La CIA et la fin de l’exceptionnalisme

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 3043

La CIA et la fin de l’exceptionnalisme

• Le directeur de la CIA reconnaît dans un article que les USA ne sont polus ce qu’ils étaient, c’est-à-dire cette puissance inégalée clamant son exceptionnalisme. • William Burns écrit : « Nous sommes dans « un monde de compétition stratégique intense dans lequel les États-Unis ne jouissent plus d’une primauté incontestée. » • Confirmation d’une analyse parue en octobre 2023 et de notre sentiment de plus en plus profond. • En quelque sorte, la CIA  confirme : “Euh, oui, l’axe du monde a basculé”, et les USA sont allés en Ukraine, rien que pour confirmation.

–––––––––––––––––––––––––


31 janvier 2024 (14H00) – Certes, il s’agit d’une nouvelle d’importance, – bien qu’elle ne soit pas vraiment nouvelle pour notre compte... En effet, on rappelle plus loin comment une analyse assurait déjà la même conclusion selon laquelle les USA ne sont plus la première puissance incontestée du monde, mais le fait est bien entendu qu’il s’agit ici de la célébrissime CIA. Il n’y a rien d’officiel, mais une phrase dans un article général, et cela vaut tous les discours sortis de la naphtaline de Joe Biden, le POTUS-catastrophique.

Voici les quelques mots que nous rapporte RT.com, qui reste      comme toujours, comme chacun sait, dans sa posture de complète neutralité...

«  Le directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) américaine a reconnu que son pays ne jouissait plus d'une supériorité incontestée sur la politique mondiale.

» Dans un article d'opinion publié mardi par le magazine ‘Foreign Affairs’, William Burns a reconnu que la puissance militaire et économique croissante de la Chine, la volonté de la Russie d'utiliser la force militaire en Ukraine et un nombre croissant de puissances régionales poursuivant des politiques étrangères indépendantes ont tous conduit à “un monde de compétition stratégique intense dans lequel les États-Unis ne jouissent plus d’une primauté incontestée”. [...]

» “Même si la Russie constitue peut-être le défi le plus immédiat, la Chine constitue la plus grande menace à long terme ”, a poursuivi Burns, ajoutant que la CIA a passé les deux dernières années à “se réorganiser pour refléter cette priorité”. »

Bien entendu, il y a un jeu très complexe sur les mots. Burns ne dit pas que les USA ne sont plus N°1, il admet que d’autres pays sont désormais des compétiteurs extrêmement crédibles. Il cite la Russie et la Chine, bien entendu, et dans des postures différentes selon la perspective ; il cite aussi l’Iran, la Corée du Nord, etc. Mais tout cela n’est que broutilles et supputations bien dans le style de la CIA naviguant dans l’univers de la postvérité. Ce qui importe est bien ceci : l’exceptionnalisme américaniste est mort ! Aucun phénomène d’hégémonie accomplie ne se manifeste désormais et l’on admet alors que l’exceptionnalisme américaniste n’exerce plus son empire sur le reste parce qu’il est ‘kaput’.

Une autre source, bien aussi digne de foi que la CIA, – sinon plus d’ailleurs, avait déjà signalé sa  propre conclusion selon laquelle l’armée russe a montré en Ukraine qu’elle était devenue « la force militaire la plus redoutable au monde ». C’est une autre façon de dire à l’avance ce que Burns nous dit sous une autre forme. Le suppositoire est difficile à passer, mais le sort en est jeté.

Note de PhG-Bis : « PhG nous signale qu’il y a eu sur ce site deux articles mentionnant les conclusions des analystes de l’hebdomadaire US de grande réputation, ‘US News & Worlds Review’. Ayant quelques difficultés à en retrouver la mention dans la mesure où la citation fut introduite dans un cadre d’analyse plus général, PhG propose de reprendre les quelques paragraphes de ‘USN&WR’ du 30 octobre 2023 :

» “Dans une récente enquête menée par ‘U.S. News & World Report’, l’armée russe est jugée comme ‘la force militaire la plus redoutable au monde.’ Cette reconnaissance résulte d'une évaluation approfondie des capacités militaires des pays, telles que déterminées par les participants à une enquête mondiale, en particulier dans la sous-catégorie ‘Force’.

» “Les États-Unis occupent la deuxième place de ce classement mondial de la puissance militaire, suivis de près par la Chine en troisième position. Les prouesses militaires d'Israël lui ont valu la quatrième place, tandis que la Corée du Sud s'est hissée au cinquième rang.

» “L’Ukraine, un pays qui a été sous les feux de l'actualité mondiale en raison de tensions géopolitiques, a obtenu la sixième place. D'autres nations importantes comme l'Iran, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la Turquie se sont également retrouvées parmi les dix premières puissances militaires mondiales.” »

L’extension du domaine de l’échec

La CIA raisonne bien entendu comme l’essentiel de la communauté de sécurité nationale aux USA, c’est-à-dire comme un tambour avec autant de trous qu’un gruyère. Puisque les USA sont en train d’être dépassés, s’ils ne le sont déjà, c’est sans doute parce que quelque chose ne marche pas dans leur expansion stratégique et leur développement de la sécurité nationale, – n’est-il pas vrai ?

Oui, c’est cela, quelque chose n’a pas marché... Alors, continuons la même politique, plus que jamais, parce qu’une stratégie qui perd (celle des ‘neocon’) doit être accélérée dans le même sens, encore plus fort, ‘double down’ ! Il s’agit d’un mode de pensée typique des neocon, c’est-à-dire de la direction US, depuis1989-1991 et surtout depuis 2001, – depuis que les USA ont décidé que c’étaient eux qui écrivaient l’histoire et décidaient de la forme et du sens des événements, tralalalalère... Plus l’on perd, bon Dieu, plus l’on accélère, – tralalalalère !

« Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. »

Ainsi le digne directeur de la CIA, l’un des seuls hommes-femmes de la direction des affaires de sécurité nationale de l’administration Biden à avoir quelques rudiments de diplomatie selon des jugements très qualifiés (celui de Mercouris), est conduit à l’infamie de devoir développer les réflexions suivant son aveu sur l’effondrement-soft qui soient conformes aux certitudes de la puissance-woke des USA, – dernier simulacre à subsister. Tout y passe : l’identification des imposteurs qui vont prendre la place, leur classement de dangerosité, les mesures déjà prises, – « unique dans une génération de la CIA », – pour parvenir, c’est d’ores et déjà programmé, à la chute sous la forme de la formule ‘regime change’ dont le succès ne cesse de s’affirmer, du premier chronologiquement sur la liste.

C’est un spectacle fascinant que cette stupéfiante agitation effrénée pour élargir, renforcer, structurer, en un mot à la Houellebecq, “étendre autant que faire se peut le domaine de l’échec”. On lit quelques détails venus du même compte-rendu de RT.com et l’on peut ensuite aller jouir d’un repos bien mérité.

«  Alors que la puissance américaine est confrontée à plus de défis que jamais depuis la fin de la guerre froide, la CIA a intensifié ses efforts de recrutement en Russie et ouvert un nouveau « centre de mission » exclusivement axé sur la Chine, a révélé Burns.

» Une grande partie de l’article plaide en faveur d’une aide militaire continue à l’Ukraine, arguant – comme l’ont fait d’autres responsables de Washington – que couper Kiev des armes occidentales enverrait un message d’“imprudence américaine” à la Chine, encourageant ainsi le président Xi Jinping à attaquer Taiwan.

» Burns affirme également que le mécontentement au sein de la Russie a créé une “opportunité de recrutement unique dans une génération pour la CIA”. Cependant, alors que l'agence a tenté de recruter des informateurs via ses comptes Telegram et X, Burns n'a donné aucun détail sur ses succès.

» Le porte-parole du Kremlin, Dimitri Pechkov, a déclaré la semaine dernière que “quelqu’un aurait dû dire à la CIA que VKontakte [un réseau social russe] est beaucoup plus populaire dans notre pays que X », qui a été interdit en Russie en 2022”. »

 

Mis en ligne le 31 janvier 2024 à 14H00

Donations

Nous avons récolté 1620 € sur 3000 €

faites un don