The-Donald brise ses chaînes

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The-Donald brise ses chaînes

Ces derniers jours, une importante rupture s’est effectuée, non seulement au sein du parti républicain, mais peut-être bien fondamentalement dans la vie politique des USA, par conséquent avec de très graves effets possibles nous conduisant bien au-delà du 8 novembre. On avait noté les défections du pari républicain après la diffusion de l’enregistrement de 2005 où The-Donald se montre impoli avec les dames, dans une mesure que la vertu républicaine et démocratique ne peut et ne put en vérité supporter ; ainsi écrivions-nous le 9 octobre :

« Il est remarquable et complètement inédit dans l’histoire politique washingtonienne récente que, dans cette cohorte qui veut la peau de Trump, on trouve un nombre respectable de caciques du parti républicain (25 parlementaires républicains). Cela montre bien, si besoin était, que la nomination de Trump et le ralliement du parti à sa candidature ont été forcés par les résultats obtenus durant les primaires et l’absence d’un candidat sérieux contre lui ; cela montre bien, surtout, que tout l’establishment est engagé dans la “chasse au Trump”, pour le liquider par tous les moyens possibles. »

Le succès de Trump le soir du même 9 octobre, dans le second débat, n’a absolument pas ramené la concorde dans le camp républicain, particulièrement avec Paul Ryan, le Speaker de la Chambre et le plus jeune parmi les caciques du parti, étoile montante de la médiocrité plantureuse et privilégiée du Système, ; Ryan continue à s’opposer à Trump sans trop le clamer mais en le faisant savoir d’une façon décisive. Peu importe la victoire de Trump sur Clinton dans le deuxième débat, victoire qui s’avère de plus en plus écrasante dans la perspective. (Voir l’appréciation enthousiaste de Patrick Buchanan sur le débat, ce 11 octobre : « The Donald Lives ! ») … Au contraire, la forme et la manière de cette victoire, l’aspect offensif et extraordinairement anti-establishment de Trump ont encore accentué l’abîme qui sépare Trump de l’establishment, républicains compris. Trump s’est montré à l’extrême de son discours populiste, polémique, furieux, déballant toutes les poubelles largement chargées de Bill Clinton et de ses frasques sexuelles qui ne sont rien d’autres que des crimes de droit commun, puisque le viol est de cette catégorie, tout cela sous le regard attendri et prévenant de son épouse, Lady MacBeth postmoderne en flanc-garde et en candidate du Progrès et du Système. Le spectacle était donc sinistre et il s’avère que l’establishment n’aime pas qu’on remue trop sa merde, même si elle est démocrate et qu’on est républicain car elle s’avère être la merde de tous, – c’est-à-dire de tout l’establishment.

Par conséquent, Trump n’est nullement rentré dans les grâces de ses amis républicains, au contraire il paraît d’en éloigner de plus en plus. Pour accentuer le conflit qui prend l’allure d’une guerre civile, il paraît ragaillardi et de plus en plus satisfait de se retrouver candidat-insurgé en rase-campagne. ZeroHedge.com notait ainsi le 11 octobre, à propos d’un tweet promis à devenir fameux de Trump, – disons qu’on le retiendra sous le titre “The-Donald brise ses chaînes” (le tweet en français : « Il est tellement agréable que je sois débarrassé des chaînes qui m'entravaient pour que je puisse me battre désormais pour l’Amérique à la façon qu’il me plaît ») :

« [F]ull blown civil war has broken out between Trump and and the GOP establishment in the face of Paul Ryan, and in a move that may have effectively pushed Trump into the independent camp, as so many GOP lawmakers appear to desire... [T]his morning [11 October] Donald Trump unleashed a furious tweetstorm in which he slams Ryan and the republican party, and says that “The Shackles Have Been Taken Off.”

» “It is so nice that the shackles have been taken off me and I can now fight for America the way I want to.” »

Reconstituant le parcours psychologique de Trump ces derniers jours, notamment avant le débat, Buchanan note : « A un moment donné durant ce week-end, Trump prit sa décision : s’il devait aller à la défaite, il le ferait comme Donald Trump, et non pas comme un pénitent piteux, quêtant le pardon de ces hypocrites qui ont peur de lui et qui le détestent. » Il devait donc arriver ce qu’il arriva : la bombe à retardement qui couve depuis plusieurs semaines, depuis sa nomination arrachée à un parti républicain haineux et contraint, la bombe a explosé. Désormais, la bataille est à découvert et chacun apparaît pour ce qu’il est, hors de tout rôle de composition. Pour certains, au reste, Trump a déjà réussi un exploit, car le parti républicain, tout comme l’establishment, est loin d’être à l’aise et en ordre de bataille bien rangé, mais en crise profonde que le cas Trump ne cesse de mettre en évidence.

« Paul Ryan's refusal to support Trump, while telling other GOP House members “you all need to do what’s best for you and your district,” is tantamount to officially telling House members to choose sides in an all out civil war within the Republican party.  Meanwhile, according to Bloomberg, Ryan's spokeswoman AshLee Strong, basically conceded the presidential race saying that "the speaker is going to spend the next month focused entirely on protecting our congressional majorities"...something we suspect will be no easy task after taking steps that will most certainly fracture the Republican voter base. [...]

» Meanwhile, per Bloomberg, polls show two-thirds of Republican voters are still standing with Trump despite his vulgar comments about women, putting Ryan and other Trump defectors at odds with the mainstream of the party. At this point, we suspect that no matter who “wins” this internal struggle between Trump and the establishment candidates, the Republican party, as it is currently known, is already dead.  To some extent, that, in and of itself, means that Trump has already won as the whole point of his candidacy and basis of his support was a complete disruption of  establishment control of Washington...on both sides of the aisle...which is something that establishment Republicans have failed to understand from the very start of this election cycle. » (ZeroHedge.com, le 11 octobre.)

• Il s’agit d’une lutte à mort et le temps presse... On est effectivement pressé et, par conséquent, on ne prend plus la peine de prendre des gants, particulièrement au niveau de la presse-Système avec tout son dispositif de communication, qui agit désormais comme un acteur à part entière du Système, un participant direct, méthodique, un véritable “quatrième pouvoir” autonome entièrement passé en soutien du Système... Les sondages, qui font partie de ce dispositif, sont extraordinairement manipulés, à ciel ouvert, sans la moindre précaution ni la moindre vergogne, et toujours selon la même méthode largement mise à jour de la tricherie sur l’échantillonnage de l’appartenance politique des électeurs. (Voir les sondage post-2ème débat, largement favorables à Clinton, de Politico.com et celui de NBC/WSJ avec les remarques fortement substantivées de ZeroHedge.com, y compris sur le fait que la société réalisant le sondage NBC/WSJ travaille dans le dispositif stratégique qui soutient la même Hillary [« As the highlighted section notes, Geoff Garin, the President of Hart Research and Associates”, is currently working as “a strategic adviser for Priorities USA in support of Hillary Clinton’s election” »].)

• Mais les sondages importent-ils encore ? La confusion devient générale à cet égard, tant les manipulations, le parti-pris considéré comme une vertu nécessaire, éclatent de tous côtés. (On n’exonérera nullement les adversaires du Système de ce parti-pris, il est lui aussi nécessaire dans ce sens : cette élection se déroule dans une situation générale où l’objectivité courante, la réalité n’existent plus, où l’engagement est une nécessité de survivance, une nécessité d’être.) Ainsi le résultat de l’élection devient une charade impossible à résoudre, tant le nombre d’inconnues grandit alors que les habituels moyens de “prévisions scientifiques” sont pulvérisés sous la poussée des engagements de communication. Un William S. Lind (sur le site TraditionalRight le 7 octobre) nous avertit donc que les sondages n’ont aucune importance, que les intentions de vote sont cachées, secrètes, et qu’elles favorisent, dans le climat général de rage, tout ce qui est antiSystème, – et par conséquent Donald Trump... (Dans le reste de l’article, Lind ne s’inquiète que de savoir si les “votants secrets”, ceux qui ne répondent pas aux sondages parce qu’ils sont favorables à Trump, sont techniquement prêts à voter, s’ils ne vont pas tomber dans des pièges de fraudes ou de malversations techniques.) :

« What Donald Trump says or does from here to November will have little if any impact on the election’s outcome. Millions of people are going to vote for Trump for one reason: doing so is a powerful way to thumb their noses at the whole Establishment–not just the political Establishment, but Wall Street (which owns Hillary), Third World immigrants, black leaders who blame all blacks’ problems on whites, big corporations that move good-paying jobs overseas, universities that tell their white students they are inherently evil because they are white, the whole greedy, rotten, culturally Marxist bunch.

» These millions of Americans are not telling anyone how they are going to vote. They are not contacted by pollsters. They are beneath the Establishment’s notice. In Hillary’s view, they are “deplorables”. But thanks to the secret ballot, on election day they can strike back at those who hold them in contempt. And they are going to do just that, by voting for Donald Trump... »

• Cette absence complète de dissimulation des manœuvres les plus faussaires et les plus illégales montre à suffisance, autant la rage furieuse de l’empoignade que le sentiment de l’establishment de se battre le dos au mur, désespérément, contre une espèce de monstre qui n’a de but que de le déposséder de ses privilèges, de ses pouvoirs de pouvoir, de ses pratiques sauvage de corruption. Les réactions face à ces manœuvres sont de plus en plus extrêmes, mettant en cause tout l’appareil du Système comme faussaire, ignorant les arguments-Système, contestant la pseudo-légalité des autorités, leur légitimité... On oublie alors qui sont les protagonistes de cette tragédie-bouffe qui perd de plus en plus rapidement son aspect bouffon pour devenir de plus en plus tragique, pour voir enfin ce que les événements leur imposent de représenter.

On notera que bien des appréciations qui soutiennent Trump viennent de personnalités ou de groupes qui ne sont guère enthousiastes pour ce candidat, et qui lui ont été franchement hostiles ; sans rien perdre des convictions de leurs auteurs, ces appréciations se rallient aux nécessités du temps et à la puissance symbolique de la bataille qui, il faut toujours le répéter, dépassent les deux candidats et par conséquent réduisent à fort peu de choses l’arsenal critique qu’on peut déployer contre eux. L’enjeu dépasse les USA eux-mêmes, leur politique, leurs ambitions pseudo-hégémoniques et leurs prétentions pseudo-impériales, pour en venir à la question centrale qui caractérise cette époque terrible, la question des principes contre les valeurs, de l’identité et de la souveraineté structurantes contre la globalisation et l’individualisme déstructurants, de l’antiSystème contre le Système. L’élection présidentielle US a très largement et décisivement transcendé la situation US : ce n’est pas un tournant qu’on signale ici (on en a vu plus tôt, décisivement négociés), c’est un enchaînement décisif...

Ainsi en est-il dans ce commentaire caractéristique de James Kirkpatrick, pour UNZ.com le 10 octobre : « As Ann Coulter observed, Trump wins when he talks about the issues and loses when he talks about himself. Trump is a good counter-puncher but he’s out of time to rebut all the ridiculous charges and outrageous accusations against him.

» Trump must turn the election into a simple question. America as a nation—yes or no? Hillary Clinton’s election would ensure the de facto abolition of American sovereignty and the permanent dispossession of the historic American nation. Only Donald Trump can prevent this from happening. That is the issue of the 2016 campaign. And it’s something which desperately needs to be discussed—no matter how hard the Lying Press tries to suppress it. »

 

Mis en ligne le 12 octobre 2016 à 17H21

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