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• L’EuropeUE est-elle en train de devenir l’Ennemi privilégié des États-Unis ? • Question très actuelle lorsque le vice-président Vance dénonce le “Grand Remplacement” qui peut amener les nucléaires français et britanniques dans des mains “islamistes”. • Cette alarme, qu’elle soit fondée ou pas, est en train de pénétrer l’esprit américaniste et, certainement, les prospectives de planification du Pentagone. • C’est l’assurance que le gouvernement US est désormais engagé dans la voie du soutien de tous les courants identitaires des pays européens.
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Nous allons revenir sur une déclaration que nous avons ignorée lorsqu’elle a eu lieu, qui constitue un formidable potentiel d’explosion (au sens propre et au sens figuré) pour les rapports transatlantiques, et pour l’hostilité grandissante des États-Unis vis-à-vis de l’EuropeUE, cette bureaucratie étouffante et totalitaire, quasiment de type-fasciste pour les complotistes à sanctionner. Pour les USA trumpistes, l’EuropeUE est la principale responsable de l’étouffement des identités nationales des pays européens, et de l’invasion migratoire qui accompagne et provoque cet effacement catastrophique. A partir de ce constat et sans vraiment appuyer sur un alarmisme de bonne compagnie, se développe une perspective catastrophique.
Note de PhGBis : « On pourrait rappeler, dans une observation d’une sombre ironie, que les États-Unis sont à la base de ce malaise qui a déterminé et détérioré peu à peu “l’étouffement des identités nationales”, bien avant que ne se pose le problème de l’immigration. Ce sont les États-Unis qui ont conduit à l’existence de pays devenus extraordinairement faibles devant la menace de l’immigration, et donc du problème général qui apparaît aujourd’hui.
» Cela n’est pas dit pour critiquer les actuelles inquiétudes des USA mais pour bien marquer que nous sommes entrés dans une nouvelle époque et pour qu’on sache bien d’où viennent les responsabilités initiales de l’actuelle rupture... Non pas le soi-disant “impérialisme” et le soi-disant “colonialisme” des USA selon le sens habituel donné à ces mots pour tous les pays occidentaux, mais bien l’impérialisme-colonialiste produit par la doctrine progressiste du pouvoir américaniste (ou suprémaciste anglo-saxon), entre le libéral-progressiste Roosevelt qui inspirera tout le courant soi-disant “libéral” de la gauche européenne en suscitant une décolonisation européenne dans le désordre et la violence, et les puissances financières de Wall Street qui constituent le sang du capitalisme américaniste avec sa propre activité de décolonisation (aux dépens des Européens) économiquement bien tempérée. Cela ne doit rien empêcher pour “Les Temps Nouveaux” mais cela ne doit pas être oublié dans toute la vérité des mémoires. »
C’est J.D. Vance qui mène l’offensive dans ces “Temps Nouveaux”. C’est d’ailleurs lui qui avait fait un discours d’avertissement aux alliés européens à propos de leur décadence intérieure, à la conférence de Munich, en février de cette année. C’est lui qui avait dit ce drôle de mot – en matière de plaisanterie ou pas, c’est à voir, –lors d’une conférence de ‘The Edmund Burke Foundation’, antre du conservatisme-nationaliste, également en février :
« Parlant dernièrement avec un ami du danger de la prolifération nucléaire, cette question nous est venue : “Quelle est la première puissance islamiste à disposer d’une arme nucléaire avec un système intercontinental [menaçant les USA] ?” – et nous répondîmes, peut-être est-ce l’Iran, peut-être le Pakistan, et peut-être est-ce la Grande-Bretagne depuis que le Labour est au pouvoir... »
La tension entre les USA et l’EuropeUE est un affrontement qui est en train de prendre une ampleur sans précédent, qui va rapidement remplacer l’affaire ukrainienne une fois que le conflit sera bouclé et que l’antagonisme de l’UE avec la Russie aura pris sa forme fondamentale (avec des déchirements majeurs entre les pays-membres qui seront inévitablement conviés à participer à cet antagonisme et qui se diviseront entre partisans et adversaires de l’actuelle russophobie). Jusqu’ici dans ces dernières années, la pensée de l’affrontement USA-EuropeUE était dominée par l’aspect sociétal et culturel, ce qui faisait douter de l’importance et éventuellement de la durée de cet antagonisme. Mais le problème de l’évolution ultra-rapide des démographies de ces pays, symbolisé par l’expression française créée par l’écrivain Renaud Camus de “Grand Remplacement” (afflux des migrations musulmanes), conduit à des constats qui ajoutent les situations stratégiques aux situations culturelles. Le problème est d’autant plus aigu pour les USA que les deux seuls pays disposant d’une dissuasion nucléaire, – UK et France, – sont parmi les plus exposés à des situations de “Grand Remplacement” (des populations de souche européenne et nationale par des populations immigrées, essentiellement musulmanes, – cette évolution devant rapidement se marquer au niveau électoral).
Il y a eu là-dessus une interview que Vance a donné au site ‘Unherd’ le 22 décembre qui a été assez faiblement commenté, et qui commence à l’être notablement. Nous-mêmes n’avons pas eu l’occasion ni la vivacité d’esprit d’en prendre connaissance et nous nous replions sur un article de RT.com le même 22 décembre et une chronique de ‘What Does It Mean’ (WDIM le 23 décembre).
L’article de RT.com rend bien compte de la substance de l’entretien, qui est que, dans certaines circonstances qui ne cessent de se développer et deviendront dominantes dans 15 ans, ces deux puissances nucléaires pourraient devenir une menace majeure pour la sécurité des États-Unis si l’identité nationale de ses pays continue d’évoluer sous l’effet de l’immigration massive. Cela se dit alors que le sujet de l’islamisation touche lui-même l’Amérique.
« Selon la transcription d’un entretien publié lundi, Vance a déclaré à ‘UnHerd’ que la Grande-Bretagne et la France, ainsi que d’autres alliés des États-Unis, souffrent actuellement d’un manque d’identité nationale et perdent leurs liens culturels avec l’Amérique en raison de leurs politiques d’immigration.
» “S’ils se laissent submerger par des idées morales destructrices, alors on risque de voir des armes nucléaires tomber entre les mains de personnes capables de causer des dommages extrêmement graves aux Etats-Unis” a affirmé Vance, précisant que des personnes “proches ou alignées sur l’islamisme” remportent déjà des élections locales en Europe et a déclaré qu’il était “tout à fait envisageable” que de tels politiciens puissent accéder à un pouvoir national significatif d’ici 15 ans.
» Vance a déclaré que ses critiques à l’égard de ce qu’il a qualifié de “stagnation” en Europe visaient à inciter à l’action, soulignant les liens étroits qui unissent les États-Unis à la civilisation européenne. »
Vance n’est pas le seul à agiter de ces perspectives de rupture totale possible entre l’Europe et les USA, dans tous les cas entre les organisations multinationales européennes, ou regroupant notamment les Européens. WDIM cite cette intervention du Secrétaire d’État Marco Rubio et cette fois c’est l’OTAN qui est visée :
« Lorsque vous assistez à ces réunions de l'OTAN et que vous rencontrez des gens, ils vous parlent de notre histoire commune, de notre héritage commun, de nos valeurs communes, de nos priorités communes… C'est ce qu'ils invoquent pour justifier cette alliance… Eh bien, si vous effacez votre histoire commune, votre culture commune, votre idéologie commune, vos priorités communes, vos principes communs, alors que se passe-t-il ? Alors vous vous retrouvez face à une situation catastrophique... Un accord de défense… C’est tout ce que vous avez. »
L’alerte vaut ce qu’elle vaut mais là n’est pas ce qui importe. Il faut plutôt comprendre que les déclarations de Vance découvrent un domaine, sans aucun doute déjà exploré par le Pentagone, qui renforce la croisade anti-sociétale de l’équipe Trump. Lorsque le Pentagone tient une menace de cette sorte, il ne la lâche plus, parce qu’elle renforce son statut, son budget et son obsession pathologique.
Cela signifie que, désormais, l’Europe, et l’EuropeUE précisément avec ses intentions de faire un joujou collectif type-“défense européenne” alimenté par une industrie de défense européenne, est attaquée sur deux fronts par les USA : le front MAGA et ses conceptions traditionnalistes, le front Pentagone et son obsession des menaces. L’OTAN elle-même peut trembler, lorsqu’un neocon comme Rubio la prend pour cible au nom des mêmes arguments que MAGA-Pentagone.
Il est donc tout à fait probable désormais que le Pentagone va suivre Vance dans sa croisade anti-EuropeUE, essentiellement à cause du nucléaire, et particulièrement de la force de frappe nucléaire britannique dont les Américains possèdent la clef d’emploi. Pour les Français, le problème est plus complexe, ne serait-ce qu’à cause de l’indépendance de leur force de frappe. Il est probable que les militaires américains, qui côtoient les Français à l’OTAN, vont intervenir “fraternellement” auprès de leurs amis et collègues français pour les mettre en garde contre le danger démographique du ‘Grand Remplacement’. Il est d’ailleurs tout aussi probable que les cadres militaires français ont eux-mêmes pris conscience du problème et de ses effets au niveau de la force de frappe. (Une crainte de la même sorte avait agité Washington lors de l’élection de Mitterrand et la nomination attendue de ministres communistes.)
Un autre aspect du problème politico-militaire se dresse du côté de l’EuropeUE et des relations avec l ‘Allemagne. Le Pentagone, dont on sait la fragile sensibilité, sont évidemment au courant des tendances de Macron à envisager une sorte de “partage” du nucléaire français, soit avec l’UE, soit avec l’Allemagne. Cette sorte de fantasme ressort périodiquement mais nous sommes dans un temps très spécial où les fantasmes les plus fous peuvent se réaliser. Ce sont encore des domaines où les Américains pèseront de tout leur poids sur leurs collègues français car ils se méfient autant de l’Allemagne que de l’EuropeUE, deux leaders dans la politique de Grand Remplacement.
Aussi est-ce avec une surprise assez atténuée par la folie des temps que l’on lit l’interprétation de WDIM sur la récente volte-face, – ou “sorte de” volte-face de Macron vis-à-vis de Trump par l’intermédiaire d’un assouplissement radical de la France vis-à-vis de la Russie. Aujourd’hui, pour plaire à Washington, ce qui serait bien “du Macron”, on passerait donc par Poutine, grand ami de Trump ? Pourquoi pas, plus on est de fous dans ces temps-là... Le reste de l’analyse WDIM, sur les Britanniques, vaut par sa valeur culinaire et son amour des animaux par ces temps de fantasmes (suite)...
[Le “rapport” cité par WDIM est un procédé de travail pour introduire ses nouvelles quotidiennes, où il est toujours question d’un “rapport secret” circulant au Kremlin.. « A compelling new Security Council (SC) report circulating in the Kremlin today... »]
« Ce rapport souligne que, tandis que la Grande-Bretagne et la France sont les deux seules nations européennes possédant l’arme nucléaire et capables de menacer les États-Unis, le président français Emmanuel Macron a opéré un revirement soudain concernant l’Ukraine en tendant la main au président Poutine. Son cabinet a annoncé hier : “Il est positif que le Kremlin ait publiquement approuvé cette approche… Nous déciderons dans les prochains jours de la meilleure façon de procéder.” Une annonce reprise par le Financial Times, qui révèle : “Le président français Emmanuel Macron a trahi Friedrich Merz en ne soutenant pas la tentative du chancelier allemand de s’emparer des avoirs russes gelés dans l’UE pour financer l’Ukraine.”
» Contrairement à la France qui s'oriente rapidement vers la paix pour apaiser les craintes américaines concernant son arsenal nucléaire, conclut ce rapport, la Grande-Bretagne est préoccupée par ce qu'elle considère comme des problèmes plus graves, comme cela a été révélé hier : ”Le gouvernement britannique a élaboré des plans visant à interdire la cuisson à l'eau bouillante des homards et des crabes vivants dans le cadre de sa dernière stratégie en matière de bien-être animal… La proposition figure dans la nouvelle stratégie publiée lundi et fait suite à la décision du gouvernement en 2022 de reconnaître officiellement les crustacés décapodes et les mollusques céphalopodes comme des êtres sensibles.” »
Il est peu utile de s’attarder au fondement et aux perspectives de ces armes nucléaires européennes d’une dissuasion Grand-Remplacée. Encore une fois, nous sommes dans les temps où se développent les fantasmes les plus fous, comme souvent, et ils ont des chances assez notables de se réaliser, contrairement à l’habitude. On observe que cette dernière hypothèse est certainement prise en compte par les centres de puissance US qu’on a passés en revue. On comprend alors que la politique européenne des USA sera fortement influencée par cette perception.
C’est ce dernier point qui compte parce qu’il va déterminer ce que sera la politique US probable vis-à-vis de l’Europe. L’on sait déjà la forme qu’elle va prendre, qui est de soutenir les oppositions populistes nationales dans les pays européens (et, bien sûr, les régimes qui s’en rapprochent, comme ceux des trois pays centre-européens, Hongrie, Slovaquie et Tchéquie). Ces pays sont tous sous des directions très faibles, très contestées, et toutes favorables dans cette forme à l’EuropeUE, – contrairement à la tendance populiste, le plus souvent anti-européiste. On trouve ainsi un schéma parfaitement logique, qu’il va falloir faire comprendre et admettre aux populistes européens qui sont par tradition antiaméricains.
Nous nous trouvons dans les rets et les secousses extraordinaires d’un “tourbillon crisique”, où toutes les anciens jugements et même les anciens reflexes, alors parfaitement fondés, doivent être complètement révisés. Les acteurs humains, ou peut-on plutôt parler des “figurants humains”, n’ont plus qu’à se soumettre aux nouveaux caractères de l’évolution du monde... Ce “tourbillon crisique” se déchaîne au sein d’une “structure crisique” qui s’est peu à peu installée durant le premier quart de siècle et achève ainsi la transformation de l’histoire en GrandeCrise. C’est un passage vers le domaine de la métahistoire. L’histoire elle-même est arrivée au bout de ses capacités, elle est épuisée ; ce n’est pas elle qui a déchainé la Grande Crise, elle est devenue la GrandeCrise elle-même en se haussant jusqu’à la métaphysique. C’est dans cet univers transformé que nous allons désormais devoir penser et agir.
Mis en ligne le 31 décembre 2025 à 16H00
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