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513926 décembre 2023 (17H40) – On s’arrête sur un texte du Finlandais Marku Siira qui s’attache à la question de “l’effondrement”, – et j’ajoute qu’à mon sens c’est un peu, beaucoup, passionnément que nous parlons encore bien plus de “l’effondrement de l’Amérique”. Il y a deux aspects dans le texte de Siira :
• D’une part, les raisons et les causes rationnelles pour que cet effondrement ne s’effectue pas trop brutalement ;
• D’autre part les inconnus qui existent réellement, avec des potentiels considérables de développements extraordinairement déstabilisants et dont les principaux composants échappent à la rationalité.
Ces deux issues sont présentées sur le fond de la situation présente prolongée des premières crises qui ont suivi la fin de la Guerre Froide et de l’URSS ;
• Notamment l’Ukraine, dont le déroulement a lui-même présenté de nombreuses occurrences inattendues et de surprises extrêmes, – crise qui devait durer deux mois et ne concerner qu’une région de l’Europe sans autre risque ni extension, qui va dépasser les deux ans et concerne le bouleversement du monde entier ;
• ... Mais aussi le phénomène désigné du nom séduisant de “permacrise” qui s’inscrit dans la série de concepts que nous avons développés (notamment) dans notre rubrique ‘Glossaire.dde’ autour du phénomène crisique et qui offre l’idée de la crise devenue le constituant de base de la situation générale, la poutre-maîtresse et fondamentale du bâtiment à destination destructrice construit pour achever les travaux brutaux et furieux d’effondrement de la modernité. La définition même de notre site (la “crisologie”) renvoie à l’opérationnalisation de la “permacrise”, comme nous la définissons nous-mêmes... L’occasion est bonne, génie publicitaire de PhG, de rappeler ce qu’est notre site et combien il s’inscrit dans la méthodologie opérationnelle de l’effondrement :
« Pour ce qui concerne la situation présente du site, en fonction des plus récents évènements et de la façon dont ils sont appréhendés par nous, ce qui était en gestation depuis plusieurs années et s’est imposé par la pratique elle-même devient une évidence : dedefensa.org, ou dd&e (dedefensa & eurostratégie) est devenu un site dont la mission est clairement : “La crisologie de notre temps”. • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom. »
Voyons les deux voies qu’envisage Siira, d’ailleurs sans les classer comme telles ni les ordonner, mais simplement identifiables au travers d’exemples croisés et de remarques contradictoires disséminées dans le texte.
Siira conclut sur cette perspective après avoir évoqué en les repoussant plusieurs situations aux perspectives inconnues. Son argument principal est rationnellement juste : tout le monde souffrirait d’un effondrement catastrophique et par conséquent tout le monde devrait (conditionnel nécessaire, j’insiste) tout faire pour l’éviter. C’est impliquer assez justement que s’il est question de la “civilisation” (ditto, du Système) imposée par l’Occident seul, son étendue globale et ses tentacules innombrables font que son effondrement aurait un effet également global. L’espoir de Siira est que la rationalité générale, – si cela existe, et j’en doute grandement, – devrait aboutir à la recherche d’un « atterrissage en douceur »... Bonne chance pour le premier pas sur la Lune dans les studios de Kubrick.
« La politique mondiale se trouve dans une période de transition, entre l'ancien et le nouveau. Si le système actuel, construit après les guerres mondiales, devait s'effondrer de manière aussi spectaculaire, les conséquences seraient catastrophiques pour toutes les parties concernées. Ainsi, malgré leurs différences, les différents acteurs sont prêts à un atterrissage en douceur. Qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir ?
» Sur fond de grand jeu géopolitique et d'ondes de choc économiques, on assiste à un démantèlement ordonné de l'ordre ancien, qui s'effectue lentement, étape par étape. Le nouvel ordre grandit et évolue, dans et à travers les crises, pendant que les citoyens vivent leur vie quotidienne. Ce projet de construction se poursuivra tout au long de l'année prochaine, que nous le voulions ou non. »
C’est le domaine du ‘known unknown’ de Rumsfeld. Tout cela est assez justement rassemblé autour de la matrice même du Système, donc au cœur de la “permacrise”, comme fondamental de notre approche de la crisologie. Siira ne s’attache qu’à l’inconnu d’un retour de Donald Trump, mais vous me permettrez de ne pas manquer d’ajouter, – et comment ! –que le maintien au pouvoir d’un Biden réduit à l’état de débris poussiéreux et glaireux, crachant des toux de tuberculeux privé des médicaments sous forme de billets de $100 serait une autre inconnue de taille, et plus encore, et tout cela bien pire encore si tout le système de l’élection du président volait en éclats dans de telles conditions... (Dans sa conversation du 22 décembre avec Mercouris, McAdams rapportait que le sage Ron Paul jugeait qu’une affaire comme la décision de la Cour Suprême du Colorado, – celle-ci bloquée ou non, ou d’autres, – d’interdire la candidature de Trump dans l’État aurait toutes les chances, cette fois, de déclencher de très graves troubles civils armés.)
« Les élections présidentielles auront lieu l'année prochaine, dans la petite Finlande, en Russie et aux États-Unis. Les atlantistes craignent que la révolte au cœur du pays se poursuive et que Donald Trump, confronté à des accusations pénales, revienne en tant que président américain en concoctant une vengeance contre ses ennemis.
» ... si l'imprévisible homme aux cheveux orange revenait à la Maison Blanche [...] Les phénomènes les plus étranges de la présidence de Trump, comme la secte QAnon, ne manqueraient cependant pas au tableau. »
Une simple remarque de Siira, tout à fait en passant, contient en fait le facteur le plus formidablement inconnu de l’effondrement (le ‘unknown unknom’ de Rumsfeld tant nous ignorons tout de sa réelle puissance d’effet, de sa forme, de son influence, de sa substance). Les conséquences de la disparition, en cas de catastrophe américaniste, du symbole, de l’objet et du culte de la foi en la modernité que constitue l’Amérique, ou plus précisément pour nous, et pour moi comme je l’ai vécu si longtemps, l’‘American Dream’.
« Cependant, comme le suggère le blogueur américain Z Man, l'effondrement est aussi une question de cadres narratifs et de croyances politiques bien ancrées.
» “Depuis plus de trente ans, l'empire américain global repose sur des hypothèses nées d'une force invisible. Lorsque ce postulat ne tient plus, il y a des conséquences”. »
C’est un point central pour moi et pour nous, que nous ne cessons de répéter depuis des années. Nous le fondons sur le fait, incontestable de mon point de vue, de la construction narrativiste de l’Amérique, cet immense simulacre de la modernité qui s’est paré d’une allure révolutionnaire établissant la formule du « gouvernement aussi parfait que la raison humaine peut le concevoir » (la charmante Germaine de Staël à Jefferson en 1816) et qui n’est en fait que le véhicule principal du « déchaînement de la Matière ». Pour l’exemple une fois de plus répété, voici comment nous définissions (en 2009) ce phénomène de l’inconnu de l’effondrement de l’Amérique, par parcellisation dans ce cas, – parfait ‘unknown unknown’ dont la plupart des ‘experts’ ne peuvent seulement concevoir l’existence même indéterminée, – je fais grande confiance à leurs aveugles incompétences :
« Nous l'avons déjà écrit et nous le répétons avec force : il ne peut y avoir, aujourd’hui, d’événements plus important pour la situation du monde qu’une dynamique de dislocation des USA. Nous pensons que la crise actuelle est à la fois, et contradictoirement, formidablement amplifiée et formidablement bloquée dans sa compréhension par la puissance de la communication. Ce phénomène ne cesse de dramatiser et d’attiser les conditions de la crise tout en renforçant la pression du conformisme de la pensée dominante pour ne pas mettre en cause les éléments qui sont les fondements de cette crise.
» L’un des fondements est psychologique, avec le phénomène de fascination – à nouveau ce mot – pour l’attraction exercée sur les esprits par le “modèle américaniste”, qui est en fait la représentation à la fois symbolique et onirique de la modernité. C’est cela qui est résumé sous l’expression populaire mais très substantivée de American Dream. Cette représentation donnée comme seule issue possible de notre civilisation (le facteur dit TINA, pour “There Is No Alternative”) infecte la plupart des élites en place; elle représente un verrou d’une puissance inouïe, qui complète d’une façon tragique la “fascination de l’américanisme pour sa propre destinée catastrophique” pour former une situation totalement bloquée empêchant de chercher une autre voie tout en dégringolant vers la catastrophe. La fin de l’American Dream, qui interviendrait avec un processus de parcellisation de l’Amérique, constituerait un facteur décisif pour débloquer notre perception, à la fois des conditions de la crise, de la gravité ontologique de la crise et de la nécessité de tenter de chercher une autre voie pour la civilisation – ou, plus radicalement, une autre civilisation. »
Bien entendu, on ne prétend en aucune façon, dans le chef de l’aventureux PhG, que le texte de Siira constitue la somme explicitée et toute entière exposée du phénomène de l’effondrement. C’est un rapide survol, presque un léger frôlement du problème qui se trouve bien plus à son aise dans la gigantesque problématique des cycles cosmiques, – ce qui me permet de m’envoler une fois de plus dans mes explorations incertaines des contrées inconnues. Mais bon ! C’est un résumé suffisamment succinct pour nous rappeler, et me permettre de marteler une fois de plus :
1) que nous y sommes ;
2) que nous ne savons pas où nous allons ;
3) que, jusqu’au bout de la séquence, notre sort est déterminé par celui de l’Amérique, et plus catastrophique sera le sort de l’Amérique plus de chance y a-t-il qu’à nouveau, comme disait Mao, Cent-Fleurs renaissent sur les champs retrouvés des espaces de nos espérances entêtées.
Le texte de Markku Siira, quant à lui, est repris de l’original, sur le site ‘euro-synergies.hautefort.com’ du 25 décembre.
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Le système social occidental capitaliste actuel pourrait-il s'effondrer ? Et une démocratie libérale qui s'effondre peut-elle se réparer ? Les États-Unis et l'"Occident collectif" qu'ils dirigent sont-ils destinés à vivre une expérience similaire à celle de l'effondrement de l'Union soviétique ?
Les années 1990 ont été une période sombre pour la Russie, marquée par la cupidité des oligarques, l'anarchie généralisée et le chaos social. Cependant, le règne "clintonien" d'Eltsine a finalement pris fin. La Russie n'a pas cessé d'exister, même si le système politico-économique soviétique s'est effondré, mais la Fédération a choisi de réformer son économie et sa politique. Malgré la guerre hybride et la politique de sanctions de l'Occident, la Russie de Poutine ne montre aucun signe d'effondrement.
Que nous réserve l'année à venir ? Il ne fait aucun doute que la permacrise - une ère d'instabilité marquée par des guerres, des crises économiques et d'autres catastrophes interdépendantes - se poursuivra. Les économistes, les politologues et les astrologues prédisent que le rythme ne fera que s'accélérer en 2024. Même en Finlande, pays membre de l'OTAN, les choses seront difficiles jusqu'à ce que notre pays se remette en mode "cycle cosmique".
La région la plus proche du conflit, l'Ukraine, semble être au bord de l'effondrement après deux longues années de guerre. Il y a une lutte de pouvoir entre les classes politiques et on pense déjà que Zelensky sera évincé. Pendant ce temps, l'armée ukrainienne manque d'hommes et de matériel pour tenir tête aux Russes. Les Etats-Unis et l'Europe sont incapables d'apporter une aide suffisante pour résoudre les problèmes de Kiev.
Depuis deux ans, les (faux) médias du pouvoir occidental et les néo-conservateurs qui dominent la politique étrangère américaine, avec leurs think tanks, nous font croire que la Russie va perdre et qu'une Ukraine alignée sur l'Occident va miraculeusement gagner. Cependant, la réalité de la realpolitik ne correspond pas aux vœux pieux des "experts" bellicistes et un réveil douloureux nous attend.
Lorsque nous pensons à l'effondrement de la société, nous nous rappelons que dans une telle situation, les choses pratiques ne fonctionneront pas, qu'il sera dangereux de sortir et qu'il y aura bientôt une pénurie de tout ce dont nous avons besoin. Cependant, comme le suggère le blogueur américain Z Man, l'effondrement est aussi une question de cadres narratifs et de croyances politiques bien ancrées.
"Depuis plus de trente ans, l'empire américain global repose sur des hypothèses nées d'une force invisible. Lorsque ce postulat ne tient plus, il y a des conséquences".
Les élections présidentielles auront lieu l'année prochaine, dans la petite Finlande, en Russie et aux États-Unis. Les atlantistes craignent que la révolte au cœur du pays se poursuive et que Donald Trump, confronté à des accusations pénales, revienne en tant que président américain en concoctant une vengeance contre ses ennemis.
Je ne sais pas si le pouvoir des néoconservateurs à Washington prendrait fin même si l'imprévisible homme aux cheveux orange revenait à la Maison Blanche, mais peut-être que tout n'irait pas dans le sens des "kaganistes". Les phénomènes les plus étranges de la présidence de Trump, comme la secte QAnon, ne manqueront cependant pas au tableau.
La politique mondiale se trouve dans une période de transition, entre l'ancien et le nouveau. Si le système actuel, construit après les guerres mondiales, devait s'effondrer de manière aussi spectaculaire, les conséquences seraient catastrophiques pour toutes les parties concernées. Ainsi, malgré leurs différences, les différents acteurs sont prêts à un atterrissage en douceur. Qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir ?
Sur fond de grand jeu géopolitique et d'ondes de choc économiques, on assiste à un démantèlement ordonné de l'ordre ancien, qui s'effectue lentement, étape par étape. Le nouvel ordre grandit et évolue, dans et à travers les crises, pendant que les citoyens vivent leur vie quotidienne. Ce projet de construction se poursuivra tout au long de l'année prochaine, que nous le voulions ou non.