Humeur de crise-7

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Humeur de crise-7

10 mars 2016 – ... Et je dirais plutôt, pour remplacer le mot “humeur“ qui est parfois si neutre, “errements de crise” voire “folie de crise” pour décrire ce sentiment du jour. La variation de mon “humeur de crise” est, pour ce moment du temps, un phénomène remarquable et qui ne cesse de m’intriguer, de m’exalter et de m’abattre absolument. Il faut comprendre qu’avec la “crise américaine”, ou “crise de l’américanisme” selon ce qu’on veut mettre dans la description du phénomène, on est conduit à un rythme insensé : une rapidité extrême et un parcours sinusoïdal proche de la démence. L’esprit est emporté par un jugement qui virevolte, qui fuit et agresse à la fois, qui change dans l’heure, qui s’affirme avec autorité ou qui se dérobe comme le sol sous vos pieds. Cela est dû, je pense, au fait même du sujet de la crise, qui est l’Amérique avec tout ce qu’elle porte de notre contre-civilisation et des réactions qu’on a vis-à-vis de cette contre-civilisation ; tout ce que l’Amérique porte en elle, à la fois du Système et de l’antiSystème ; car l’Amérique, les USA, le système de l’américanisme, tout cela représente, en contractant tout et en exposant tout d’un seul élan, l’essence de notre Grande Crise d’effondrement du Système ; alors, comprenez que tout cela, en situation de crise, crée un “tourbillon crisique” pour le jugement, et malmène l’esprit à mesure.  

C’est dire si je ne sais dire si cette “humeur de crise”, aujourd’hui, est bonne ou mauvaise, enjouée ou abattue. C’est sans doute la première fois, la première fois à ce point et dans une telle continuité, que je ne me sens plus maître de mon humeur de crise. Je suis emportée par elle, comme l’on est dans une mer déchaînée par la fureur du vent et qui va dans tous les sens, qui semble à la fois suivre le sens de la tempête, à la fois aller dans tous les sens sous les coups de la tempête ; parce qu’une tempête c’est bien cela, à la fois une fureur qui semble poursuivre un sens impératif et terrible, à la fois une fureur qui semble insensé et ne se préoccuper nullement d’avoir un sens. Et puis non, en un instant et l’instant d’après, je me crois libre d’elle et nullement contrainte par elle, et d’ailleurs elle-même, la tempête, acceptant fort bien cette position de moi-même ; et moi, simplement en observateur de l’exceptionnalité eschatologique du phénomène.

Cette “humeur de crise” est donc complètement paradoxale dans la signification que je voudrais lui donner ; c’est celle du fétu de paille et celle du spectateur presque confortablement installé. Je suis dans l’humeur de ne pouvoir rien dire d’assuré de mon humeur. Il me semble que l’on peut dire, au travers de ces convulsion et de ces développements de l’humeur, que la Grande Crise progresse ces derniers temps. Elle est comme chez elle, assurée de sa destinée, consciente de sa mission. Jamais la tempête déchaînée n’a été aussi peu gratuite et aussi chargée d’un sens qu’elle est seule à connaître... Elle se développe, finalement, comme si une main ferme (type-“main invisible” pour les adorateurs du marché) la conduisait en sachant parfaitement où l’on va et de quoi l’on parle. L’humeur, elle, n’a qu’à suivre. Voyez comme elle s’exécute.

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