La dévolution du monde

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La dévolution du monde

30 avril 2020 – Covid19 continue avec zèle et célérité son travail de sape des restes et des ruines du Système en suscitant des mouvements de dévolution à cause des nécessités de la lutte contre la pandémie. Cette fois, nous nous trouvons sur un terrain clairement politique, devant des échéances centrifuges explosives, sans nécessité de complots ni de groupes mystérieux “tirant les ficelles”, – bien entendu, “les ficelles” à la fois ultrasecrètes et ultra-rapides à tresser d’un “gouvernement mondial” en cours de formation, – ou bien d’autre chose de “mondial” (global), ultrasecret et ultrrapide...

C’est bien le paradoxe complet des narrative des certitudes complotistes circulant sur les réseaux de communication autour des schémas d’une super-globalisation caporalisée, sanitarisée, robotisée, sanctuarisée, orwellisée et ainsi de suite. C’est-à-dire qu’en vérité nul n’est besoin de “complots” pour nous conduire à des situations structurelles révolutionnaires, et que même les “complots”, des plus officiels (Système) au plus subversifs (anti-antiSystème) nous indiquent en général une direction exactement opposée à ce qui se passe.

Bien entendu, dans cette matière de la “dévolution”, qui est le transfert de pouvoirs du centre vers les parties qu’il est censées diriger et qu’il dirige de plus en plus mal, le sort des États-Unis nous intéresse d’abord et pour de nombreuses raisons, comme on l’a lu à plusieurs reprises sur ce site. Dans un article bien documenté comme à son habitude, Wayne Madsen aborde cette question (“la dévolution du monde”), mais bien sûr en donnant des informations particulièrement intéressantes sur les USA d’abord, complétant  notre suivi de  cette situation... Nous citons ci-après ce passage pour d’une part nous informer sur les USA bien entendu, mais, d’autre part, cette fois également en plaçant cette appréciation dans le grand courant mondial de dévolution auquel Madsen s’attache tout de même.

Madsen aborde son sujet selon le point de vue qui lui est familier, de gauche, anti-“populiste” (guillemets nécessaires), et particulièrement antiTrump. Il décrit la façon dont Trump a investi son gendre, Jared Kushner, de pouvoirs considérables, notamment à la tête d’une task-forcede la FEMA (service fédéral chargé de la sécurité civile, de la gestion des catastrophes, etc.). Kushner n’a qu’à suivre ses habitudes, auxquelles son beau-père sacrifie avec enthousiasme, qui apparente le duo à des pratiques absolument mafieuses et gangstéristes bien dans l’air du temps et dans l’ère trumpiste.

... Du coup la situation aux USA est décrite comme celles de l’épisode confédéral, entre 1776 et 1789, lorsque les États de la future Union avaient l’essentiel des pouvoirs contre le centre. On observera que, selon notre point de vue, cette référence est loin d’être effrayante.

« ... Le gouverneur démocrate du Colorado, Jared Polis, a révélé que la FEMA avait “filouté” 500 ventilateurs déjà achetés par l’État du Colorado. Le gouverneur républicain du Massachusetts, Charlie Baker, a dénoncé la confiscation par l'équipe Kushner de trois millions de masques commandés par le Commonwealth du Massachusetts. Agissant en dehors de son champ d'action et pratiquant les méthodes du “capo” Donald Trump avec l’aide du ministre de la justice William Barr, la FEMA a autorisé le FBI à interroger le médecin en chef de l’hôpital Baystate Health dans le Massachusetts sur la finalité de deux semi-remorques, déguisées en véhicules de restauration, transportant des équipements de protection (EPI) pour soignants dont le besoin se fait cruellement sentir dans les hôpitaux du Massachusetts. Même après le retrait du FBI, la FEMA a tenté de saisir le matériel. Des saisies et tentatives de saisies similaires de la FEMA ont été signalées en Floride, en Californie, dans l'État de Washington, en Oregon, en Alaska et au Texas.
» Le gouverneur démocrate de l'Illinois, J. B. Pritzker, a déclaré que la commande de millions de masques et de gants en provenance de Chine par des vols affrétés en secrets avaient dû le rester (secret) jusqu’au bout car il craignait que la FEMA ne tente de saisir la cargaison avant son départ de Chine ou à son arrivée aux États-Unis. Une autre opération très secrète, baptisée ‘Operation Enduring Friendship’ par le gouverneur républicain du Maryland Larry Hogan, a vu sa femme coréenne-américaine, Yumi Hogan, négocier un envoi de 500 000 kits de test dans un Boeing 777 affrété par Korean AirLines qui a transporté la cargaison de la société sud-coréenne LabGenomics sur un tarmac isolé à l'aéroport international Thurgood Marshall de Baltimore/Washington. Les Hogans étaient sur place pour accueillir personnellement le vol secret. C'est la Première Dame du Maryland qui a négocié l'accord sous les auspices de l'ambassadeur sud-coréen aux États-Unis Lee Soo Hyuk et du président sud-coréen Moon Jae-in. Comme les mafieux qu’ils dupliquent parfaitement, Trump et Kushner étaient furieux contre Hogan et Pritzker pour avoir contourné le plan de thésaurisation de la Maison Blanche.
» C’est un fait sans précédent que des gouverneurs des États soient contraints d’engager leurs propres tractations avec l’étranger pour obtenir les fournitures médicales nécessaires. Cela conduit à une transformation des États en entités quasi-indépendantes et nous fait remonter à l'époque des “Articles de la Confédération” précédant la rédaction et l’adoption de la Constitution des États-Unis, qui étaient alors une entité peu structurée dans laquelle les États avaient une grande autonomie et l’autorité sur le commerce et les finances internationales.
» Les membres démocrates du Congrès américain ont mis en doute le motif de Kushner pour “contourner les protocoles qui garantissent que les demandes de tous les États soient traitées de manière appropriée”. Cependant, Kushner, comme le montre son passé et celui de sa famille, – des pratiques commerciales contraires à l'éthique, qui sont bien connues et ont été rapportées de manière précise, – s’est manifestement engagé à thésauriser et à utiliser les pouvoirs de la FEMA, du département de la sécurité intérieure, du FBI et de Barr pour faire gérer les stocks internationaux et interétatiques à ses propres fins douteuses... »

Wadsen aborde la situation d’autres pays où règne également une atmosphère de dévolution, essentiellement à cause du pouvoir central de la même façon qu’il le décrit pour les USA. Il s’agit essentiellement d’une situation de désordre caractérisant les différentes structures du pouvoir, avec l’absence de toute réelle autorité centrale et la mise en question des légitimités constitutionnelles. Dans les cas précis cités du Maryland et de l’Illinois avec les gouverneurs Hogan et Pritzker (hors des oppositions partisanes puisqu’il s’agit d’un républicain et d’un démocrate), comment est-il possible que les deux gouverneurs aient pu réaliser ces deux opérations “secrètes” avec deux pays étrangers (Chine et Corée du Sud) hautement surveillés, même si avec un état d’esprit différent, par les services de sécurité nationale US, sans la complicité active de ces services, – que ce soit le renseignement, la surveillance aérienne, etc. ? On en déduit, – sans surprise d’ailleurs, – que Trump ne contrôle pas grand’chose dans sa tour de contrôle, sans parler d’une autorité de direction.

Désordre aussi entre le centre et les gouverneurs au Brésil, où il se pourrait bien que Bolsanaro ne soit plus qu’un  président de façade, et au Royaume-Uni où les composants (Pays de Galles, Ecosse, Irlande du Nord) se débrouillent plutôt seuls par rapport à l’Angleterre d’un Boris Johnson qui sort de convalescence. Mais également, désordre dans d’autres pays, et Madsen cite notamment le Mexique, où des gouverneurs n’obéissent plus aux ordres du centre pour la lutte contre Covid19.

L’on voit bien que seuls les trois premiers pays cités intéressent Madsen, et l’on retrouve là une attitude sévèrement biaisée par l’engagement à gauche de l’auteur. S’intéresser surtout à ces trois pays, cela permet d’écrire que « C’est l’incapacité et l’incompétence abjectes des gouvernements dirigés par des conservateurs et des droitistes dogmatiques et idéologiques[“populistes”] à faire face à toute urgence, sans parler d’une pandémie sans précédent, qui ont été mises en évidence de par le monde entier. Protéger la sécurité et la sûreté des personnes est le devoir le plus important de tout gouvernement et Trump, Bolsonaro et Johnson ont prouvé qu’ils en étaient totalement incapables et ont donc manqué à leurs responsabilités les plus essentielles. »

Nous avons ajouté le terme “populistes” car c’est celui que Madsen emploie par ailleurs pour ces trois dirigeants, ce qui revient à condamner une tendance politique au travers de personnages qui en sont complètement, soit la caricature, soit le simulacre. Madsen n’insiste pas trop, c’est-à-dire pas du tout, sur le cas du Mexicain Obrador, dont il convient pourtant parfaitement qu’il est complètement “de gauche”, – sans parler des aventures d’un Tsipras face à l’UE, ou d’un Sanders embrassant Biden.

Tout en nous informant de l’existence d’une grande tendance de dévolution, au-delà de la population elle-même, mais au niveau des dirigeants régionaux ou de composants d’un pays, Madsen réduit sa démonstration en la passant au tamis réducteur de ses engagements gauchistes. Il cède à l’illusion idéologique, sans mesurer l’absurdité et l’obscénité de ses propres radicaux idéologistes du type sociétal-progressiste.

Il est bien évident qu’il existe un mouvement mondial, ou transnational, de dévolution du pouvoir, mais il s’agit d’un phénomène structurel en liaison avec l’effondrement du Système, et nullement d’un phénomène idéologique lié à la réaction vertueuse face à l’éruption d’un “populisme” qu’on se garde bien de définir précisément. On se contente de convoquer des artefacts humanoïdes, simulacres du Système antiSystème par inadvertance ou cynisme comme un Trump (surtout) et un Bolsanaro (à peine), comme s’ils étaient des révolutionnaires-populistes pour pouvoir décrier la caricature de “populisme” ainsi décrite. Obrador suit le même chemin que Trump, sans parler éventuellement de Macron, tandis qu’Orban et sa petite Hongrie ne s’en tirent pas si mal malgré les jugements péremptoires des ayatollahs démocratiques du Parlement Européen. Il n’y a vraiment plus d’espace intellectuel aujourd’hui pour les jugements idéologiques qui conduisent à des impasses et à des culs-de-sac du jugement politique.

Panurgismes complotiste et idéologiste

Il existe ainsi aujourd’hui deux tendances qui contrarient une observation objective de la situation et de sa possible évolution, à partir d’une perception qui ne soit pas littéralement polluée par deux penchants de la psychologie, qui tous deux ressortent d’une poussée de notre  raison-subvertie pour tenter de donner une explication rationnelle à la course du chaos qui nous frappe.

• La première de ces deux tendances est ce que nous désignerons du néologisme de “complotisation”, à partir du terme bien connu de “complotisme” qui a pris aujourd’hui une dimension et une ouverture d’une puissance extraordinaire, inconnue jusqu’ici. Il s’agit d’une tentative pathologique de rationalisation, avancée par une  raison-subvertie et portant sur des matières et des domaines obsessionnels que l’on charge à cette occasion de vertus opérationnelles stupéfiantes.

• La seconde de ces deux tendances est l’“idéologisation” (et non telle ou telle idéologie), qui conduit la perception à rechercher, c’est-à-dire à fabriquer un schéma idéologique pour apprécier la situation et à expliquer in fine cette situation par ce seul schéma. Comme le complotisation et d’une façon assez similaire, il s’agit de l’enfant d’une raison-subvertie, avec les mêmes tendances.

• Dans les deux cas, ces tendances nous conduiraient intellectuellement, si nous les suivions, à la conclusion d’une évolution vers un super-globalisme (et non une “globalisation”, laquelle, bien réelle, est en voie d’une totale destruction avec le coup de grâce de Covid19). Cette perspective implicite est manifestement contraire aux faits évolutifs que l’on observe.

Pour ce qui concerne la complotisation évoluant d’un complotisme appréhendé désormais comme une tendance essentielle de la perception, affectant autant les complotistes classiques, soi-disant antiSystème, que les directionsSystème à la dérive (les USA avec la Chine), on proposera cette remarque sarcastique (vieille habitude chez lui), – que nous citerons certainement à d’autres occasions, – de Marc-Édouard Nabe, à la fin d’une interview de Valeurs Actuelles le 26 avril 2020, nous décrivant la pandémie, qui est de type psychologique, parallèle à Cofiv19 en même temps qu’enfantée par le même Codiv19 :

« Pour finir, je vais vous dire, en scoop, un truc qui sera au centre du texte que j’écris évidemment en ce moment sur le sujet : le corona est une sorte d’allégorie réelle, d’illustration incarnée, si on peut dire, du virus hyper-contagieux du complotisme qui s’est désormais propagé partout sur la planète ! »

Le complotisme dans ce cas, au travers de son réflexe de complotisation, n’est pas, comme il fut d’abord dénoncé et utilisé, un outil dialectique de convenance contre tout ce qui était dissident et antiSystème, contre tout ce qui était charge contre la parole officielle, contre le discours-“politiquement correct” [PC] (même s’il institue lui-même un contrediscours-PC). De façon bien différente, il s’agit désormais, – il y a eu évolution à cet égard, – d’une réaction de psychologies enfiévrées par la raison-subvertie d’une part, par le développement d’événements qui ne correspondent pas au rangement imposé par cette raison-subvertie d’autre part. Cette réaction est bien entendu plus pathologique que subversive, et elle n’a strictement rien à voir, bien entendu encore, avec l’existence ou non de “complots”. (Il y a certainement beaucoup de complots par ces temps de chaos, mais c’est un tout autre sujet, d’un  intérêt moyen, sinon très médiocre, vu le succès et l’effet de ces entreprises.)

Son principal argument étant un renchérissement permanent sur des formes supranationales de contrôle des masses et du monde, cette tendance est absolument globaliste en ce sens qu’elle offre une explication, non seulement transnationale mais supranationale, qui a surtout pour effet d’engendrer une perception déstructurée de toutes choses, – et c’est là bien un effet pathologique. Les tenants et utilisateurs de cette tendance ne s’aperçoivent évidemment pas qu’en dénonçant un globalisme extrême complètement fantasmé et mythifié, ils font la promotion du globalisme en général ; ce qui fait de ces antiSystème (pour ceux qui s’affichent in fine comme tels) des “idiots utiles” du Système dont on peut se demander s’ils ne répondent pas à une secrète fascination pour le Système.

Comme on a vu plus haut à propos du cas de Madsen qui se présentait directement à nous, l’idéologisation, qui constitue la deuxième tendance identifiée, comprend des travers quasiment aussi dévastateurs que la complotisation, notamment par le biais d’une utilisation abusive de concepts déformés (principalement le populisme) au travers de ses soi-disant représentants, au travers d’un lien transnational qui impose un jugement accordé au globalisme lui aussi. Par conséquent, dans cette logique, il fait la promotion indirecte mais logiquement inévitable, d’une globalisation-PC contre celle qu’il dénonce. Chacun sait que le  Système est le premier à dénoncer le populisme, comme Madsen, ce qui tendrait à faire de Madsen un partisan du globalisme et de la globalisation. Est-ce le cas ? Il ne nous le semble pas, selon ce que nous savons depuis longtemps de cet auteur. On est ainsi conduit au constat qu’il s’agit d’une sorte de piège sémantique pour lui-même, que l’auteur lui-même a confectionné.

Toutes ces observations nous conduisent à la conclusion qu’il est inutile et surtout qu’il est néfaste, selon notre point de vue et notre engagement, de tenter de “complotiser” ou d’“idéologiser” telle ou telle tendance, dans tous les cas pour satisfaire une raison-subvertie à la recherche d’explication rationnelle à tout prix. Le résultat pour soi-même et pour l’écho qu’en reçoivent certains lecteurs, est de renforcer et de justifier l’idée de globalisation, donc le Système. La démarche sémantique est erronée.

D’un autre côté, cela n’empêche pas les faits, qui sont “têtus” comme l’on sait, surtout lorsque les Sapiens-Sapiens n’y comprennent plus rien en croyant encore les maîtriser, de progresser et de s’imposer.  Cela fait que certaines révolutions se poursuivent sans subir le feu d’une trop grande critique occupée par l’idéologisation et la complotisation. Ainsi Madsen, qui est surtout préoccupé de dénoncer Trump (ce qui est justifié, mais nullement au nom d’une idéologie, simplement au nom de mœurs décadents et barbares), décrit-il l’action de certains gouverneurs sans trop en dénoncer le sens profond, qui est celui d’une dévolution radicale qui voit également des acteurs-Système s’opposer les uns aux autres.

Les gouverneurs des États de l’Union sont des employés du Système au même titre que les acteurs de l’administration fédérale. Mais, dans ce cas, parce qu’ils sont plus proches des électeurs alors qu’une crise de santé publique affecte ceux-ci, ils s’opposent à l’administration de Washington par tous les moyens et accentuent de manière dramatique la dévolution qui prend alors une allure structurelle (déstructuration des artefacts développés par le Système), – c’est-à-dire une allure absolument antiSystème.

La même tendance, qui renvoie au localisme dont l’on parle beaucoup en ce moment, est partout en développement (et d’ailleurs, elle caractérise nombre d’aspects du populisme), par exemple comme en France avec les Gilets-Jaunes et le rôle des autorités intermédiaires (présidents de régions, maires), notamment dans la crise Covid19 après celle des Gilets-Jaunes.

Dévolution et localisme sont des voies obligées de déstructuration, de déconstruction du Système, éventuellement et plus qu’à son tour de l’intérieur même du Système (rôle des gouverneurs et autres corps intermédiaires). Elles ont infiniment plus d’importance que les visions complotistes et les postures idéologiques. Néanmoins, l’on peut continuer à, disons “amuser la galerie” avec de tels hochets, pendant que les choses sérieuses poursuivent leur chemin sans vraiment intéresser les penseurs et autres activistes de réseaux. Nous n’avons jamais dit une seconde, et nous sommes bien gardés d’évoquer une telle possibilité, que les Sapiens-Sapiens seraient les véritables révolutionnaires (aucun sens complotiste ni idéologiste), et éventuellement sauveurs s’il y a quelque chose à sauver, de leur espèce en danger de néantisation sous l’empire entropique du Système.

Par conséquent, on laisse faire les panurgismes complotiste et idéologiste ; il font du “bon boulot” (comme Fabius disait de al-Nusra/al Qaïda en Syrie) par simple vertu contradictoire, comme Monsieur Jourdain sa prose.

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