Blowback exochaotique du Système

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Blowback exochaotique du Système

Deux “fronts” importants de la guerre saccadé et exochaotique (productrice de chaos) que le Système ne cesse de développer sous diverses formes (agressions, révolutions de couleur, etc.), voient leur opérationnalisation en passe d’être de plus en plus compromise par des effets dits-blowback(mot consacré par la CIA pour désigner les effets négatifs, nocifs et contre-productifs obtenus en retour des opérations effectuées par l’agence). D’une façon générale sinon exclusive, effectivement, ces épisodes opérationnels prétendument offensifs et présentés par le système de la communication du Système avec une assurance complète pour ce qui est de leur vertu et de leur efficacité, se terminent en blowbacks, comme la surpuissance accouche de l’autodestruction.

Il s’agit, pour les deux cas envisagés :
d’une part du développement de la “guerre du Yemen”, lancée par l’Arabie et son nouveau dirigeant MbS en 2015 au nom d’une coalition-bouffe, et guerre d'agression soutenue sinon suscitée par les habituels Anglo-Saxons (USA et UK), avec éventuellement l'aide de quelques moyens français, histoire de ne pas compromettre le commerce ;
d’autre part des événements en cours à Hong-Kong, à très nette perspective en camaïeu de “révolution de couleur” quasiment affichée-USA depuis début août.

• L’Arabie a subi samedi matin la plus violente attaque sur son territoire de la part des Houthis (selon leur propre revendication) et de leurs drones particulièrement performants. Cette attaque, qui a touché des installations des raffineries les plus importantes du pays, signalerait donc que les Houthis ont désormais des moyens militaires sophistiqués, – qui leur sont fort probablement livrés par l’Iran, – capables de mettre en péril l’économie et l’équilibre même du royaume, c’est-à-dire son existence en tant que possession de la maison des Saoud, et par conséquent du réseau de corruption et de pression de l’américanisme.

La guerre du Yémen est un constant aliment de l’antagonisme avec l’Iran (les Iraniens chiites soutiennent les rebelles houthis, des chiites également, soumis à des attaques saoudiennes et autres sans discrimination, relevant du “crime de guerre” et du “crime contre l’humanité”). De ce point de vue, on notera que les USA ont réagi à ces attaques importantes de samedi matin, d’abord par le secrétaire d’État Pompeo qui a estimé que l’Iran en portait la responsabilité, ensuite par le faucon Lindsey Graham, le sénateur républicain, qui a demandé une frappe US de riposte contre des raffineries iraniennes, en Iran bien entendu. Les Iraniens ont répondu qu'ils ne sont pas impliqués dans cette attaque mais qu'ils sont prêts à tout, y compris à la guerre si le conseiul de Graham est pris en compte.

Le reste des caractéristiques de l’attaque et des diverses réactions et déclarations élargissent  d’une façon significative le domaine affecté par cet événement et lui donnent un retentissement international au-delà de la comédie anti-iranienne que “D.C.-la-folle” interprète sans faillir depuis des années. Elles font mesurer indirectement tous les risques considérables pour l’équilibre économique mondial ainsi que pour l’existence même du régime saoudien que susciterait un affrontement avec l’Iran, par les capacités directes et indirectes de riposte de l’Iran dont les Houthis sont les démonstrateurs pour l’aspect indirect.

« Riyad a dénoncé l’attaque des drone comme étant une “attaque terroriste” mais n'a pas immédiatement désigné son auteur. Les Houthis ont revendiqué l’attaque du samedi matin, qui s'est soldé par des incendies massifs à la raffinerie de la ville d'Abqaiq, dans la province orientale riche en pétrole du royaume, et dans une autre installation du vaste champ pétrolier de Khurais, à environ 150 km de Riyadh.
» Le président Trump a téléphoné au prince héritier Mohammed bin Salman et a offert son aide au Royaume pour assurer sa sécurité. Il a également déclaré que l'attaque contre les installations pétrolières saoudiennes pourrait être préjudiciable à l'économie américaine et mondiale.
» L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a cependant déclaré que l'attaque n'est pas susceptible d'affecter les marchés pétroliers mondiaux car ils sont “bien approvisionnés en stocks commerciaux importants”. Néanmoins, l’AIE a déclaré qu’elle suivait de près la situation et qu’elle était en contact avec les Saoudiens et les “grands pays producteurs et consommateurs”.
» La déclaration de l’AIE s'est faite dans un contexte où les médias ont rapporté que l'attaque a forcé Riyad à réduire sa production de pétrole de 5 millions de barils par jour, ce qui équivaut à environ la moitié de sa production totale de pétrole et environ 5 % de l'approvisionnement mondial en pétrole.
» L’attaque du samedi est devenue la frappe la plus réussie que les Houthis aient lancée contre les Saoudiens, qui mènent une campagne de bombardement au Yémen depuis son intervention dans la guerre civile du pays en 2015. En mai, des drones armés avaient causé des dégâts mineurs à deux stations de pompage de l’Aramco, dans la province de l’Est, et Riyad avait accusé l’Iran de cette attaque, que les rebelles yéménites revendiquèrent également. Téhéran a rejeté ces allégations. »

• L’événement de Hong Kong est certes moins spectaculaire et moins important que celui de l’Arabie, mais il porte aussi sa signification. Pour la première fois, les manifestations classiques depuis trois mois (contestataires chargés des vertus démocratiques contre police) se sont transformées en divers points en affrontements de rue avec l’apparition de groupes pro-Pékin. Bien entendu, surgissent aussitôt des accusations selon lesquelles ces groupes sont mobilisés, éventuellement payés par le gouvernement ; c’est évidemment possible sinon probable, et c’est d’ailleurs suivre la voie tracée par tous les groupes de contestations manipulés par les USA, rétributions à la clef d’une manière quasi-systématique, notamment pour le lancement de tout mouvement de la sorte. 

Bref, il s’agit d’être franc et loyal avec ces événements-là qui deviennent très vite, tels que les semeurs de chaos les orientent, des événements-simulacres ; et “être franc et loyal” signifie que l’on doit déployer sans coup férir, pour les juger, une dose considérable d’un cynisme qu’on qualifiera sans hésiter de “vertueux” et de “moral”  (selon la “morale” de l’antiSystème qui ne peut songer une seconde à s’embarrasser de tout le tintamarre affectiviste des humanismes-bourgeois postmodernes, progressistes-sociétaux, se considérant avec enchantement dans un miroir, – “Miroir, suis-je le plus moral, etc. ?”).

A l’extrême que nous importe, si c’est effectivement le cas comme on ne manque pas de le dire, que Pékin ou tout autre pouvoir du genre mobilise et éventuellement paie des groupes de contre-manifestants, contre un mouvement qui est structurellement soutenu et financé par le Système et ses affidés US, – et cela, quelle que soit la justesse des revendications et toutes ces sortes de chose, puisqu’à l’arrivée en suivant cette voie ce sera nécessairement le chaos type-syrien ou type ukrainien... Des “Casques blancs” à Maidan, au très-jeune Joshua Wong intronisé depuis quelques semaines et sa rencontre avec la Dame-du-Consulat-US Grand-Timonier de la contestation anti-Pékin à Hong Kong, tous ces gens sont aujourd’hui à faces découvertes ; quels que soient leurs excellents sentiments dont il ne faut point douter, on sait pour quelle écurie ils roulent et avec quel carburant ils poussent leurs discours en mode-turbo. Il est inévitable, et c’est même belle et bonne bancale justice, que de riposter avec les mêmes armes, ce que font peut-être ou sans doute les Chinois de Xi ou leurs mandataires, sinon en les lançant dans tous les cas en observant avec tendresse ces groupes d’un nouveau type “armés“ du drapeau de la Chine populaire.

Quelques informations à cet égard pour bien montrer que nous sommes sur le territoire de l’affrontement des simulacres, sans aucune illusion ni débat nécessaires à ce propos...

« Trois mois après le début d'un mouvement de contestation sans précédent, Hong Kong demeure sur des chardons ardents. Ce 14 septembre, plusieurs bagarres ont éclaté entre des opposants au gouvernement et des militants pro-Pékin en divers endroits de la baie.
» L'une d'elle s'est déroulée dans un centre commercial, le Amoy Plaza où environ 200 personnes s'étaient rassemblées pour agiter des drapeaux chinois et chanter l'hymne national, dans ce qui constitue une des premières actions médiatique d'envergure des militants pro-Pékin. Les heurts ont éclaté à l'arrivée des opposants au gouvernement, donnant lieu à des scènes de pugilat, dont plusieurs personnes sont ressorties en sang ou avec des contusions. Dans la cohue, une personne a notamment été prise en chasse et immobilisée au sol sans ménagement.
» Un peu plus tôt dans la journée, dans un autre quartier de Hong Kong, Forest Hill, des hommes, dont certains agitaient des drapeaux chinois et portaient des t-shirts bleus sur lesquels était écrit «J'aime la police de Hong Kong» s'en sont pris à ce qui semblait être des opposants au gouvernement dans une galerie marchande.
[...]
» La police honkongaise, contactée par l'AFP, n'a pas fait de commentaires. Peu avant cette bagarre, des militants pro-Pékin ont été filmés en train d'enlever des post-it et des messages hostiles au gouvernement sur les murs dits “de Lennon” qui se sont multipliés à travers la ville au grand déplaisir des soutiens de Pékin. Rapidement, selon l'AFP, des habitants se sont pressés pour couvrir à nouveau ce mur de papiers multicolores.
» Selon le South China Morning Post, des bagarres ont également éclaté entre les deux camps dans une station de métro de Hong Kong. Plusieurs lignes de bus ont été suspendues après que des militants antigouvernementaux ont érigé des barricades dans les rues.
» Les opposants au gouvernement de Hong Kong ont de nouveau appelé à un grand rassemblement le 15 septembre, mais celui-ci a été interdit par la police. D'autres manifestations sont également prévues pour les deux prochains week-ends et le mouvement appelle à une grève générale à compter du mois d'octobre, au moment où Pékin s'apprête à célébrer le 70e anniversaire de la fondation de la Chine communiste. »

Nous réunissons ces deux “fronts” pour éviter absolument de tomber dans le piège de la diversification qui nous ferait prendre chacun des divers événements exochaotiques de l’actuelle séquence du désordre mondial comme spécifique et soluble dans des analyses d’expertsspécialisés dans l’identification des vertus démocratiques, permettant de disperser les responsabilités, littéralement comme on “noie le poisson” dans un tsunami de vertus démocratiques. Notre propos, systématique par ailleurs autant que faire se peut dans le  tourbillon crisique des événements du monde actuel, est de tout ramener à la cause centrale pour la désigner comme la cause exclusive et ne plus nous embarrasser des détails de type idéologique, engagement, etc., qui ne sont que des obstacles retardataires ; cette cause étant bien sûr l’action déstructurante du Système, le plus souvent avec l’action des USA qui vont jusqu’à expérimenter eux-mêmes et pour eux-mêmes le summum de cette démarche dans l’épisode colossal dit de “D.C.-la-folle”, – avec vue sur “la mère de toutes les révolutions de couleur”, – qui pourrait bien être effectivement en vue...

Il nous importe peu d’envisager qui l’emportera et comment évolueront les événements ici ou là, — tout en soulignant évidemment la gravité potentielle des derniers événements en Arabie, – puisque seule nous importe le schéma qui se répète de plus en plus régulièrement. Il s’agit du constat que les poussées de chaos (“exochaotiques”) engendrées par la politiqueSystème que suivent les USA, sous forme d’agression ou de “révolutions de couleur”, conduisent en général, d’une manière quasi-exclusive, à des situations de blowback pour les initiateurs de la chose. On pourrait finir par penser sans surprise réelle, et même en se trouvant confirmé, que le Système semble poussé par un instinct de mort (autodestruction) tel qu’il ne cessera pas d’exercer ces poussées jusqu’à ce que le blowback causé par l’une d’entre elles ait raison de ses structures, de son équilibre, de sa stature, – bref, au bout du compte de son existence.

Mis en ligne le 15 septembre 2019 à 16H09

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