Kiev-2.0 n’est pas Kaboul-2.0

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 4506

Kiev-2.0 n’est pas Kaboul-2.0

• Une promenade de santé dans le jardin fleuri des élites du pouvoir ukrainien qui commencent leur travail forcené d’affrontement interne dans un cadre opérationnel catastrophique. • En vedette, l’ex-“ami intime” de Mister Z, Arestovitch ou ‘Aristotevitch’ pour les amis, qui fait une critique de haut niveau de la politique globaliste et wokeniste des zélenkiste : son propos pourrait aussi bien convenir à Poutine. • Loin d’effacer la crise, l’après-guerre ukrainienne nous révèle combien cette ‘Ukrisis’ est au cœur de l’affrontement de la GrandeCrise.

_________________________


Il est de plus en plus manifeste que Kiev (-2.0) n’aura rien à voir avec Kaboul (-2.0) ; nous voulons dire, au niveau de la débandade... Comme chacun sait, toutes les aventures américanistes-occidentalistes se terminent de la même façon : la débandade. Après des $milliards et des milliers/centaines de milliers de mort, on proclame ‘Mission Accomplished’ au-dessus d’une situation nécessairement “bien plus pire” qu’à l’arrivée. Les libérateurs s’en vont, laissant armes et bagages, et collaborateurs abandonnés. La situation est bien entendu bien plus mauvaise qu’à l’arrivée des libérateurs, l’hyperdésordre ayant pris la place du désordre.

Mais il y a débandade et débandade, montrant qu’en cela, le Pentagone et Hollywood ne sont jamais à court d’idées neuves. Ainsi Kiev-2024 (notre pronostic sans grand risque) ne ressemblera pas à Kaboul-2021. La débandade se fait progressivement, conservant un vernis de sérieux et d’organisation dans la désorganisation. Il y a les signes annonciateurs, et les prétendants à la succession sont précédés des critiques sur le fond des choses, ; et les uns et les autres ne sont pas nécessairement les mêmes. D’autre part, les Russes sont plus patients et prudents, et peut-être plus habiles par conséquent que les talibans.

Ainsi jugera-t-on que la diatribe d’Arestovich, reproduite en détails dans les formes courante du journalisme libéré des entraves du département d’État et de son représentant Zelenski, est d’une remarquable tenue. Le jugement de l’ancien ami intime de Mister Z. sur l’état de l’Ukraine du département d’État et de Zelenski ne diffère guère d’une intervention courante d’un Poutine en bonne forme. Arestovitch parle d’or et on peut prendre un peu de son temps pour l’écouter selon le compte-rendu de RT.com qui n’a pas lésiné sur tous les détails de l’intervention

« L'Ukraine ne peut pas exister en tant qu'État monoethnique et monoculturel dans ses frontières de 1991, ce qui est l'essence même de ce que recherche le gouvernement du président Vladimir Zelenski dans le conflit avec la Russie, a déclaré vendredi son ancien conseiller Alexeï Arestovitch dans une interview.

» S'adressant à la journaliste Ioulia Latynina, l'ex-responsable a déclaré que le projet nationaliste ukrainien était “mort”, affirmant que Kiev était incapable de trouver des personnes prêtes à se battre pour son développement. Il a affirmé que 30 à 70 % des troupes en première ligne refusent d'aller au combat et cherchent des occasions de déserter. Selon Arestovich, les refusniks “ont condamné ce système, ils en ont scellé la fin”.

» La déclaration de Zelenski selon laquelle les dirigeants militaires ukrainiens souhaitent mobiliser jusqu’à 500 000 personnes pour l’effort de guerre semble être une forme de “pêche à la traîne” de la part des commandants, a déclaré Arestovich. L’objectif est absolument irréaliste, a-t-il affirmé. Alors que Kiev augmente la pression sur les réfractaires, ils cesseront bientôt de fuir les équipes de conscription et commenceront à leur tirer dessus, a prédit l'ancien responsable.

» Les gens de cultures autres que ukrainiennes, qu'elles soient russes ou autres, ne veulent pas se battre pour une Ukraine monoethnique parce que Kiev les discrimine, a noté le commentateur. Il en va de même pour les personnes vivant dans des territoires sous contrôle russe, que Kiev veut reprendre par la force.

» L’Ukraine “n’a rien à offrir aux habitants du Donbass et de la Crimée, à l’exception d’un statut de citoyen de second ordre”, a-t-il déclaré.

» Pendant ce temps, les Ukrainiens qui soutiennent le projet monoethnique pourraient avoir d’autres problèmes avec le gouvernement, qu’il s’agisse d’une rancune à l’égard d’un système économique injuste ou d’un manque de libertés politiques.

» “Nous vivons dans un pays d’interdits, un pays où les libertés sont supprimées… où l’on est arrêté et forcé de s’enrôler dans l’armée. Qui voudrait se battre pour une telle nation ?” demanda Arestovitch.

» Il a affirmé que ce n’est qu’en se reforgeant radicalement en tant que nation multiethnique et multiculturelle, comme il sied à sa composition démocratique, et en accordant la priorité à son intérêt national, que l’Ukraine pourra avoir un avenir. Une telle Ukraine pourrait convaincre les gens de vivre et de mourir pour elle, plutôt que de chercher des opportunités de fuir.

» Une telle Ukraine pourrait également parvenir à un accord avec la Russie et l’Occident sur une architecture de sécurité européenne viable, éliminant ainsi la cause du conflit actuel, a-t-il soutenu. »

• Mais il n’y a pas qu’Arestovitch. Les constats très pessimistes venus du cœur de la démocratie ukrainienne se multiplient soudainement, par des voix et des voies dites autorisées.

Surprise, ô surprise sans joie ni véritable surprise pour dire cela d’une façon paradoxale, les médias américanistes-occidentalistes, surtout européens, se mettent également à diffuser cette nouvelle catastrophique en citant des foultitudes variées, y compris identifiées, de sources politiques ukrainiennes. Ici, on prend ce constat du ‘Bild’ allemand qui fut un soutien sans faille de la perspective assurée de la victoire sur la Russie. On a été voir sur place et l’on en revient soudain dépités, – mais pourtant sans trop montrer cette soudaineté.

« Alors que le gouvernement ukrainien dresse un tableau optimiste du conflit lors des conférences de presse, de hauts responsables admettent en privé que la situation est sombre, a déclaré vendredi Paul Ronzheimer, rédacteur en chef adjoint du média allemand ‘Bild’.

» Ronzheimer vient de passer trois jours en Ukraine, où il a rencontré le ministre de la Défense Rustem Umerov et d’autres hauts responsables gouvernementaux et militaires. “Leurs déclarations correspondent de moins en moins au tableau officiellement brossé lors des conférences de presse et des interviews, plus récemment par Zelenski”, écrit-il sur tweeterX.

» Ceux qui lui ont parlé en privé ont identifié “très clairement” plusieurs problèmes majeurs pour Kiev et, à l’heure actuelle, “voient peu de chances pour les efforts offensifs ukrainiens”. »

• Autre son de cloche dans le même sens, avec des nuances tordues, des circonvolutions, pour le ‘Times’ de Londres. Il y est question d’une situation sur le terrain qui n’est pas bonne du tout, bref que c’est sans le dire une catastrophe. Lorsque les détails vous sont donnés, c’est pour vous expliquer que, voilà, on ne songe plus, il ne faut plus songer à une “victoire imminente” (et écrasante, cela va de soi) et qu’il s’avère, – surprise, surpris et qui l’eut cru, – que les Russes, tonnerre de Dieu !, sont capables de “tenir” des années et des années... Cette curiosité de vous annoncer une situation catastrophique (pour l’Ukraine) en vous expliquant sombrement que la situation n’est pas tout à fait catastrophique (pour la Russie)...

« Les chances de victoire de l’Ukraine sur le champ de bataille ne semblent pas bonnes et le pays doit se préparer au pire, ont déclaré deux députés de Kiev au Times de Londres dans un article publié vendredi.

» Le média britannique a décrit l’ambiance dans la capitale ukrainienne comme étant “une sombre acceptation plutôt qu’un défaitisme”, reconnaissant que Kiev a abandonné ses espoirs de “victoire imminent” pour tenter de ne plus perdre de territoire.

» A l’’heure actuelle, une victoire sur le champ de bataille est extrêmement improbable. Cette guerre pourrait durer des années et des années. La Russie a les ressources pour cela et son peuple le supportera”, a déclaré le colonel Roman Kostenko, qui commande une unité sur le front de Kherson mais est également député. Kostenko, qui siège à la commission de la sécurité nationale, de la défense et du renseignement de la Verkhovna Rada, était sceptique quant à la possibilité que les armes promises par les États-Unis et leurs alliés puissent inverser la tendance.

» “Je ne pense pas qu'il existe actuellement une arme qui puisse avoir une forte influence sur l'issue de la guerre”, dit Kostenko. Les missiles ATACMS à longue portée “ne peuvent pas provoquer de percée” et les chasseurs F-16 “ne peuvent que nous aider à atteindre la parité”, a-t-il ajouté, notant que la Russie possède des “centaines” de jets plus modernes. “Je ne comprends pas comment ils se sont mis dans la tête que nous pouvons vaincre la Russie avec quelques dizaines de F-16”, dit encore Kostenko. »

• Ces observations du colonel-député sur les armes-miracles de l’Occident-maladif ont belle allure alors que le Premier ministre hollandais Rutte, qui ne l’est plus que “pour les affaires courantes” depuis trois mois, annonce que les 18 F-16 hollandais pour l’Ukraine sont en préparation finale pour la livraison.

Certaines sources indépendantes et mal vues assurent qu’il existe un arrangement secret entre Rutte lui-même, – sans contrôle gouvernemental ni parlementaire, c’est-à-dire en toute irresponsabilité, – pour la livraison des F-16 via une autre force aérienne d’un “pays du front” (également de l’OTAN) et son utilisation contre les Russes. Cela est très possible si l’affaire se fait de force aérienne à force aérienne, vue l’autonomie laissée à ces forces partagées entre les responsabilités nationales et la sujétion totale à l’OTAN. On serait dans le cas d’un incident majeur , – ce qui constituerait une excellente occurrence pour un enchaînement majeur entre la Russie et l’OTAN, devant lequel il n’est pas question une seconde que les Russes reculent. Comme on le voit, tout espoir n’est pas perdu pour ce phénomène récemment identifié qu’on nomme “connerie perpétuelle”.`

Aristotevitch’ et la ligne “souverainiste-tradi” ?

Ce contexte assez large s’inscrit évidemment dans une féroce “guerre de succession” ouverte entre des adversaires dont l’un n’entend justement pas laisser ouverte sa succession. C’est donc éventuellement l’affrontement entre Mister Z. et le général Z (Zelenski-Zaluzhni), signe de désordre complet et de néant politique en plein chaos s’exerçant au niveau de l’intrigue florentine, donc d’une façon très différente du précédent afghan.

Les USA ont aussi dans leurs rangs une faction secrète qui soutient un coup tel que celui que Rutte voudrait prétendument faire, pour essayer une dernière fois de mettre les USA dans la guerre alors que Trump semble écarter les obstacles sur son chemin en même temps qu’il ne cesse d’améliorer sa position sur une politique impliquant le transfert massif et immédiat de tous les financements militaires hors-USA (avec retrait de certaines forces) au profit d’une mobilisation générale sur la frontière mexicaine.

Dans ce qui a été dit plus haut, on ne doit pas être sans noter l’intérêt des réflexions d’Arestovitch, surnommé paraît-il ‘Aristotevitch’ par quelques-uns de ses soutiens. Il n’est pas dit, – “On dit ça, on n’a rien dit”, – que certains conseillers de Poutine ne suggèrent de renforcer une aide discrète, – qui existe déjà, mais de faible intensité, – des services de sécurité pour ‘Aristotevitch’, dont les conceptions, comme on l’a dit, sont du copie conforme de la ligne anti-globaliste et “souverainiste-tradi” (souveraineté & tradition) de Poutine. Dans ce cas, on peut être sûr que Orban envoie tous ses vœux à l’ancien “ami intime” de Mister Z.

Vous voyez bien la différence entre Kiev-2.0 et Kaboul-2.0. La fin de Kiev-1.0 n’est pas du tout la fin définitive d’un chapitre pour passer à un monde différent qui serait Kiev-2.0, comme ce fut le cas avec Kaboul-2.0 par rapport à ce qui précéda. La bagarre reste pleine et entière, gagnant les élites dirigeantes ukrainiennes et s’inscrivant dans l’affrontement entre la Russie souverainiste-tradi et l’Occident globaliste. Au contraire, si les hasards de cet affrontement qui transcende la guerre elle-même en lui donnant les dimension à la fois de la crise civilisationnelle et de la “fin de cycle” parviennent à mettre en évidence la présence dans l’affrontement d’une ligne souverainiste-tradi, – une ligne excellente pour affronter les ‘neocon’ de Washington et leur “connerie perpétuelle”, et là-dessus réaliser une entente tactique de transition avec un Trump néo-isolationniste, – l’après-guerre ukrainien resterait à fond au centre du jeu. La période ainsi révélée pourrait, en même temps, révéler à nombre de droites européennes l’extraordinaire fourvoiement où elles se sont lancées en soutenant Kiev-1.0 et Mister Z.

C’est le cas ici de citer une (toute petite) partie, sans épouser sans conditions le fond, de l’article en forme d’essai philosophique futuriste extrêmement complexe de Artur Alonso, sur ‘geopolitika.ru’ et repris le 24 novembre 2023 par ‘eurosynergie-hautefort.com’ (« NOOSPHÈRE : la guerre pour l'hégémonie - L'aspect ontologique de la confrontation »), – cet extrait renvoyant aux réalités du conflit ukrainien et à la mise en cause radicale des prises de position chaotiques qu’elles ont entraînées :

« Dans cette nouvelle conjoncture, la vieille analyse (typique de la guerre froide) de la polarité gauche ou droite ne peut fournir aucune réponse viable pour comprendre la réalité en cours. Une réalité plurielle, diverse, non cohésive et parfois même chaotique... D'où la perte de la gauche woke et la désorientation de l'extrême droite européenne. Une droite très conservatrice, en théorie altermondialiste, mais en pratique pro-OTAN atlantiste – bras armé du globalisme – et économiquement néo-libérale, incompatible avec un Etat minimum garant de la souveraineté...

» La droite et la gauche européennes sont toutes deux des individualistes, nihilistes, favorables au pouvoir privé qui diminue l'État, tandis que la droite et la gauche souverainistes du Sud sont devenues étatistes par nécessité de confronter le néocolonialisme occidental des entreprises privées à un pouvoir fort et centralisé. C'est pourquoi des gens comme le président du Salvador, Nahib Bukele, s'allient à la Chine et se déclarent socialistes avec des valeurs conservatrices... »

 

Mis en ligne le 23 décembre 2023 à 17H15

Donations

Nous avons récolté 1620 € sur 3000 €

faites un don