Exportations US, — un cadeau aux amis du JSF

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Exportations US, — un cadeau aux amis du JSF


13 mai 2003 — Il était manifeste, au sein des alliés non-US de la fameuse coalition des “able” et des “willing”, surtout chez les Anglo-Saxons, Britanniques et Australiens, que cette participation serait remerciée de gracieuses mesures d’exemption et de faveurs de la part des Américains. Un très récent développement au Congrès, signalé le 9 mai par le Financial Times, est venu jeter le doute le plus profond, comme une véritable douche glacée, sur cet espoir et cette attente.

Le président de la puissante commission des relations internationales de la Chambre, le républicain Henry Hyde, a rejeté une demande de l’administration de lever des restrictions pour des transferts de technologies sensibles (militaires) pour ces pays amis. Aucune exception n’est faite, et pas plus pour les Britanniques et les Australiens. La position de Henry Hyde est extrêmement dure. Les termes qu’il emploie dans une lettre qu’il adresse au secrétaire d’État Powell sont sans équivoque. Ces termes concernent particulièrement les pays européens, et particulièrement les pays amis, — façon de dire : plus on est amis des USA, plus on porte la responsabilité d’un comportement honorable, lequel ne s’est pas toujours vérifié ; par conséquent, il importerait sans doute de se méfier plus encore des amis des USA.


« In a strongly worded letter to Colin Powell, the secretary of state, Henry Hyde, the committee's chairman and a Republican, said that proposals to ease US export controls “seem unwise and particularly incongruous with the increased threats to US security and foreign policy interests since the attacks of September 11, 2001”.

» In the May 5 letter, obtained by the Financial Times, Mr Hyde said that recent evidence of arms sales to Iraq in violation of the international embargo “suggest very strongly the need for the United States to maintain a comprehensive and stringent system of control over all military exports, and to insist that other governments, particularly our friends and allies in Europe, do the same”. »


Cette démarche est une prémisse sérieuse pour une catastrophe, avec la mise en cause implicite de tous les programmes importants de coopération militaire, au premier rang duquel on pointe évidemment le JSF/F-35. Ces restrictions constituent effectivement, dans le cas de ce programme, un handicap épouvantable pour les Britanniques et les Australiens. Le commentaire du journal anglais laisse entendre ce point, en citant des appréciations très pessimistes du département d’État.


« The committee's action jeopardises defence trade deals with the UK and Australia that have been nearly three years in the making. The State Department said that without a waiver it would be “very difficult, if not impossible, to conclude an agreement”.

» Both countries have said that closer defence co-operation with the US on projects such as the Joint Strike Fighter is seriously impeded by the difficulty US defence companies face in exporting even routine military items such as engine components. In addition, foreign defence companies are barred from the documents needed to bid for most Pentagon weapons contracts, while export licences are required before even unclassified military information can be shared with foreign nationals working in defence companies. »


Les réactions sont extrêmement virulentes, notamment de la part des Britanniques et des Australiens qui espéraient au moins obtenir quelques facilités du point de vue des exportations. Certes, Hyde fait dire qu’il ne veut surtout pas contrecarrer des accords de coopération avec les Britanniques et les Australiens, ces excellents alliés, mais qu’il entend que toutes les dispositions soient prises pour qu’aucune échappatoire ne soit possible.

En réalité, les exigences de Hyde, qui concernent des mesures pour rendre impossible de diriger des exportations US vers des pays tiers non contrôlés, sont telles que les restrictions de contrôle qui le satisferaient rendraient quasiment impossible tout travail sérieux de coopération. D’autre part, elles mettraient en cause diverses situations à venir : par exemple, comment envisager la coopération industrielle et technologique entre la Royal Navy, Thales (société française) et la Marine Nationale (France) dans le domaine des porte-avions, avec les Britanniques équipés du JSF et l’hostilité existant entre Américains et Français.

Voici les réactions à la prise de position de Henry Hyde :


« A British official said he was “extremely disappointed” by the congressional action. He said that while Congress might be concerned about the precedent, “I do not see it as a justification for putting a block that will take at least a year to unscramble”.

» An Australian official said that, as an “enduring ally” of the US, “we expect to be treated well as opposed to being treated as antagonists in the process”.

» An aide to Mr Hyde said that the committee did not want to block the deals with the UK or Australia, but wanted instead a narrowly crafted waiver that would minimise any deviations from current export control laws. But he said Mr Hyde was determined “to ensure that the broader relaxation of export controls contemplated by the administration does not come to pass”. »


Pour conclure, on ne doit pas être sans noter que ce conflit implique le secrétaire d’État Powell et pas le Pentagone. L’effort de libéralisation des exportations est mené par le Département d’État, qui espère bien, à cette occasion, reprendre un peu d’ascendant sur le Pentagone. Ce dernier s’oppose à la libéralisation par principe et par réflexe bureaucratique, et également pour contrer le Département d’État. Henry Hyde, qui n’a pas une sympathie excessive pour Powell et sa réputation de colombe, intervient également dans ce cas au nom de la logique des affrontements politiciens à Washington.