Guerre en solde

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Guerre en solde


1er janvier 2003 — Dernière évolution en date dans les circonvolutions extraordinaires qui entourent la “préparation” à la guerre contre l'Irak, la question du coût. Ce qui était annoncé comme devant coûter $200 milliards et plus, et selon certaines études jusqu'à $1.500 milliards dans le pire des cas, est ramené à autour de $60 milliards, opportunément juste en-dessous du coût de la guerre du Golfe-I, présentée aujourd'hui à $80 milliards.

Le Times de Londres du 1er janvier 2003 écrit ceci, pour nous résumer les bonnes nouvelles : « A war with Iraq would cost about $60 billion — $20 billion less than the 1991 Gulf War, according to President Bush’s budget chief. The figure is considerably lower than the $100-$200 billion (£64.5-£129 billion) previously estimated by the White House and reflects the Administration’s belief that a war can be fought and won swiftly. » (Ces précisions sont d'ailleurs elles-mêmes assez approximatives : les chiffres de $100-$200 milliards de la première estimation avaient eux-mêmes été contestées ; le chiffre de $80 milliards [en réalité $60 milliards, en dollars d'alors] pour la guerre du Golfe-I est également contesté, certaines sources ont été jusqu'à noter que les USA avaient collecté $49 milliards de leurs alliés et que cette somme leur avait permis de faire un bénéfice de $4-$5milliards par rapport à la somme réellement dépensée au cours du conflit, soit $44-$45 milliards.)

Les arguments avancés pour présenter une évaluation moindre de 2 à 3 fois au moins de ce qui avait été présenté en septembre-octobre sont notamment les suivants :

• Moins de force qu'en 1990-91 (100.000-250.000 au lieu de 600.000 alors que ce qui coûte cher, c'est l'entretien et le transport de ces forces.


« The 43-day Gulf War cost $60 billion, or $80 billion in today’s money. The largest costs were for transporting, housing and feeding the 500,000-strong US force, and in munitions. US officials point to significant differences between the Gulf War and the present situation as elements that could mean another war costing less. An invasion of Iraq is likely to be started with far fewer troops than a decade ago. Fewer than 100,000 could be in theatre at the start of hostilities, building to 250,000 as reinforcements arrive. »


• L'usage des armes à guidage “très intelligent”, qui permettent de toucher avec précision un objectif, donc d'éviter du gaspillage. Ces armes sont réduites, en coût, à un kit à $20.000 rajouté à une bombe conventionnelle. (Sur ce point, on suggérera quelques réserves. Le kit à $20.000 à rajouter est vraiment le bas de la gamme. Certains systèmes “très intelligents” peuvent monter très haut dans les coûts, approcher ou dépasser le million de dollars. Quant à la précision de ces armes, elle est certes grande mais répond à des renseignements souvent approximatifs, ce qui conduit à un “gaspillage” d'objectifs, avec destructions, pertes civiles, — mais peut-être cela ne fait-il pas partie du coût de la guerre ?)


« The US Air Force increasingly uses precision-guided bombs — conventional bombs modified with a $20,000 “tail” that allows them to be steered to their target. About 60 per cent of the American bombs dropped on Afghanistan were precision-guided, compared with 10 percent in the Gulf War. Military chiefs have suggested that the trend will mean that they are likely to use fewer bombs in a war with Iraq because they will be more successful at hitting targets. »


• D'une façon plus générale, la nouvelle évaluation représente l'adoption d'une seule option, celle que la guerre sera courte, très efficace avec un minimum de dégâts, de pertes, etc, bref une guerre peu coûteuse. Effectivement, une guerre peu coûteuse coûte moins cher qu'une guerre coûteuse, et la stratégie évolue désormais de lapalissades en lapalissades.

L'impression générale, tenant compte du climat très morose de ces dernières semaines, est que ces révisions sont pure manipulation et pure opportunité, et la relativité évidente de cette sorte d'évaluation le permet. Ces opportunités d'économie qui nous sont présentées aujourd'hui (volume des forces, armes “très intelligentes”), existaient déjà en septembre-octobre 2002, et il paraît bien surprenant qu'on ait pu les oublier. Par contre, la mise à pied de la personne qui avait divulgué l'estimation initiale en dit évidemment beaucoup sur les diverses manoeuvres autour de cette estimation. (« Mitchell Daniels, director of the Office of Management and Budget, said that his estimate was no more than “prudent contingency planning” and emphasised that it did not mean that war was imminent or inevitable. However, it was significantly at odds with the bill of up to $200 billion suggested in September by Larry Lindsey, the President’s former economic adviser, who was dismissed recently. Mr Lindsey’s unguarded estimate, which suggested a protracted conflict, infuriated others in the White House and contributed to his dismissal. »)

On verra difficilement dans cette péripétie autre chose qu'une étape de plus dans l'“interprétation” d'une guerre qui reste à faire, et dont il reste à même à se convaincre de la faire, au sein même de tous les milieux concernés de la sécurité nationale à Washington. Évidemment faite pour rassure, cette évaluation montre un peu plus le travail de propagande en cours et, derrière, l'incertitude grandissant de l'équipe GW.

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