Désastre à Avdeyevka

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Désastre à Avdeyevka

• Il devait y avoir une “bataille d’Avdeyevka” comme il y eut une “bataille de Bakhmout”, longue et sanglante,– il y eut, en quelques jours, le “désastre d’Avdeyevka”. • Cette nuit, le chef d’état-major de l’armée ukrainienne a ordonné l’évacuation de la ville : la poussée et la pression des Russes sont trop fortes. • Les soldats ukrainiens se battent avec le même courage, mais avec de moins en moins d’effectifs et de moins en moins d’armements. • La bande de  brigands et de canailles qui les dirige est en train de perdre la “bataille du simulacre”.

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La bataille d’Avdeyevka, attendue comme bien entendu “décisive” puisque la ville était et reste bien entendu “stratégique”, promise comme une probable nouvelle “bataille de Bakhmout” (4-6 mois de siège et d’affrontements urbains), – la “bataille d’Avdeyevka” selon ces normes n’a pas eu lieu. Elle s’est transmutée en 24-48 heures en “désastre d’Avdeyevka”, ponctuée par un ordre d’évacuation immédiate nouveau d’état-major des forces armées ukrainiennes, le général Syrsky, donné très tôt samedi matin (3 heures du matin).

« Le général Alexandre Syrsky a annoncé le retrait dans une déclaration partagée sur les réseaux sociaux tôt samedi matin (3 heures du matin), arguant que le retrait faisait partie des “mesures visant à stabiliser la situation et à maintenir nos positions”.

“Sur la base de la situation opérationnelle autour d'Avdiivka [Avdeyevka], afin d'éviter l'encerclement et de préserver la vie et la santé des militaires, j'ai décidé de retirer nos unités de la ville et de passer à la défense sur des lignes plus favorables”, a-t-il déclaré. »

La nouvelle sanctionne deux-trois jours de combats devenus insoutenables pour les Ukrainiens dans la ville, malgré des renforts envoyés sur place et aussitôt plongés dans cette situation incontrôlable. Le Washington ‘Post’, cité par Tass écrivait ceci, qui concerne éventuellement le 3ème brigade issue du fameux régiment ‘Azof’ et montre le caractère général de la situation de désastre militaire :

« Une brigade ukrainienne déployée dans une zone proche d'Avdeyevka, en République populaire de Donetsk (RPD), a signalé une situation “extrêmement critique” près de ce secteur du front dans un article de Telegram intitulé “L'enfer à Avdeyevka”. Beletski, a déclaré que ses troupes “doivent se battre dans toutes les directions”. »

Le tandem Christoforou-Mercouris est sans aucun doute et comme à l’habitude pour la situation opérationnelle, l’une des meilleures sources disponibles, et il faut le suivre pour s’informer précisément de la bataille (pour cette phase du retrait, voir deux vidéos, ici et ici). De toutes les façons, leurs évaluations et informations recoupent diverses sources, dont  certaines viennent de milieux officiels, notamment ukrainiens, mais également américanistes qui prennent de plus en plus leurs distances vis-à-vis du régime Zelenski.

En fait, la propagande américaniste est en mode d’autopilote par rapport aux informations qu’elle reçoit d’Ukraine et qu’elle ne cherche plus à dissimuler, avançant en général comme raisonnement à partir des revers très graves enregistrés qu’il s’agit d’un argument supplémentaire pour activer une décision et un envoi de l’aide de 61 $milliards pour laquelle l’administration Biden guerroie dans un but évidemment électoral. L’absurdité de l’argument ne semble pas intéresser l’esprit des acteurs du simulacre poursuivi coute que coute :
1) qu’une aide de 61 $milliards en soi  (c’est-à-dire un certain nombre de tonnes de papier imprimés en $50, $100, $1000, etc.) n’apporte pas un remède immédiat à une situation qui demande des renforts humains et matériels immédiats ;
2) qu’il n’y a de toutes les façons pas de matériels militaires disponibles, notamment aux USA, pour l’Ukraine, qui puissent faire l’objet d’acquisitions sonnantes et trébuchantes malgré cette pluie attendue de $milliards. Exemple souvent repris : les Ukrainiens tirent 6 000 obus de 155mm par jour, les USA en produisent 25 000 par mois (quatre jours de tirs ukrainiens) et en en produiront 85 000 par mois en 2025.

Cette phase opérationnelle, alors que le Congrès est plus que rétricent à lâcher les $milliards, est effectivement un bon exemple de ce type d’arguments se heurtant à une situation bloquée et en aggravation très rapide, quasiment au jour-le-jour, et développant des conséquences sans liens logique sur la nécessité d’une aide financière à effets immédiats nuls puisque se décidant et s’étendant sur plusieurs mois ; – exemple contenu dans le titre et le sous-titre tels qu’il en est rendu compte ici :

« L'Ukraine est confrontée à de “nombreuses autres” défaites, selon le Pentagone

» La situation désastreuse à Avdeyevka signifie que le Congrès doit approuver l'aide à Kiev, a déclaré l'armée américaine.

... Ainsi, il y a peu, une résistance victorieuse à Avdeyevka était vue comme un argument décisif pour faire voter l’aide à l’Ukraine. Aujourd’hui, la défaite imminente sinon accomplie est avancée comme ce même argument décisif. La dialectique se développe en présentant la défaite accomplie comme s’il s’agissait d’une situation d’attente pour les $milliards supplémentaires (en grosses coupures) qui transformeront par magie dialectique classique le mot “défaite” en “victoire”. Effectivement, le vote inutile d’une aide venant couronner une défaite est perçu dans nos régimes qui ont le souci du détail partisan et gaspilleur comme une victoire.

« “Nous constatons que les Ukrainiens manquent de fournitures essentielles, en particulier de munitions, et nous considérons cela comme un signe avant-coureur de ce qui va arriver si nous n'obtenons pas ce financement supplémentaire ” a déclaré le responsable du Pentagone, s'exprimant sous couvert d'anonymat. .

» Sans cet argent, a déclaré le responsable, l’Ukraine n’aura aucune chance contre l’armée russe “supérieure” et “nous trouverons également de nombreux autres emplacements le long de la ligne avancée de troupes qui seront à court de fournitures et de munitions essentielles”.

» Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a déclaré jeudi aux journalistes qu’“Avdeyevka risque de tomber sous le contrôle de la Russie”, citant également cela comme la raison pour laquelle le Congrès devrait approuver le financement de l'Ukraine. »

La fascination de la “guerre du simulacre”

Tout montre donc que la “bataille d’Avdeyevka” qui promettait d’être une seconde “bataille de Bakhmout”, ne l’est absolument pas. Le rythme menant à l’affrontement a semblé d’abord lent et complexe, et d’ailleurs dans une assez grande indifférence qui permit d’installer le mythe d’une ‘impasse’ de la guerre (le mot ‘stalemate’ a beaucoup été employé). Il permettait de renforcer la perception d’une absence de supériorité décisive de la Russie sur l’Ukraine. Tout cela est désormais dissipé, au moins pour quelques jours.

Pour une attention et une information moyennes, la rapidité des événements des derniers jours bouleverse complètement la perception de l’évolution opérationnelle. Tout semble indiquer que les Russes ont réussi leur effort d’organisation d’une concentration considérable de forces leur permettant désormais d’imposer leur rythme à volonté. De leur côté, les Ukrainiens, ou plutôt le régime Zelenski, a démontré involontairement que la “guerre de l’information”, – que nous nommerions plutôt “guerre du simulacre” en désignant l’usage de la communication comme facteur de manipulation et de perversion de l’information, – a été dépassée par la guerre opérationnelle classique.

Le régime Zelenski se trouve dès lors dans une position non seulement défensive, mais de grande faiblesse, puisqu’il voit son principal instrument décisivement affaibli, jusque dans son essence si l’on peut parler d’essence dans le cas d’un simulacre. Voir Zelenski signer des accords de sécurité mutuelle avec la France et l’Allemagne, deux décombres de puissance dotées de stratégies réduites à un piètre cimetière d’ossements, a pour résultat, en présence du “désastre d’Avdeyevka”, de ridiculiser ces trois piètres acteurs.

Il est remarquable, selon notre expérience personnelle, que pendant que se déroulait ce “désastre d’Avdeyevka”, on pouvait entendre à un bulletin d’information hier soir, exposer la situation selon le mot traditionnel de ‘stalemate’, – comme si rien, vraiment rien ne se passait sur le front, en Ukraine, notamment à Avdeyevka. Si nous prenons cet exemple sans prendre la peine, par courtoisie, de nommer le coupable, c’est parce que le bulletin était diffusé par un un réseau-TV de tendance nationale de droite qui se définit sans ambiguïté comme antiSystème. C’est-à-dire que, pour ceux que l’on pense être dans un camp, subsistent les contraintes et les impératifs d’influence involontaire de la même méthode de la “guerre du simulacre” qui a fait la fortune du camp d’en face.

Le mot ‘fortune’ n’est pas au hasard. Il correspond à cette définition que Maria Zakharova a donné de la “guerre du simulacre” menée par Zelenski. Parlant de la raison avancée pour l’abandon d’Avdeyevka (sauver les vies des soldats), la porte-parole éblouissante du ministère des affaires étrangères a précisé :

« Non, pas pour cette raison. Mais parce que ZePresident et sa bande ne savent se battre que pour de grosses sommes d'argent, qui vont directement dans leurs poches, et uniquement contre des civils. Le reste leur importe peu. »

Ce n’est pas mal vu car nous sommes loin, de ce côté des guerriers du simulacre, des arguments et des visions de grande politique, de souveraineté nationale, de gloire et d’héroïsme guerriers, de sacrifice patriotique, – quel que soit le comportement des soldats ukrainiens qui sont les premières dupes et les principales victimes de ce simulacre. Pour cette raison qu’il y a cet esprit de gangstérisme et ces pratiques de faussaires et de bandits de ce côté, et jusqu’à ce que le chaos s’empare de la scène et se prépare, se décide à dépasser les frontières de ce champ de bataille de la “guerre du simulacre”, il est inutile d’attendre une fin pacifiée à ce conflit malgré les désastres et les revers. Le simulacre et ses incitations à la tromperie faussaire alimentent la résistance des groupes de canailles et de fripouilles qui tiennent les rêves, tandis que les élites qui croient faire leur devoir continuent religieusement à suivre la messe du simulacre.

Il faudra des événements terribles, bien au-dessus de nos petites entourloupes et de nos catéchismes de gentils patriotes, des événements voulus et venus d’ailleurs pour rompre enfin cette impasse-là, que dresse notre (leur) impuissance à distinguer les vérités-de-situation derrière les simulacres. Une grande partie des élites (?) antiSystème des pays d’Occident marchent au son du tambour du simulacre depuis le 22 février 2022. Le tambour ! Le tambour a toujours exalté les âmes vulnérables ! Comme hallucinées et fascinées, elles marchent à son rythme comme les rats suivant le joueur de flûte de Hamelin. On ne change pas facilement un rythme pareil.

 

Mis en ligne le 17 février 2024 à 15H45

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