La messe est dite

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La messe est dite


6 novembre 2002 — Les républicains ont remporté une victoire importante, saluée par beaucoup comme une performance politicienne remarquable. La performance doit beaucoup à l'habileté, au “culot” dans l'utilisation de la communication, à l'utilisation sans remord de tous les moyens possibles pour gagner, à un financement sans restriction, à l'absence complète d'une opposition responsable, à la timidité et à la médiocrité des démocrates. Désormais, l'administration GW tient toutes les rênes du pouvoir. Du point de vue de la situation politique, c'est une victoire importante, qui va avoir des effets à mesure :

• Du point de vue de la communication et de la psychologie de l'équipe GW, elle va apparaître comme un coup de fouet pour les partisans de la guerre. Ils n'auront aucun mal à l'interpréter comme un blanc-seing populaire à cet égard.

• Ses effets pratiques seront essentiellement perçus au niveau intérieur. Une lecture du dernier texte de Paul Krugman s'impose. Cette précision nous donne la situation générale, de laquelle nous retiendrons la proposition d'une comparaison avec les années 1930 :


«  Of course, some pundits tell you that not much is at stake in this particular election, that the parties aren't really very different on the issues. I don't know what planet they are living on: in reality, the parties are further apart than they have been since the 1930's. The fact that anyone imagines otherwise is a tribute to the timidity of the Democrats, who are afraid to say what they really think, and the subterfuge of the Republicans, who show a disciplined willingness to pretend to hold positions they actually abhor. »


• On lira aussi avec intérêt un long article de USA Today, qui se montre extrêmement dubitatif et pessimiste dans l'analyse de cette victoire. USA Today affirme que cette victoire ne donnera pas à GW la marge de manoeuvre qu'il espère, essentiellement parce que les conditions d'une paralysie de la vie politique et législative du pays, largement dominantes, subsistent et même se renforcent. Le journal affirme surtout que le pays est plus divisé que jamais : « After an election season marked by billion-dollar spending and a barrage of TV ads, the nation remained almost evenly divided. Not even the threat of war or fears of a faltering economy could decisively break the deadlock in American politics. »

• Il n'empêche : psychologiquement, cette élection apparaissant (et étant présentée comme telle) comme un encouragement à la politique de GW, elle tendra à isoler complètement la vraie opposition de tout accès au moyen d'expression courants et légaux. Si la guerre contre l'Irak a lieu et si l'opposition à cette guerre grandit encore, comment s'exprimera-t-elle ? Cela lui sera impossible par les canaux officiels normaux. Il lui restera la voie “extra-parlementaire”, comme on disait dans les années 1960.