Tulsi & Dana font équipe contre la narrative syrienne

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Tulsi & Dana font équipe contre la narrative syrienne

Il est de bon augure, et peut-être est-ce un effet “collatéral” de l’éventuelle politique du président-élu Trump, de voir les députés Gabbard et Rohrabacher, respectivement démocrate et républicain et tous deux faisant partie de ceux qui ont été mentionnés comme possible secrétaire d’État de l’administration Trump, se rapprocher jusqu’à faire proposition de loi commune, avec quelques compères, dans un projet de loi nommé SATA (Stop Arming Terrorists Act) et promis à introduire un grand trouble dans la représentation nationale de la Chambre tout en renforçant la politique nouvelle que veut développer le président-élu Trump.

(Nul doute, par ailleurs, que cette initiative renforce la position des deux susdits compères, sinon sur la liste des “possibles” pour le département d’État [quoique...], de toutes les façons d’un point de général et national d’une façon qui les met en position remarquable pour être appelés à occuper des fonctions d’importance au sein de l’administration, dans le domaine de la sécurité nationale.)

Parmi les autres cosignataires (Peter Welch, démocrate du Vermont, Barbara Lee, démocrate de Californie, et Thomas Massie, républicain du Kentucky), on note la présence de l’héroïque Barbara Lee, une Africaine-Américaine et la seule parlementaire qui ait eu le courage, – il en fallait à cette époque, – de voter contre la loi immédiatement post-9/11 dite AUMF (Authorization for Use of Military Force Against Terrorists), puis contre la résolution autorisant la guerre contre l’Irak en 2002. Ces prises de position lui valurent d’être mise à l’index, de recevoir nombre de menaces de mort, d’être qualifiée de “traître” et de “communiste” parce qu’elle refusait de cautionner aveuglément la politique de déstructuration par l’agression des neocons. (Barbara Lee avait également voté deux résolutions de 1999 contre l’action militaire au Kosovo, cette fois aux côtés des républicains qui eurent une position isolationniste et non-interventionniste dans cette crise.) Rohrabacher, également de Californie, avait voté la résolution autorisant l’attaque contre l’Irak mais il a depuis répudié son vote comme étant une “erreur” de sa part. Pendant toutes ces péripéties, Gabbard, qui alternait les positions électives à Hawaï même et les déploiements militaires en Irak, ne faisait alors pas partie de la représentation nationale au Congrès, où elle arriva en 2013, à la Chambre.

Ce projet de loi est parfaitement défini dans sa véritable signification, et dans son habileté tactique par rapport à la Chambre, par les déclarations très récentes de la même Gabbard, qui commence à occuper une place de dimension nationale dans le système de la communication. Elle a ainsi été interviewée par CNN le 9 décembre, sur le thème qu’elle a elle-même défini malgré les interventions de l’intervieweur Jake Tapper pour contenir le sens de ses affirmations, de « US Is Funding Terrorists in Syria ». Voici un passage de l’interview, qui vaut bien celui du général Flynn à Aljazeera à la fin juillet 2015

Tapper: « Are you really suggesting that US govt is funding these terrorist groups? »

Gabbard: « Ah, I'm not only “suggesting” it. This is... this is the reality that we're living in. »

Tapper: « Not directly though?? »

Gabbard: « Most Americans... if... if you or I were to provide money, uh weapons, or support or whatever, to a group like Al-Qaeda or ISIS, we would immediately be thrown in jail! Ah. However, the US government has been providing money, weapons, intel assistance and other types of support, through the CIA, directly to these groups that are working with, and are affiliated with Al-Qaeda and ISIS! »

Tapper: « So, you're saying that the CIA is giving money to groups in Syria, and those groups are “working with” Al Nusra and ISIS? »

Gabbard: « There are/there've been numerous reports, from the NYT to the WSJ and other news outlets, who have declared that these “rebel groups” have formed these battlefield alliances with Al-Qaeda... that essentially is Al-Qaeda; groups in charge of every single “rebel group” on the ground, fighting to overthrow the Syrian Govt. »

Tapper: « The US Govt says that they vet the group that they give money to, very closely. And, that you're wrong... and that, there are no alliances between groups that the American taxpayers fund, and these other groups; obviously, they all are fighting Assad. »

Gabbard: « Uh, I beg to differ; evidence has shown, time and time again, that, that is not the case. We are directly and indirectly supporting these groups who are allied with or partnered with al-Qaïda and ISIS, and working to overthrow the Syrian government of Assad. And, we've also been providing that support through countries like Saudi Arabia, Turkey, and Qatar, to do that! »

Il doit être évident par simple logique que Gabbard et Rohrabacher ont été rapprochés par les perspectives de la politique Trump autant que par leurs positions dans la liste des “possibles” pour le département d’État, dans une occurrence où ces sujets leur donnent une notoriété nouvelle, et par  conséquent les ont encouragés à une initiative législative qui doit bénéficier d’une réelle publicité. L’exemplarité, sinon l’exceptionnalité de leurs carrières respectives, constituent également un facteur qui doit encore accroître toutes ces notoriétés.

Dans ces circonstances, le moment est particulièrement bien choisi pour lancer ce projet de loi SATA. Plus encore, SATA représente une excellente initiative tactique en mettant complètement à découvert et et dans une position extrêmement vulnérables la narrative et les lois qui l’accompagnent prônant le soutien armé aux “rebelles modérés” anti-Assad. SATA interdit de livrer des armes et de soutenir les groupes terroristes en Syrie, et il devient difficile de repousser ex abrupto une telle loi ; comment voter contre une loi qui interdit d’armer des terroristes islamistes (en Syrie comme ailleurs), pour des parlementaires qui devraient ensuite s’en expliquer devant leurs mandants, le public US dont ils sollicitent les votes pour les élire ? Mais puisque les “rebelles modérés” ça n’existe pas, et que tout cela aboutit aux seuls terroristes islamistes... Au contraire, les débats qui vont avoir lieu autour de SATA permettront, comme l’a fait Gabbard lors de l’interview à CNN, de pulvériser la narrative des rebelles “modérés” en montrant que cette fantasmagorie enfantée par l’affectivisme et le déterminisme-narrativiste n’existe pas, que tous les “rebelles modérés” anti-Assad sont tous plus ou moins des terroristes islamistes ou sous le contrôle de ces terroristes. Normalement, la seule riposte possible des adversaires de SATA, – et il y en a, – devrait être d’essayer de repousser l’avancement de ce projet, voire de la repousser dans les projets sans suite, pour, surtout surtout, éviter un vote de la Chambre...

Outre de mettre en avant quelques-unes des très rares personnalités du Système dans le corps législatif US à avoir un fort potentiel antiSystème sans crainte d’en faire la démonstration, l’initiative SATA devrait, pourrait avoir le mérite de faire naître un débat sur la politique extérieure des USA (politique-Système) suivie jusqu’ici par l’état général de l’esprit à Washington-sous-influence. (Cela, hors de la prochaine administration, qui démarre sur des bases hors-Système sinon antiSystème à cet égard.) Elle devrait, elle pourrait mettre le Congrès et les divers appendices d’influence qui l’enserrent, devant leurs responsabilités, après la multitude de lois et de résolutions votées selon les impulsions déstructurantes du Système, particulièrement sur les questions type-Syrie, -Ukraine, etc. Les termites sont à l’œuvre, – et encore un peu plus de désordre au sein du Système...

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