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Article : L’UE : “Dieu, que la guerre est jolie”

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La Canonnière du Yang-Tse

perceval78

  27/04/2015

Il y avait deux réunions faucons ce weekend , la Lennard Merri conférence en Estonie agenda, videos, verbatim et la réunion de l’International Crisis Group à New-York lien.

On notera la présence massive de membres de l’ECFR à ces deux réunions : 10 à Tallinn , 3 à New York, ECFR et International Crisis Group, rappelons le, financés par George Soros.

Très peu d’officiels européens (Riina Kionka conseiller de Tusk), beaucoup d’anglo saxon : du coté de l’OTAN Alexander Vershbow, de l’US army Frederick Hodges du département d’état : Tod Leventhal Head of Counter-Disinformation Team, Celeste Wallander lien.

Impossible de résumer autant de réunions mais on sent bien que tout le monde est excédé et fatigué , ISIS et les Russes c’est Pareil (Sikorski)

@DamonMacWilson Why did EU not impose sanctions on Gazprom, Russia Today? These are Russia’s weapons in this hybrid war says

@ICDS_Tallinn “Offensive Cyber”, No longer taboo, many European countries have started developing military cyber attack capabilities

Igor Smeshko ancien chef des services Ukrainien, dont on sait plus si c’est un agent double ou triple ou plus était forcément le plus apocalyptique puisque Ukrainien lien But it’s absolutely possible to provoke a conflict on the global scale and bring on World War Three.

François Heisbourg nous dit que les Allemands sont convaincus que l’Ukraine va s’écrouler avant la Russie 1h14min30s,
hors de question dans ce contexte de leur donner un drachme.Les Russes font chier alors que le vrai problème c’est la Chine, la Revue Foreign Affairs (publié par le CFR qui organisait le forum de l’ICG) nous le dit bien avec Mark Leonard (ECFR) et Ivan Krastev (ECFR) lien, oui mais voila il y a les Russes.

François Heisbourg essaye de résumer cette problématique insoluble, mais il est incompréhensible, sans doute parce qu’il est lui même dans le Fog 53min30

L’Europe doit penser globalement dans un triangle USA Russie Chine
pas de défense de l’Europe sans les USA
reconnaître les Russes pour contenir les chinois
il faut penser comme au 19e siecle

Nous voici revenu au bon vieux temps de la canonnière lien, pourquoi ne pas revenir plutôt au 16ème siècle cela nous donnerait plus de temps pour réfléchir à nos errements…

Ere glaciaire

Claude Crouail

  27/04/2015

On peut en effet s’interroger sur la santé mentale de tous ces personnages. D’un côté des officiers supérieurs qui sont du niveau des BD de Tintin (mais ils ne dépareraient pas dans Tartarin de Tarascon), d’un autre côté des politiques qui rêvent d’imposer leurs “valeurs essentielles de la démocratie” à coup de bombes atomiques.
Quelles valeurs restera-t-il après la bombe ?
Je commence à comprendre pourquoi des savants s’acharne à restaurer le génome du mammouth. Il restera au moins sur terre un produit de l’ère des valeurs essentielles.

Situation réelle, et action contraire

Alexis Toulet

  28/04/2015

@Perceval 78,

Heisbourg quels que puissent être ses défauts semble au moins être le plus raisonnable et réaliste de ces interlocuteurs :
- Que le gouvernement actuel de l’Ukraine se dirige vers l’effondrement est assez clair, entre crise économique aggravée, menace de faillite publique et groupes extrémistes armés avec leur propre politique indépendante de celle du gouvernement - c’est clair, mais encore faut-il accepter de le dire, et Heisbourg est le seul à en avoir parlé
- Sur la scène mondiale, plusieurs commentateurs américains avaient déjà remarqué dès début 2014 que la politique américaine d’agression sur les marches de la Russie était une erreur grave par rapport aux intérêts même de l’Amérique car c’était pousser la Russie dans les bras de la Chine, laquelle est le véritable concurrent de l’Amérique visant à devenir la première puissance mondiale avec le statut et l’influence associés - là encore, “reconnaître les Russes pour contenir les Chinois”, même si c’est peu clair, est au moins la prise de conscience de ce sujet

Ce qui est absolument, totalement aberrant, comme le souligne Philippe Grasset, c’est bien que l’on en soit encore, partout dans ce qui compte de la direction politique et stratégique euro-américaine, aux moyens de “résoudre” ou de “gagner” le conflit. La situation réelle est en fait que le conflit ***est déjà résolu*** ! C’était bien l’objet de l’accord Minsk-2 et c’est ce qu’il a accompli.

Que la mise en place de la résolution soit bloquée parce que le gouvernement de Kiev refuse de négocier avec les insurgés la forme politique de l’accord institutionnel pan-ukrainien, c’est un fait, mais rien n’empêcherait les Européens quant à eux de mettre en place la résolution sur leur échelle à eux - qui est continentale - et de négocier avec la Russie la normalisation des relations. Et l’annulation réciproque des sanctions et contre-sanctions, pour commencer.

Ceci, que les Ukrainiens de Kiev et de Donetsk aillent plus ou moins vite de leur côté pour mettre en place l’accord de Minsk-2. Ce à quoi il serait d’ailleurs raisonnable de les inciter, voire de les inciter “fortement”... qui finance Kiev, déjà ?

Mais voilà, un conflit résolu, une normalisation… cela n’arrange pas tout le monde. Et alors même que le récit - la “narrative” - des événements automne 2013 - hiver 2015, aussi déformé soit-il par rapport à la réalité, pourrait très facilement être continué dans un sens d’apaisement et de normalisation, c’est dans le sens guerrier et anti-russe qu’on choisit de le poursuivre.

Un exemple de ce qui pourrait être dit “La pression économique européenne a permis de contrer l’agression russe contre l’Ukraine en faisant renoncer Moscou à l’annexion du Donbass, succès acté par les accords de Minsk-2. La situation légale de la Crimée est quant à elle aussi insatisfaisante que celle de Chypre-Nord, occupée par la Turquie depuis 1974 illégalement mais de façon stable. Nous aurons avec la Russie les mêmes relations normales et apaisées qu’avec la Turquie”. Voilà qui serait certes en partie faux - exigence de cohérence avec le discours passé - mais qui ouvrirait sur une politique satisfaisante.

Le fait que même le discours faussaire tenu jusqu’ici sur la crise ukrainienne pourrait être facilement continué en une politique réaliste et pacifique envers la Russie, ***sans*** risquer une contradiction apparente, me fait penser que Philippe Grasset surestime peut-être les contraintes logiques subies par les Européens et les Américains du fait de leur discours ou “narrative” passé. A mon avis, il y a bien une ***série de décisions*** de continuer et à vrai dire d’étendre et approfondir le conflit. Non pas une seule décision passée dont les gens du BOA ne seraient pas vraiment en mesure de se défaire, mais une décision qui est renouvelée à plusieurs occasions, faudrait-il dire régulièrement…

Que les besoins psychologiques, notamment de tous ceux qui ne s’ancrent pas dans la réalité, besoin de se trouver un ennemi, besoin de se faire une image valorisante de soi et de son pouvoir, besoin de s’étendre toujours “plus oultre” toujours plus loin… entrent en jeu dans cette série de décisions, oui c’est fort probable. Si c’étaient des calculs seuls, des calculs à froid motivés par une vision d’un intérêt général à moyen/long terme, alors les Européens rechercheraient en la Russie un partenaire économique précieux et les Américains un partenaire stratégique précieux.

Mais il est vrai que cela fait trois hypothèses, trois conditions :
- réflexion à froid
- pour l’intérêt général
- pour le long terme
Il est permis de se demander qui réunit ces trois conditions dans la direction euro-américaine actuelle, politiques, journalistes et activistes mêlés… il est même permis de se demander qui n’en satisfait ne serait-ce qu’une seule