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132529 janvier 2016 – Ce ne fut que le temps d’un bref instant, tout d’harmonie et d’apaisement et rien du moindre sentiment de désespoir ou de l’abandon de la capitulation. C’était il y a deux ou trois jours, au début de la soirée, m’éloignant un instant d’un de ces moments de télévision-sans-but (au contraire des occasions où je m’attache à une émission, documentaire ou film de quelque substance, choisie pour son intérêt) ; un de ces moments où je laisse aller une certaine détente de la pensée en même temps que je passe en revue, passant d’une chaîne à l’autre, comme pour concentrer le sentiment né de la perception, des images, des exclamations tout-venant. Il faut régulièrement revenir à lui et regarder votre ennemi au fond des yeux, pour vous rappeler pour quelle cause vous vous battez. Comme d’habitude et chaque jour davantage, la chose était terrifiante de médiocrité, de mensongeries, de bonheur fabriqué de clinquant, d’hystérie de l’optimisme béat de l’idiot, d’inculture affichée et proclamée, d’abrutissement volontaire, de vautré dans la Matière, de vulgarité et de grossièreté poussées au terme... Le moment de détente puis de vérification que nous somme bien où nous sommes le cédant à l’exaspération et à l’insupportabilité de la chose, je quittai mon poste.
Je connus donc ce bref instant, devant la porte vitrée où je pouvais voir l’ombre de la nuit déjà présente, imaginant ce que pouvait être le spectacle de l’univers, mais sans exaltation particulière, avec un calme presque joyeux au cœur et nullement dans la nécessité de vérifier la grandeur et la beauté du monde. J’avais oublié les zombies-bouffons de l’instant d’avant mais je n’ignorais pas qu’ils existent et que pour la plupart des sapiens les bien-nommés et néanmoins contemporains de moi, on ne voit qu’eux. Ainsi harnaché d’une psychologie forte et apaisée, sans aucun entraînement d’aucun sentiment d’abaissement, presque joyeusement je me prends à penser à la mort ; et je dirais même que “penser à la mort“ signifie “ma propre mort”, et me disant qu’il s’agirait d’une chose qu’on ne pourrait qualifier en aucun cas, absolument aucun, ni de terrible, ni d’effrayante, ni d’inacceptable, ni même d’inconnue. La pensée est joyeuse, apaisée ; aucun sentiment suicidaire ou morbide, aucun dégoût écrasant, lavé de leurs bave et écume de tout ce que je venais de voir et de subir ; la pensée de ma mort comme source de joie apaisée et même d’exaltation tranquille.
Avec une certaine ironie qui me fit sourire, moi qui suis homme de foi sans nul besoin d’un curé, d’un rabbin, d’une pasteur ou d’un imam, je me dis qu’il est singulièrement rassurant, presque comme un hymne à l’espérance haute, qu’il vous reste la mort pour défier cette époque monstrueuse et immonde, et lui dire, plein de jubilation : “Si je voulais...” Je vous assure que j’ai entendu le brouhaha, l’’“époque monstrueuse et immonde” montrant brusquement et absolument tous les signes de la plus extrême panique. J’étais là et je lui disais “J’ai une porte de sortie dont je détiens seul la clef”, ou bien j’imaginais le geste d’un vigoureux bras d’honneur comme d’autres, je suppose et je l’espère, font leur signe de croix ; je vous assure que je n’avais ni le sentiment d’être vaincu, ni celui d’être désespéré... Jamais aussi vivant, sourire aux lèvres. Bon, ce ne fut qu’un instant et j’en connais bien peu de la sorte ; de toutes les façons, mes bien chers lecteurs, il est vrai qu’il me reste une tâche et que je vous dois encore quelque devoir pour un certain temps...
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