Une crise qui n’en cache pas une autre, — la Hollande, sa crise gouvernementale et leur JSF

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Les Belges et les Hollandais ont, surtout depuis les arrangements institutionnels de l’après-guerre (Bénélux), des contacts suivis sur les principales matières gouvernementales. Ainsi avons-nous pu avoir très récemment, d’une source militaire belge, une évaluation du sentiment et de la position néerlandaise dans l’affaire du JSF, débarrassés de tout l’apprêt virtualiste habituel. (Avec $800 millions, les Hollandais sont les plus importants contributeurs non-US en R&D après les Britanniques et les Italiens dans le programme.) Notre source belge résume ainsi la position hollandaise : « Ils ne cessent de nous dire, chaque fois que nous nous rencontrons : “Vous n’imaginez pas la chance que vous avez de ne pas vous trouver dans le programme JSF”. »

Il est intéressant de rappeler que les militaires hollandais sont les principaux instigateurs de l’entrée de la Hollande dans le programme JSF, celle-ci s’étant faite ultimement dans des conditions extraordinairement suspectes (l’entrée dans le JSF a été rendue possible par l’assassinat de Pym Fortuyn, qui était opposé au JSF ; son parti né des élections une semaine après l’assassinat, vota pour le JSF dans des conditions suspectes, à l’égal de l’assassinat lui-même). L’opinion des militaires hollandais est, elle, peu suspecte d’antipathie à l’encontre des Américains et du JSF. Son caractère catastrophique est d’autant plus impressionnant.

Les Hollandais ont l’impression de se trouver devant un programme “out of control”, dont nul ne peut dire vers où il se dirige. La somme affectée par la Hollande au développement du programme commence a être transférée “peu à peu”, accroissant l’inquiétude des Hollandais (on connaît leur sensibilité à ce domaine). Si le prix du JSF devenu un mystère complet pour les généraux hollandais est un motif de préoccupation, c’est pour l’instant la question des délais qui les inquiète particulièrement. Un général hollandais a dit à notre source : «  J’ai parfois l’impression que je mourrai de vieillesse avant de voir cet avion en service. »

Et puis, là-dessus, patatras, — le gouvernement hollandais tombe (la nuit dernière). Piètre situation. La cause de la chute est la rocambolesque aventure de la députée d’origine somalienne Ayaan Hirsi Ali, super-star et femme du cinéaste assassiné Van Gogh, qui avait inventé une histoire fameuse de jeune femme opprimée par les coutumes islamistes de son pays. Elle avait soulevé l’enthousiasme des foules postmodernistes et féministes hollandaises ; on lui avait donné un passeport hollandais, on l’avait instituée héroïne occidentale et bannière anti-islamiste, et on en avait fait une députée. Puis il avait fallu déchanter, malgré la grande beauté et l’allure somptueuse de Ayaan Hirsi Ali. L’affaire, dont on mesure l’importance fondamentale pour la civilisation, a tellement pourri la situation au royaume de Béatrix qu’elle a entraîné la chute du gouvernement.

Perspectives? Le gouvernement espère tenir en position minoritaire jusqu’en septembre, ou mendier un soutien extérieur au parti de Fortuyn pour tenir jusqu’en décembre. (Les élections générales étaient prévues en mai 2007.) Dans tous les cas, on n’échappera pas à des élections anticipées. Le gouvernement est bien entendu privé de toute légitimité et réduit à à peine plus que suivre et liquider “les affaires courantes”. Est-ce dans ces conditions qu’on signe un contrat aussi important que la commande de JSF que les Américains réclament pour décembre? (A noter : le parti en tête dans les sondages est le PvDA social-démocrate, très soupçonneux à l’encontre du JSF, voire hostile à la participation hollandaise.)


Mis en ligne le 30 juin 2006 à 09H49

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