Confiner

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Confiner

Il y a un bon côté à cette folie qui voit nos dirigeants n’avoir d’autre solution à proposer qu’une autodestruction brutale… quelque part, ils ont raison, un ralentissement progressif, des réformes raisonnables du système en vue de sortir de ce productivisme capitaliste démentiel, il n’y en avait pas… le savaient-ils ? Je crois que oui, et comme à toutes les époques de l’histoire, les hommes choisissent le pire pour se sortir du mauvais, c’est leur nature lemming. Il n’y avait nul besoin d’arrêter l’économie mais je serais le dernier à m’en plaindre car l’air le matin est plus pur, les parfums de la nature se font plus insistants, la beauté du monde plus visible quand la lèpre automobile a disparu, le monde redevient nôtre et ça c’est une grande joie… moi qui aurait été prêt à tout casser puisque tout est pourri, eh bien la folie des hommes (ou des dieux) vient à notre rescousse… vous avez vu le ciel ce matin, on a là-haut les grand écrevisses blancs des nuages sur le fond bleu de la mer-ciel qui est sur nous comme une toile de pudeur… ça me rappelle un vers d’Aragon adressé à la bien-aimée « comme une étoffe déchirée, on vit ensemble séparés, dans mes bras je te tiens absente, et la blessure de durer, faut-il si profond qu’on la sente, quand le ciel nous est mesuré, c’est si peu dire que je t’aime »... alors, comme je n’ai plus (n’ai peut-être jamais eu) de bien aimée, je me contente des grand écrevisses de ces merveilleux nuages et les épouse dans une noce infinie avec le ciel, mon ciel, ma patrie première d’où j’ai été déchiré par la naissance… si tous nous avions aimé le monde comme je l’aime, la thermodynamique eût été bannie, le moteur à explosion honni et ne parlons pas de cette électricité dans laquelle Apollinaire voyait une fée, quand à l’énergie nucléaire, quelle pauvreté que d’avoir brisé la structure profonde du monde pour un peu de mégawatts et quelques bombes de haine blanche, de crématoires volant à jeter sur les hommes divorcés d’avec leur amour, divorcés d’avec leurs femmes… il a fière allure le poète qui il y a quelques cinquante ans claironnait « j’aurai pour celle qui n’entend les mots qui d’hommes ne sont mots  »… sacré Perse, il a écrit le monde, il a écrit l’histoire, il a écrit la botanique, les poissons transparents, les méduses, les constellations, la banyan de la pluie, les vents, la neige, et même la mer de Balboa comme épanouissement de l’Occident, et son amour vain de la femme « mais qui saurait par où faire entrée dans son cœur » disait-il, dans un amour très sain du monde et d’Elle qui marche sur lui comme notre reine désormais déchue par le féminisme qui n’est qu’une pornographie et une haine qui n’ose pas dire son nom… pas encore… et nous, nous avons manqué le mariage du monde avec l’amour et nous allons le payer très cher… même ceux qui semblaient un peu moins cons que les autres, sont tombés dans le panneau du “se confiner”, les Russes par exemple, quelle pitié ! (On espère qu’ils sont une bonne idée derrière la tête pour avoir fait ce choix). Seuls les nordiques résistent… belle Suède qui en 1968 nous donnait ses femmes à lécher!… oui, je sais, elles sont devenues aussi des putains féministes qui veulent supprimer le “il” pronom personnel de l’homme dès l’école maternelle, mais n’oublions pas sa neutralité en 1914, sa neutralité en 1939… elle s’est tenue à l’écart de la folie guerrière de la première comme de la deuxième guerre mondiale, dernière sagesse des Vikings d’antan ? Je ne sais pas, je voudrais tant être suédois en ce moment monter vers le cercle polaire, où bientôt il fera jour tout le jour, franchir le détroit d’Øresund non sur ce pont de folie construit par les matérialistes de l’acier et du béton alors qu’il y avait tant de jolis bateaux qui mettaient la Suède à proximité de notre rêve, et aller dormir à Rovaniemi, Finlande, avec Killiki Syrjämäki ma première fiancée du nord… si loin de l’autre connasse blonde qui veut “débrancher mai 68” – ce mai qui souffla un air de liberté et de fraternité jamais connu avant – et qui est désormais le futur Zyklon B de la France dont le cadavre déjà bleui commence sa décomposition… quelle pitié mon pays, mon pays d´eau fraîche et d´ombre, ma danse d´être mon cœur sombre, mon ciel des étoiles sans nombre, ma barque au loin douce à ramer dans l’Øresund qui n’existe plus. Est malheureux  celui qui meurt d’aimer, Aragon ! 

Marc Gébelin

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