A Londres, conseil au successeur de Blair : rompre avec GW, vite fait

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A Londres, le message est inverse. Lorsque les journalistes britanniques interrogent le Premier ministre, c’est comme s’ils lui parlaient au passé et le principal sujet des questions qui lui sont posées est sa date de départ. La succession est de plus en plus ouvertement discutée, notamment sur le point de l’orientation qu’elle doit prendre.

On avait déjà signalé (le 19 mai, dans cette rubrique) l’importance qu’il nous semblait devoir accorder à un commentaire de Anatole Kaletsky, dans le Times de Londres du 11 mai. Kaletsky récidive, ce 25 mai, avec un article qui poursuit et accentue celui du 11 mai. Cette fois, Kaletsky s’adresse directement à Brown pour lui conseiller la stratégie à suivre aussitôt après le départ du Tony Blair, — départ qui est traité, dans ce commentaire, comme une chose acquise et déjà presque du passé.

Kaletsky conseille à Brown de faire la différence avec Blair sur la politique extérieure, ce qui garantirait aux travaillistes un regain immédiat de popularité. Une fois de plus, c’est la rupture avec Washington que conseille Kaletsky : « What Mr Brown must do is repudiate the war in Iraq and Mr Blair’s subservience to US foreign policy. Such an announcement, preferably in his first week at No 10, would instantly score a hat-trick of political goals.

(...)

» Of course, Mr Brown would face fierce opposition to a reversal on Iraq policy, not only from Mr Blair but also from parts of the Foreign Office establishment, who have always regarded the “special relationship” with Washington as paramount.

» Mr Brown’s answer to the Blairites would be that repudiating the ex-Prime Minister’s disastrous foreign policy legacy was the price for saving his public service reforms. As for the Foreign Office view of Washington, this has become distinctly less starry-eyed because of the competence of the Iraq invasion, not to mention the personal rudeness of Donald Rumsfeld and Dick Cheney. And a British withdrawal from Iraq would follow the precedents of Spain and Italy, neither of which have caused any fundamental damage to relations with the US. »

Si nous gardons l’interprétation déjà proposée selon laquelle Kaletsky peut être considéré comme un porte-parole de l’establishment dans les interventions de cette sorte, on observera que la pression anti-Blair ne cesse d’augmenter, ainsi que l’exaspération pour le suivisme de la politique de Washington pratiqué par l’actuel Premier ministre. L’idée d’une rupture avec GW à l’occasion du départ de Blair est bien dans l’air.

Mais quel rôle tient précisément Tony Blair? Il y a une remarque assez énigmatique de Tim Baldwin, dans le Times du 25 mai, rapportant une déclaration de type “informel” de Tony Blair, qui semble venir d’une source proche du Premier ministre. Il y est fait allusion au film Love Actually. (L’acteur Hugh Grant y tient le rôle d’un Premier ministre britannique ; on y voit une rencontre de ce Premier ministre avec le Président US, montrant l’Américain parlant très brutalement au Britannique dans les entretiens privés ; puis le PM britannique/Hugh Grant faisant une déclaration publique qui condamne solennellement ce comportement américain sous les applaudissements de son staff présent à la conférence de presse.) « The Prime Minister has said, however, that those wanting him to do a Hugh Grant impression and provide a “Love Actually moment” by taking on the American President in public will be disappointed. It is too late to start picking a fight with Mr Bush. »

Le plus étrange dans cette remarque qui semble venir de Blair est bien le: « It is too late… » Cela signifie-t-il qu’en d’autres circonstances Blair aurait pu faire une sortie “à la Hugh Grant”? Cela signifie-t-il que le jeu de Blair (en attendant Brown) par rapport aux “relations spéciales” avec GW est plus ambigu qu’il ne paraît?


Mis en ligne le 26 mai 2006 à 14H33