Fait divers : on a tiré (bis) sur Trump

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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 2014

Fait divers : on a tiré (bis) sur Trump

16 septembre 2024 (16H30) – On va aussitôt m’en faire procès, avec juste raison : mais pourquoi ce “bis” dans « on a tiré (bis) sur Trump » ? J’avoue ma faute, succombant au démon du sensationnalisme et du parti-pris. C’est vrai, il semble bien qu’on n’ait pas tiré sur Trump, qu’on ait “failli” mais empêché de passer à l’acte ; c’est vrai qu’il était si tentant de faire ce titre où la tentative d’assassinat serait reprise dans les “Faits-divers”, dans une sorte de rubrique consacrée aux tentatives d’assassinat de l’ex- et peut-être futur président Trump. C’est vrai, c’est à peu près tout ce que cela  méritait dans l’esprit du temps et de son alignement ; une rubrique page 36, dans les faits divers, quelques lignes, et hop ! Passons à autre chose.

Je dois l’avouer, avec mon esprit tordu et mon oreille tendancieuse, c’est ainsi que j’ai interprété la nouvelle ce matin dans les journaux européens. Mais peut-être est-ce que je m’avance trop imprudemment et vont-ils éclater en nombre d’analyses éclairantes et impeccablement objectives. (Tout de même, écoutez les trois remières minutes de ce Christoforou-Mercouris, hier après-midi.) Dans tous les cas, mon titre reste en place pour ce jour, et il marque bien, au moins symboliquement, l’espèce d’indifférence affectée et d’agacement de la presseSystème pour ce qui constitue une chance bien imméritée pour ce candidat du diable de gagner un peu plus de commisération et donc de popularité par innocence et victimisation comme on aime tant à se parer aujourd’hui.

Trump, pour son compte, reste impeccable dans le rôle du héros de série télévisée : toujours ce cri d’héroïsme entêtée et cinématographique (son message churchillien au peuple américain : « Rien ne me ralentira ! Je NE ME RENDRAI JAMAIS ! »). Ils ont bien grand tort de lui laisser, par maladresse volontaire ou pas d’exécutants extrêmement amateurs, l’occasion d’ainsi montrer à bon compte ses réelles qualités d’intrépidité, – une sorte de “narcissisme héroïque”, si l’on veut. 

Car le tireur-n’ayant-pas-tiré est d’un très-grand cru ; un “Ukro-maniaque” de première, ayant été à Kiev, organisateur d’une Légion de Volontaires, prêt à faire passer en Ukraine des ex-soldats afghans pour se battre contre le Russe, écrivant des lettres aux uns et aux autres, au Congrès, à Zelenski, s’adressant aux organisations officielles US les plus impliquées, dans un tourbillon qui fait écrire à Korybko, pour cette fois très audacieux dans son analyse : 

« La trace ukrainienne dans la dernière tentative d’assassinat de Trump est impossible à ignorer, tout comme celle des membres des bureaucraties militaires, du renseignement et diplomatiques permanentes des États-Unis (‘État profond’)... »

Korybko identifie avec force un individu qui a été pratiquement rendu fou par le simulacre développé pour le conflit ukrainien, avec un très-gentil et un très-méchant. Sont impliqués dans cette opérations les ‘usual-suspect’, – ou plutôt les ‘guilty-confirmed’, – la presseSystème, les divers réseaux d’influence de l’OTAN, la bande à Zelenski, les divers think tanks et services de renseignement, bref toute la bande. Littéralement, il y a dans le chef de cette sorte de personnage une opération de transformation psychologique vers un état particulier de la pathologie psychologique qui est l’Ukro-manie, productrice à la chaîne comme on s’en doute des Ukro-maniaques. 

« Au minimum, la fausse représentation de Trump par [la presseSystème] comme une “menace pour la démocratie soutenue par la Russie qui vend l’Ukraine à Poutine” suffit à pousser la psychologie des Ukro-maniaques jusqu’au risque de commettre des actes de terrorisme, en particulier lorsqu’ils sont incités par d’autres extrémistes de la “NAFO” (‘North Atlantic Fella Organization’). Ce réseau mondial de trolls est tristement célèbre pour glorifier la violence, et c’est une chambre d’écho pour renforcer les illusions des gens sur Trump, l’Ukraine et la Russie, jusqu’au point d’inciter à la violence. »

D’où la conclusion de Korybko, – qui je le répète, se montre particulièrement ferme, contrairement à son habitude, – que cet attentat est bien le résultat de l’action à peine clandestine, tout juste habillé d’une certaine discrétion arrogante (charmant oxymore, il me semble) de tout l’appareil de communication américaniste-occidentaliste. La personnalité et la carrière de Ryan Routh sont particulièrement illustratives de la façon dont les esprits peuvent être manipulés, et les psychologies dérangées jusqu’aux actes de violence les plus radicaux.

Dans une envolée audacieuse, Korybko en tire l’argument irrécusable que nous avons là la démonstration la plus convaincante possible de l’action globale et catastrophique jusqu’au simulacre le plus faussaire de ce monstre absolument horrible, terrifiant, apocalyptique, qu’est le ‘DeepState’, autre nom du Système, et, au bout de la chaîne, du “déchaînement de la Matière”. Il va même jusqu’à des hypothèses clairement complotistes, – ce qui n’est vraiment pas son genre, – et estime qu’on peut envisager que Routh a reçu quelques conseils et encouragements pour l’opération qu’il a effectuée.

« Il est impossible que l’“État profond” américain mentionné plus haut n’ait pas eu la moindre idée de qui était Routh après qu’il se soit déjà rendu à Kiev pour soutenir la “Légion internationale” et ait ensuite ouvertement parlé au New York Times de son projet de recruter des soldats afghans qui avaient fui au Pakistan en tant que réfugiés. Il s’est également vanté sans vergogne de la façon dont il leur achèterait des passeports de là-bas pour faciliter leur voyage en Ukraine. Le FBI pourrait bientôt “faire le bon élève” et admettre qu’il était « sur leur radar », mais il y a bien plus que cela.

» On peut soutenir que Routh agissait comme un agent de ce même “État profond” américain en collusion avec leurs mandataires ukrainiens, et il ne peut donc pas être exclu que des membres de l’un, de l’autre ou des deux l’aient encouragé – ne serait-ce qu’indirectement – à éliminer Trump afin de « soutenir la cause ». Cette dernière tentative d’assassinat est donc encore plus scandaleuse que la première d’il y a quelques mois, et tout comme celle-là, elle pourrait bientôt être oubliée parce qu’elle implique des forces alignées sur les Démocrates. »

C’est sa conclusion et elle est juste : bien que les circonstances ont été moins dangereuses et très vite contrôlées et contenues par le Secret Service cette fois un peu plus efficace, cette tentative-là est « encore plus scandaleuse que la première » parce qu’elle conduit à l’hypothèse inévitable d’une implication directe des autorités, – y compris ukrainiennes, voir Medvedev, – dans une opération d’assassinat d’un ex- et peut-être futur président.

La campagne présidentielle USA-2024 tient ses promesses dans tous les domaines. L’on peut ajouter d’un air sinistre qui n’est pas trop exagéré : “Et elle n’est pas finie”.