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352319 octobre 2017 – Il y a un sujet qui m’est particulièrement cher comme on le reconnaîtra et le comprendra sans peine, qui est le sort de la crise, de la grande et seule crise. On la désigne sur ce site par diverses expressions, dont la plus complète est la “Grande Crise d’Effondrement du Système’, ou GCES (tiens, je devrais essayer de pérenniser l'emploi de cet acronyme sur le site, où l’on est friand de la chose [les acronymes]).
Tout le monde, dans le monde antiSystème et même au cœur du Système, attend cette crise, exactement comme si elle n’était pas déjà en cours (je reviens là-dessus plus loin puisque c’est le sujet même de cet article)... Il y a un passage, dans un texte tout frais, tout récent puisque datant de rien moins que d’avant-hier, que nombre de lecteurs trouverons sans doute rebutant (encore dedefensa.org/Grasset avec ses thèses tarabiscotées, prétentieuses, abscons, etc.), – un passage que je me permets de vous proposer à nouveau en l’extrayant de son contexte de façon à ce qu’on puisse le lire sans trop d’angoisse à propos de ce qui suit. Il concerne la prospective de “la crise”, qui s’identifie dans tant d’esprit, – ô combien faussement ! – avec la prochaine crise financière dont on vous garantit que ce sera le tsunami final, la “der des ders” ; et, parallèlement, il concerne le constat que les innombrables prospectives que nous lisons depuis des années (au moins depuis la crise de l’automne 2008) nous annonçant la “der des ders”, dates et conditions précisées mathématiquement et toujours du point de vue financier, ont été évidemment démenties par les événements.
Voici la chose, réduite à l’essentiel dont je parle :
« ...La communication, au niveau de la prospective, contribue en effet puissamment à cette “survie artificielle” de la crise, en prévoyant en permanence un nouveau paroxysme. Le paradoxe de cette communication prospective, c’est que plus la prospective se trompe, plus elle s’entête et s’affirme, plus elle renforce la conservation de la crise “en état de survie artificielle”... Ce qui importe, ce n’est pas de faire une bonne prospective mais de continuer à produire de la prospective, entretenant ainsi la latence de la crise à venir dans la psychologie collective et dans nos psychologies individuelles à la fois. [...]
» ... Dans ce cas et dans ce cadre, peu nous chaut que les prévisions et prospectives soient démenties : ce qui importe n’est pas ce qu’on voit dans la boule de cristal mais la présence d’innombrables boules de cristal qui, continuellement, empêchent les quilles du jeu de bowling de la finance de se remettre en place. [...]
» ... C’est une hypothèse parmi d’autres, comme il y a une prospective parmi d’autres pour annoncer un nouveau paroxysme de la crise financière. Qu’importe la justesse de l’une ou l’autre, ou sa faillibilité. L’essentiel est bien le maintien de cette tension, pour entretenir la Grande Crise Générale jusqu’à son effondrement par autodestruction. »
Ainsi est-il montré selon les conceptions qui guident l’esprit de l’analyse, 1) que les prospectives innombrables des spécialistes de la “der des ders“ financière se trompent, non disons brutalement se gourent régulièrement ; et 2) que cela n’a aucune importance parce que ce qui compte c’est la tension psychologique qu’entretiennent ces prospectives-bidon qui sont en nombre considérable. C’est un rude enseignement et pour moi un enseignement absolument essentiel de constater, comme c’est courant, que l’on accorde tant de crédit et d’importance au contenu des analyses prospectives pour en tirer des arguments dans tous les sens sur la “der des ders” encore à venir alors que seule compte l’abondance de ces analyses par la pression psychologique qu’elles génèrent.
(On remarque, n’est-ce pas, que c’est une occurrence invertie de plus mais vertueuse dans ce cas, où la qualité générale d’une circonstance, – la pression psychologique qui maintient la crise “en l’état”, – dépend de l’aspect quantitatif de l’élément constitutif [le nombre d’analyses], et non de son aspect qualitatif [leur contenu].)
Ces brèves observations me paraissent d’un intérêt considérable parce qu’elles sollicitent une réflexion plus vaste encore, qui est mon sujet principal dans cette page. La présentation des choses développée dans l’article citée est en effet appuyée sur une logique impliquant le constat que nous ne devrions pas être en attente de la “der des ders”, de la fameuse “GCES” parce qu’en vérité elle est en cours sous nos yeux d’aveugle, parce qu’elle ne cesse d’avancer en puissants rythmes sismiques sous nos pieds gourds, qu’elle ne cesse de précéder et de rendre dérisoires toutes nos prospectives de “der des ders”.
On comprend donc ce que je veux dire : la GCES ne ressemble à rien qui puisse rappeler la classique crise financière ou tout autre modèle déjà expérimenté. C’est une idée fondamentale qui s’est peu à peu installée en moi après le paroxysme de la crise financière de l’automne 2008, alors qu’il apparaissait que cette crise formidable et énorme n’avait rien achevé de décisif et qu’on s’empressait de conclure qu’on allait donc pouvoir s’en remettre ; mais aussi qu’on s’en remettait très, très mal, et qu’aucun “rebond”, aucune renaissance rassurante (“relance”, “croissance”, etc.) pour les esprits conformés ultra-libéraux et progressistes-sociétaux, bref des postmodernes, ne venait les rassurer et les tranquilliser pour la suite...
Au contraire, avais-je constaté, le trouble ne fait que s’amplifier, et avec lui l’incertitude, l’angoisse et la fureur de devoir subir les conditions que nous subissons ; et tout cela installant, par l’intuition autant que par la perception, dans le plus profond de ma psychologie, l’idée que la crise véridique que nous attendons tous, dont nous nous demandons tous ce qu’elle sera, que la grande crise générale (la GCES) est en fait d’ores et déjà en cours, et puissamment. Au contraire, avais-je constaté, s’impose à nous la perception qu’une dégradation générale, plus ou moins visible, a installé son cours et désoriente et dévaste le plus vaste cours du vaste monde, malgré les efforts de dissimulation faits par les ilots de lumière vulgaire, de richesse arrogante, de surpuissance technologique, de fabrications et de productions postmoderne d’hyper-architecture et d’art contemporain postmodernes. S’ils se laissent capturer par ce cours déstructurant et dissolvant, les esprits et les caractères eux-mêmes s’affadissent et s’appauvrissent ; très vite, il apparaît que la seule voie de sauvegarde est de comprendre que ce phénomène n’est autre que la crise elle-même et de dénoncer la fascination malsaine que toutes ces manifestations exercent sur ceux qui ne savent pas la reconnaître.
Pour toutes ces raisons, parce qu’il n’y a pas de démarche plus importante que d’identifier et de reconnaître notre grande crise de la modernité, notre-GCES, j’ai pensé qu’il ne serait pas inutile de recommander de reprendre un article qui faisait le constat de la reconnaissance de “l’effondrement en cours”… C’est donc bien dans ce temps-là, en août 2010, que s’est imposée cette idée que la Grande Crise d’Effondrement du Système est en cours sous nos yeux et sous nos pieds alors que nous demandons désespérément “Mais quand donc cela se produira-t-il, et comment, par quelles terribles manifestations de la colère du monde ?”… Ne trouvez-vous pas que ce qui se passe aujourd’hui n’est pas une “terrible manifestation de la colère du monde” ?
Complémentairement, cet article détaille l’importance psychologique de l’effondrement des USA qui est le premier avatar de l'effondrement du Système, avec la désintégration de l’artefact fascinatoire de l’American Dream qui est le point symbolique principal d’enchaînement de nos psychologies à ce qui sert de machinerie opérationnelle au Système. Il se place (août 2010) peu avant le début du “printemps arabe” (décembre 2010), enchaînant sur la guerre en Syrie et sur la crise ukrainienne, qui sont autant de producteurs de désordre extérieurs tentant de contenir par déplacement de centres de communication, la perception de la progression de la crise de l’effondrement US et du Système. Cette tentative de déflection a pris fin d’une façon sensationnelle et cette fois sans aucun frein, avec la perception retrouvant son champ favori, à partir de 2015 où la narrative de l’effondrement retrouve les USA, cette fois par le biais de la crise totalement postmoderne, la plus grave de son histoire et complètement crise d’effondrement (Trump, USA-2016, “D.C.-la-folle”, etc.).
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