La dénazification d’Israël

Les Carnets de Dimitri Orlov

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La dénazification d’Israël

Les gens ont tendance à s’émouvoir beaucoup lorsqu’il est question d’Israël, surtout maintenant que les Israéliens ont rendu très difficile de les considérer autrement que comme des maniaques génocidaires, certains d’entre eux se prélassant en buvant de la bière tout en regardant des gens mourir de faim juste derrière la barrière de haute sécurité qui entoure Gaza, le plus grand camp de concentration au monde.

Les Israéliens n’ont pas inventé les camps de concentration (ce sont les Britanniques qui l’ont fait pendant la guerre des Boers, de 1899 à 1902) ; ils n’ont pas non plus inventé les usines de la mort avec des touches charmantes telles que promettre aux prisonniers une douche avant de les gazer, ou saigner à mort des enfants russes kidnappés pour obtenir du sang destiné à transfuser des soldats blessés (c’était les Allemands nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, 1941-1945) mais les Israéliens ont ajouté quelques touches personnelles, comme attirer des gens affamés avec la promesse de nourriture, puis les abattre.

Et puis il y a les belvédères équipés de jumelles high-tech pour observer avec délectation les champs de la mort de Gaza, et les excursions en bateau le long de la côte pour faire de même depuis les eaux de la Méditerranée, où les prisonniers n’ont pas le droit de pêcher… Oh, et ces charmants t-shirts israéliens représentant une Palestinienne enceinte se faisant tirer dessus : « Une balle, deux morts ! Youpi ! »

Tout cela vous met-il en colère ? Vos veines commencent-elles à gonfler et à battre sur votre front fiévreux ? Alors peut-être que ce genre de lecture n’est pas pour vous. De telles réactions émotionnelles brouillent le jugement et empêchent une analyse précise et impartiale du phénomène israélien qui nous permettrait de prédire la fin inévitable de cette dernière réincarnation d’un phénomène sporadique, généralement éphémère et surtout mythologique connu sous le nom d’« État juif en Palestine ».

Comme seuls les commentateurs les plus paresseux n’ont pas encore abordé la question d’Israël, il est difficile de présenter une analyse originale et surprenante. Je vais m’y essayer en adoptant un point de vue spécifiquement russe. Israël, voyez-vous, est une création soviétique et, à l’heure actuelle, au moins un tiers des Israéliens sont des Juifs russes — russophones et ayant de nombreux liens avec leur pays d’origine, qui n’est pas Israël mais la Russie.

Puisque nous allons examiner le point de vue russe, nous devons, comme il est d’usage, commencer par remonter le temps, jusqu’à la création de l’État d’Israël. À l’époque de sa création, la Palestine était gouvernée sous mandat britannique. Puis, un événement très simple et banal s’est produit : les Britanniques ont transféré les droits de gouverner certains territoires palestiniens à la nouvelle administration juive, conformément à la décision du Conseil de sécurité des Nations unies.

Ce fut un beau début, mais ensuite, le transfert des droits de gouverner certains territoires palestiniens aux Palestiniens, qui avait également été décidé par le Conseil de sécurité de l’ONU, s’est inexplicablement prolongé, puis a été complètement oublié. Cela arrive souvent dans ce genre de situation, surtout si les atermoiements bureaucratiques profitent à quelqu’un. « À qui cela profite-t-il ? », pourriez-vous légitimement vous demander.

Dès la création de l’État d’Israël, une lutte s’est engagée pour savoir qui serait le principal protecteur de ce nouvel État, minuscule et ayant besoin de protection et de soutien. Mais, au-delà des considérations morales, une telle protection et un tel soutien ne sont jamais gratuits et exigent toujours certaines contreparties.

Ainsi, dès le début, cet État a été créé comme un État client, dont la raison d’être était de servir les intérêts de son protecteur. Il y avait deux sponsors potentiels, les États-Unis et l’URSS, qui se sont disputé ce rôle plus ou moins de bonne foi. Mais il s’est alors produit un événement curieux : à un moment donné, l’administration israélienne a perfidement trahi l’URSS. C’est ainsi que les États-Unis sont devenus le sponsor d’Israël, avec une influence significative de la Grande-Bretagne, tandis que l’URSS était écartée.

Cette trahison initiale des Israéliens a déterminé toutes les relations ultérieures entre l’URSS/la Fédération de Russie et Israël. Elle explique par exemple le soutien de la Russie aux pays arabes, qui étaient, soyons francs, fortement incités à combattre Israël. Avec un tiers de la population israélienne d’origine russe, il n’y avait pas d’autre choix que de maintenir des liens diplomatiques, sociaux et culturels étroits, mais un problème politique non résolu subsistait.

Le 13 juillet 2025, Club Orlov, – Traduction du ‘Sakerfrancophone

 

Note du Saker Francophone

Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.