psychologique qui vaut bien celui que signale Krugman. Il en est absolument complémentaire et achève de caractériser un événement où la “crise de la foi” constatée d’un côté semble accompagnée d’un refus de mesurer les conséquences du phénomène général et de s’y préparer.
Mis en ligne le 18 février 2008 à 05H10