«We came, we saw, he died »

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«We came, we saw, he died »

D’abord et avant d’en venir au cœur du sujet, il importe de garder à l’esprit, à la mémoire et au cœur, comme un monument de subtilité diplomatique, cette déclaration d’Hillary Clinton sur CBS.News, le 20 octobre 2011 (vidéo, à l’interpellation sur la nouvelle de la mort de Kadhafi)… Un gloussement satisfait, avec l’immortelle déclaration «We came, we saw, he died», – puis éclat de rire de la secrétaire d’Etat des USA, partagé avec la présentatrice qui doit bien justifier son salaire. Depuis quelques temps, la secrétaire d’Etat s’exprime effectivement par des gloussements divers, des roulements d’yeux considérables, contribuant à entretenir l’idée que la diplomatie de l’usine à gaz-“hyperpuissance” pourrait avoir découvert une méthode nouvelle de traiter des affaires du monde, destinée plutôt aux mal-entendants.

Sur l’épisode de CBW.News, Jason Ditz, de Antiwar.com, nous expose, le 21 octobre 2011, quelques observations qui oscillent entre l’exaspération devant l’impudence et l’incrédulité devant le grotesque. Observons que les deux choses, impudence et grotesque, pouvant aussi bien avoir à faire avec une question relevant de la pathologie d’une psychologie épuisée et extraordinairement affaiblie par l’ardente fréquentation (celle de Clinton) du Système.

«In the ultimate reflection of the Obama Administration’s carefree attitude toward entering wars, a chuckling Secretary of State Hillary Clinton appeared on television today mocking the death of long-time Libyan ruler Moammar Gadhafi, barely restraining her delight while declaring “we came, we saw, he died.”

»The remark was a modern take on the Julius Caesar hendiatris “Veni, Vidi, Vici” (I came, I saw, I conquered), though in Secretary Clinton’s case it would be “Veniimus, Vidimus, Morit.” Since she uses the plural “we came” she could also be referencing the first Ghostbuster movie, however.»

(La référence au film Ghostbuster renvoie à la célèbre réplique de l’acteur Bill Murray “We came, we same, we kicked its ass”. Effectivement, Hollywood nous paraît une référence plus appropriée que Jules César pour la secrétaire d’Etat, dans l’état allumé où elle se trouve aujourd’hui.)

…Tout cela n’empêchant pas que les affaires se poursuivent, par ailleurs, et ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices. La même Hillary a passé quelques heures en Libye avant la chouette nouvelle du massacre du colonel, et s’est trouvée face à des confidences extraordinaires et à des récriminations épouvantables de la part de ses interlocuteurs du CNT, Premier ministre (ex-kadhafiste) en tête. (Cela, outre les habituelles demandes d’argent US, sans la promesse d’aucune contrepartie.)

• Dans la rubrique “confidences extraordinaires”, on trouve l’annonce par le chef du CNT que, la situation économique n’étant pas des meilleures, il a été décidé une augmentation générale des salaires de 40%. Cette déclaration apparaît finalement assez étrange, puisqu’on ne comprend pas très bien comment et avec quel argent on peut appliquer une telle mesure alors qu’il existe un secteur public et un secteur privé, des zones plus ou moins sous contrôle, un régime salarial assez incertain, un pays dévasté, des finances éparpillées et ainsi de suite. La délégation américaine a accueilli la nouvelle plutôt d’un air impavide et l’a communiquée, “pour info”, sans autre commentaire, aux alliés européens.

• Dans la rubrique “récriminations épouvantables”, il y a les plaintes furieuses du Premier ministre du CNT devant (citation) «des livraisons massives d’armes du Qatar», faites aux “Frères musulmans” et islamistes libyens. La chose éclaire d’un jour cru la politique du Qatar dans l’affaire libyenne, avec un acharnement extrême contre le régime Kadhafi, dont on peut comprendre désormais qu’il était, cet acharnement, directement dirigé contre l’adversaire des islamistes qu’était Kadhafi. La situation semble donc désormais établie d’un renforcement constant des “forces islamistes” par le Qatar, qui met le CNT dans une exaspération et une panique considérables… «Enough, it’s enough !», s’est exclamé Djibril (le Premier ministre), devant une secrétaire d’Etat Clinton, s’abstenant pour cette fois de s’exclamer “Wow”, comme elle l’avait fait à une autre occasion, en Afghanistan. Dans cette occurrence, Washington et sa politique multidimensionnelle, amie des Qataris autant que des Libyens New Age (et aussi des islamistes libyens), affectionne les réactions réservées.

 

Mis en ligne le 21 octobre 2011 à 14H32