Croisée des destinées

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Croisée des destinées

16 septembre 2022 (16H40) – Alors que les derniers contre-échos des derniers échos de la retentissante “contre-offensive” ukrotanienne dans la région de Kharkov se sont dissipés surgit (une nouvelle fois, mais ne boudons pas notre plaisir) une puissante rumeur annonçant quasiment la fin de la Russie, assortie de la liquidation (assassinat, expulsion, etc.) de Poutine. “Je n’invente rien”, puisque c’est Larry Johnson lui-même qui écrit dans ce sens, le 15 septembre, puisque je ne fais que le plagier :

« Poutine et son armée à nouveau dans les cordes !

» Je n’invente rien. Il y a une conviction croissante dans de nombreux cercles éminents aux États-Unis et en Europe, qui croient et adoptent cet article de ‘Business Insider’ : “L’armée que Poutine a mis deux  décennies à construire a été largement détruite en Ukraine, et la ‘défaite stratégique’ de la Russie pourrait menacer son régime.” »

» Ce n’est qu’en lisant l'article et en examinant les “experts” consultés que l'on se rend compte qu’il s’agit encore d’une absurdité délirante sans la moindre preuve. »

Suit une liste de considérations, de réfutations, de coups de plume rageurs devant telle et telle affirmation. Johnson a raison lorsqu’il dit que ce qui vaut pour les USA vaut également pour les Européens, bref tout bloc-BAO compris, bien rangé, sagement aligné, disant “hourra, hourra” quand il le faut ; et comme, selon diverses enquêtes (on reste dans le vague, n’ayant pas moi-même le chiffre précis en tête mais l’ordre de grandeur est là), comme entre 30% et 50% des lecteurs courants se contentent de lire les titres/sous-titres, il suffit de lire le titre de ‘Business Insider’ pour savoir où en est l’aventure russo-poutinienne... Au reste, le “discours fou” de von der Leyen devant le Parlement Européen me conforte dans nos certitudes : « L’heure n’est pas à l’apaisement ! », – effectivement, alors que la Russie poutinienne est au bord de l’effondrement... Nous irons bientôt remplir nous-mêmes nos bonbonnes de gaz dans les vaguelettes de la ligne-Moscova (“Maginot” en français).

Il ne me paraît pas nécessaire, à moi, d’aller plus avant, ni dans la démonstration, ni dans le sarcasme (quoi que...). Il y a d’autres tâches plus urgentes qui appellent l’honnête homme ; l’on sait d’ailleurs que les crétins et les zombies restent, en général et alternativement, des zombies et des crétins, et que l’argument des autres leur est inaudible parce qu’inversement superfétatoire par rapport à leurs certitudes. La sidération devant la narrative que les élitesSystème ont développée est complète chez les élitesSystème, je dis bien : “chez les élitesSystème”. Que l’on me comprenne bien : si la narrative est faite évidemment pour hébéter et interdire le ‘vulgum pecus’ du genre courant (c’est-à-dire vous, moi, le nôtre, le public en général), pour l’ensorceler littéralement, – elle ensorcelle et même envoûte beaucoup plus, vraiment beaucoup plus, ces élitesSystème elles-mêmes.

J’ai une hypothèse à présenter, à ce point, pour expliquer la relance de cet envoûtement dans un tonnerre d’imprécations antirusses et anti-poutiniennes, avec la certitude de leur effondrement commun d’ores et déjà en cours. Cette hypothèse tient à la présence manifeste et quasi-magique qui nous est apparue, dans la “contre-offensive” de Kharkov, de troupes de pays de l’OTAN grimées en “volontaires”, eux-mêmes grimés en soldats ukrainiens mais gardant leur accent du Bronx, leur chewing-gum de Wichita et éventuellement leur peau sombre du rythme ‘Black Lives Matter’. L’image a provoqué une ivresse et emporté le morceau.

Vous comprenez, enfin ! Ce n’est plus Zelenski soutenu par l’OTAN qui se bat, c’est l’OTAN qui prend les choses en main, soulève Zelenski pour en faire un géant ukrotanien et conquiert au pas de charge des espaces vides et des villes désertées ! C’est alors comme une volée de moineaux qui s’envolent, affolés et russes les moineaux, et l’effondrement poutinien ne fait plus de doute. Vous comprenez qu’ils sont ivres de puissance, brandissant leur hubris comme si les dieux avaient couronné leurs augustes cranes bien pleins de la corona triomphalis du laurier des empereurs de Rome... Tout cela tourne dans leurs petites têtes bourdonnantes !

C’est ainsi que les événements se bousculent en descriptions martiales sous la plume enfiévrée des commentateurs du sérail. Il ne faut jamais oublier les choses importantes, vous autres... Il ne faudra donc jamais oublier ceci : ils ne nous ont pas zombifiés en nous rendant dépendant de leur narrative comme d’une drogue ; ils se sont zombifiés eux-mêmes et leur narrative est devenue leur ‘coke... C’est évidemment pour cette raison que la situation est particulièrement dangereuse, parce qu’il n’y a rien de plus dangereux que de dépendre pour le sort commun d’une entité elle-même dépendante, sorte de zombie camé, halluciné, hoquetant et cahotant.

Dans cette façon de voir, je vais poursuivre et conclure en citant la conclusion d’un texte de Ewan Castel, vieux combattant français (breton, ajoute-t-on) du Donbass. Je le dis clairement et nettement : je ne partage pas toutes ses positions, voire ses fougues et ses emportements. Dans le texte cité non plus, je ne partage pas toutes ses appréciations et ses précisions. Je ne sais pas non plus quand et comment Poutine va dans sa résidence de Sotchi, s’il y va, alors que Castel termine justement son texte sur cette circonstance. Je cite ce passage de conclusion parce qu’il me semble s’imposer comme un très puissant symbole de l’extraordinaire dangerosité de cette crise, en laissant sa part de calvaire et d’héroïsme à celui que les zombies traînent dans la boue et dans leur folie parce que, ma foi, à part la boue et la folie, ils n’ont jamais rien rencontré qui vaille, dans tous les cas selon la feuille de route de leurs “communicants”.

Le texte est titré « Où est l’armée ukrainienne ? », et pour ma part « La croisée des destinées » me va aussi bien, sachant effectivement que, d’une façon ou l’autre, nous sommes dans le temps des “graves décisions”.

« D’aucuns prétendent que si le président russe Vladimir Poutine s'est isolé momentanément dans sa résidence de Sotchi sur les bords de la Mer Noire, c'est parce qu'il est en plein désarroi et même, selon certains chacals des plateaux télé, menacé dans son pouvoir après la victoire ukrainienne près de Kharkov.

» Libre à ces thuriféraires des fantasmes russophobes de croire encore au Père Noël !

» Je pense pour ma part, si toutefois la venue de Vladimir Poutine à Sotchi est liée à la situation tendue du front russo-ukrainien, que nous assistons ici de la part d'un président assumant en conscience ses responsabilités, à la nécessaire "solitude du chef" au moment de prendre une décision grave.

» Sachant que ce conflit est une guerre existentielle pour la Russie acculée sur ses frontières,

» Sachant que l'Ukraine résiste à la coercition initiale des "opérations spéciales" russes,

» Sachant que la cobelligérance technique de l'OTAN est devenue une belligérance factuelle,

» Sachant que grâce à l'OTAN et pour elle; l'Ukraine menace aujourd'hui l'intégrité de la Russie,

» Le président Poutine, n'a pas d'autre choix que de relever le gant de l'OTAN jeté au visage de la Russie par le valet ukrainien du globalisme, et sous les applaudissements serviles des collabos capitalistes. Le chef du Kremlin, quel que soit son nom, porte sur ses épaules l’avenir de la Fédération et le poids de l’Histoire au cours de laquelle la Russie a été poussée par les Occidentaux depuis 30 ans, malgré tous ses efforts diplomatiques, économiques et militaires vers un nouveau chaos mondial, dont il disait il y a quelques années dans un avertissement qu’il voulait dissuasif que “personne n’en sortirait vainqueur”.

» Ce qui est sûr c'est que la Russie ne peut pas capituler et disparaître, et se laisser happée par ce vampirisme mondialiste (on voit le résultat en Europe de l'Ouest !). Et même si le pouvoir en Russie est majoritairement soutenu par ses peuples, même si la majorité des autres peuples (Asie, Afrique, Inde...) soutiennent Moscou dans cette résistance commune et juste contre un monde multipolaire, relever le défi et faire évoluer encore plus ce combat vital vers son paroxysme est un devoir qui doit peser sur l'âme.

» Cette lutte existentielle de la Russie, qui est devenue aujourd'hui un conflit symétrique de haute intensité est encore poussée plus loin vers cette nouvelle guerre mondiale de plus en plus  inévitable. Et il est naturel que l'homme qui accepte cette destinée, même s'il n'a pas d'autre choix, veuille écouter le silence des dieux et les murmures du vent et de la mer pour mieux assumer sa responsabilité politique et son devoir historique.

» Au lieu de se gausser de la méditation de Vladimir Poutine à la croisée des destinées, les vautours de guerre occidentaux devraient plutôt s'en inquiéter car la colère de l'ours russe est en train de se réveiller pleinement devant cette folie de l'OTAN qui veut nous entrainer tous une nouvelle fois, dans le paroxysme meurtrier de cette Tragédie humaine plurimillénaire. »