Au hasard, le pouvoir

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Au hasard, le pouvoir

24 décembre 2012 – “Gouverner, c’est prévoir”, disait l’autre. Aujourd’hui, il serait à Sainte Anne, en traitement préventif, urgent mais sans doute sans espoir. Fédor Loukianov, lui, est plus actuel, plus “moderne” disons, – en ayant à l’esprit, bien entendu, que, comme tout bon observateur russe, il se méfie diablement du mot, – “moderne”, dit-on… Le titre de son article, c’est «Gouverner pour ne rien changer» (le 20 décembre 2012), dans sa rubrique de Novosti dont le titre (de la rubrique) est ironiquement, – mais d’une ironie extrêmement révélatrice : « Un monde changeant»… Alors, «Gouverner pour ne rien changer» dans « Un monde changeant» ? Les deux propositions ne se contredisant en aucune façon mais se complétant, nous ne sommes pas loin de notre sempiternelle conclusion, qui, en fait, rejoint pour le représenter un Principe qui guide notre réflexion d’analyse des événements.

En attendant (notre conclusion), voyons ce que Loukianov, lui, conclut. Il passe en revue dans sa chronique divers événements et divers comportements de chefs d’État ou de gouvernement après avoir rappelé in fine qu’effectivement l’année 2012 était promise à des grands changements, particulièrement dans le domaine du pouvoir. Le second point aurait dû conduire à des changements d’autant plus importants dans le domaine du premier. Le constat fait par Loukianov est qu’il n’en a rien été.

«Quel est le point commun entre les événements qui se produisent à travers le monde ? La nervosité accrue de tous les acteurs. La campagne électorale américaine a dévoilé une polarisation sans précédent de la société et des débats sur la guerre y surgissent constamment – faut-il envahir la Syrie ? Bombarder l'Iran ? Combien de troupes laisser en Afghanistan après le retrait ? Jusqu'où accroître la présence militaire dans l'océan Pacifique? Et en dépit de sa puissance incroyable, Washington cherche comme les autres à s'adapter à l'évolution chaotique des événements, n’ayant jamais disposé d'outils de gouvernance globale.

»Vladimir Poutine, tant dans ses propos que ses actions, a mis l’accent sur les risques multiples dont il faut se protéger. Ses tentatives d'assurer la stabilité intérieure butent sur l'absence de stabilité extérieure, dont il a pris conscience qu’elle un préalable nécessaire. Or, cette dernière dépend d'innombrables facteurs, sur lesquels Moscou ne peut pas influer. Le gouvernement tente seulement de minimiser les risques, ce qu'il fait dans la mesure de ces capacités et de sa compréhension.»

Loukianov poursuit dans ce constat des impuissances et des paralysies, comme une litanie, s’attachant notamment à la crise syrienne qui aurait dû conduire à des bouleversements importants. Dès le début de l’année, elle apparaissait comme la crise centrale de l’époque, avec des affrontements diplomatiques et politiques externes sans doute aussi forts que les affrontements internes, et des évolutions complètement déraisonnables et irrationnelles… Cela donnant une impression de très grande activité, de déroulements décisifs, qui ne débouche en fait sur rien de fondamentalement nouveau, du moins selon nos approches classiques et les prévisions que nous en tirons. La conclusion du chroniqueur russe est faite à la fois d’une incompréhension inquiète et d’une sorte de fatalisme forcé non dépourvue d’une certaine anxiété.

«Depuis la nuit des temps, le pouvoir signifie l'engagement et la nécessité de prendre des décisions, y compris les plus difficiles et désagréables. Au XXIème siècle, c'est toujours le cas mais les circonstances dans lesquelles il faut exercer ce pouvoir se sont aggravées. Avant, les processus géopolitiques étaient soumis à une certaine logique et le modèle de comportement était basé sur des critères clairs d'appréciation.

»Dans un monde global où tout est perméable et lié, les divers aspects de la force – militaire, politique, économique ou encore culturelle – agissent en même temps, mais pas dans la même direction. La force qui en résulte est complexe, sachant qu'il est pratiquement impossible de la calculer à l'avance.

»Pas étonnant que la politique se transforme en réaction au coup par coup et que toute action comporte davantage de risques que l'inaction. Le gouvernement s'efforce donc de ne faire aucun grand pas, cherchant à rafistoler le système existant et conserver le statu quo.

»La Russie d'aujourd'hui, qui se transforme progressivement d'un pays sans idéologie en héraut mondial du conservatisme et de la non ingérence, en est un parfait exemple. L'Europe - où les hommes politiques n'osent même pas parler de changements structurels au sein de l'Union européenne, préférant reboucher les trous indéfiniment - a également perdu sa force d'innovation et son désir de changement.

»L'aspiration au pouvoir pour ne rien entreprendre est un nouveau phénomène dans la politique internationale.»

Si nous avons choisi le texte de Loukianov pour un commentaire, c’est bien entendu parce que nous l’avons rencontré et l’avons perçu essentiellement comme l’indicateur d’une conscience qui se développe d’un phénomène important. Il s’agit de la crise fondamentale et ontologique du pouvoir, qui se manifeste moins par l’évolution ontologique du pouvoir lui-même que par l’évolution des événements qui conduisent, ou ont conduit à un changement ontologique du pouvoir. Cette crise, avec cette nouvelle ontologie du pouvoir, se manifeste par le fait que le pouvoir est absolument conduit par les événements, qu’il se contente d’“illustrer” par un comportement en général à contretemps, des remarques en général grossièrement étrangères à la vérité, des thèses en général faussaires, etc. (nous dirions, un comportement-Système, des remarques-Système, des thèses-Système, etc… [un “etc-Système” ?]). C’est évidemment une idée que nous développons et suivons depuis quelques années, et particulièrement, de plus en plus précisément depuis 2008 (voir notamment nos concepts de “politique-Système” et de bloc BAO, ou divers textes tels que celui qui rendait compte d’un numéro de dde.crisis sur le thème de “la dissolution du pouvoir politique”, le 14 juin 2010).

Par rapport à l’analyse de Loukianov, nous nous détacherons bien entendu, ou bien nous préciserons pour notre compte, la différence de nature, fondamentale, des diverses paralysies du pouvoir qu’il décrit. Bien entendu, dans sa conclusion il omet la plus importante de toutes les paralysies, de tous les types de paralysie, que nous baptiserons comme la paralysie exemplaire du Système, – bien entendu, celle de Washington D.C., qui est notre “modèle” absolument indépassable. La séquence washingtonienne actuelle est elle-même exemplaire, où l’on voit un président réélu dans des conditions d’un assez beau succès, qui base sa présidence sur la vision éventuellement utopique et le changement (quoi qu’il en soit en vérité, bien sûr), et qui se trouve aussitôt (crise Petraeus, trois jours après sa réélection, voir le 20 novembre 2012) encalminé dans une successions d’événements paralysants qui ne cessent de s’accumuler et de s’aggraver, aussi bien ceux qui étaient prévisible (question de la dette, qui touche d’ailleurs les autres dirigeants politiques US) que ceux qui ne l’étaient pas (le cas Hagel). Nous préférons effectivement ce terme d’“événements paralysants” au terme de “scandales” (par exemple) dans la mesure où ces “événements paralysants” semblent être devenus la normalité de fonctionnement de cette paralysie exemplaire. Nous “fonctionnons” selon un régime d’“inversion-turbo”, où la logique orwellienne classique (invertie) affecte en priorité le pouvoir orwellien lui-même : un pouvoir qui marche ayant pour caractère fondamental de ne pas marcher, tout comme la paralysie devient un fait “exemplaire” (exemple à suivre…) ; le pouvoir inverti (orwellien) développe une inversion de sa propre fonction d’inversion…

Bien entendu, le cas russe, que Loukianov développe en priorité, est totalement l’inverse. Sa “paralysie”, que nous nommerions plutôt “impuissance”, est vertueuse même si elle est peu efficace sauf qu’elle accroît objectivement la paralysie des autres. La résistance de la Russie dans l’affaire syrienne n’a rien obtenu de décisif et, selon notre point de vue, n’obtiendra rien de décisif dans un sens direct et constructif… (Par ailleurs, qui peut dire précisément ce qui est un “sens constructif”, toutes choses étant considérées, dans l’évolution de la crise syrienne ? C’est une de ces questions sans réponse qui mesurent l’exacte spécificité de la crise terminale du Système, dont la Syrie est une partie : rien ne peut plus être fait de “constructif” dans le cadre général actuel qui s’effondre.) La vertu du cas de la Russie, en l’occurrence, se trouve dans ce fait qu’elle a obtenu de bloquer certaines initiatives du bloc BAO, donc d’accentuer la paralysie du bloc. Il s’agit là d’un effet indirect remarquable, sinon admirable, non parce qu’il “sauve” la Syrie d’une intervention du bloc BAO que le bloc BAO ne tient pas vraiment à faire, mais parce qu’il accentue objectivement la crise des pouvoirs au sein du bloc BAO, donc la crise du Système. De même, nous aurions évidemment fortement tendance à interpréter dans des termes différents (de ceux qu'emploie Loukianov), comme nous l’avons fait souvent, le fondement de la politique russe (sans nécessité d’en consulter les acteurs et les inspirateurs : la chose se fait d’elle-même). Au lieu d’être le «héraut mondial du conservatisme et de la non ingérence», la Russie est de façon plus simple et plus fondamentale la défenderesse sans concession d’une politique principielle (fondée sur les grands principes structurants, – dont la souveraineté, plus que la “non ingérence”).

Bien entendu également, notre rangement rapproche les pays européens (du bloc BAO) du cas des USA, parce que ces pays répondent à la même logique et sont dans la même situation d'actifs et zélés “collabos” (l'expression leur va) du Système. La paralysie de leur pouvoir est techniquement incluse dans le cas général de la paralysie du pouvoir mais la cause en est fondamentalement différente : leur proximité, leur complicité et leur asservissement au Système font qu’ils ont eux-mêmes une partie de la responsabilité et de la charge de la cause de cette paralysie. Au contraire, les autres pays (Loukianov cite la Chine), les pays du BRICS, les pays de l’école d’Amérique Latine, etc., sont dans une position similaire à celle de la Russie, avec plus ou moins d’acuité, plus ou moins de conscience de la chose : en position de “résistance” plus ou moins affirmée, mais néanmoins eux aussi dans l’état général de paralysie et d’impuissance généré par le Système et sa politique-Système.

Les dirigeants politiques comme figurants au rabais

Loukianov aborde ce qui est pour nous le “problème de la crise” lorsqu’il écrit, pourtant sans identifier précisément le mal : «Dans un monde global où tout est perméable et lié, les divers aspects de la force – militaire, politique, économique ou encore culturelle – agissent en même temps, mais pas dans la même direction. La force qui en résulte est complexe, sachant qu'il est pratiquement impossible de la calculer à l'avance.»

Nous avons déjà abordé ce problème, mais en parlant plutôt de “crises” que de “la force qui en résulte”… (Cette dernière identification nous paraît en effet impropre : lorsqu’on décrit effectivement un tourbillon de pressions et de tensions “militaire, politique, économique ou encore culturelle” agissant “en même temps, mais pas dans la même direction”, il est assuré qu’on n’obtiendra pas la résultante d’une force cohérente mais un désordre de pressions et de tensions, ou de “forces” anarchiques si l’on veut. On obtient une “crise”, bien sûr.) La description de cette année 2012 est donc, pour nous, la description d’un ensemble de crises, au départ sectorielles et qui perdent de plus en plus leurs identités, pour devenir elles-mêmes des crises indéfinies, des crises de désordre pur touchant tous les domaines et affectant profondément notre psychologie par où progresse la conscience du caractère finaliste et eschatologique de la crise générale. Nous avions déjà identifié cette évolution en août 2011, dans deux textes successifs, montrant la transformation de la crise en “crise férale”, ou “sauvage” (le 4 août 2011), puis en diagnostiquant que les crises elles-mêmes “étaient en crise” («Même les crises sont en crise», le 19 août 2011). L’évolution observée impliquait un passage du processus de déstructuration au processus de dissolution. Nous donnons ici un extrait substantiel de texte du 19 août 2011, identifiant et décrivant le processus.

«Le phénomène de dissolution nous apparaît comme une étape supplémentaire de la “Grande Crise de notre Contre-Civilisation”. Il s’agit d’un processus où les caractères identitaires des phénomènes en question, – les crises essentiellement, – sont de plus en plus éradiqués. Avec la déstructuration, les phénomènes considérés perdent leur cohésion interne et, partant, leur dynamique propre. Cela a été le cas des crises, qui sont le sujet de notre commentaire aujourd’hui, qui ont effectivement de moins en moins de dynamique propre à mesure qu’elles s’intègrent de plus en plus les unes aux autres. Qui est capable de distinguer et de différencier aujourd’hui, à la fois du point de vue de leurs identités respectives, à la fois du point de vue de la dynamique dominante, la crise de la dette US, la crise du pouvoir washingtonien si évidente avec le rôle de Tea Party au Congrès autant qu’avec le parcours de Ron Paul, la réduction de la cotation des USA “de AAA à AA+”, et enfin le courant d’effondrement des marchés qui s’est propagé à partir de 3-4 août, jusqu’au 12-13 août, faisant parler de l’arrivée de la crise GFC2 ? Avec la dissolution, c’est à nouveau le cas des crises qui nous occupe, dont on arrive de moins en moins à déterminer les contours, les causes et les conséquences, la cohésion interne, etc. C’est ce que les “experts” apprécient sans doute comme des “effets yo-yo” («Risk appetite has yo-yoed.», dit monsieur Haldane) ou des “comportements erratiques”, alors que nous parlerions plutôt de la dissolution les rapports de cause à effet les plus compréhensibles dans des comportements et des situations secondaires de moins en moins soumis à des logiques directes compréhensibles, et de plus en plus à des logiques disparates et éclatées sans liens entre elles. On comprend bien le constat des “plaies psychologiques”, mais on voit de moins en moins quels effets collectifs ces “plaies psychologiques” peuvent engendrer devant tel ou tel événement observé comme une sorte de stimulus. S’en tenir à un diagnostic médical (la plaie mettra longtemps à se cicatriser, ralentissant d’autant la fin de la crise) n’a aucun sens, car nous parlons de la psychologie, qui affecte les comportements.

»Par contre, bien sûr, pour en rester à ce point qui est le sujet de notre réflexion, nous voyons fort bien pour notre compte, et pour notre parti si l’on veut, ou pour notre parti-pris, l’intérêt que peut amener cette situation pour la logique que nous privilégions. Bien entendu, il s’agit, pour cette “logique que nous privilégions”, de la logique de destruction du Système, ou de l’accélération du processus d’autodestruction du Système. Le constat que nous faisons alors est que cette dissolution que nous observons, après la déstructuration et les deux processus s’additionnant, est évidemment un processus fondamentalement anti-Système et destructeur, ou autodestructeur du Système. Il prive une crise de sa cohérence, empêchant par là un retour à “la normale” une fois que la crise a atteint son paroxysme. On peut même dire qu’il n’y a plus de paroxysme de crise bien identifié, que la crise elle-même devient un paroxysme permanent, interdisant aussi bien une rupture qu’un apaisement. La crise est alors dite en cours de dissolution, refusant d’aller vers une issue ou l’autre, se “contentant” d’évoluer en situation paroxystique pour “user” le Système subrepticement tandis que les “experts” s’acharnent à tenter de déterminer de quelle façon on pourrait aller vers une issue. Désormais, le vœu pieux fait l’affaire et nous renvoie à l’inévitable “retour de la raison” (voir plus haut)…»

La notion de “crise haute”, plusieurs fois décrite sur ce site (le 3 février 2012 et le 20 février 2012), constitue le concept de l’intégration des diverses “crises férales” en un ensemble représentant la crise d’effondrement et terminale de notre contre-civilisation, établissant un lien transcendantal entre le chaos des “crises” terrestres (des “crises séculaires”, si l’on veut) et la métaphysique de l’Histoire. L’évolution qui a pris naissance en 2008-2010, qui s’est concrétisée en 2011 (chaîne crisique), s’est donc poursuivie en 2012. l’élément nouveau, que signale Loukianov, c’est un prolongement opérationnel que constitue sans aucun doute l’intégration de cette situation par les directions politiques, à l’occasion du renouvellement de ces directions (très fourni en 2012). Le facteur primordial apparu à cette occasion, c’est bien que le renouvellement des directions politiques, loin de donner un effet, même temporaire, de relance de l’initiative politique, au contraire accélère la situation de paralysie et/ou d’impuissance. C’est particulièrement évident avec le cas français et, particulièrement aussi, avec le cas US. Hollande, succédant à Sarkozy, se découvre encore plus encalminé que son prédécesseur dans des engrenages dont personne, dans le personnel politique français, n’a idée de leurs causes, et, certainement pas, de leurs buts et de leurs conséquences. Le cas américaniste est encore plus remarquable. BHO se succédant à lui-même, avec la promesse de libérer sa politique, et peut-être l’intention de le faire, ou du moins de le tenter, se trouve déjà engagé dans plusieurs bourbiers parallèles avant même d’avoir lancé ses nouvelles initiatives.

Le cas russe est évidemment différent, mais représente une confirmation a contrario. Poutine succède à Medvedev pour “resserrer les boulons”, raffermir la politique russe, la retrancher encore plus sur des principes intangibles, la rendre plus ferme, plus intransigeante sur quelques points essentiels. Cela produit une certaine impuissance dans des domaines et dans un contexte où rien d’autre que l’immobilité sur la position essentielle (le principe) n’est possible, mais cela renforce le choix de la résistance qui est, par définition, plantée sur une position de principe. Cette résistance pourrait aller jusqu’à des situations d’affrontements, en cela conforme au rôle de la Russie qu’on a vu plus haut, mais ces affrontements resteraient des affrontements de résistance dont l’effet fondamental (pas nécessairement recherché par les Russes, ou réalisé comme tel par eux) serait d’accélérer la chute générale du Système.

En d’autres termes, le processus général intégré en 2008 sous la forme de structures de crises, jusqu’à la généralisation de la crise comme facteur primordial sinon exclusif de la situation du monde, s’est largement répandue dans les directions politiques en 2012, notamment à l’occasion des changements de directions. L’une ou l’autre crise sert de remarquable exercice pratique du processus, essentiellement la Syrie, après le coup d’essai de la Libye qui marque le début du processus d’inversion où l’action des directions politiques engendre paralysie et impuissance (transformation de la Libye de Kadhafi, avec laquelle l’Ouest s’arrangeait en général, en un foyer d’instabilité échappant au contrôle du bloc BAO, – entretemps, l’“Ouest” s’étant effectivement transformé en “bloc BAO”). Le phénomène général est donc, maintenant, l’évolution accélérée de cette situation générale de crise (le «monde changeant» de Loukianov) alors que l’exercice du pouvoir s’enfonce dans cette situation encalminée qu’il décrit («Gouverner pour ne rien changer»). Il s’agit d’une situation métahistorique arrivée à son point d’efficacité maximale. Le sapiens-Système, l’homme de pouvoir idéalement défini dans le cadre des pays du bloc BAO, est définitivement devenu le figurant au rabais d’un affrontement colossal qui se passe bien au-delà et bien au-dessus de lui, et qui se passe aisément de lui. C'est la phase fondamentale de la crise terminale du Système et sapiens-Système, soi-disant homme de pouvoir, n'y a aucune utilité particulière sinon celle de s'exécuter sans discuter ni rien y comprendre.