Kennedy et le “conspirationnisme”

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Kennedy et le “conspirationnisme”

Nous revenons (voir aussi le 20 novembre 2013) sur la question de la commémoration de l’assassinat de Kennedy et de la suspicion-accusation qui l’accompagne, dans le chef des accusations a posteriori de “conspirationnisme”. C’est une question beaucoup plus fascinante qu’il y paraît à notre sens à cause de sa démarche systématique de récriture de l’histoire qui se déroule sous nos yeux, dans le chef (bis) des accusateurs-Système. La transformation en robots de la plume et du commentaire de cette population, ne négligeant aucune impudence, s’appuyant sur une ignorance sans limite, est certainement un cas du plus haut intérêt, – un cas pathologique s’entend. En même temps, cela nous permet de dire quelques mots sur l’attentat contre Kennedy, où certaines circonstances méritent d’être détaillées, c’est-à-dire rappelées en détails.

Réglons d’abord, en vitesse, le cas de notre participation à l’“inépuisable filon conspirationniste” (cette expression dans Le Figaro, le 19 novembre 2013, titre d'un article sur l'assassinat de Kennedy, sans avoir lu l’article, puisque article payant, et sans aucun besoin de le lire par ailleurs). L’“inépuisable filon conspirationniste” est également nommé “délire conspirationniste”, et cela se soigne ; éventuellement avec quelque vermifuge de circonstance, et plusieurs visions attentives du film de Zapruder. (Le film de Zapruder se rapporte à un film de caméra d’amateur de toute la scène de l’assassinat, tourné par un touriste nommé Zapruder, qui devint le document le plus célèbre de l’affaire après que le cinéaste-amateur l’ait vendu pour un $million et que sa diffusion ait touché les principales chaînes de télévision, les documentaires, etc. Finalement, le film fut classé comme une pièce documentaire officielle de l’assassinat.) On a dernièrement “rafraîchi” la netteté du document, qui peut-être visionné directement sur YouTube, ou par l’intermédiaire de Infowars.com ce 13 novembre 2013. Un seul point illustré par le document suffit, qui est l’évidence directe, fondamentale, qui ne peut être prouvée puisqu’elle ne nécessite pas d’être prouvée, puisqu’elle s’inscrit dans les deux ou trois images du film passant et repassant : la dernière balle, le coup mortel, touchant de plein fouet Kennedy au front, avec une puissance et une netteté d’impact qui envoie sa tête brutalement en arrière. Il y a une impossibilité évidente que cette balle ait été tirée de derrière (où se trouvait Oswald par rapport au convoi présidentiel), par conséquent il nous faut un second tireur et la thèse édulcorée (sanitized) du “tireur fou” ou du “dingue isolé” se dissout aussitôt. (Précisons que cette balle n’est pas la “balle magique”, autre joyeuseté de l’enquête officielle, qui fit un parcours digne du Grand Prix de F1 de Monaco entre les différentes victimes de la voiture officielle pour pouvoir fournir une explication comprimée des diverses blessures subies par les uns et les autres, par rapport au nombre de balles officiellement “autorisées”.)

Là-dessus, commence le “délire conspirationniste” que dénonce le commentaire-Système d’aujourd’hui, dont il s’avère qu’il n’est fondé au tout départ du drame sur rien sinon sur l’évidence indémontrable. On peut écouter Oliver Stone, réalisateur de JFK et classé parmi les propagateurs les plus redoutables du “délire conspirationniste” avec son film JFK, mais qui fut aussi soldat au Vietnam et connaît donc l’effet des tirs d’armes de guerre, etc., reprendre ainsi l’argument, le 5 novembre 2013, sur Democracy Now !

«...My thoughts. I saw the film inside these last few days, and I’ve been able to assess it again, and I’ve followed the cases more or less from the outside. I haven’t been inside. It’s amazing to me that people still deny it. As you know, I was in the infantry in Vietnam. I had a fair amount of combat experience. I saw people blown away in action. When you look once again at the basics of the film... the bullets, the autopsy, the forensics, the shooting path... and stay away from all the other stuff... Oswald’s background and Garrison, etc... just follow the meat, the evidence, what you see with your own eyes in those six seconds, it’s an amazing... it’s all there. It doesn’t need to be elaborated upon. You can see it with your own eyes.

»You see Kennedy make his... get a hit in the throat. Then you see Kennedy get a hit in the back. Then you see him essentially get a hit from the front. When he gets the hit from the front, which is the fourth or the fifth or the sixth shot, he goes back and to the left. That’s the basic evidence. You see a man fly back because he gets hit right here. Many witnesses at Parkland and at the autopsy in Bethesda saw a massive exit wound to the rear of his skull, to the right side. The people at Parkland, including the young doctor, McClelland, saw his cerebellum, his brain, go out the... almost falling out of the back of his skull. Later, when he gets taken... illegally... to the... to Bethesda, Maryland, the military...»

• Nous revenons sur ce que nous avons abordé le 20 novembre 2013, qui est le rangement de l’assassinat de JFK dans l’“inépuisable filon conspirationniste”. Ceux qui en parlent ainsi, les journalistes-Système fraîchement émoulus des écoles de journalisme, ont l’esprit très court, du type “l’Histoire commence le 11 septembre 2001”. Nous donnons la parole au “grand ancien” du site, Philippe Grasset, qui avait 19 ans en novembre 1963, et 23 ans en novembre 1967, lorsqu’il commença sa carrière de journaliste dans un quotidien belge, en étant immédiatement affecté aux “Nouvelle Etrangères” dont évidemment la situation aux USA faisait une part considérable.

« D’abord, oui, sans aucun doute, l’assassinat de Kennedy fut un événement considérable, qui bouleversa le monde. On faisait la queue dans les ambassades US, à Paris comme à Moscou, pour signer le registre ouvert aux condoléances des anonymes des populations concernées. Cela signifie qu’à partir de là, et au moins tout au long des années 1960, l’opinion publique s’intéressa aux péripéties de l’enquête, et notamment aux contestations de la version officielle, lesquelles ne furent en aucun cas, ni diabolisées, ni passées sous silence. Bref, le contraire de 9/11.

»En aucun cas, l’on ne parlait de “conspirationnisme“ comme d’une obsession, voire d’une pathologie, dans le chef de ceux qui contestaient la version officielle. C’était même le contraire, et l’on considérait souvent les tenants de la version officielle, celle de la commission Warren, comme des “comploteurs” eux-mêmes, et des personnes à la psychologie affaiblie. Ils étaient constamment sur la défensive, conscients de la fragilité et de la vulnérabilité de ce qu’ils défendaient, admettant même que certaines “libertés” avec la vérité avaient dû être prises pour ne pas causer une crise institutionnelle et pouvoir mieux résister contre les poussées anti-américaines à l’extérieur, et contre la contestation générale à l’intérieur. Les diverses hypothèses et enquêtes contre la version officielle étaient suivies avec une grande publicité. Je me rappelle notamment, lors de mes débuts dans le journalisme, la place qu’un journal comme “Combat”, qui était le “Libération” de l’époque en nettement plus intelligent, avait accordé à l’enquête du procureur Garrison...»

• C’est justement ce fait de l’interprétation de la contestation de la thèse officielle sous l’accusation de type “diabolisation”-“conspirationnisme” qui est remarquable dans le climat autour de ce cinquantenaire de l’assassinat. Il s’agit d’une toute autre attitude que celle des années 1960, une attitude qui marque l’évolution de la presse-Système et son basculement dans le déni absolument totalitaire de tout ce qui n’est pas la parole-Système, et d’un totalitarisme qui approche la schizophrénie. (Où va se nicher la pathologie...) Même le fait qu’un John Kerry émette publiquement (voir le 10 novembre 2013) des doutes sur la validité de la thèse du “dingue isolé” (Oswald seul) n’entame en rien la moulinette d’entropisation intellectuelle de la “diabolisation”-“conspirationnisme”. Ce cas est remarquable en montrant qu’il y a effectivement quelque chose qui ressemble à une évolution schizophrénique, avec une perception d’un acte de la même personne sur deux plans différents, dans deux mondes différents, au moment où cette personne fait une chose et dit quelques phrases...

En même temps qu’il continue à être le secrétaire d’État respecté de la puissance-Système qu’est l’administration de l’américanisme alors qu’il parle pour dire qu’il doute de la thèse du “dingue isolé”, Kerry est également versé sans autre commentaire dans le camp des “conspirationniste” parce qu’“il parle pour dire qu’il doute de la thèse du ‘dingue isolé’”. Là aussi, on retrouve, à cinquante ans de distance, le même silence devant l’“évidence improuvable” qui devient l’“évidence indéniable” dans le chef d’une déclaration effectivement indéniable, entérinée, etc.. Ce silence du commentaire ne fait qu’entériner plutôt une impasse de la pensée, car comment peut-on être en même temps secrétaire d’État dans le gouvernement des États-Unis, donc nécessairement honorable et hors de toute critique possible, et en même temps porteur d’eau de ces théories diaboliques parce que diabolisées, donc nécessairement subversif et individu pathologiquement incertain ? Puisque c’est impossible à concilier, on ne fait aucun rapport de cause à effet, on n’en parle pas, on ne commente pas, on n’élabore pas...Ainsi la déclaration du secrétaire d’État est-elle enregistrée sans qu’aucune connexion ne soit faite avec la validité de la thèse dont, semble-t-il, “il ajoute à la crédibilité”, – et même, cette thèse continue à être considérée avec le même refus de la moindre crédibilité. Ainsi John Kerry est-il coupé en deux, d’un côté l’honorable secrétaire d’État, bla bla bla, de l’autre “un certain John Kerry” qui a “ajouté à la crédibilité de la théorie conspirationniste...” bla bla bla.

«John Kerry has added credibility to a conspiracy theory that John F. Kennedy's assassin may not have worked alone. The US Secretary of State has become one of the highest-ranking politicians to publicly doubt that Lee Harvey Oswald was the lone conspirator in Kennedy's murder, admitting to a journalist that he was suspicious of the government’s official finding. “To this day, I have serious doubts that Lee Harvey Oswald acted alone,” Mr Kerry said in an interview broadcast on NBC, timed with the 50th anniversary of Kennedy’s death...»

A noter que le 14 novembre 2013, Kerry demandait l’ouverture des archives secrètes de l’assassinat de Kennedy, ce qui reviendrait à suggérer la réouverture de l’enquête... Selon JFKFacts.org, d’où vient la nouvelle précédente, Kerry est la septième personnalité du monde politique washingtonien à officiellement douter de la version officielle après un groupe de six personnalités dans les années 1960, – Jackie et Robert Kennedy, le président Johnson, le sénateur Richard Russell, le ministre Joseph Califano et l’officiel de la CIA à la retraite Winston Scott.

(Pour ceux qui sont désireux de se documenter sur les diverses circonstances autour de l’assassinat de JFK, avec de nombreuses références données concernant les diverses péripéties de la chose, le site JFKFacts.org, cité ci-dessus, est une excellente source, à la fois modérée et excellemment référencée.)


Mis en ligne le 22 novembre 2013 à 12H28