Cheney contre la presse

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Une thèse inattendue apparaît dans l’article de Steven Thomma, de Knight Ridder Newspapers du 16 février : l’idée que le comportement public de Cheney dans l’accident de chasse est une tactique délibérée.

« To many on the outside, it looked like a mistake when Vice President Dick Cheney failed to notify the White House press corps first of his shooting accident. But in the White House, it reflected a strategy of marginalizing the press. More than ever, the Bush White House ignores traditional news media and presents its message through friendly alternatives, such as talk-show hosts Rush Limbaugh or Sean Hannity.

» And when a reporter appears belligerent in a televised confrontation with the White House spokesman, as NBC's David Gregory did this week, the imagery helps the administration turn the story into one about the press, which energizes a Republican base that hates the media anyway.

» More than just a matter of sniping at an enemy, the Bush administration sees the traditional media as hostile. Working to erode their legitimacy in the public's eyes is a critical element of its determination to weaken checks on its power.  »

Cette thèse est basée sur le fait bien réel d’une grande hostilité de la droite républicaine et de sa base populaire pour les médias, assimilés depuis les années 1960 et 1970 (Watergate) à la gauche libérale. C’est le fond de la thèse de Thomma. Elle sacrifie à une légende entretenue par l’obsession de la droite républicaine et, d’une façon plus générale, par la fable de l’américanisme sur l’indépendance de la presse US, son attitude contestatrice du pouvoir (fable du IVème pouvoir), et sa tendance libérale (progressiste pour les Européens). Il est très probable que Bush, Cheney& compagnie croient à cela, dur comme fer. Par ailleurs et par souci d’équilibre, nous signalerons que les médias eux-mêmes continuent à croire à leur propre indépendance et à leur esprit de contestation.

La réalité, c’est tout autre chose : une presse totalement conformiste, patriotarde et alignée sans que personne n’ait besoin de l’y forcer sur les thèses du pouvoir, — comme on la voit faire depuis le 11 septembre 2001 d’une façon criante. La scène américaniste de Washington est une sorte de ballets devant des miroirs déformants. Chacun croit affirment son indépendance, ses convictions propres, ses vertus, la perversion de l’adversaire, etc. En réalité, tout le monde danse sur le même rythme en chantant le même thème sur des octaves différents, — rythme et thème du conformisme américaniste.

Il n’empêche, la bataille a bien lieu et l’on se déchire effectivement sur des faux-semblant qui ne recouvrent rien et exacerbent les antagonismes. C’est ainsi que le système se mine lui-même de l’intérieur en jouant au jeu de la démocratie de confrontation selon des arguments d’autant plus destructeurs qu’ils sont infondés et qu’ils ne sont ainsi jamais rencontrés.


Mis en ligne le 17 février 2006 à 10H09

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