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• Depuis 2005 et le fameux “discours sur le feu de la démocratie” de Bush (“Le discours de Dostoïevski”, l’appelait Justin Raimondo), on parle de faire la guerre à l’Iran parce que l’Iran se conduit mal. • Dans tous les cas, on n’imagine qu’une chose : une attaque sur l’Iran, et l'Iran KO debout, écoutant les conditions du vainqueur (Israël et/ou les USA). • Cela ne s’est du tout passé comme ça. • Israël a attaqué et annoncé la victoire. • Ses F-35 (dont un aurait été perdu, et sa pilote, une dame, capturée) se posaient retour de mission, alors que les premiers missiles iraniens commençaient à frapper Israël. • Durement, méchamment, ils ne l’oublieront pas de sitôt.
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Depuis quelques semaines se répandait une subtile langueur, une sorte de “fatigue du commentaire” de la guerre en Ukraine, de la part de tous les partisans de Z. et autres neocon. Franchement, il semblait bien que Z. allait perdre la guerre et qu’on n’aurait plus grand chose à se mettre sous la dent nucléaire qui ne cesse de se rappeler à notre bon souvenir de vaillant neocon. Même l’attaque des bombardiers nucléaires stratégiques russes n’avait fait rire personne, ni mettre en alerte une ou deux unités nucléaires stratégiques aux USA.
Ô temps gâchés, ô temps méprisés...
Mais quoi ! C’était compter sans le fidèle Netanyahou qui tient le sort du monde dans ses mains avec tous les secrets de la Kabbale, ou ‘Qabalah’ si vous voulez faire plus simple, où sont inscrits les grands espaces cosmologiques ou Jerusalem-TelAviv nous emmènera paître, nous autres braves petits moutons platement terrestres... Nous bêlons d’impatience, ô sage et honnête Premier ministre.
Note de PhGBis : « “platement terrestres”, disent-ils... car le Terre est plate, le saviez-vous ? On dit que PhG, ce mouton noir patenté, – on dit aussi ‘black sheep’, – y croit, lui, bien plus qu’à nos savantes découvertes dont la modernité nous a fait don, et qu’il maugrée, PhG, des drôles de thèse provocantes et proscrites par les églises monothéistes sur le bout du monde installé sur les Côtes d’Hercule, – aka Gibraltar...Cela s’appelle dévier de la ligne... Mais c’est de bon ton lorsqu’on réalise au nom de quoi ces troupeaux de neocon entendent nous faire faire la guerre »
Donc, Israël nous a sauvés en attaquant l’Iran et en proclamant ainsi que, non non, il reste toujours l’espoir de déclencher une guerre qui marcherait jusqu’au Jugement Dernier, appel compris et déjà acquis d’avance par corruption des juges, et terminée par le champignon traditionnel.
Une fois de plus se pose la grande question : les USA vont-ils participer directement à cette guerre (indirectement, ils bourrent les Israéliens de matériels) ? Une fois de plus, on constate la division régnant dans l’équipe Trump, derrière un président parti à fond de balle dans la ‘Fantasy’ du soutien inconditionnel à Israël. Trump a succombé aux charmes étranges de ses interlocuteurs neocon qui ont été les derniers à venir le rencontrer.
Il est difficile de décompter les “pour” et les “contre”, ou plutôt les “plutôt pour” et plutôt les “plutôt contre” dans soin équipe et dans son cercle de soutiens et de partisans. Nous en choisirons deux, qui vont dans le même sens, dedux dans lesquels nous avons toujours eu autant de confiance qu’il se peut dans ces temps si incertains...
• D’abord Tucker Carlson... Le 5 juin 2025, Mike Whitney publiait sur ‘UNZ.com’ un article où il présentait le texte de Carlson de la veille. L’article de Whitney reprend les principaux passages de celui de Carlson.
« Tucker Carlson a publié un article extraordinaire sur X qui pourrait potentiellement mettre fin à une guerre avec l'Iran. Comme chacun sait, les opinions politiques de Carlson sont admirées par le président Donald Trump, qui considère l'ancien commentateur de Fox News comme un analyste direct, mais impartial, qui voit le monde de la même manière que lui... [...]
» “Mark Levin était à la Maison Blanche aujourd'hui pour plaider en faveur d'une guerre contre l'Iran . Soyons clairs : Levin n'a aucune intention de participer à cette guerre, ni à aucune autre. Il exige que les troupes américaines s'en chargent. Il faut empêcher l'Iran de se doter d'armes nucléaires, affirment-ils aujourd'hui à Washington, avec des idéologues partageant ses idées. Ce sera dans quelques semaines”. [...]
» “La seule chose que des gens comme Mark Levin refusent, c'est une solution pacifique au problème iranien, malgré les avantages évidents pour les États-Unis. Ils dénoncent quiconque prône un accord comme un traître et un fanatique. Ils nous disent sans sourciller que Steve Witkoff, originaire de Long Island, est un instrument secret des monarchies islamiques. Ils diront ou feront tout ce qu'il faudra. Ils n'ont aucune limite. Ce sont des gens effrayants. Prions pour que Donald Trump les ignore”. »
Tout cela n’a évidemment pas incité à Carlson à dire ne pas leur fait aux Israéliens et, surtout, à Trump complice absurde dans cette aventure. Cela est fait.
• Ensuite, Tulsi Gabbard, actuellement directrice du renseignement national (DNI). Il y a trois jours, elle a fait une sortie sous la forme d’un discours où elle avertissait des dangers d’une guerre nucléaire. Certains ont éprouvé une certaine surprise, jugeant que ce n’était pas précisément la question la plus pressante du jour. Mercouris était un peu de ceux-là, lui qui est pourtant un admirateur sans nuances de Gabbard. Hier 13 juin, alors qu’il consacrait son programme quotidien au premier échange Israël-Iran, il fit cette remarque (à la minute 12’00” de la vidéo) qui rendait justice à qui de droit et reconnaissait sa propre erreur :
« Il y a trois jours, la DNI Tulsi Gabbard a fait un discours puissant contre ceux qui nous mènent à la IIIème Guerre mondiale. Pour beaucoup, dont moi-même, cela venait après l’attaque des bombardiers stratégiques russes mais cela semblait assez dépassé...
» Aujourd’hui, après ce qui s’est passé entre Israël et l’Iran, le discours prend une toute autre tournure. C’est un avertissement puissant à ceux qui veulent déclencher un conflit au Moyen-Orient avec une potentialité de déboucher sur une guerre mondiale... »
Ces diverses mises en garde de très proches de Trump font à la fois s’interroger et regretter profondément les attitudes encore plus incontrôlées qu’incontrôlables de Trump vis-à-vis de ces guerres diverses dont il a fait son but suprême de toutes les abandonner... Vous remarquerez l’extrême prudence de Rubio, affirmant que les USA n’avaient rien à faire dans cette guerre, et le silence assourdissant de JD Vance.
Pour ce qui est des premières opérations de cette guerre qui apparaît à beaucoup comme devant être une “guerre longue”, nous faisons confiance à l’expertise chaque jour remise à niveau par ses déplacements, de l’ancien analyste du CIA det du département d’État Larry Johnson. (Texte du 13 juin aux USA, rédigé donc après que les deux phases, attaque israélienne, riposte iranienne, aient été réalisées.)
« Nous n'avons pas encore une idée précise de l'ampleur des dégâts infligés par les bombes et missiles israéliens en Iran, mais l'attaque a été significative par son ampleur et sa portée. Cela dit, elle n'a pas paralysé la capacité de l'Iran à riposter, ce que ce pays a fait vendredi soir et samedi matin, heure de Jérusalem. L'Iran a également infligé des dégâts importants à Israël, frappant apparemment le quartier général militaire israélien à Tel-Aviv et trois aérodromes militaires israéliens.
» Dans le monde du soi-disant ordre international fondé sur des règles, Israël est coupable d'une attaque non provoquée et l'Iran, conformément au Chapitre VII, Article 51 de la Charte des Nations Unies, riposte de manière appropriée. Pourtant, l'Occident condamne l'Iran et manipule l'opinion publique en affirmant qu'il s'agissait d'un acte de légitime défense. Foutaises !
» Je pense que l'attaque israélienne s'inscrivait dans le cadre d'une opération militaire et de renseignement internationale planifiée, avec la participation et le soutien des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l'Allemagne. Nous avons eu le premier indice le 31 mai, lorsqu’un organisme de surveillance de l’ONU a publié deux rapports destinés à créer une narrative selon laquelle l’Iran est un “État nucléaire voyou” »
Johnson poursuit en donnant d’intéressantes précisions et évaluations sur la forme qu’a pris ce premier échange, faisant présager une guerre aux surprises de laquelle il va falloir s’accoutume...
Sur la tactique israélienne contre la tactique iranienne, Johnson développe le constat que les Israéliens sont obligés, – du fait de la distance par rapport à la portée de leurs missiles tirés par avion, – de livrer “une guerre en retard” par rapport à ce que les Russes nous ont appris en Ukraine par leur extraordinaire capacité de créer un nouveau type de guerre et leur facilité à s’y adapter. Il s’agit de l’emploi nécessaire, pour Israël, d’avancer assez loin vers le territoire ennemi avec leurs avions de combat qui ont ainsi à faire face à une activité extrêmement pesante pour leurs capacités :
« Je pense que l'Iran a un avantage sur Israël pour mener une campagne militaire soutenue, basée sur des moyens aériens et balistiques. L'Iran possède davantage de drones et de missiles qu'Israël. Israël, du moins pour l'instant, compte frapper l'Iran avec ses escadrilles de F-35 et de F-16. Le problème est le suivant : les capacités aériennes d'Israël se dégraderont avec le temps, car les avions de combat subiront des pannes mécaniques dues à une utilisation prolongée et à une maintenance normale. »
Il consacre un paragraphe à la star des forces aériennes israéliennes (et de toutes les forces aériennes occidentales), c’est-à-dire le F-35, ex-JSF dont nous avons si souvent parlé en termes catastrophiques depuis maintenant trois décennies. Bien entendu le F-35 n’est pas le seul avion de combat israélien, les F-15 et F-16 étant encore très nombreux et très actifs. Il n’empêche, c’est la première fois que le F-35 est jeté dans la fournaise de la bataille d’une manière soutenue, dans des conditions de très grande complexité parce qu’il serait nécessaire que le moins de “morceaux” du F-35 ultra-secret tombe dans les mains impures des “ingénieurs de Dieu” iraniens...
On a une idée des problèmes posés avec les précisions que nous donne Johnson, en, gardant à l’esprit que, s’il ne le précise pas, nous précisons, nous, que chaque intervention et “amélioration” effectué sur le F-35, loin de le libérer de ses entraves électroniques, en ajoute au contraire de supplémentaires...
« Selon les données les plus récentes (2024-2025), le F-35 Lightning II nécessite environ 10 à 14 heures de maintenance pour chaque heure de vol, selon la version et les conditions d'exploitation. Malgré [ou “à cause des” ?] les améliorations apportées ces dernières années, le F-35 nécessite beaucoup plus de maintenance que les chasseurs traditionnels comme le F-16, qui nécessite généralement 5 à 6 heures de maintenance par heure de vol. Le temps de vol aller-retour entre Israël et la frontière iranienne est d'un peu plus de trois heures. Faites le calcul : chaque F-35 utilisé pour attaquer une fois l'Iran subira une maintenance d'au moins 30 heures. Je doute qu'Israël puisse maintenir son rythme opérationnel actuel plus d'une semaine. »
La surprise vient de la rapidité, de l’enchaînement presque mécanique de la séquence attaque-riposte, alors que nos vieilles et paresseuses narrative nous ont longtemps maintenu dans l’idée que lorsque ‘Tsahal’ frappe il y a un temps de latence, un KO debout qui laisse passer un peu de temps, le temps qu’Israël fasse éclater aux yeux du monde envouté son incroyable hubris fait à la fois de victimologisme revendicatif, d’entregent sans concurrence pour obtenir aide et fonds de soutien sans dire merci, de droit divin de la cruauté de l’attaque. Rien de tout cela, dans cette nuit noire qui n’a même pas la décence de saluer ces malheurs impitoyables qu’Israël faut payer à tout le monde... C’est alors, que diable, qu’Hollywood n’était pas au rendez-vous !
La surprise est venue de la rapidité de la riposte iranienne, qu’on disait effectivement KO debout avec ses généraux et ses scientifiques chirurgicalement assassinés par la flotte aérienne israélienne. Les pauvres F-35 de l’IDF, aussi précieux que des diamants royaux, ont dû commencé à se poser retour de leurs missions alors que les premiers missiles iraniens choisissaient et frappaient leurs cibles un peu partout en Israël. Puis un spectacle apocalyptique à Tel Aviv et ailleurs
Une ‘blitzkrieg’, disons-nous dans notre intertitre. Les Russes qui prennent leur temps et jouent avec les nerfs de leurs partisans ont déclaré depuis longtemps que la guerre de mouvement-rapide (‘blitzkrieg’) n’est pas leur tasse de thé. Ils préfèrentl’attrition high-tech, l’anéantissement very-high-tech ; mais cela, même si dans une autre dimension c’est aussi une ‘blitzkrieg’ Cette nouvelle sorte de guerre mise au point et venue d’Ukraine, à laquelle l’IDF opposait son mépris et son indifférence, s’est imposée à Israël. Netanyahou est un homme politique terriblement habile et efficace, qui mène son monde par le bout du nez ; mais pour la baston, au contraire, il n’a rien d’un Clausewitz...
Moyennant quoi, nous voilà partis pour on ne sait où, pour on ne sait quoi. Cette guerre-là ne dépare pas l’époque, elle est parfaitement de son temps.
Mis en ligne le 14 juin 2025 à 16H50