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838Collaborateur institutionnel du Times, Irwin Stelzer, conseiller en pratiques d’affaires et directeur des études de politique économique au Hudson Institute, est un commentateur bien informé des affaires financières US. Son avis sur la crise présente est tranché. Du point de vue de la politique financière structurelle US, la crise actuelle est, dit-il, aussi importante que 1907 et 1933, – 1907, quand le banquier JP Morgan sauva Wall Street d’une épidémie de faillites bancaires retentissante, puis cette crise conduisant le président Wilson, quelques années plus tard, à mettre en place la Féderal Reserve, qui jouerait désormais officiellement le rôle de JPM; 1933, avec l’entrée en fonction de Franklin Delano Roosevelt et la mise en place de nombreux organismes gouvernementaux de surveillance et de contrôle du sectaire bancaire (Securities and Exchange Commission, Federal Deposit Insurance Corporation, Federal Home Loan Bank System, etc.)
Stelzer pense, dans son commentaire du 23 mars, que le même phénomène d’un tournant de la politique US vers un renouveau de régulation est en cours.
«Some 100 years later we are on the verge of changes in the relationship between government and the private sector every bit as important as the change that occurred when the Fed replaced old JP as the financial stabiliser – and as the reforms instituted by Franklin Roosevelt’s New Deal. Roosevelt created the Securities and Exchange Commission, the Federal Deposit Insurance Corporation, the Federal Home Loan Bank System and various other agencies to regulate or participate in financial markets.
»Now we have another crisis, and my guess is that the Bear Stearns deal will unleash a new round of financial regulations. For months President Bush and his Treasury secretary, Hank Paulson, have been what Clinton’s Treasury secretary Larry Summers calls “moral hazard absolutists”. They worry that if the government eases the pain of lenders who made funds available to borrowers too poor to maintain their mortgage payments, and bails out improvident borrowers, both culprits will become recidivists.
»That position gains strength from the view of many that today’s problem was created in the 1980s and 1990s when taxpayer money to the tune of about $126 billion was used to bring the savings and loan (thrift) crisis to an end, creating the moral hazard that now haunts us. But now the fear of moral hazard paled into insignificance in the face of a possible collapse of Bear Stearns and the other brokers and bankers that trade with it. So Bush and Paulson gave their approval to a plan that put $30 billion of taxpayer money behind the JP Morgan takeover.»
Ce commentaire nous intéresse plus pour l’évolution de l’état d’esprit dont il témoigne que pour les perspectives de l’évolution elle-même, ses chances de succès, etc. Nous répétons encore une fois, comme nous ne cessons de le faire, que les événements économiques du point de vue technique nous intéressent peu au prime abord et directement, tant nous pensons qu’ils sont, en période de crise, l’effet de l’évolution des psychologies; celle des acteurs de la crise, des victimes de la crise (le public en général), des arbitres éventuels de la crise jusqu’alors réfugiés dans une position de refus d’arbitrage et de contrôle (les autorités investies d’une capacité de décision politique, ce qui signifie moins une décision d’essence politique qu’une décision en position d’autorité plus ou moins générale sur les acteurs économiques).
Le commentaire de Seltzer nous conduit alors à déduire la confirmation de la puissance extraordinaire de la crise puisque cette crise est parvenue à déstabiliser la position d’absolutisme idéologique de l'administration GW Bush. Seltzer précise que, pour autant, les probables modifications importantes de la politique US vers une politique de régulation n’auront pas lieu immédiatement, l’administration GW Bush se refusant à évoluer beaucoup plus loin que ce qu’elle a fait. La question sera reprise par la prochaine administration, si c’est un démocrate qui est élu, et également même avec McCain si McCain est élu (nous serions plus sceptique sur cette perspective). Là aussi, l’enseignement que nous en retenons est que les USA vont encore flotter dans une situation intermédiaire et confuse au moins jusqu’à l’entrée en fonction du futur président, alors que la crise n’est pas arrêtée pour autant, – tant s’en faut. (Où l’on voit à nouveau que notre jugement n’est effectivement pas économique car l’évolution partielle dont parle Seltzer ne nous paraît en rien une garantie contre des événements économiques surtout conduits par le facteur extrêmement volatile et incontrôlable de la psychologie.)
Mis en ligne le 24 mars 2008 à 12H20