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230417 octobre 2011 – En ces jours de Révolution globale, annoncée régulièrement depuis deux-trois semaines pour le 15 octobre 2011, l’“esprit du monde”, conduit par une psychologie aux abois, est bien au delà de l’idée de Révolution. Nous fixons notre réflexion, à son entame, à une référence habituelle chez nous, qui est la presse londonienne dans sa partie “libérale” (Guardian, Independent, etc.). Malgré cette étiquette incertaine, cette presse a montré, depuis 2001 que nous la suivons et malgré des écarts divers, une réelle alacrité dans une tentative de décrire le monde tel qu’il évolue tout en restant dans les bornes les plus élargies du Système. (Car cette presse reste une presse-Système, mais borderline comme ils disent.) Cette fois, – nous voulons dire depuis le lancement de Occupy Wall Street et tout ce qui l’accompagne aux USA, et dans le monde par ricochet, et au moins jusqu’aux manifestations du 15 octobre, – nous avons senti dans cette presse une timidité, une prudence, presque comme une réticence incontrôlée, non pas par autocensure mais plutôt par manque de compréhension et par une sorte d’incertitude angoissée…
(Un a parte… Autant l’attitude de la presse britannique, ou londonienne, a une signification, autant celle de la presse française, ou parisienne, est grotesque de bassesse, d’aveuglement, d’inculture des événements courants, – en désespoir de cause, par simple tendance affectée de la chose, absorbée par les “événements fondamentaux” français, notamment ceux des primaires socialistes qui “renouvellent la démocratie citoyenne”. Le naufrage actuel de l’intelligence française, pavillon bas avec BHL comme capitaine bouffon et absolument mirobolant, est une des tragédies les plus significatives de notre temps effectivement tragique ; mais à l’aspect très haut de la tragédie des temps, répond l’aspect extrêmement bas de la tragédie de l’intelligence française, et la tragédie réelle est sans nul doute dans ce caractère bas et proche du simulacre caricatural de cette “tragédie française”. Laissons là cette basse-cour, nous voulions simplement signaler qu’elle vivote encore…)
Donc, cette presse londonienne, – au moins jusqu’à samedi dernier et son extension en une “journée de colère mondiale”, – s’est abstenue de couvrir “l’événement” avec la profusion qu’elle accorde d’habitude aux crises qui éclatent, et plus encore, au cœur même de la citadelle du Système (les USA, Wall Street)… C’est justement la raison de cette abstention ! s’exclamerait-on. L’explication ne tient pas vraiment, car cette presse n’a jamais ménagé les USA. Il y a bien autre chose, et cela est rendu par la sensation de malaise presque transcendantal que l’on ressent. Notre hypothèse est qu’il y a l’effet d’un sentiment qui nous touche tous d’une façon ou d’une autre, d’une situation qui semble continuer sans fin prévisible à se développer, accélérer, quitter une à une touts les bornes de la compréhension et du contrôlable, pour aller, sans cesse et sans fin là aussi, vers des contrées inconnues ; des événements que personne ne comprend si l’on ne fait pas appel à des références qui sortent de la palette admise des schémas que fournit la raison la plus critique qui soit, mais qui reste la raison, et qui plus est, raison pervertie par le Système comme l’on sait…
Ainsi est-il avisé, sans en faire une manigance, de ne pas voir un hasard dans la publication, par The Independent, ce 15 octobre 2011, d’un article mis en vedette, sur l’“index Rapture”. Il s’agit d’un indicateur pseudo scientifique à partir de mesures statistiquement répertoriées des indices d'événements choisis comme composants de l’arrivée de la fin du monde, selon la perspective religieuse d’une “fin du monde” annoncée et promise, sinon attendue. Il s’agit, si l’on veut être cru et sans indulgence inutile dans ce cas, d’une de ces bouillies pour chats habituelles, où se mélangent l’irrationalité lorsqu’elle est proche de la pathologie, l’exacerbation de la psychologie, la volonté de mettre ce désordre apocalyptique sous l’empire incertain d'une raison un peu enfiévrée, comme “le gamin de Partis” voulait mettre “Paris en bouteille”… L’article est présenté comme à l’habitude, avec un mélange d’incrédulité ironique et une certaine préoccupation, – qui est cette fois une préoccupation certaine («There have always been doomsday predictions – and we're all still here. But is a new index which shows imminent Armageddon a cause for worry, wonders Ted Harrison…»).
«Depressed by the incessant stream of gloomy headlines from around the world? If so, you can take heart – up to a point. It may not go on much longer. The explanation lies in a little-known measure of current affairs known as the Rapture Index which monitors the frequency and intensity of the end-time signs mentioned in the Bible. This year, the Rapture Index – a Doomsday Dow Jones – has been at an all-time high. In August it hit an unprecedented 184. Thousands of Christians around the world are on red-alert for the Rapture and Judgement Day. […]
«The index editor, Terry James, of Little Rock, Arkansas, says he records the signs and then factors them into a “cohesive indicator”. He stresses he is not in the business of making predictions, he simply measures the type of activity that “could act as a precursor to the Rapture. The higher the number, the faster we're moving towards the end.”
»In December 1993, when the index began, it stood at 57. Today it stands at over 180, comparable to its short-lived 9/11 peak 10 years ago. Any reading over 160, say the organisers, and it is time to “fasten the seatbelts”. The Apocalypse will start, so thousands of Christians believe, with the Rapture, when, suddenly, the righteous will vanish from the face of the earth – whisked up into heaven, leaving the unsaved to face earthquakes, fire, brimstone and destruction.»
(Le site du Rapture Index nous indique d’ailleurs, toujours dans sa forme statistico-apocalyptique, combien l’année 2011 est exceptionnelle, mais en cela poursuivant une tendance extrêmement régulière d’exceptionnalité depuis 2008… Respectivement, les index les plus hauts et les plus bas, pour chaque année depuis 2008 : 2008 (170 et 155), 2009 (169 et 157), 2010 (174 et 168) 2011 jusqu’au 10 octobre (184 et 172, – l’index au 10 octobre 2011 est de 180) ; on appréciera la régularité de la hausse, aussi bien pour les “hauts” que pour les “bas”, et que l’index le plus bas pour 2011 est pour l’instant quasiment équivalent, à deux points près, à l’index le plus haut de 2010, et supérieur à tous les autres, – les plus hauts et les plus bas, – de 2008 et 2009.)
Faut-il s’affoler, s’étonner, ironiser, etc. ? Rien de tout cela car là n’est pas le propos, sinon pour noter que rien, justement, ne contredit l’évolution de l’“esprit du monde” dont nous parlions au début de ce texte, même dans ce qui pourrait être considéré comme les manifestations les plus douteuses, les plus suspectes et les plus confuses. Encore doit-on se demander de quel doute, de quelle suspicion et de quelle confusion l’on parle, quand l’on voit où nous conduit tout ce que notre civilisation (contre-civilisation) nous offre de “sérieux” en matière de prévision et de contrôle des choses… Mais répétons-le, là n’est pas le propos, mais plutôt dans le fait pour The Independent de juger à propos de publier un tel texte, au moment où il est publié. Nous y verrions alors une façon, certainement pas consciente d’ailleurs et plutôt subliminale, pour ce journal lui-même, à la fois d’expliquer à ses lecteurs son manque d’entrain à suivre les nouvelles de ces dernières semaines et de leur offrir une sorte d’éditorial hyperbolique et symbolique à la place de tous les commentaires qui n’ont pas été publiés.
Il faut aussi observer que cette retenue vis-à-vis d’Occupy Wall Street et tout ce qui l’accompagne correspond à un sentiment d’une force extraordinaire, et tout à fait justifié. Les événements actuels aux USA, quelle que soit l’analyse qu’on en fait, si l’on en fait une analyse, donnent d’abord l’impression d’une fissure fondamentale dans le Système. Les USA, c’est le sacro-saint du Système, c’est à la fois l’American Dream et le phare de la modernité, et la dernière ligne défensive du “Progrès” postmoderniste, cela dans la liturgie du Système. Nous avons toujours pensé que le fait des USA touchés par quelque chose d’incontrôlable de cette crise générale de la Chute, annoncerait effectivement la phase finale du processus. OWS et le reste sont-ils ce “quelque chose d’incontrôlable” ? il y a nombre d’éléments alimentant des hypothèses pour une réponse affirmative. On connaît d’ailleurs ces hypothèses, telles que nous les avons détaillées, que ce soit l’hypothèse du “Moment psychologique”, le fait de la population US qui semble touchée dans son ensemble ; le désarroi des services divers travaillant pour le Système, à commencer par la direction politique, l’espèce de sensation de quelque chose d’inarrêtable dans ce mouvement ; le fait même que les protagonistes du mouvement nous sont inconnus et qu’eux-mêmes ne semblent pas savoir où ils vont, sinon où le vent puissant de la crise les mène… Un commentateur aussi sobre qu’un membre honorable (le Senior Transatlantic Fellow Glenn Nye) du German Marshall Fund, institution hautement appréciée du système d’influence du bloc américaniste-européanniste (BAO), observait effectivement (le 14 octobre 2011) ce caractère d’importance bien mal explicable et si malaisément mesurable d’une façon rationnelle de la crise :
«Although some in the media dismiss this movement as simply an assembly of grumpy leftists angry at the inequities of capitalism, the fact that the Occupy Wall Street movement has spread so rapidly to far-flung towns reveals that it has touched a deep nerve in U.S. society.»
Certes, il y a quelques affrontements conceptuels pour saisir la signification et les complots cachés dans et autour de Occupy Wall Street. Nous en avons trouvé fort peu, nous voulons dire de catégories tranchées et substantivées du genre. Le site Daily Bell, déjà cité à ce propos sur notre site (voir le 10 octobre 2011), fait de Occupy Wall Street son miel quotidien, d’ailleurs avec des variations qui dénotent a contrario la singularité difficilement saisissable de l’événement. L’une de ses dernières analyses fait du mouvement OWS un agrégat de deux “ailes”, l’une “statiste” (interventionnisme économique) et l’autre libertarienne, évidemment anti-statiste. Daily Bell est proche de Ron Paul mais à notre sens plus radical libertarien que lui ; et le site recommande, le 14 octobre 2011, le retrait des libertariens si l’aile statiste prend trop de poids («If the movement continues to gain momentum and if the statist wing of the movement continues to gain strength, libertarian protestors ought to consider departing. Use the movement to bring free-market concerns to the fore (as Alex Jones has begun to do with his Fed protests) and also for the organizing ability and the publicity that the movement is imparting. Use it for what it is worth and then depart.»)
L’analyse est, pour nous, d’un certain intérêt dans le fait d’apprendre, si c’est le cas, une présence libertarienne importante dans OWS. Pour le reste, nous serions bien plus réticents en ce qui concerne la possibilité de manœuvres, voire de querelles organisées de conceptions aussi tranchées à l’intérieur d’OWS. Quant aux complots, on en parle moins, et monsieur Soros s’est même fendu d’un communiqué pour exposer précisément l’aide qu’il a apportée (qu’il n’a pas apportée) à OWS ; il avait attribué $3,5 millions à un fond de soutien constitué par lui, dont une partie est allée à Adbusters, le groupe anticapitaliste qui a participé au montage initial d’OWS, et il avait mis des conditions d’emploi très précises de ces aides (voir le 13 octobre 2011) ; ce démenti s’oppose aux affirmations du commentateur radio d’extrême droite Rush Limbaugh («Soros money is behind this») et montre une prudence inhabituelle de Soros dans cette affaire.
Dans tout cela, nous ne voyons aucun signe convaincant de structuration, de contrôle quelconque. Il y a même des signes épars d’un sympathique désordre supplémentaire gagnant des autorités aux USA, comme ce cas du maire de Lansing, dans le Michigan, accueillant dans sa mairie, à bras ouverts et par ces mots les marcheurs de Occupy Lansing : «The unholy alliance of Washington and Wall Street have conspired against regular folks to all but obliterate the American Dream and bastardise our democracy. Thank God the people are fighting back!» (Le 14 octobre 2011, dans le Colorado Independent) ; ou la présence d’un parlementaire du Congrès du Colorado dans le mouvement Occupy Denver : «I’m a state représentative. It’s my job to represent people. How do you do that? You listen to them, and try to understand them. I think it is interesting to see citizens getting more involved in their government and that is what we see here. This is a group of people that we in government don’t normally hear from but they deserve to be represented…» (dans le Colorado Independent, à nouveau, le 13 octobre 2011).
Puis il y a ce 15 octobre 2011 et la protestation mondiale et “indignée”… A-t-on vu venir la chose ? On rappellera ces observations de Daily Bell, qui signala la consigne du site 15october.org, sorti d’on ne sait où, exprimant une ambition qui paraissait alors (il y a neuf jours) dérisoire et déplacée, qui s’est traduite par la journée mondiale qu’on sait…
«What proximate cause drives this revelation? On October 15th there is to be a “worldwide demonstration for global change.” Just like that. (And by the way, Oct. 15th is the day of Wall Street's second largest meltdown ever, in 2008). We wonder if the US State department knows about this. Along with the CIA, the State dept. has supported numerous “youth movements” via AYM worldwide.
»The announcement of this global protest comes to us courtesy of 15october.net, and while there is seemingly no direct connection between “15october” and Occupy Wall Street, somehow we're sure there is. The 15october site carries examples of stickers and posters. One poster reads “Legally camp on Wall Street and remain together to be strong.”»
On le sait et on le répète, ces “jeunes” et autres moins jeunes savent s’organiser, les “réseaux sociaux” font l’affaire, le côté Janus du système de la communication, dans toute son ampleur et sa puissance ; nous en avons souvent parlé, et, bien entendu, à l’occasion du “printemps arabe” (voir le 17 février 2011) qui inaugurait le phénomène de chaîne crisique qui se poursuit avec OWS. En même temps, nous mettions en évidence ce qui fait la différence d’essence du phénomène, qui est sa rapidité, elle-même mise en évidence avec une exclamation d’incrédulité impuissante du président du comité des chefs d’état-major US d’alors, l’amiral Mullen (le 22 février 2011). Cette impuissance touche également, d’ailleurs pour le meilleur des résultats puisqu’elle affaiblit constamment les manœuvres et les interférences politiques et complotistes, les acteurs eux-mêmes du mouvement qui lancent la chose et perdent aussitôt le contrôle de son rythme.
…L’Histoire s’en occupe. En effet, cette particularité n’est pas un facteur de constitution, sans plus, un constat technique caractérisant un mouvement ; cela nous paraît, d’une façon bien différente, un constat fondamental qui porte en soi l’“inspiration” même de la chose ; nous nommons cela “contraction du temps” ou “accélération de l’Histoire”, qui sont deux façons exprimées en sens superficiellement opposés d’un même phénomène qui, par sa dynamique de rapidité, instille l’inspiration même du mouvement, crée une véritable cohérence d’une sorte de “pensée générale” que nous ne pouvons que décrire sans l’expliquer, qui se développe d’elle-même et sous son propre contrôle… C’est parce que tout va plus vite qu’on ne peut prévoir, au-delà des références normatives de nos conceptions rationnelles, que naît l’“inspiration”, qui est bien entendu hors de l’entendement et des manigances habituelles de la raison ; mais la vitesse force à l’“inspiration” parce qu’elle exprime quelque chose de plus haut que la raison et que nos propres conceptions et appréciations, parce que la dynamique dont elle dépend, qui est une modification de l’Histoire, porte elle-même cette “inspiration”. (A chaque fois, nous parlons de cette raison-là que nous jugeons pervertie par le “déchaînement de la Matière”, raison incapable de réaliser et d’accepter en toute conscience l’apport déterminant et porteur de la légitimité transcendantale de l’intuition haute ; par conséquent, cette raison qui est finalement forcée par cette inspiration sans réaliser qu'elle l'est, donc sans bénéfice pour elle-même.) En quelque sorte, cette rapidité de l’accélération de l’Histoire est la manifestation “physique“ du fait que l’Histoire “nous parle”, – c’est-à-dire et dit en termes crus, que l’Histoire nous donne ses consignes, notre feuille de route si vous voulez.
D’où la logique impérative de l’inorganisation, de l’apparente “spontanéité” du mouvement général. Ce qui est “comme un torrent”, c’est une impulsion qui nous dépasse et nous emporte dans un mouvement auquel nous donnons hâtivement une forme politique dépourvue de tous les attributs rationnels de la forme politique (buts incompréhensibles, revendications inexprimées ou d’une imprécision nécessairement insaisissable, etc.). Si là-dessus, un comploteur ou l’autre type-Soros donne un pincée de $millions, il n’y a pas vraiment de mal puisque tout cela va dans le même sens, – et que tous les comploteurs s’y mettent, si cela leur chaud, ils seront “dans le sens de l’Histoire”, par force… Car, dans ces temps eschatologiques, on ne peut que s’incliner ; et l’on s’incline.
Nous sommes donc les spectateurs de notre propre crise de la Chute, de l’effondrement de cette contre-civilisation dont nous avions fait aux origines, depuis la Renaissance jusqu’à la rupture de la fin du XVIIIème siècle (le “déchaînement de la Matière”), l’impulsion apparemment irrésistible du genre humain devenu enfin conquérant pour son propre compte de son propre destin, l’irrésistible modernité qui met Dieu et le reste dans un home du troisième âge. Nous sommes les spectateurs d’une crise d’une puissance “opérationnellement” surhumaine, et par essence supra-humaine (au-dessus du genre humain), et spectateurs impuissants par conséquence de la logique de cette situation ; par conséquent, il y a à partir de cette impuissance, selon ce que nous sommes, soit l’effet du vertige et de la panique devant un phénomène que nous ne pouvons expliquer selon nos termes, soit l’effet d’une certaine humilité non dépourvue d’une angoisse “humaine, trop humaine” devant un phénomène dont on sait qu’il est logique que nous ne puissions l’expliquer. (Dans ce dernier cas, comme l’on sait pour notre compte, l’“inconnaissance” est la méthodologie nécessaire pour substantiver et même “rationnaliser”, si l’on arrive à sortir sa raison de la subversion qui l’a dévastée, et enfin accepter le fait de cette incapacité d’“expliquer selon nos termes” qui se justifie absolument, et finalement pour l’accepter comme une chose juste et vertueuse.)
Il importe, selon nous, d’ouvrir de nouvelles formes de pensée, ou de retrouver des formes de pensée que nous avons abandonnées, pour espérer comprendre et accepter cette situation d’impuissance d’explication “selon nos termes” réduits à la seule raison subvertie. A partir de là, on peut envisager une évolution qui nous conduirait à un rôle actif et conscient, qui nous sortirait de cette position de “spectateurs impuissants” pour celle de collaborateurs éclairés d’une dynamique dont nous accepterions sans nécessité de comprendre dans leur globalité tout le sens radicalement rénovateur, et toute la puissance nécessaire et nécessairement supra-humaine. L’Histoire nous parle et, pour cela, elle est métahistoire, ou métaphysique ; il faut s’aiguiser l’oreille pour bien l’entendre…
Il reste une chose qui caractérise d’une façon absolument originale cette crise de la Chute et ces conditions diverses, et qui mesure également sa nécessaire exceptionnalité. Le terme de “spectateurs” est en effet d’une puissance exceptionnelle, et cela du à toutes nos inventions et innovations d’un système de la communication, – extrêmement Janus, celui-là. Nous sommes des “spectateurs” impuissants dans les conditions présentes, mais également instantanées, à la minute et à la seconde, du déchaînement de l’Histoire comme réaction décisive contre la subversion et l’inversion imposées par le “déchainement de la Matière”. C’est une position sans précédent, nécessairement, “techniquement” dirait-on. C’est, par conséquent, une opportunité sans précédent.
…Cela ne nous dit pas si Occupy Wall Street va “réussir” (à quoi faire, à quoi réaliser, d’ailleurs ? Nul ne sait, même pas les “organisateurs”, même pas les “comploteurs”), ou bien “échouer” (à quoi faire, etc. ? Nul ne le sait, etc.). (Des termes comme “réussir” ou “échouer” n’ont plus de véritable sens, dans ce contexte.) Cela ne dit pas quelle autre surprise nous attend dans les prochains mois, dans les prochaines semaines, à part peut-être l’hypothèse assez acceptable qu’on pourrait établir un nouveau record de l’“index de Rapture” d’ici la fin 2011 (en attendant les chiffres olympiques de 2012). Cela ne nous donne pas une boule de cristal, sinon rendue paradoxalement si opaque par l’irisation de tant de pensées orientées contradictoirement et d’illusions précipitées dans tous les sens, au rythme des évènements. Mais cela nous permet de porter un autre regard, nécessairement plus haut, sur les événements en cours ; mais cela nous permet de comprendre que tout cela nous soit incompréhensible, dans la signification la plus profonde, et ce constat sans qu’il faille que nous le déplorions et nous en effrayions ; mais cela nous permet d’envisager qu’il faut lancer un effort vers le haut, vers de nouvelles régions de l’esprit, pour figurer de façon décisivement plus digne et plus héroïque dans cet immense bouleversement, pour être préparé à ce qui suivra ce bouleversement.