Contorsions indiennes

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On appréciera le caractère inhabituel et extrêmement empressé de cette réaction indienne à l’intervention de la Russie dans la crise iranienne. Hier, les milieux officiels indiens ont beaucoup insisté sur l’attitude du premier ministre Manmohan Singh soutenant à fond les efforts de la Russie pour dissiper la tension dans la crise iranienne. Sanjaya Baru, porte-parole du PM, a précisé que Singh avait personnellement téléphoné samedi dernier (4 mars) à Vladimir Poutine. «  The prime minister welcomed Russia's efforts to address the issue related to Iran's nuclear program through dialogue and consultations. »

Le geste ainsi que la présentation appuyée qui en est faites sont significatifs. C’est la politique indienne de rapprochement avec les USA qui est la cause de cette agitation. Le Premier ministre doit surtout se faire pardonner sa volte-face à l’IAEA, en février, lorsque l’Inde soutint la résolution pouvant conduire le cas iranien au Conseil de Sécurité à la suite de fortes pressions US. Singh voulait ainsi verrouiller ses relations, — temporaires ou pas, on verra, — avec les USA pour signer l’accord de coopération nucléaire. L’accord est signé. Singh se trouve aujourd’hui dans l’obligation de nuancer par tous les moyens possibles la désagréable impression laissée par son alignement sur les Etats-Unis.

Comme toujours, voilà le paradoxe de la politique brutale des Etats-Unis. Elle force les pays concernés à des actes spectaculaires, mais pas nécessairement fondateurs, d’alignement sur les USA. En général, cela est suivi, pour ces mêmes pays, et selon leurs capacités et leur force, à des réalignements dans l’autre sens également spectaculaires. L’intervention de Singh montre que l’Inde est entrée dans cette phase, après un an de rapprochement avec les USA ; Pour poursuivre le paradoxe, si le Congrès et l’establishment washingtonien traînent des pieds pour ratifier le traité, comme c’est probable, les réactions indiennes de défiance des USA ont toutes les chances d’être encore plus vives : au besoin de réalignement qu’on voit actuellement s’ajoutera le sentiment de promesses (de l’administration Bush) non tenues.


Mis en ligne le 7 mars 2006 à 09H39