Interview de l’Auteur : “FN au Kosovo”, c’est sûr ?

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Interview de l’Auteur : “FN au Kosovo”, c’est sûr ?

30 juillet 2017 – Aujourd’hui, séance particulière, dont certains diront peut-être : Grasset il est impayable, il se prend tellement comme quelque chose de considérable qu’il faut qu’il se dédouble pour pouvoir être considéré à sa juste valeur. Certains peuvent le penser parce que nous sommes dans une époque où non seulement tout est pensable, mais où tout peut être pensé... Enfin, jouons le jeu : PhG c’est moi, “l’Auteur” c’est un peu lui-moi, quelque chose dans ce goût-là.

Le sujet, c’est donc “l’Auteur” et l’une de ses dernières productions autoproclamée et autoéditée avec la complicité de divers organismes dont certains peuvent être jugés douteux ; son roman Frédéric Nietzsche au Kosovo, apparu à la devanture de la Librairie.dde, y compris en page d’accueil du site, depuis quelque chose comme trois-quatre semaines. Avec mes qualités et mon don peu commun d’ubiquité, je me suis donc transformé en intervieweur de l’“Auteur”, et c’est la substance de la chose que je veux vous restituer ici. Frédéric Nietzsche au Kosovo, dit FN au Kosovo pour les gens pressés (l’“Auteur” a horreur de cette abréviation), c’est un roman. Il est en vente ici et ici, vous en retrouverez facilement la trace.

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Interview de l'Auteur par PhG

PhG : L’Auteur, où voyez-vous que le FN ait figuré de quelque façon que ce soit au Kosovo ?

pour les gens pressés (l’“Auteur” a horreur de cette abréviation), c’est un roman.

L’Auteur : FN c’est Frédéric Nietzsche, pas le Front National, d’accord ?

PhG :  D’accord... Mais c’est quand même moi qui pose les questions, d’accord ?

(Silence, du type : “Fume !”, accompagné d’un doigt d’honneur.)

PhG : Bon alors, procédons par ordre, ce qui veut dire le désordre remis dans le bon ordre, d’accord ? Qu’est-ce qui surprend le plus avec ce bouquin, que vous, comme on vous connait, que vous ayez écrit un roman ou bien qu’on retrouve Nietzsche au Kosovo ?

L’Auteur : Aucune surprise à attendre d’un écrit comme on en lit dans votre Journal-dde.crisis, qui place “l’âme poétique” et la nostalgie au niveau des plus grandes production de la métaphysique par la grâce de leur pure beauté. D’ailleurs, j’ai écrit bien d’autres romans... L’invention d’une histoire qui crée les êtres et abolit les contraintes scientistes du temps courant qui sont comme une porte de prison, cette création est aussi, comme d’autres démarches, une clef de l’intuition libératrice de l’esprit, celle qui fait vous échapper des griffes immondes d’un temps présent d’une si triste facture. Cela dit, il y a prescription : ce livre que j’ai retrouvé dans mes tiroirs électroniques a été écrit en 2001-2002. Je me suis bien amusé à le relire, comme si je ne l’avais jamais lu, cherchant vainement jusqu’au bout dans ce sac de nœuds le nœud de l’intrigue ; puis je l’ai tout de même fait repasser à la lueur du Temps présent, vous savez un peu comme on blanchit l’argent mal acquis, mais sans bouleversement notable. Déjà, à l’époque, la Fin des Temps nous écrasait tous... Quant à Nietzsche, FN, au Kosovo, qui n’est pas si loin de l’Engadine d’ailleurs, eh bien c’est un des mystères non éclaircis de l’intrigue de ce livre … Je pourrais vous dire que j’ai fait des recherches à l’OTAN qui mena cette exaltante entreprise guerrière au Kosovo, mais personne n’a su, ou n’a voulu me répondre ; classified, m’a-t-on dit à tout hasard.

PhG : Sérieusement, s’il vous plaît...

L’Auteur : Ah, si vous me prenez par les sentiments ! Je dirais qu’il s’agit d’une sorte de polar d’espionnage métaphysique, d’un livre conspirationniste baignant dans une CIA qui se morcelle en fractionnistes dissidents inattendus, d’une exploration où l’action suscite la méditation sur l’ambition incroyable d’une volonté humaine largement répandue de remplacer la réalité en voie de désintégration par un double virtualiste. L’occasion, c’est la guerre du Kosovo, que je tiens comme l’événement fondateur de la séquence temporelle et eschatologique que nous vivons, le moment où les masques sont tombés et où la face hideuse de la Gorgone nous est apparue ; l’attaque 9/11 est derrière chronologiquement, quoique haussée à un bien plus haut niveau certes, celui du symbole et de la métaphore qui ressuscite le sacré en croyant l’anéantir... Mais tout cela est en gestation, tous les éléments sont là, dans la guerre du Kosovo.

PhG : Et les personnages...

L’Auteur : Oh, il y en a beaucoup, des vrais, des faux, des virtualistes et des faux-semblants. Dans ce bouillonnement, il y a les héros : je dirais, trois, quatre ou cinq, certainement, et de belles âmes. Ils pensent déjà comme aujourd’hui, que nous sommes au bout du chemin. Ils sont plutôt du genre héroïque-désespéré mais jamais découragés et absolument attachés à ne pas nous ennuyer un instant. Ces gens ont du respect pour le lecteur, ils ne l’ennuient en aucun cas je crois et, comme l’on dit chez les critiques bon genre et qui fignolent leur langage, il y a du suspens dans la conduite de la chose.

PhG : Croyez-vous tenir un best-seller ?

L’Auteur : ... Pour l’instant, glissant comme une savonnette sur un parquet mouillé de salle de bains mal entretenue. Que diriez-vous d’un écrivain qu’on baptiserait “auteur de worst-seller” comme l’on dit “auteur de best-seller” ? L’honneur se niche où il peut oui monsieur, et il y en a à être un loser dans une époque où les gagnants ont en général l’allure, la grâce, l’élégance, la loyauté et l’innocence de l’âme qu’on connaît.

PhG : Vous ironisez mais une oreille suffisamment affinée distinguerait une sorte de désenchantement, ou non, plutôt du regret.

L’Auteur : L’homme est complexe, non ? Tantôt, il écrit pour être par lui-même sorti de cette solitude où il se sent et se voit, pour ne pas se sentir et se voir trop seul et qu’importe qu’on le lise, et d’ailleurs il écrit également, il le sait bien, parce que c’est une nécessité que lui imposent des forces extérieures que leur grandeur et leur vertu rendent impératives ; tantôt il pense que ce qu’il écrit mérite d’être lu, mérite grandement d’être lu et cela, toutes affaires cessantes, et il lance des appels désespérés dans ce sens... L’être est complexe.

PhG : Alors, dans cette incertitude un peu misanthropique, vous vous êtes dit qu’internet, l’autoédition...

L’Auteur : C’était vite dit, trop vite je crois. Les Français n’aiment pas l’internet ni l’aventure, il leur faut une lumière d’avertissement, comment dirais-je, un phare pour les conduire et les éclairer, un beacon comme dit Washington D.C. (mais eux, c’est beacon of freedom qu’on dit, cela va de soi) ; bref parce que les choses ont dégénéré grandement, il leur faut un intellectuel, une plume louangeuse de bonne réputation, si possible parisienne, ou bien une jacasserie télévisée pour leur indiquer la lecture qui va de soi... Il faut quelque chose de ... parisien, c’est ça ! Vous savez que .... Voyez les Goncourt, que j’aime tant malgré tout, les Goncourt et Paris. Nietzsche qui, pourtant, adorait cette ville sans la connaître mais parce qu’il aimait la France, disait des Goncourt qu’ils « sont incapables de se défaire de leur ville , attendez je vous le donne en allemand : « Zuletz werden Paris nicht los. » Edmond de Goncourt ne le démentait pas : « Moi, il n’y a que les êtres parisiens qui m’intéressent... Les paysans, tout le reste de l’humanité, pour moi c’est de l’histoire naturelle ».

» On se demande si être parisien, c’est être Français ? Grave question, qu’il vaut mieux ne pas trop explorer. On disait dans les années 1960 « Paris et le désert français », pour dire il y a Paris et le reste de la France qui est un désert, notamment intellectuel. Aujourd’hui, il y a Paris d’un côté et la nostalgie française de l’autre, d’autant plus vive pour ceux qui sont hors de France, et alors dans les circonstances présentes cette prépondérance parisienne est devenue celle de la décadence, de la communication réduite aux acquêts de la publicité, la prépondérance du simulacre maquillée-tendance... Alors internet, que les intellectuels parisiens méprisent bien entendu, ce n’est vraiment qu’un aspect du problème... Contre cela internet, même et surtout dans ses aspects les plus enrichissants, internet ne peut rien.

PhG : Regrettable ?

L’Auteur : Pas de réponse, suis trop juge et partie et comme, en plus, “Paris sera toujours Paris”...

PhG : Donc, vous êtes un moderne, un être de l’internet ?

L’Auteur : Ecoutez, parlons de FN et du Kosovo, parce que, là, vraiment, de telles remarques c’est risquer une ivresse douteuse de l’esprit.... Mais d’ailleurs, tout est là : je suis d’une certaine façon et indéniablement un être de l’internet et pareillement, je veux dire aussi fortement, radicalement, bienheureusement si antimoderne, au sens où on l’entend avec Péguy vu par Compagnon, (*) que c’en est presque un état d’apaisement et de félicité dans le désordre terrible que cette époque entend instiller dans votre esprit. Ainsi est faite la transition : Frédéric Nietzsche au Kosovo, c’est la résurrection du passé avec une plongée dévastatrice ou plutôt révélatrice dans la modernité belliciste, dans le “déchaînement de la Matière” et les mortelles voies d’eau que l’on tente d’étouffer sur les deux ou trois derniers caissons garantis étanches de la coque de notre monde-Titanic déchirée par l’iceberg. Et l'aventure se déroule au galop, suivant des voies mystérieuses assorties de virages vertigineux, à Bruxelles, à Paris, dans l’Engadine, à Paris et à Bruxelles, à Knokke-le-Zoute jusque dans sa réserve ornithologique, – mais jamais au Kosovo où la guerre du Kosovo n’a pas véritablement eu lieu sinon pour les boucheries coutumières déclenchées de 15.000 pieds d’altitude (standard USAF)...

» Tout cela pour mes héros se passe chez les espions, les vrais pas les mercenaires-en 4x4 et lunettes noires, les espions pleins de nuances et qui cèdent parfois aux retrouvailles de l’humanité, qui s’attachent à leurs agents recrutés, leurs sources manipulées jusqu’à en faire leurs amis, parfois leurs frères et qu’ils abandonneront pourtant pour replonger dans leur guerre secrète qui est leur destin, laquelle guerre se livre avec leurs collègues emportés par la folie de fabriquer un autre monde. C’est la métaphysique buissonnière dont le fond est de la plus belle hauteur de l’esprit, avec celui des héros qui tient la plume qui m’a tout l’air d’avoir une humeur assez placide, et à côté de cela ou plutôt en dedans brûlant d’une belle passion, d’un feu grondant au fond de lui-même... Et là-dessus, tout se termine dans le domaine mystérieux du château de Chambord ! Mais holà, j’en ai trop dit, moi ! Éteignez votre machine enregistreuse, tout est dit.

PhG : Donc, il ne reste plus qu’à lire ?

L’Auteur : On ne peut mieux dire.

PhG : J’ignore si ces propos vous gagneront les lecteurs que vous espérez.

L’Auteur : Je vous dirais que moi aussi je l’ignore.

(*) Péguy, « Celui qui peut dire “nous modernes” tout en dénonçant le moderne ». André Compagnon, Les Antimodernes, Paris 2004.

 

Je le répète parce que j’ai le sens du commerce : Frédéric Nietzsche au Kosovo est en vente chez Amazon.fr et, pour ceux que la fréquentation même strictement commerciale des manigances de Jeff Bozos décourage, chez le français Bookelis.com. Parallèlement, nous faisons régulièrement des “campagnes promotionnelles” par courriel, selon les termes employés dans ce milieu, pour vous rappeler les éditions faites par dedefensa.org.