Humeur de crise-14

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Humeur de crise-14

2 juin 2016 – A nouveau mais en beaucoup plus tournoyant cette impression de vertige, – “Vertigo”, comme il y a un an d’ici à quelques semaines près, lorsqu’il était question de décrire ce phénomène du “tourbillon crisique” que donnait la crise grecque, avec sa précipitation, ses menaces, son spasme épouvantable que nous guettions tous. Même impression aujourd’hui, mais cette fois le tourbillon a pris une telle force, qu’il emporte avec lui plusieurs spasmes diluviens ; Trump et les élections aux USA, le Brexit, les réfugiés des quatre saisons de nos massacres, la situation en pleine dissolution en France, dans une sorte de simulacre de Mai-68, celui où l’on ne joue plus, où sous les pavés la plage pourrie de mazout, où Dany-le-Rouge devenu vert-fluo et grand amateur de foot pourrait remplacer Deschamps comme entraîneur non-racialement-pur de l’équipe de France, avec finale festive de l’Euro-1916 devant l’Ossuaire de Verdun.

Il y a de la démence dans l’air (La java du Diable rigole le fou chantant) et cette impression que les plus hautes instances elles-mêmes, les autorités du Système, sont emportées dans le tourbillon à en perdre leur raison-subvertie. Parviendront-elles à faire éclater enfin la Troisième Dernière, la nucléaire, avant que The Donald ne pulvérise Crooked Hillary et ne se mette à parler business avec Poutine ? Tant il est vrai que l’on en arriverait à craindre vaguement, ou bien à l’attendre avec une curiosité amusée, ce moment où ceux-là qui nous poussent à l’abysse lâchent prise et s’y précipitent eux-mêmes, comme dans le suicide collectif d’une secte d’illuminés. (“Qui m’aime me suive !”, s’écrierait Junker, déjà à sa dixième bière de la journée.)

Ainsi ne parlerais-je plus de ce sentiment de tragique qui m’envahit si souvent, sinon de tragédie-bouffe. Il y a un côté énorme farce cosmique dans cette démence précipitée, dans ces évènements incompréhensibles selon leurs boîtes à malice venues de Silicon Valley. Tant de puissance furieuse réduite à l’impuissance grotesque... Dieu est-il un comique de génie, vous savez de la sorte qu’on dirait, – un comique cosmique ? Et le Big Bang, après tout, l’effet inattendu d’un éclat de rire imprévu ? 

Ainsi se pose la grande question : saurons-nous nous faire prendre au sérieux ? A trop être bouffes, notre tragédie, nos œuvres destinées à l’immortalité et leur catastrophique effondrement seront accueillis Là-Haut par un haussement d’épaules : “Bien essayé, sapiens”. 

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