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4430Un article d’analyse (du 20 octobre 2017) de du commentateur et auteur de tendance libertarienne Charles Hugh Smith, sur le site Washington’s Blog, développe une appréciation générale de la prospective de la situation à Washington D.C., dite “D.C.-la-folle”. Le thème qu’aborde Smith concerne la possibilité existante d’une victoire politique d’un côté ou de l’autre (disons les pro-Trump et les anti-Trump), notamment sinon essentiellement sur la question de la destitution du président Trump. Le débat est ainsi résumé dans le premier paragraphe :
« A ceux d’entre nous qui comprennent que la totalité de l’actuel statu quo du Système à Washington D.C. est pourri, la confiance affichée par chacun des deux camps idéologiques que leur parti sortira sauf de toutes les investigations subies est une source d’amusement. Les Fake-progressistes (“Fake” parce que ces soi-disant “progressistes” soutiennent la sur-extension impériale et le statu quo qui ne peut être maintenu qu’avec une richesse en plein effondrement et une inégalité grandissante des revenus) sont sûrs qu’une preuve décisive de corruption permettra de réaliser leur rêve le plus ardent, la destitution de Donald Trump, alors que les supporteurs de Trump sont certains qu’aucune “preuve décisive” n’existe... »
On observera que, dès ce premier engagement, des confusions s’installent, dont l’auteur n’est aucunement responsable, dont le responsable est bien entendu Trump lui-même... Il est encore assez acceptable, à la limite, de parler des anti-Trump parce qu’ils représentent une tendance d’hostilité assez affirmée, assez solide et consistante, même si les causes et les convictions de départ conduisant à cette position diffèrent. Par contre, la confusion est complète lorsqu’on parle des pro-Trump à cause de l’étrange comportement de ce président, de sa politique résolument “en zigzag” (selon ses propres mots parce qu’il a lui-même défini sa politique de la sorte tout en affirmant de manière exotique que c’était pour mieux atteindre son but, – sous-entendant par là qu’il en a un) … Cela conduit à un flux et un reflux général des opinions parmi les “pro-trumpistes”, que l’on peut identifier depuis la droite populiste selon les engagements d’origine jusqu’aux neocons si l’on parle de sa politique iranienne.
(Quant aux antiSystème comme nous les concevons, et selon un choix qui est le nôtre, ils peuvent et même doivent être pro-Trump, ou des “pseudo-pro-Trump” souhaitant son maintien, sans pour cela souhaiter en aucune façon la victoire de Trump, la réussite de Trump, etc. ; au contraire, en souhaitant que le président poursuive son chemin tortueux, son comportement inepte, ses politiques désintégrées, ses polémiques répétées, parce qu’il se conduit alors en véritable démolisseur du Système, véritable parce qu’involontaire, et pérennise autant le désordre que la paralysie de “D.C.-la-folle”...)
Qu’importe d’ailleurs, ces constats sur la difficulté d’identifier qui est qui, qui est pro-Trump et quand ; au contraire, même, cette difficulté faisant partie du constat général que nous faisons à propos de cette analyse. Hugh-Smith (ou Smith ? Nous n’avons pu trouver la véritable répartition de ses prénoms et nom, adoptons alors ses initiales CHS), – CHS développe une description de la situation à partir du point précis qu'il soulève, qui rejette absolument l’analogie avec le Watergate autour de cette question de la destitution du président ; il rejette le mythe de la centralité du sort du président pour décrire la crise et son issue ; pour lui, ce qui est en jeu est l’existence du statu quo et son effondrement inéluctable... Dans toutes les investigations, campagnes de diffamation, affrontements haineux en cours, il ne voit nullement un vainqueur surgir mais au contraire, que des perdants, puisqu’en vérité tout est pourri.
« ...I submit that the investigations launched with an implicit intent of bringing down selected targets may well end up destroying people and institutions that weren’t in the crosshairs. The reason why this seems so likely is that the entire status quo is corrupt: the fraud, pay-to-play, lies and collusion are institutionalized and system-wide, and once some investigation drills a hole in the dam of secrecy and collusion, the hole may quickly widen as the fetid gush of hidden truths pours out.
» In other words, when the entire status quo is corrupt and hiding its collusion, gathering evidence to nail one target inevitably tugs loose other threads, threads that the original investigators reckoned could be safely left untouched. [...]
» Longtime readers know I have long made the case that the Deep State has fractured into competing camps. For example:
» Is the Deep State Fracturing into Disunity? (March 14, 2014)
» Surplus Repression and the Self-Defeating Deep State (May 26, 2015)
» Public investigations are one field where this conflict plays out, but unfortunately for the players, it’s a game that’s easier to start than to control.
» For this reason, I predict the current investigations will widen and take a variety of twists and turns that surprise all those anticipating a tidy, narrowly focused denouement. Which of the many rotten fruits will fall first? How many will fall by the time the investigations have burned through a corrupt status quo that’s exquisitely vulnerable to a single lightning strike? Only one lightning strike is needed to ignite the combustible corruption and trigger a conflagration that quickly escapes the handlers’ control.
» If you want a recent example of this dynamic, consider Harvey Weinstein, a mere brush fire that may well spread further and faster than the handlers expect. »
Nous observons que nous sommes bien sûr totalement de l’avis de CHS sur les fondements et l’opérationnalité de la situation crisique, ce qui explique notre intérêt pour cette analyse. C’est notamment et particulièrement le cas sur deux points, qui doivent être mentionnés avec un intérêt particulier :
1) Sur le fait de la désunion antagoniste, et même hostile jusqu’à une lutte à mort du Deep State. (C’est-à-dire du Système certes, mais opérationnellement pour “D.C.-la-folle”, le système de l’américanisme : cette idée renforce également ce que nous avons décrit du caractère erratique et totalement incontrôlé de la politique de sécurité nationale des USA depuis l’effondrement-évaporation du communisme.)
2) Sur le fait de la totalité de l’implication de “D.C.-la-folle” dans la crise du système de l’américanisme, donc de l’impossibilité qu’un des deux côtés puisse l’emporter, et moins encore, mettre fin à la crise. Ce dernier point renvoie à de nombreuses réflexions sur ce site, et notamment la dernière d’entre elles sur ce sujet, nous-mêmes donnant une place extrêmement importante au “tourbillon crisique” comme forme crisique ultime et verrou dynamique décisif empêchant la résolution de quelque crise que ce soit pour permettre à l’effondrement complet (CGES) de se faire.
L’enchaînement est alors évident sur le constat que ce texte de CHS nous donne une excellente illustration du concept que nous nommons “tourbillon crisique”, dont nous parlons beaucoup depuis deux ans et que nous jugeons aujourd’hui comme décisif dans l’orientation et la dynamique des évènements. Ce qui nous est montré en effet, du point de vue de la dynamique de la situation, c’est l’enchevêtrement des crises diverses en pleine activité du système de l’américanisme et de “D.C.-la-folle”, leur imbrication verrouillée qui empêche à n’importe laquelle d’entre elles de se terminer ; et cette situation, par la pression que chaque crise emprisonnée exerce sur le reste, participant décisivement à l’accélération et donc au renforcement constant du “tourbillon crisique”.
Nous apprécions également comme très intéressant que CHS fasse figurer à la fin de son analyse du système de l’américanisme en crise générale à “D.C.-la-folle” le cas hollywoodien du producteur Weinstein. Il “politise” instantanément ce cas dans le sens que nous avons également choisi, qui implique qu’il s’agit d’une crise et nullement “un scandale de plus” à Hollywood-Babylon, avec, depuis, ses effets se répandant très rapidement selon un rythme et une orientation qui renvoient effectivement à la dynamique du “tourbillon crisique”. La métaphore de l’incendie incontrôlable sous tous ses aspects est bienvenue ; c’est aussi une métaphore que nous utilisons pour décrire la GCES et l’action des antiSystème (idée du contre-feu), et elle est reprise ici pour décrire la dynamique de la chose :
« Il suffirait d’un éclair pour enflammer le combustible de la corruption et déclencher une conflagration générale qui échapperait rapidement au contrôle de ses acteurs. Si vous voulez un exemple récent de cette dynamique, observez l’affaire Harvey Weinstein, une sorte de feu de broussaille qui pourrait bien s’étendre beaucoup plus rapidement et beaucoup plus largement que ne le craignent ses protagonistes. »
Mis en ligne le 23 octobre 2017 à 06H41