Russiagate : le “Barbare jubilant” est de retour

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Russiagate : le “Barbare jubilant” est de retour

C’est un signe qui nous montre, sans le moindre doute, que la folie continue à grandir irrésistiblement à Washington D.C. : le “barbare jubilant”, l’ancien colonel de l’U.S. Army Ralph Peters est de retour sur les grands réseaux, vitupérant et plus furieux que jamais. Le “retour” de Peters (il continuait à écrire) sur le circuit médiatique le plus visible et le plus sonore est un symbole : cette affaire du Russiagate et tout le reste à Washington D.C. est définitivement installé hors du monde sensible courant.

Ceux de nos lecteurs qui s’aventurent (notamment) dans la rubrique Glossaire.dde doivent connaître le colonel Peters qui est certainement l’un des esprits les plus volubiles, les plus énervés, les plus furieux à Washington D.C. depuis quasiment vingt ans puisque le premier article à faire sa réputation (Constant Conflicts, dans Parameters,) date du printemps 1997. Nous avons longuement détaillé la carrière et le travail de Ralph Peters dans deux sujets du même jour du Glossaire.dde, le 22 février 2016 et le 22 février 2016, le second se contentant de reproduire l’article dont il est question pour les débuts officiels et tonitruants de Peters. (On a pu ainsi remarquer que Peters, malgré son exacerbation intellectuelle et ses certitudes paroxystiques, savait opérer des volte-face tactiques pour enrober ses erreurs sous le couvert de trouvailles nouvelles, comme dans l'analyse “Le barbare qui ne jubilait plus du tout”, dans le texte référencé du 22 février 2016. Mais dans le cas signalé ici, il est retombé avec délice dans le paroxysme qui est le fond de son caractère.)

Ici, il est reçu par Tucker Carlson, de Fox.News, l’un des présentateurs US les plus fameux, et notamment et heureuse surprise, parce que l’un des rarissimes à se démarquer des conceptions dominantes de la presseSystème. On peut voir et entendre l’échange entre Peters et Carlson sur cette vidéo que présente TheDuran.Com le 12 juillet 2017. L’“accrochage”, – c’en est bien un, – entre Carlson et Peters, exceptionnellement long, se situe entre les 09’30” et les 21’30” de la vidéo et il donne une bonne idée de l’atmosphère exacerbée qui règne aujourd’hui à Washington D.C. dans une affaire Russiagate qui est dans un domaine où l’idée même du contrôle des choses par les êtres et des êtres par eux-mêmes est sans la moindre signification.

« This unhinged retired US Lt Col Ralph Peters, who is most likely now employed by the US military industrial complex as a “consultant”, believes Russia did not kill ISIS leader Baghdadi but the US did it. The US Lt Col believes Russia is not fighting ISIS, but bombing the democracy loving US backed “moderate rebels” (aka AL Qaeda and Al Nusra) in Syria.

» The US Lt Col believes “Russians are terrorists.”

» The US Lt Col believes “Vladimir Putin hates us [the US].”

» The US Lt Col believes “He [Putin] is malevolent. He is as close to pure evil as I can find. He is also brilliant.”

» The US Lt Col believes “He [Putin] is a killer.”

» The US Lt Col believes “Putin is Hitler.” Tucker Carlson “is Charles Lindberg in 1938.”

» The US Lt Col believes “Putin is as bad as Hitler” and “he hates America.”

» The US Lt Col believes Syria is better off broken apart.

» The US Lt Col believes believes Iraq should have been broken apart.

» Tucker Carlson pushes back on many of Lt Col Ralph Peters outrageous claims…and while Tucker throws in the occasional ‘I also think Putin is a bad guy’ rhetoric (in order to placate Fox News executives), Carlson nonetheless makes the retired US Lt Col look completely stupid and unhinged. »

Comme l’on sait, une nouvelle “révélation” à relancé, ou plutôt fait passer à un niveau d’intensité encore plus fort l’emportement extraordinaire que le Russiagate fait régner à Washington D.C. avec la révélation de contacts du fils de Trump avec une avocate d’abord signalée comme “proche du Kremlin”, Natalia Vaselnitskaya. (Depuis, comble de mauvais esprit, il s’est avéré que Vaselnitskaya a été vue en compagnie de l’ambassadeur McFaul et du sénateur John McCain, de la cabale anti-Trump, ce qui laisse à penser au niveau de l’art subtil mais à gros sabots du montage.) Quoi qu’il en soit, à nouveau désordre et hystérie déchaînée, on imagine dans quel sens.

Il est évident que, dans ces conditions, toutes les retombées positives de la rencontre entre Trump et Poutine en marge du G20 sont remises en question et plus rien d’assuré ne peut, une fois de plus, être avancé. D’une façon générale et quoiqu’il en soit des indices aussitôt apparus d’un montage, la question d’une rencontre entre le fils de Trump et Vaselnitskaya à l’été 2016 est devenue une affaire de plus de la même haute trahison à-la-Trump dans la plupart des organes de la presseSystème. Pour le reste, on peut consulter tel ou tel texte pour se faire son idée à cet égard.

En effet, à côté des incroyables éructations d’un Ralph Peters qui semble emporté par un torrent de haine qu’il est difficile d’apprécier avec la simple raison, on trouve des appréciations semblant venir d’un autre monde d’où des observateurs expérimentés pourraient poser leurs lunettes grossissantes, leurs longues-vues d’observation. On lira donc avec un certain intérêt celle de Ray McGovern, cet ancien officier de la CIA devenu un des dissidents les plus notoires et les mieux informés parmi cet ensemble d’anciens officiers du gouvernement qui ont décidé de retourner contre le Monstre qu’ils ont servi les capacités et l’expérience qu’ils ont pu acquérir dans cet exercice. On trouve une rapide interview de RT où McGovern fait ressortir pour nous deux éléments fondamentaux : d’une part, la durée inarrêtable de cette pathologie qu’est le Russiagate (durée qui pourrait, qui devrait être interrompue par un événement majeur affectant la structure même du pouvoir et du pays) ; d’autre part, la peur qui rôde et règne à Washington, épargnant les seuls hystériques qui s’en font ses complices, qui est la peur du fameux Deep State, insaisissable, inconnaissable, formidable, incompréhensible, implacable... « They are afraid of the Deep State – that is the big problem here. »

RT:  « When will solid, incontrovertible evidence be provided to back up these hacking allegations? Will we be able to finally hear or see any evidence? »

Ray McGovern:  « When former President [Barack] Obama told Putin to “cut it out.” Putin said: “Cut what out? Can you give me some evidence?” According to Putin, as he explained to the [US] President what was going on, the President himself had increased doubts. The President [Obama] himself two days before he left office said this at a press conference: “It remains to be seen how the Russian hack got to WikiLeaks.” Well, hello! The reason it remains to be seen is because what got to WikiLeaks was not a hack; it was a leak. A leak is when you put a little thumb drive in a computer, you download it, and it doesn’t go over the network. Once it goes over the network NSA has it always; that is hard to believe, but it is true. What happened was someone within the Democratic National Committee [DNC] saw how Bernie Sanders had been cheated out of the nomination and decided: ‘You know, I really need to tell somebody about this’ – this is my speculation. And they put in a thumb drive, gave it to Julian Assange, and he released it – immediately.

» What happened? Well, nobody paid attention to what was in the e-mails – namely, that the DNC fixed the nomination so that Sanders wouldn’t win. Nobody paid attention to that. The whole thing was a magnificent distraction: ‘the Russians hacked, the Russians hacked, the Russians…’ There is still no evidence. There were about five investigations in search of a crime. That is really unique in my experience in Washington. »

RT:  « The story just runs and runs, doesn’t it? Will it ever end? »

Ray McGovern:  « It has the prospect of lasting for the next three years. I think the Democrats are being very foolish. Unless they have the CIA create some evidence, they are going to fall flat on their faces. Now, the whole thing has to do with: who got the e-mails from the DNC to Julian Assange? I have a very good speculation here. It’s based on what the New York Times does not publish. The original CIA documents published by WikiLeaks on March 28 revealed something called “Vault 7, Part 3”, which allowed the CIA to obfuscate – that is, confuse – who hacks into these systems and leave little tell-tale signs, like oh, maybe Cyrillic

» If we can work with Russia on nuclear arms treaties; if we can work with Russia on peace treaties in Syria, we can certainly work with them on technological issues, and I think we can without having to give away our own secrets - Patrick Flanagan, attorney, former US congressman.

» The CIA used that capability last year, 2016. It doesn’t take a rocket scientist to put these dots together: ‘Oh, Cyrillic left in the DNC [computer?]…’ Or maybe, I’ll just say right out that if I had to judge between whether it was a ‘Russian hack,’ or a CIA penetration or a CIA use of this incredible capability, I would go with CIA using this incredible capability right off the bat. The problem is – we have a president who has to look around at the CIA, and the military, and what we call the Deep State. He could ideally call his CIA Director and say: ‘Mike Pompeo, enough of this foolishness, I want to find out chapter and verse. I don’t believe that concocted memo of January 6. You find out what really happened.’ Now, would Pompeo, the head of the CIA, be able to find out? I don’t know. If he found out, will he tell the president? I don’t know. They are afraid of the Deep State – that is the big problem here. »

Le Deep State, cela existe-t-il vraiment ? Pourquoi ne pas dire La Bête, 666, le Diable, ainsi pourrait-on justement estimer que cela serait aller plus vite droit au but ? Une malédiction, on peut employer ce mot, semble désormais attachée au sort de Washington D.C. avec l’impossibilité absolument verrouillée de parvenir à la moindre possibilité de rétablir un semblant de fonctionnement normal d’un gouvernement et d’un pouvoir complètement à la dérive.

Un autre aspect extraordinaire de cette situation, sur lequel nous ne cessons d’insister chaque fois que l’occasion se présente, — c’est que le reste du monde, sauf peut-être les gens avertis comme les Russes (les Chinois ce n’est pas sûr), semblent considérer que Washington fonctionne à peu près bien malgré quelques remous ici et là. On saluera donc Donald Trump avec la déférence qu’il faut pour la revue du 14 juillet en célébrant l’amitié de plus très loin de deux siècles et demie de la France et des États-Unis.

 

Mis en ligne le 13 juillet 2017 à 08H40