Poutine, Antiwar.com et la Catalogne

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Poutine, Antiwar.com et la Catalogne

Mr. Thomas S. Harrington, auteur connu et professeur d’études hispaniques au Trinity College de Hartford, dans le Connecticut, nous instruit le 24 septembre 2017 sur le site d’Antiwar.com de très récentes péripéties qui concernent la situation en Catalogne, la presse très-libre dans un pays de l’UE qui se nomme l’Espagne, et le plus grand journal de ce pays qui se nomme justement El Pais.

Un journaliste qu’on imagine très-grand et parfaitement conforme, dans ce grand journal qu’est El-Pais, David Alandete (le journaliste en question), juge que la crise de la Catalogne est le produit de l’action venimeuse, pernicieuse et dissimulée, – eh oui, certes, “mais c’est bien sûr”, – en d’autres mots, de Poutine-“who-else ?”. Monsieur Alandete écrit quelque chose comme ça, situé vers le 22 septembre dans le plus grand journal d’Espagne, le Grand d’Espagne postmoderne, l’im-monde El-Pais :

« La même bande qui a répandu les fausses nouvelles [FakeNews en français-type-LeMonde] dont la Russie s’est servie pour affaiblir les États-Unis et l’Union Européenne, s’est déployée dans toute sa puissance en Catalogne, selon des analyses détaillées de sites prorusses et des profils Facebook qui ont été analysés avec minutie par ce journal [El-Pais soi-même]. Selon la même approche que les actions dissimulées lancées en faveur du Brexit, de Marine Le Pen et de l’extrême-droite allemande, le Kremlin en est venu à considérer que le mouvement indépendantiste de la Catalogne serait une autre piste à exploiter pour approfondir les divisions à l’intérieur de l’Europe et renforcer son influence internationale. Ils [les sales Ruskofs] ont utilisé des sites de la toile qui publient des rumeurs, des activistes [probablement puants, NDLR] comme Julien Assange, une armée de bots [robots logiciel] et des millions de pages automatisées sur les médias sociaux pour s’assurer que les mensonges sont partagés des millions de fois sur internet. » (*)

On observera aussitôt que cette dénonciation bien dans la manière postmoderne ne surprendra personne, tant est bien connue l’omniprésence poutinienne dans tous les malheurs et trahisons du destin qui accablent le bloc-BAO. L’extrait ci-dessus nous est communiqué par Harrington, dans l’article référencé du 24 septembre.

Alandete ne s’arrête pas là, avec ce morceau d’anthologie d’une « pensée infantile ». Il en rajoute une couche en mettant en cause le site sur lequel Harrington publie, Antiwar.com, et notamment l’article publié par Justin Raimondo le 19 septembre 2017 : « Un nouveau Tien An-men en Catalogne ? L’Espagne et les Catalans évoluent vers une violente confrontation. » Pour Alandete, cet article autant que l’“activisme” pro-catalan de Antiwar.com font partie intégrante de l’arsenal de Poutine pour attaquer les vertueuses démocraties américanistes-européistes.

Harrington s’explique à ce propos dans ces termes :

« Working in deeply nuanced line of reasoning that holds that Julian Assange is per se bad, and that therefore anyone who sympathizes with him, or even coincides with his point of view, is either a dismissable idiot or a Russian dupe, they mock an article in which Raimondo raised the possibility that Spain could unleash a Tiananmen-style attack on the Catalan independentists.

» I guess that for David Alandete, as the case for so many mainstream journalist, it is much easier (not to mention career-enhancing) to search for Russian phantoms, than to confront, and engage in debate with opinions that are not approved by his corporate bosses and that flout the group-think these bosses now demand in their news rooms.

» In Alandete’s smug little Madrid/Liberal Interventionist world things like the arrest of government officials, the carrying off of millions of printed ballots, the attempts to place the long-independent Catalan police under Spanish control, the indictment for sedition of peaceful civic leaders have no weight, and certainly no resemblance to repressive behavior in other countries. No in his Spain, that is the real Spain run from Madrid and ever-prisoner to its own endlessly repeated mythologies about self and other, none of this is real.

» But what is real of course is Putin’s evil hand. After all, what other reason could the Catalans, whom centralists like Alandete have always treated with mocking condescension despite their demonstrably higher levels of civic democracy and culture, have any reason to break up their perfect marriage? »

Quelque chose ne marche pas ? Une élection à venir, une fuite qui fait du tort, une rumeur désagréable, un ouragan d’une Catégorie inconnue, un match de football perdu par l’équipe nationale, un acteur hollywoodien qui a du temps à perdre et de l’argent à gagner ? Appuyer sur le bouton “Russie” ou/et le bouton “Poutine”, tout s’explique et tout s’éclaire. C’est une étrange démarche robotisée, lancée par la merveilleuse fine-équipe de la candidate démocrate US Hillary Clinton il y a quatorze mois, avec un petit galop d’essai, sorte de période-prototype, lors de la campagne du Brexit. On reste confondu devant cette technique répétitive dont nous demandons à voir l’efficacité réelle, qui doit épuiser les psychologies des exécutants, soit par la faiblesse nécessaire pour gober la chose, soit par l’hallucination provoquée pour croire à la chose.

Au reste, cela conduit à des situations intéressantes. C’en est une de mettre en cause Antiwar.com et Raimondo, déjà inquiétés sans succès par le FBI du temps où il n’était pas encore question de jouer la fausse-carte Russie/Poutine mais où il était hautement suspect de s’opposer à l’attaque de l’Irak par G.W. Bush. D’une part et l’attaque venant du Grand d’Espagne qu’on sait, cela hausse le site Antiwar.com vers une position de grande influence et presqye de haute considération dans le monde de la communication. D’autre part, c’est une occasion de constater que, hors des sornettes-Alandete de peu d’intérêt dans ce cas, il est tout à fait remarquable qu’Antiwar.com soit l’un des très rares médias US, y compris par rapport à la bombastique presseSystème de référence pour le monde libre, à parler avec quelques détails et précisions de la crise catalane. Cela implique un élargissement important de la vision de la situation générale par ce site, dans le cadre du monde de la communication US qui se trouve si souvent replié sur lui-même, sur la dimension continentale nord-américaine avec ses seules projections hors de son espace géographique.

Cela est d’autant plus remarquable dans le cas d’Antiwar.com, site libertarien, et de Justin Raimondo, libertarien antiguerre et isolationniste affirmé. On dira ainsi et très-symboliquement, qu’aujourd’hui l’Espagne et ses problèmes intéressent plus les libertariens isolationnistes US que les progressistes-sociétaux de gauche, exactement à la mesure inverse de l’intérêt que la gauche progressiste-marxiste (trotskiste) aux USA porta à l’Espagne dans les années 1936-1939.

Il s’agit également d’une perception qui tend à ranger dans la même dynamique les tendances centrifuges aux USA et en Europe. Le même Raimondo ne se dissimulait nullement de cette analyse lors d’un article précédent, exactement deux ans auparavant (le 28 septembre 2015), également sur la question de la Catalogne. Il n’était alors pas question pour un quelconque Alandete d’une collusion entre Raimondo et Poutine, et sans doute Alandete, mal informé par ses relais et divers “traitants” US, n’était-il même pas informé de l’existence d’Antiwar.com.

La question de la Catalogne, comme celles de diverses autres régions de pays membres de l’UE, y était envisagée directement comme l’équivalent de la question de la sécession aux USA : « Secession is a dirty word in the Lincoln-worshipping ultra-nationalistic United States, where both left and right worship at the altar of the centralized state. To support secession in any way, shape, or form is to be labeled “neo-Confederate” by our logic-challenged pundits, who eagerly swoop down on anyone who challenges Washington’s supremacy. These geniuses forget that the American Revolution was an act of secession, in which the colonists separated themselves from a tyrannical monarchy that sought to tax and regulate them without their consent.

» In the rest of the world, however, localism is on the rise as people rebel against the edicts of distant bureaucrats and reassert their language, their traditions, and their sense of place. Throughout Europe, especially, these rebellions are gaining strength, from Scotland to Wallonia to eastern Ukraine – and now to Catalonia, which is voting in what has become a referendum on the national question. The Catalan parliament voted to schedule a referendum on independence, but this was blocked by the central authorities in Madrid, who declared it “illegal.” So a snap election was called and if, as expected, pro-independence parties gain a majority in the Catalan parliament, the process of extricating Catalonia from the Spanish monolith will begin – and the centralists, in Madrid and in Brussels, are screaming bloody murder. »

De ce point de vue de la dynamique centrifuge qui s’oppose au courant globaliste, on peut effectivement établir une équivalence entre les situations européennes et nord-américaines (Californie, essentiellement). Bien entendu, il reste acquis selon nous, du point de vue des situations objectives, que la sécession aux USA serait infiniment plus importante qu’une sécession dans un pays de l’UE, dans la mesure où c’est la situation de la puissance dominante qui est mise en cause :

« D’une façon générale, on est en effet tellement préoccupée dans de tels cas par l’argument de la globalisation et du triomphe des entités supranationales (l’UE) qu’on en oublie qu’une sécession de la Californie est un acte révolutionnaire absolument fondamental parce qu’il mettrait en cause la puissance formidable des USA, pour nombre de raisons évidentes qu’on a déjà vues (présence en Californie de forces industrielles et économiques considérables comme Hollywood et Silicon Valley)… Et, à ce point, c’est la globalisation elle-même, soutenue et initiée dès l’origine par le centre washingtonien, qui est mise en cause par un tel acte. »

 

Note

(*) Ainsi, par tous ces détails que nous dispense le journaliste Alandete, l’on saura au moins comment agissent les agences du bloc-BAO pour leurs opérations de fraude sur internet car ce que nous décrit ici Alandete est évidemment repris des programmes habituels d’influence de type-CIA, NSA, MI6 & Cie.

 

Mis en ligne le 26 septembre 2017 à 15H09