Définition originelle de l’américanisme

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L’historien britannique Eric J. Hobsbawm parlait le 19 octobre à Harvard. Il est fameux, notamment comme l’auteur de l’étude du XXème siècle, L’âge des extrêmes (traduit en 36 langues, dont en français après des difficultés rocambolesques qui firent parler d’“auto-censure”). Hobsbawm s’exprime rarement sur les événements contemporains, notamment l’Amérique et sa politique dans la perspective historique. Le 19 octobre, au contraire, il abordait ce thème. (Voir un compte-rendu rapide de cette conférence dans Harvard Crimson, repris dans Information Clearing House.)

Quoique rapide, le compte-rendu cité restitue l’intérêt de l’intervention de Hobsbawm. On retiendra ce jugement, qui nous paraît d’un particulièrement grand intérêt, en mettant en évidence les spécificités uniques du cas américain et la fragilité intrinsèque de ce pays qui n’est peut-être pas vraiment une nation: « Since the U.S.A. was founded by revolution against Britain, the only continuity between them that was not shaken was culture, so the national identity couldn’t very well be historical... [rather] it had to be constructed out of its revolutionary ideology. »

Hobsbawm met bien en évidence le fait fondamental que les USA ne sont pas une entité historique, que ce pays n’a pas d’“identité nationale” liée à l’histoire. Lorsque Hobsbawm avance que c’est la culture qui définit cette identité, nous aurions tendance à amender ce jugement du fait de la diversité de la culture américaine, qui en réduit d’autant sa solidité du point de vue structurel, et du fait également de la perversion progressive de cette culture par son interprétation quasi-exclusive comme un “produit commercial”, qui est une cause conjoncturelle profonde de cette même fragilité de “l’identité nationale” par la culture de l’américanisme. Le constat que cette “identité nationale” basée sur la culture doit s’appuyer sur l’idéologie révolutionnaire nous paraît juste. On ajoutera que cela implique une grave contradiction avec la réalité ultra-conservatrice de sa direction. Il en résulte la nécessité de faire vivre comme une constante fiction l’affirmation du fondement révolutionnaire de l’américanisme; d’où le développement des communications, de la propagande structurelle jusqu’au virtualisme d’aujourd’hui.


Mis en ligne le 23 octobre 2005 à 10H20