As usual, Poutine est aux abois

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As usual, Poutine est aux abois

• Un article du New York ‘Times’ nous annonce que Poutine poursuit des négociations en coulisses pour obtenir un ‘cessez-le-feu’, une sorte d’armistice. • Le ton sur lequel cela est dit entend montrer que l’Ukraine, donc les USA, vaincus à plate-couture par la Russie, sont désespérément courtisés par une Russie resplendissante de santé et donc aux abois. • Larry Johnson, qui est un témoin direct de certaines des affabulations, décortique pour nous la machinerie à produire des narrative pour simulacres, comme on fait de l’excellent sauciflard américaniste.

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Tout le monde commençant à identifier dans la situation actuelle les signes de la complète défaite de l’Ukraine zélenskiste, les différents réseaux fournisseurs et fourbisseurs de narrative travaillent à fond pour fournir du ciment de qualité médiocre, – mais en quantité , vive ‘Le règne de la quantité’ ! – pour renforcer les piliers qui tiennent en semi-place gondolée l’immense simulacre branlant qui sert de référence absolue à notre politique. La dernière manœuvre est donc une sorte d’enveloppement réalisé à l’aide de paradoxes contradictoires largement exposés dans un article du ‘New York Times’ [NYT] qui va nous servir de cadavre à autopsier, – l’odeur y est déjà.

La situation zélenkiste étant très mauvaise, les Russes réalisant partout une pression offensive à partir d’une défense de fer, donc la Russie de Poutine se trouvant en excellente position avec une  puissance multipliée par rapport à février 2022 et une situation économique florissante, il est temps de découvrir que la position de Poutine, menacé d’un renversement de couleur (une “révolution arc-en-ciel”, ou ‘rainbow revolution’) est si fragile qu’il trafiquoterait en coulisses pour obtenir de l’Occident-déconstructif une sorte d’armistice qui lui sauverait la mise.

Note de PhG-Bis : « Notez bien qu’en presque même temps Poutine fait dire, ou dit lui-même je ne sais, qu’il est prêt à négocier. Il répète, la semaine dernière, qu’il suffit d’accepter ses conditions et les négociations iront au quart de tour. Il le dit depuis des années et ne cesse de le répéter. Andrew Korybko saute sur son porte-plume pour nous assurer qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle poussée de naïveté. Nous, dirait PhG, nous dirions que c’est un clin d’oeil par avance du berger à la bergère, – de Poutine au NYT et à son futur article... Enfin, si vous voulez vous fixer, regarder les dix premières minutes de cette vidéo Christoforou-Mercouris du jour, avec la tirade du second. Ce n’est pas le choix de Poutine qui nous intéresse ici car nous savons bien qu’il est fait, mais l’infamie de l’Ouest pour s’en faire accroire. Qu’il est triste et affligeant d’être du même genre que ces gens-là. »

Ainsi en a décidé, – nous parlons de la situation de “Poutine aux abois”, – le fameux journal de référence dit ‘New York Times’, dans un long article excellemment documenté à des sources fraîches et au-dessous de tout soupçon, et anonymes pour ne pas compromettre les pauvres diplomates russes qui ne cessent de parler à leurs collègues occidentaux et de les supplier.

L’affaire a eu le don de mettre Larry S. Johnson hors de lui. On le comprend. Ce traître avéré à la CIA, au FBI et au reste, tente de nous distraire de nos lectures salutaires en affirmant une opposition furieuse.

« Permettez-moi d’être clair d’emblée : je crois que le New York Times rapporte avec précision ce que ses sources ont dit aux trois journalistes dans un article stupéfiant du 24 décembre, – “Poutine signale discrètement qu’il est ouvert à un cessez-le-feu en Ukraine”. L’article, écrit par Anton Troianovski, Adam Entous et Julian E. Barnes, affirme que les bravades publiques de Poutine sont une imposture et qu’il utilise des canaux détournés pour négocier la fin de la guerre en Ukraine. Cela n’a aucun sens. Je vais vous expliquer pourquoi.

» Ce paragraphe de l’article est un signal d’alerte nous informant que les ‘sources’ qui racontent cette histoire sont engagées dans une campagne de guerre de l’information :

» “Poutine a signalé par des intermédiaires depuis au moins septembre qu'il était ouvert à un cessez-le-feu qui gèle les combats selon les lignes actuelles, bien loin de ses ambitions de domination de l'Ukraine, ont déclaré deux anciens hauts responsables russes proches du Kremlin et des Américains, – selon deux responsables internationaux qui ont reçu le message des envoyés de Poutine”. »

Johnson est furieux pour plusieurs raisons, qu’il expose dans le corps de son article. Mais il l’est surtout, furieux, parce qu’il lit que les diplomates russes papotent sans arrêt depuis au moins septembre sur le sujet précis qu’on sait avec leurs homologues US, alors qu’il se trouvait à Moscou début décembre avec une bande de joyeux drilles (du genre Alastair Crooke, Pépé Escobar, etc.), – pour une réunion dont nous avons eu des échos dans divers articles des usual suspects. Bref, nous laisse entendre Johnson, “il ne faut pas nous prendre pour des billes”.

En toute modestie, Johnson se contente de citer Crooke, comme nous le rapportions le 16 décembre. Alastair Crooke venant de discuter avec de hauts responsables russes deux semaines plus tôt, début décembre, – et ceci donnant cela, qui ne laisse pas vraiment l’impression que les Russes soient en négociations discrètes-secrètes, à genoux devant les américanistes, en pleine crise d’imploration, – quelle blague, sans blague ! s’exclame l’arracheur de dents :

« Les relations entre les États-Unis et la Russie sont au plus bas ; la situation est même pire que ce que l'on pouvait imaginer. En discutant avec de hauts responsables russes, il est évident que les États-Unis traitent les premiers comme des ennemis déclarés. Pour se faire une idée, il suffit qu'un haut fonctionnaire russe demande : “Qu'attendez-vous de moi ?” La réponse pourrait être : “Je souhaite que vous mouriez !”.

» La tension inhérente et l'absence d'échanges véritables sont pires qu'à l'époque de la guerre froide, lorsque les canaux de communication restaient ouverts. Cette lacune est aggravée par l'absence de sens politique des dirigeants politiques européens, avec lesquels il n'a pas été possible d'avoir une discussion de fond. »

Cela étonne-t-il quelque lecteur attardé ? Peu importe, le NYT poursuit imperturbablement son travail de termite vertueuse, Premier Amendement en bandouillère et n’entendant point les alarmes furieuses du Russe concernant une hypothétique base de l’OTAN en Ukraine. Larry Johnson poursuit tout aussi imperturbablement son travail de termite dissidente des termites vertueuses et en vient à la conclusion évidente, qui est bien une question : face à une situation si complètement contradictoire de la manœuvre poutinienne ainsi décrite, face aux faits eux-mêmes, – dont, par exemple, la base de l’OTAN en Ukraine, – qui n’ont aucune importance puisque non imprimés dans le NYT, quelle est donc l’objectif de ces fuites vertueuses ?

« Traduit en termes simples, l’article du New York Times vise à renverser la narrative et à fournir à l’Occident une excuse pour quitter l’Ukraine. Poutine et son gouvernement ne sont pas incités à faire des concessions à l’Ukraine, aux États-Unis ou à l’OTAN. La Russie est en train de gagner la guerre et de réduire la machine militaire et les effectifs ukrainiens. Même de nombreux responsables ukrainiens clefs admettent que leurs chances de vaincre la Russie sont nulles.

» Un autre objectif de cet article est de semer la méfiance et le doute parmi les responsables russes et le peuple russe à l’égard de Vladimir Poutine. Avec l’échec de la contre-offensive ukrainienne, les Russes sont plus déterminés que jamais à en finir avec l’armée ukrainienne et ses alliés de l’OTAN. Si Poutine acceptait de négocier la fin de l’opération militaire spéciale avant de démilitariser l’Ukraine, sa position politique s’effondrerait. Les Russes sont parfaitement conscients de la réalité selon laquelle l’Occident est une force malveillante désireuse de détruire la Russie et soutient pleinement la défaite de l’Ukraine et, par procuration, de l’OTAN. La dernière chose que Vladimir Poutine et son gouvernement souhaitent faire est de faire le cadeau à l’Occident d’arrêter les opérations militaires avant de s’attaquer à la tâche d’éviscérer les capacités militaires ukrainiennes. »

Tout cela est-il sérieux ? Nous observerons que l’article de ‘ZeroHedge.com’ qui présente et commente aujourd’hui l’article du NYT le fait dans des termes extrêmement bienveillants, qui dissimulent à peine le mépris dans lequel on tient, chez ces gens-là, Poutine, les Russes et tout le toutim. On relève la même sottise aveugle dans divers segments de la droite semi-populiste/souverainiste des USA que dans celle de la France : sur toutes les matières de principe, sociétales et autres, la presseSystème est pour eux à chier et débite du mensonge-simulacre comme du saucisson ; dès qu’il s’agit de Poutine, de l’Ukraine et du Zelenski-circus, elle devient tout à fait honorable et le journal de référence du quartier des bobos et bourgeois progressistes redevient le journal de référence des esprits libres... “Esprits libres” si l’on veut, mais esprits courts, ô combien.

Or, il se trouve que tout le monde ne l’entend pas de cette oreille, et notamment le populo que la presseSystème méprise en négligeant de le sauver, et que les élites populistes/souverainistes entendent sauver en le méprisant. Il s’agit de la question centrale de ce jeu du “qui croit à quoi ?”. Nous avons retenu ce passage d’une récente (22 décembre) table-ronde entre Mercouris-Christoforou et Daniel McAdams, ancien député républicaine de tendance libertarienne, et très proche de Ron Paul. (McAdams dirige le ‘Ron Paul Institute for Peace & Prosperity’, termitière dissidente de première grandeur lorsqu’on lit les contributeurs qui sont de la même bande des Johnson, Giraldi, Napolitano, etc.)

« Alexander Mercouris : ... Les évènements d’Ukraine montrent que l’Europe et les USA pourraient suivre des voies différentes, et qu’il pourrait y avoir une réaction violente des Européens vis-à-vis des USA, qu’il faudrait dès lors commencer à négocier, vous savez, comme le suggère le sénateur J.D. Vance... Les gens, aux USA, à Washington, réalisent-ils cela ?

Daniel McAdams : Vous savez, la direction politique aux États-Unis est complètement à l’arrière-garde de la queue du peloton, les plus lents à évoluer, alors que les sondages d’opinion, enquête après enquête, montrent une évolution très rapide dans le public... Notamment à l’égard de cette mascarade de démocratie en Ukraine, même dans le parti républicain ceux qui se situent comme des ‘neocon’ sont à moins de 50% favorable à donner plus d’argent à l’Ukraine...

Alexander Mercouris : la direction politique elle-même ne voit rien ?`

Daniel McAdams : Vous savez, vous avez ce phénomène de communication circulaire, du Pentagone, du Congrès, des experts... Il y a la croyance que les sénateurs et les députés, à cause de leur position, de leurs contacts, sont mieux informés que les autres, c’est faux, c’est complètement faux ! Ils lisent tous la [presseSystème] et prennent absolument pour du comptant ce qu’on y trouve, sans discuter. Il n’y a aucun effort, sauf quelques rarissimes exceptions comme le sénateur Vance et le député Massie, d’aller vers les médias alternatifs... Ce qui me préoccupe surtout, c’est justement cette espèce de circuit circulaire qui est complètement fermé, notamment passant par le département d’État et le Pentagone qui est une véritable machine à propagande, où même les gens de ces ministères qui ont des idées différentes sont immédiatement rejetés... »

La discussion, qui était partie sur l’Ukraine bien entendu, aboutit à la crise du pouvoir aux USA, à son isolement cognitif comme à l’image de son président, au fossé qui se creuse entre la direction-US et la population, – non pas simple fossé de haine comme chacun le sait et le mesure parfaitement, mais fossé de perception, fossé cognitif, et bientôt fossé entre deux univers différents et hostiles, qui n’ont plus rien en commun. Sur ce point McAdams a beaucoup de perspective à évoquer.

Laissez donc travailler les studieuses termites du NYT et les pompeux parlementaires du Congrès qui les lisent. Les seconds laisseront tomber les premiers, comme cela est en train d’être fait, lorsque sonnera l’heure de la démagogie salvatrice, l’heure de l’élection. Les pires vices, – comme la démagogie en général dénoncée comme corruptrice de la démocratie, – ont leur côté vertueux lorsqu’ils servent à mettre en cause, pour cause d’élection, ce qui a corrompu la démocratie jusqu’à faire d’elle une caricature puante d’elle-même. Dans toute chose, même la pire, même dans un article du NYT il y a le germe de son contraire.

 

Mis en ligne le 25 décembre 2023 à 19H15

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