Et si l’illégalité légale devenait illégale ?

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C’est une drôle d’histoire… Une invasion illégale au regard du droit international, — vous avez deviné : en mars 2003. Puis cette invasion est légalisée a posteriori, à la manière des falsificateurs antidatant un document, par un vote de l’ONU de mai 2003.

(Le système de l’américanisme qui est la rapine par essence, est essentiellement un régime “bourgeois” au sens que les grands romanciers français du XIXème siècle donnent à ce terme. Il a toujours besoin d’une bonne conscience et du soutien de la loi, comme un petit enfant serre la main de sa maman. Par la pression de la force, par la falsification imposée, il cherche et le plus souvent obtient, en dénaturant absolument le droit, des légalisations formelles a posteriori de ces illégalités commises.)

Depuis mai 2003, la fiction d’une démocratie irakienne a été installée (autre nécessité de nos consciences bourgeoises, cette fameuse “démocratie”). Elle a produit un Parlement et des gouvernements. Le Premier ministre a été investi du droit fictif d’autoriser d’année en année l’envahisseur devenu libérateur à poursuivre sa besogne.

Surprise, surprise. La fiction démocratique a pris de la substance tant l’envahisseur-libérateur est sot, insupportable, vaniteux et cruel. (Ainsi les “marionnettes” elles-mêmes acquièrent-elles de la substance, on l’a vu.) Et le Parlement-bidon, ou –croupion comme on veut, acquiert, lui aussi, quelque existence. Jack Mile, du Pacific Council on International Policy et professeur à l’Université de Californie, signale dans l’International Herald Tribune du 29 août, que le cas pourrait devenir bien embarrassant. Le Parlement a demandé à avoir son mot à dire sur le renouvellement de bail des libérateurs-envahisseurs,— et il pourrait bien ne pas être favorable, ce mot. Le Premier ministre Maliki va-t-il le lui donner? Il n’apprécie guère les délices de la civilisation occidentale en expédition libératrice, ce Maliki-là, et il pourrait bien le faire ; et, jusqu’à nouvel ordre et malgré monsieur Kouchner, Maliki est toujours en place, sa liquidation démocratique se fait attendre. Le Parlement irakien va-t-il avoir le doit de voter “Go Home”? Monsieur Kouchner ne va-t-il pas suggérer de dissoudre ce putain de bordel de Parlement-là qui prétendrait voter si peu conformément à la démocratie?

Voici la description de la situation par le professeur Jack Mile :

«As Republicans and Democrats debate the ethical and practical considerations for and against the withdrawal of the United States forces, this question scarcely comes up. But within a few months, it could, suddenly and with potentially decisive impact.

»In May 2003, just weeks after the overthrow of Iraq's government, United Nations Security Council Resolution 1483 recognized “the Authority” ¬— which was to say “the occupying powers under unified command” — as Iraq's effective legal government.

»In October 2003, it took a further step and mandated that the United States-led multinational force establish security and stability in Iraq. While noting that this mandate would expire within a year, the council expressed its “readiness to consider on that occasion any future need for the continuation of the multinational force, taking into account the views of an internationally recognized, representative government of Iraq.”

»In June 2004, Security Council Resolution 1546 stipulated that “by 30 June 2004, the occupation will end and the Coalition Provisional Authority will cease to exist, and that Iraq will reassert its full sovereignty.” Subsequently, as sovereign Iraq has moved by stages through elections and complex deliberations to the formation of its current government, the United Nations has renewed the mandate for the multinational force at the request of successive Iraqi prime ministers — Ibrahim al-Jaafari in 2005 and Nuri Kamal al-Maliki last year.

»The current mandate expires at the end of December. Will it be renewed? In June, the Iraqi Parliament passed a bill requiring that the next renewal should not be made without its advice and consent. Maliki has not signed the bill and could conceivably veto it. However, given the worsening of his relations with Washington, it seems increasingly likely he will give it his signature and, come December, do as it instructs.

»The Iraqi Parliament, for its part, has already passed a nonbinding resolution calling for a timetable for a withdrawal of foreign forces. If it voted in December not to seek a renewal of the mandate, the American troops deployed in Iraq would be there illegally.»

Evidemment, on dira : GW s’en fout, —si une telle chose arrivait, il s’en foutrait parce qu’il a la force et Dieu à ses côtés. Eh bien, pas si sûr, à notre humble avis. Si une telle chose arrivait, ces pauvres âmes inquiètes, bourgeoises et conformistes, dont celle de GW malgré tout, seraient déstabilisées. Elles n’aiment pas être placées devant la réalité nue et brusquement mise sous la lumière de son illégalité de leur forfait. Elles craignent comme la peste cette insupportable question: se pourrait-il que nous ayons agi illégalement? Elles seraient capables de repartir en guerre pour cela. Le plus illégalement du monde, à légaliser après coup.


Mis en ligne le 31 août 2007 à 08H02