Importance grandissante du “modèle Orban”

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Importance grandissante du “modèle Orban”

• Grand événement dans la région du centre de l’Europe avec la victoire en Tchéquie du souverainiste-populiste Babis, grand ami de Viktor Orban. • On voit ainsi se reconstituer un schéma type-Groupe de Visegrad, antimoderne et anti-UE.

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La victoire de l’ancien Premier ministre, nationalpopuliste et ami de Viktor Orban Andrej Babis en Tchéquie est un événement culturel et géopolitique important. Du point de vue politique général, il est encore plus important dans la mesure où il renforce sans doute décisivement le regroupement des pays de l’Europe centrale autour de l’impulsion d’un homme au début dramatiquement isolé au sein de l’UE, le Hongrois Viktor Orban. L’affaire sera faite et conclue si l’évolution de la Pologne suit la voie qu’on devinait déjà il y a un petit mois, avec les projets “orbaniens”, rencontre avec Orban à la clef, entre le nouveau président polonais et Orban.

Si tout cela est conduit à bon port, selon une logique qui a déjà montré son efficacité, ce serait un bloc compact et remarquablement homogène de tendance souverainiste et populiste, qui se constituerait au centre de l’Europe, presque comme un cordon sanitaire et sécuritaire pour la Russie, – à part la sempiternelle et catastrophique Ukraine et la Roumanie volée de sang-froid par l’Ursula von der La Hyaenidae de l’UE. Dans de telles nouvelles conditions, Pustula serait notablement corsetée, sinon empêchée de nuire comme elle l’a fait jusqu’ici dans ce type d’opérations par ce groupe déjà bien instruit de ses pratiques au sein de l’UE.

D’autre part, on pourrait désormais saluer Orban comme une sorte de néo-de Gaulle, un réformateur radical et anti-européiste, bien décidé à contrebattre avec alacrité les attaques de l’UE contre la souveraineté et l’indépendance. Les “grands” pays de l’Ouest, qui laissent faire comme des filles trop bien payées dans un bordel de luxe, auraient ainsi totalement abdiqué leur rôle historique de reliquat des grands empires et de la Grande Nation, capitulant totalement devant l’action de la termitière géante que constituent les bureaucraties de l’UE.

Dans un tel cas, les problèmes catastrophiques et rocambolesques fixés sur l’obsession antirusse, accordés à une crise multifonctions et une soumission complète à l’empire d’outre-Atlantique en cours d’effondrement, se situeraient dans un contexte complètement différent et pourraient trouver aisément des issues raisonnables, avec en prime l’effacement de ces “grands” pays européens de l’Ouest à moins que les populations ne se débarrassent de leurs élitesSystème complètement transformées en charognes pourrissantes. Dans un tel processus, on ne donnerait pas trop cher de la survie de l’UE qui n'aurait plus les mains libres pour son action satanique.

Enfin, il faut souligner que ces diverses avancées “orbaniste” trouvent d’abord une unité dans le champ socio-culturel et sociétal (anti-LGTBQ+), encore plus que par rapport à la crise ukrainienne. Mais ce champ sociétal est de loin, par son aspect culturel et identitaire qui caractérise les civilisations, la sous-crise la plus importante de la GrandeCrise d’effondrement, et elle nourrit toutes les autres sous-crises (dont celle de l’Ukraine) dans un sens traditionnaliste et antimoderne.

Ainsi de telles réflexions sont-elles suscitées par la victoire de Babis en Tchéquie, jugée donc d’une importance à mesure. On suit ci-dessous le texte, excellent dans son analyse, de Andrew Korybko sur l’élection.

dedefensa.org

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Pourquoi la Tchéquie est si importante

Associée à d'autres, la Tchéquie pourrait notamment constituer la base politique nationale pour relancer le groupe de Visegrád.

L'homme politique populiste-nationaliste Andrej Babis est sur le point de revenir au poste de Premier ministre après la victoire de son parti aux dernières élections. S'il ne dispose pas de majorité, il devrait former une coalition avec certains des plus petits partis partageant sa vision du monde. Il s'agit d'une avancée majeure, car la Tchéquie est sous contrôle libéral-mondialiste depuis la défaite de Babis en 2021. Bien que l'ancien haut responsable de l'OTAN Petr Pavel soit toujours président, le Premier ministre dispose de plus de pouvoir. Voici pourquoi son retour est si important :

1. Virage sur les questions socioculturelles

La coalition qu'il devrait former avec des partis plus petits partageant ses idées pourrait le rapprocher de la droite sur les questions socioculturelles, en raison de leurs positions plus radicales. L'une des plateformes médiatiques de Reuters est très préoccupée par ce scénario et a averti que « le vote tchèque met en jeu le mariage homosexuel et les droits LGBTQ+ ». Selon leurs estimations, il pourrait chercher à rédiger sa propre version du projet de loi hongrois sur la propagande anti-LGBT et/ou à inscrire les deux genres dans la Constitution, comme vient de le faire la Slovaquie voisine.

2. Pragmatisme sur l'Ukraine

L'ère du soutien politico-militaire maximal de la Tchéquie à l'Ukraine pourrait bientôt prendre fin, si l'on en croit les déclarations post-électorales de Babis. Ce dernier a déclaré que son pays n'était pas prêt à rejoindre l'UE et a fortement suggéré de suspendre également son aide militaro-technique. Dans ce dernier cas, la Tchéquie pourrait mettre fin à l'initiative occidentale qu'elle mène pour approvisionner l'Ukraine en munitions à travers le monde ou en transférer le contrôle à l'OTAN, ce qui, selon le New York Times, pourrait entraîner des ruptures d'approvisionnement et affaiblir le front.

3. Le « modèle Orban » dans la région.

Si Babis se comporte comme prévu en politique intérieure et extérieure, cela prouverait l'applicabilité du « modèle Orban » en Europe centrale. Le retour au pouvoir du Premier ministre slovaque Robert Fico en octobre 2023 l'a vu emboîter le pas à son homologue hongrois, mais certains observateurs se sont interrogés sur le fait qu'il s'agisse réellement du début d'une tendance. Tous les doutes seraient dissipés si Babis faisait de même, ce qui confirmerait la pertinence de ce modèle pour la région.

4. Relance possible du Groupe de Visegrád

Le groupe de Visegrád, composé de ces trois pays et de la Pologne, a été suspendu officieusement en raison de l'aversion de Varsovie pour l'approche d'Orban concernant le conflit ukrainien. Le nouveau président nationaliste-conservateur polonais, Karol Nawrocki, a toutefois déclaré cet été qu'il donnerait la priorité à ce groupe, afin que leurs visions nationales communes et son pragmatisme comparatif en matière de politique étrangère puissent servir de base à cette action. Son gouvernement libéral-mondialiste déteste toujours Orban, mais la double politique étrangère de facto de la Pologne pourrait encore permettre des progrès. 

5. Importance géopolitique de l'Europe centrale 

L'attention portée aux dernières élections tchèques et à leurs conséquences probables, comme indiqué précédemment, confirme l'importance géopolitique croissante de l'Europe centrale. Ceci est particulièrement significatif au regard des grands projets stratégiques de la Pologne visant à restaurer son statut de grande puissance grâce à l'« Initiative des Trois Mers » qu'elle pilote et qui englobe toute l'Europe centrale. La relance du groupe de Visegrád après le retour de Babis au pouvoir créerait un noyau de pays permettant de concrétiser plus facilement ces projets.

Au vu de ce qui précède, les élections tchèques sont importantes car elles représentent la diffusion du « modèle Orban » en Europe centrale, ce qui constitue la base interne d'une relance progressive du groupe de Visegrád si Nawrocki en a réellement la volonté politique. Les divergences entre ses membres concernant la Russie pourraient encore freiner une coopération plus étroite, mais s'il les met de côté avec pragmatisme au profit des grands objectifs stratégiques de la Pologne, ce groupe pourrait bientôt revenir au premier plan de la politique régionale.

Andrew Korybko